Liliane Bettancourt, Arnaud Lagardère, Serge Dassault.... J'aimerais bien que tu m'expliques quels sacrifices ils ont faits ? C'est de l'héritage de privilège, ni plus ni moins.
Et alors, ça a toujours existé, et je ne vois pas pourquoi un beau jour ça disparaîtrais. Tu es médecin il me semble. La logique populaire veut que tu gagnes donc bien ta vie. Demain, j'aimerais que tout le monde soit au SMIC, au nom du sacro- saint égalitarisme. Tu en penserais quoi ? Tu te serais fais ch*** à faire les études que tu as faites si tu savais qu'à la fin tu serait smicard comme n'importe quel type ? Si tu me sors un grand discours égalitariste, clairement, je ne te croirais pas.
Ce que je veux dire, c'est que tu ne présentes là que des cas extrêmes et représentatifs d'aucune tendance sociale. Ces types sont richissimes ? Ils n'ont pas eu à peiner pour avoir leur situation ? Oui... et alors ? C'est nouveau ? Ca te prive de quoi concrètement ? Ca bouffe ton air ? Ca te retourne les boyaux ?
La réalité quotidienne, de plus en plus, c'est que sans l'apport des parents (et donc, sans transmission de patrimoine en argent ou en nature) l'essentiel des jeunes ne pourraient en effet pas accéder à la propriété.
Qu'est- ce que vous voulez au fond ? Une société de locataires, qui ne transmet rien à personne, qui n'épargne pas, qui fait sa vie et disparaît sans laisser de trace ? Une société an-historique, où l'individu est une abstraction sans famille, sans terre, sans mémoire, sans filiation ?
Car au fond, en quoi ça vous dérange que des gens héritent ? A part de la jalousie ou cette fameuse morale des esclaves dont je parlais en reprenant une thèse philosophique désormais "classique".
Des gens qui n'ont pas eu d'héritage particulier, qui se sont remués, qui gagnent très bien leur vie en ayant monté leur société, j'en connais. Mais la réalité est qu'ils bossent comme des dingues, se privent de pas mal de chose, ont pris des risques que l'immense majorité de la population n'ose pas prendre (le salariat, on gueule, mais on est content de la sécurité qu'il donne...). ils accumuleront un capital et un patrimoine, ils vivront bien, ils transmettront leurs biens à leurs enfants, et c'est tant mieux ! Qui ça gène ça ? Qui est volé ou spolié ? Personne... Et en plus, ils permettent par les emplois qu'ils créés que d'autres fassent de même.
Au fond je ne comprends pas ce qui est si dérangeant. J'aimerais bien, mais je n'arrive pas. Désolé.
Mon frère et moi- même hériteront chacun d'un patrimoine de l'ordre d'un million d'euros. Et alors ? Tant mieux. Personne n'a été volé, personne n'en souffrira, c'est le fruit d'un travail acharné d'une part, et de transmission de patrimoine sur des génération d'autres part. Le résultat de gens qui ont épargné, qui ont travaillé, qui ont su faire des choix sur des générations pour ne pas laisser filer ce que leurs parents leur avaient transmis, et tout le monde s'en porte mieux. C'est une histoire familiale qui s'inscrit dans le temps.
Je pense en bon "réac" que trop de gens font n'importe quoi, vivent dans l'instant, sans se soucier de pas mal de choses, et qu'un beau matin, ils se trouvent comme des cons... et réclament ensuite l'égalité ou je ne sais quelle connerie... alors qu'ils auraient mieux fait de se poser des questions sur la pertinence des choix qu'ils faisaient au moment où ils les faisaient... Trop de gens dédouanent les individus de leurs responsabilités dans cette société, et ça, je ne le comprends pas.
Aller, un exemple célèbre pour finir, preuve que l'héritage n'est pas gage de quoi que ce soit. Nicolas De Thou, fils d'une célèbre famille de parlementaires parisiens au XVIIIème siècle, une des plus grandes fortunes de la capitale, qui, en une génération, parce qu'il a rompu avec les anciens modèles familiaux d'épargne et de stratégies matrimoniales, a ruiné en une vie des générations de travail, à tel point qu'il est devenu un exemple de ce que les historiens appellent une "trajectoire d'échec / de récession sociale". Mais je vous rassure l'argent hérité n'a pas été perdu pour tous, et est allé dans les poches de ceux qui ont su le capter... Les vases communiquant en somme...
Quand tu sombres dans le larmoyant et le moralisant, c'est beaucoup moins savoureux que quand tu utilises normalement les facultés mentales dont tu es loin d'être dépourvu.