L'été, c'est la plage, les vacances, la fiesta, le camping etc.. Mais pas pour tout le monde.
En effet, durant cette période, chaque année, des millions de courageux de part le monde cherchent des petits boulots. Courageux, ou nécessiteux. Autant dire que la tache est ardue: déposer des CV, des lettres de motivation, démarcher les entreprises, attendre avec stress et impatience les réponses.. Et finalement, ne rien trouver.
Faute de mieux, on se rabat alors sur une besogne trouvée par son oncle adoré: un travail ingrat de 8h à 12h en plein soleil, dans un quartier mal famé, avec sa table de camping et sa chaise, à protéger la caisse tout en vendant aux petits vieux gâteux et malpolis un journal de droite, le tout casé entre quelques mégots et des crottes de chien, devant le bureau de tabac en vacances. Et n'oublions pas les coups de soleil, parce que bien sûr, on a pas le droit de prendre un parasol, ça gène la vue du stand, Ô combien fourni. Pour finir, on se retrouve à faire 96h en 3 semaines, sans pouvoir trop sortir le soir parce qu'on doit se lever le matin pour gagner, au mieux, 150-200 euros. Bref, c'est la merde.
J'en viens à mon sujet: comment faites-vous lorsque vous cherchez du taff pour l'été ? Dans quelle branche cherchez vous ? Êtes-vous satisfait de ce que vous faîtes ? Bref, comment se passe vos petits boulots d'été ? Racontez vos anecdotes toussa toussa.
Pour ma part, il m'était arrivé un truc peu commun (on passe les tentatives de vol de la caisse par des ptits salauds de douze ans qui se sont pris pour Al Pacino, c'est malheureux mais ça, c'est du lot quotidien): Une femme, genre 55-60 ans, arrive vers moi et me prend un journal. Jusqu'ici, rien de bien folichon. Cependant, elle reste plantée devant moi telle une moule à son rocher, me souriant comme si elle attendait quelque chose. Je la regarde, l'air désabusé, tentant tant bien que mal de pas me vautrer à cause de la chaise pour le moins caduque tout en tenant mon bouquin.
Au bout d'une bonne trentaine de secondes de silence, je lui demande finalement si je peux quelque chose pour elle. Elle ne semble pas pauvre ni rien (bien au contraire, ce qui m'a étonné vu le coin où je bossais) et, à ma grande surprise, elle me demande une cigarette. Je la dépanne donc aimablement, me disant qu'elle doit plus en avoir (on est dimanche et je bosse devant le bureau de tabac qui vient de fermer, elle a dû être prise de court la bonne dame). Finalement, une fois que j'ai fini de rouler toussa, je lui donne et, à ma grande stupeur, elle met sa main sur mon épaule et joue la carte de la pitié "S'il vous plaît, je peux en avoir une autre ?". Là, c'est trop, je veux bien être gentil mais je suis pas un pigeon. Je lui dis gentiment non, elle insiste, s'énerve et me balance le journal en pleine gueule, puis se barre, guillerette et fière de son méfait sur le pauvre petit vendeur.
Cette espèce de timbrée reviendra chaque jour pendant 3 semaines, et chaque contact se terminera par un journal lancé, que j'ai fini, dans la dernière semaine, par réussir à esquiver d'un air lassé, parce que la classe, ça ne s'achète pas comme un quotidien, môdame.
Ah, je me suis pris un coup de barre de fer dans le dos par un gosse de 10 ans qui voulait la caisse aussi. Vive la jeunesse en quartier difficile.
Le client est roi, le client est roi, le client est roi. Va te faire mettre.
PS: Cette année, je me prostitue. Pas cher.
|