gardez à l'esprit que la dissertation est un exercice artificiel, arbitraire, et que la question posée n'est qu'un prétexte.
Hu ? Ca veut dire quoi ça ?

C'est un exercice rhétorique, mais ça n'en fait pas un exercice arbitraire ou artificiel : il y a des règles pour bien disserter, et il faut connaître les règles et les maîtriser pour bien réussir. On peut trouver ça complètement con au demeurant, mais ça demeure un exercice rhétorique tout à fait pertinent d'un certain point de vue, notamment dans la maîtrise d'une argumentation écrite, qui fait tant défaut...
La question posée, c'est un intitulé de sujet, et ça n'a rien d'un prétexte. C'est un problème qu'il faut régler, un peu comme pour les maths d'ailleurs, mais par d'autres moyens. On a un intitulé, qui se compose de mots choisis et précis, qu'il faut bien définir, bien en comprendre la logique, en tirer un problème (une problématique), y répondre par un développement qui repose sur la dialectique de l'idée et de l'exemple, et donner une réponse finale par une conclusion. Ca n'a rien d'un prétexte.
J'avoue ne pas trop comprendre le choix des mots que tu utilises en parlant de cet exercice (littéraire par excellence : c'est l'épreuve reine des concours littéraire la dissertation, et à haut niveau, c'est quand même autre chose que le blabla de terminale...). J'ai l'impression que tu victimises d'entrée de jeu les élèves là, que tu leur donnes d'emblée des excuses au cas où ils se vautreraient (ça n'est qu'une impression, rien de plus). Bref, ce n'est pas grave.
C'est le lieu où vous devez montrer que vous savez vous plier à un exercice abstrait (quel que soit le plan retenu, du moment qu'il est cohérent, par exemple), et vous en servir pour refiler quelques maigres connaissances bien mises en valeur. Ce n'est pas une thèse universitaire, mais un exercice de style.
Je suis déjà beaucoup plus en accord avec ce propos.
Cela dit, ça n'est pas qu'un exercice de style. C'est avant tout un exercice de réflexion.
Si on ne réfléchit pas à son sujet, si on ne le comprend pas, si on en définit mal les termes, on est d'entrée de jeu "out", et on passe à côté du problème posé. Là, le hors- sujet est une condamnation à mort sans appel : en concours, ça donne du 01 / 20 maximum, et autour de 05 pour le Baccalauréat.
C'est un exercice de rhétorique et de logique ensuite. Il faut avoir avoir compris le sujet, avoir vu le problème posé, et avoir construit un raisonnement dessus, en appliquant une méthode stricte qui repose sur une argumentation qui associe des idée (qui répondent toutes à la problématique posée en introduction) et des exemples (des connaissances choisies et hiérarchisées qui éclairent les idées et leur donnent du contenu, et donc, qui sont elles aussi toutes reliées à la problématique posée en introduction). Cela suppose que le plan réponde à la problématique posée par l'introduction, et que chaque idée et chaque exemple soient reliés à celle- ci. Cela suppose que le plan traite tout le sujet et rien que le sujet, mais aussi qu'il suive un déroulement logique du début à la fin, commençant par les aspects les plus simples et les plus généraux, pour aller vers les aspects les plus précis et les plus difficiles.
La conclusion répond en définitive à la problématique posée en introduction, au terme d'un développement qui a permis la constitution de cette réponse.
Le style, ça relève de la forme. Mais dans une dissertation, le fond et la forme ne sont pas dissociables. En effet, un fond complexe ne peut pas s'exprimer sans un certain vocabulaire. Sans aller dans des développements ampoulés, le choix des mots est fondamental, parce qu'une dissertation invite à réfléchir, et que les mots ont un sens. Aussi, sans maîtrise du vocabulaire (ou au moins d'un vocabulaire courant bien maîtrisé), aucune dissertation n'est possible. Cela dit, le style aide aussi à la fluidité du propos, et de ce fait, c'est un aspect essentiel de la dissertation parce qu'une dissertation doit être agréable à lire, et que de toute manière, entre deux copies égales sur le fond, celle qui sera la meilleure sur la forme sera la mieux notée. Pour un examen, on s'en fiche un peu, ça ne change pas grand chose, mais pour un concours, c'est ce qui va permettre de sélectionner les candidats entre eux.
