A peine en retard et probablement dans l'attente des soldes, ce vieux grigou de Père Noel m'a apporté ces vacances Blue Dragon...et bien 75h après je trouve que c'est probablement un des jeux dont les jugements critiques ont été les plus injustes...en particulier face a dragon quest VIII dont il se rapproche pas mal et qui lui est inferieur selon moi dans la plupart des compartiments du jeu. Certains dans leur vie se battent pour la démocratie, d'autres pour la liberté de dire des conneries sans modération sur un forum de jeu vidéo, et moi je me place si c'était possible encore un cran en dessous, juste au dessus du soulagement urinaire dans un contre-alto : je réhabilite des RPG mal aimés.
1. On a dit que le jeu etait moche, et que les persos avaient un aspect plastique. C'est pas bioshock mais clairement c'est un rpg next gen...tout est bump mappé, les effets de lumiere sont chouettes, la carte du monde est mignonne comme tout...et perso j'ai bcp aimé l'aspect plastique, qui permet de faire ressortir le design de toriyama un peu comme du cell shading. Bemol, et plutot de taille : le jeu rame inexplicablement par moment, défaut qu'il partage visiblement avec Lost Odyssey. Jamais en dessous de 10-15 fps mais vu l'aspect du jeu c'est incomprehensible et j'irai jusqu'a dire que c'est mon plus gros reproche au jeu. Rien d'injouable heureusement...mais c'est irritant.
2. On a dit que le scenario etait mou et que le boss final connu trop tôt avait l'air d'une grand mere (on est pas chez Néné). Pourtant le scenario est selon moi supérieur à celui d'un Dragon Quest ou d'un Tales of'. C'est classique mais agreable, certes littérairement plus proche de Dragon Ball que de Robbe-grillet mais c'est parfait quand on se sent d'humeur bovine. Il y a un temps pour l'anamnèse proustienne et un temps pour farmer des serpents merdeux (traduction approximativement personnelle des Poo Snake dont j'ai bien étudié le background). On a bien 2/3 rebondissements et surtout une galerie de persos attachants, le roi de Jibral en tête ainsi que la sidequest des Gorgos, grands singes dans la droite lignée des saiens équeutés de DBZ. Certes Shu (le heros) est un clone de Sangoku. Mais il parle, s'enerve, aime son grand pere, ses amis d'enfances, affronte ses démons intérieurs et se transcende vers la fin dans un symbolique a deux balles mais fonctionnelle...Perso j'ai plus accroché a ce personnage qu'au heros des 3/4 derniers Final Fantasy, Star Ocean ou DrakeQuest (syndrome du heros muet et amnésique aux cheveux piquants). Le boss final a effectivement l'air d'une grand-mère mais la raison est devoilée dans l'histoire. Au dela de la trame de fond, le monde est cohérent, agreable, detaillé, il n'y a pas 36000 bouquins mais 3 mini-nouvelles plutot sympa (relativement a ce qu'on trouve dans un jeu video...bien sur) a decouvrir par morceaux au long de l'histoire. Ajoutez a ça une civilisation ancienne, des monstres assez delirants : l'univers merite veritablement le qualificatif "soigné". Le seul leger reproche que l'on pourrait faire est que l'essentiel des sidequests est concentré sur le 3eme DVD. En revanche ces sidequests et donjons additionnels sont nombreux, excellents, accessibles, ni trop longs ni trop difficiles, bref c'est la premiere fois que je fais TOUT le contenu additionnel du jeu avec un tel plaisir. Par ailleurs les cinematiques sont splendides et de bonne durée (qques minutes pas plus, bien reparties au cours du jeu)
3. On a dit que c'etait du sous-uematsu a la musique. Le theme des boss surprend au depart (il a ete composé par un grand groupe de metal, vous savez ces groupes avec des guitares electriques et des gens qui crient) et est un tantinet repetitif, mais l'ensemble pose bien l'ambiance. Mention bien aux themes au piano (dont le theme d'accueil, sobre et de bon aloi), et a la variété des instruments utilisés, du triangle neozelandais à la bombarde irlandaise. Perso je préfère les bandes sons qui sortent de l'ordinaire comme celles d'Okami, Persona 3 ou Katamari, et dans le mainstream je prefere plutot les compositions de Sakuraba mais Uematsu livre un travail tout a fait honorable. Question doublage j'ai joué à la version dispo aux UK, donc voix jap sous titres anglais : là encore c'est honnête.
