On aura droit aussi à des mytho magnifiques [...]
Pour les soixante choppes, c'est vrai que le chiffre semble étonnant... c'est sans doute parce que c'est une fille.
Les hommes ont droit à un peu plus par chez moi lors de ce genre de joyeuseté. Genre quatre-vingt par là.
Évidemment que 60 bières c'est énorme.
Il y a quelques temps de ça, alors que nous prenions tranquillement l'apéro avant de rejoindre des amis pour une soirée, on s'était monté la tête avec deux potes un peu foufous, nous étions partis dans un délire au sujet d'une B.D. de fluide (Cosmik Roger) en imaginant le comptoir du bar, dans lequel nous temporisions, rempli de bières. Sentant qu'un des deux devenait de plus en plus sérieux sous l'effet des quelques verres déjà ingurgités je lui disais sagement (j'ai toujours été le sage dans les groupes) un truc en latin :
Velut aegri somnia. Pensant souligner ainsi la vacuité de notre délire tout autant que l’impérieuse nécessité à ce qu'il reste du domaine du fantasme.
Ce à quoi il me répondit en substance "
On s'en fout, on est des fous, on n'a pas tous les jours 25 ans !". Alors que je réfléchissais au fait que ce n'était ni son anniversaire ni le notre, je vis en le voyant parler au barman que mon rappel à l'ordre n'avait pas eu l'effet escompté, maudissant son imperméabilité aux maximes latines je m'approchais à pas prudents de mes deux compères et du comptoir sur lequel commencer à pousser un gigantesque "champ d'orge" de demis ainsi que nous l'imaginions quelques instants auparavant. Il avait demandé au barman de remplir le comptoir d'autant de demis qu'il pouvait s'y tenir.
Quelques instants plus tard mes amis et moi même faisions face à cinq rangées que j'estimais d'une longueur avoisinant les quarante unités. Tandis que cet adorable dégénéré fournissait la quantité d'engrais requise pour une telle plantation (il avait refusé notre aide financières arguant qu'on "paierait les prochaines"), je me demandais, face à l'ampleur de la tâche qui nous attendait, si
prochaines il y aurait.
Voyant mes amis commencer à trinquer malgré mon regard réprobateur et ne trouvant aucune citation adaptée, je me rendis à l'évidence, il me fallait les aider et commencer à moissonner avec eux ce gigantesque champ de binouzes.
Les choses allant, c'est ainsi qu'au point du jour, deux ou trois gerbes, une dizaine d'allers et retours aux toilettes, quelques cinquante pissats plus tard et autant d'appels en absence je me rendis compte que nous avions raté notre soirée.
Tout ça pour dire qu'une cinquantaine de demis c'est assez immonde, et pourtant c'était une époque où je buvais régulièrement, et c'est tout sauf anodin.
Ah. Le bizutage... Toujours ces clans de ce qui sont contre et ceux qui sont pour. On a déjà donné tous les arguments, peu importe votre camps,
respecter le choix de l'autre 
.
Le problème du bizutage c'est justement ça hein, ceux qui sont pour n'ont généralement rien à foutre de l'avis des bizuts.
Personnellement je n'ai pas eu ce genre de problème, j'ai toujours anticipé et mis les choses au clair dès le début, mais j'ai des camarades (que ça soit en internat ou en école d'ingénieur) qui en ont souffert. D'ailleurs j'ai toujours été partagé quant à ma politique de l'autruche, j'ai assisté à des trucs pas très cools et je me suis parfois reproché de ne pas être intervenu. J'ai une relation assez conflictuelle avec la notion de "non-assistance à personne en danger" et tous ses dérivés. D'un côté ça me fais réellement chier qu'on puisse administrer certain traitements dégradants, j'irais même jusqu'à dire que ça me fait mal au cœur, de l'autre j'essaie de ne jamais m'occuper des affaires des autres comme je n'accepte pas qu'on s’immisce dans les miennes. Je n'arrive pas à me persuader qu'il y a un moment où il faut intervenir, autant sur le plan moral ça me parait défendable cette notion d'assistance, autant dans ma façon de voir les choses je la trouve assez faible intellectuellement parlant, du coup je laisse faire.