4. On a dit que le jeu etait trop facile. Deja, on peut telecharger un patch DIFFICILE sur le xbox live, ce que j'ai fait des le depart. Bon ok le jeu reste relativement facile mais certains boss sont particulierement retors (a commencer par le premier
)...les 5 dragons additionnels necessitent pas mal d'efforts, et puis si on est pas attentif certains mobs de base sur la carte peuvent surprendre. Moi je dirai que le jeu est accessible et equilibré (comme un mario galaxy)... s'il devient progressivement très facile pour les leveleurs fous, il offre toutefois une poignée de challenges interessants (le roi des serpents merdeux necessite des persos maxés et une chance de cocu)(de l'iowa)(...pardon)
5. On a dit que le jeu etait trop classique. Et ça c'est selon moi le reproche le plus injuste. Ok c'est du tour par tour et les combats alternent magie et CAC, bouh. Mais d'une le systeme de classe est excellent, largement abusable pour ceux qui ont le demon du
grind (et ça j'aime
). Une soixantaine de sorts, une soixantaine de skills, 1 invocation par personnage (tardivement debloquée mais impressionnante), une centaines d'objets magiques, un systeme de levelling motivant, et un nombre limité de slots qui force a adapter régulièrement ses equipements et configurations. Le gameplay est surprenamment profond et jusqu'au bout on decouvre de nouveaux sorts / objets avec plaisir. De deux, le gameplay est varié. Il y a un systeme de chargement des coups qui rappelle un peu le systeme de roue de la serie Shadowheart, il y a des phases en vaisseau, des minijeux en cours de narration, on peut fouiller des milliers d'elements du decor...bref il y a toujours un truc a faire. De trois, le jeu évite des turpitudes ultraclassiques du genre : on voit bien les mobs a l'ecran, les cutscenes peuvent etre abregées, il y a un checkpoint (sauvegarde temporaire) avant presque tous les boss, et on dispose rapidement de teleporteurs evitant du backtracking fastidieux. En un mot, le jeu n'est jamais frustrant. Et de quatre, le jeu se permet qques innovations : le groupement de mobs (avec des mobs qui aggros, qui fuient, qui nous reperent de plus loin a cause de l'odeur, etc...), les combats entre mobs, les fields skills dont la fameuse barrière antimob meilleure amie du grinder. Niveau ambiance il y a d'excellents moments (la civilisation murale est une trouvaille graphique remarquable, c'est Matisse dans ta Xbox !), des decors variés et un level design plutot mieux que la moyenne : des fois c'est lineaire, des fois on se paume dans un labyrinthe, le tout entrecoupé d'énigmes reposantes (genre pas le temple de l'eau)
Conclusion des courses : Blue Dragon fut une deception, notes moyennes (77% en moyenne sur gamerankings...le profil des notes est instructif : beaucoup de satisfaits, quelques mastodontes comme The Edge ou Gamespot qui fracassent le jeu) du coup ventes moyennes voire mauvaises, moi meme j'ai attendu la mise à dispo sur le marché secondaire. Finalement son plus gros probleme fut selon moi les attentes placées dans le trio toriyama-sakaguchi-uematsu, et la hype montee par les medias et par microsoft, qui ont amplifié les deceptions des critiques: c'est la premiere fois que je vois autant de reproches injustifiées formulés a l'encontre d'un jeu. Quand je vois Dragon Quest VIII qui recolte un 89% de moyenne, alors que je me suis endormi au bout d'une cinquantaine d'heures au volant de ce jeu certes charmeur mais o combien soporifique, je me dis que Blue Dragon comme Dragon Quest auraient merité des notes similaires (disons 85%) car au final l'experience de jeu est tres proche, avec un avantage pour Blue Dragon qui a plus de contenu et de "production value" tout simplement.
A tous ceux qui hesitent pour acheter ce jeu j'ai envie de dire (et avec les trilles dans la voix de mr de nagybocsa ça serait bcp plus saisissant...) que ce jeu est très solide, soigné et fait avec amour. Que tout ce que vous avez adoré sur les premiers final fantasy (disons jusqu'au 10 inclus) se trouve dans le jeu, ce qui en fait pour moi le premier RPG next-gen digne de ce nom et une tres bonne première base pour une future licence à succès. Et enfin que Mistwalker a fourni avec Blue Dragon une experience peut etre pas tres innovante, mais authentique voire quintessentielle du RPG japonais.