Ensuite, très important, commencer par la conclusion. Ainsi, on sait où on va, on ne risque pas de se perdre !
Après quoi, on reprend sa problématique, on réfléchit bien à une introduction qui appelle une telle conclusion, on fait en sorte que le début corresponde bien à la fin.
Enfin, y a plus qu'à rédiger en suivant son plan, en cochant au fur et à mesure : du simple coloriage.
Commencer par la conclusion ? Euh... ça me semble suicidaire.
Comment commencer par ce qu'on ignore ? On se condamne à passer à côté du sujet si on cherche la fin avant d'avoir posé les bases de ce qui sera un bon commencement, et si on tente ensuite de faire entrer son raisonnement dans les cadres d'une conclusion forcément tronquée parce que fondée sur des inconnues ?
Au moment où on a le sujet sous les yeux, on ne peut pas avoir la moindre idée de la conclusion à laquelle on arrivera, puisqu'on n'a même pas encore le problème posé clairement en tête.
Pour être clair, on ne peut rien faire dans une dissertation si on ne commence par le travail de définition des mots employés dans l'intitulé du sujet. A partir de là, il faut opérer le travail de problématisation, puis, une fois cela fait, passer au travail de constitution du plan. On ne peut pas aboutir à une conclusion solide sans passer par ces phases préalables. Or, la conclusion est avec l'introduction l'élément essentiel d'une dissertation, ce que le correcteur lis en premier, et à partir duquel il sait avant de lire l'intégralité du propos s'il mettra ou non la moyenne (du moins en a- t- il une idée générale). Et puis, c'est avec la conclusion qu'on prend congé de son lecteur / correcteur, et il est particulièrement dangereux de le laisser sur une mauvaise impression, sur une conclusion faible ou "prétexte". Une conclusion, ça doit être clair et ferme : on a posé un problème dans l'introduction, on y répond dans la conclusion au terme d'un développement dans lequel on a montré qu'on analysait le sujet à partir d'idées et d'exemples.
Le plus difficile, c'est le squelette et ses extrémités : il faut passer du temps sur l'intro et la conclusion, d'une part parce que c'est que le correcteur regarde toujours le plus attentivement, d'autre part car ce sont les bornes de son propos, et si les bords sont bien nets, l'intérieur a des chances de tenir.
Une fois qu'on a bien sué, on est fatigué, on commence à manquer d'énergie, mais la rédaction est facile puisqu'on sait déjà de quoi on va causer.
Dans l'ensemble, je suis d'accord.
Qu'est- ce que va regarder le correcteur en premier ? L'introduction, puis, la conclusion, puis, le plan. C'est à partir de ces éléments qu'il va savoir en cinq minutes s'il mettra la moyenne ou non. La lecture du développement lui sert en fait à affiner son jugement, à voir si oui ou non la première impression a été la bonne.
Une introduction et une conclusion correctes mais avec un développement pourri, ça ne donnera pas la moyenne de toute manière.
Un développement de qualité, mais avec une introduction et une conclusion faibles, ça donnera tout juste une moyenne.
Une problématique nulle, un plan qui ne tient pas la route, une développement trop général, une conclusion qui brasse du vent pour mettre quelques lignes en plus sur la copie, ça ne sert à rien, et ce sont des éléments qui enlèvent des points. Là- dessus, il ne faut laisser aucune ambiguïté : ce sont des fautes, et les fautes, c'est sanctionné.
D'accord aussi sur un point essentiel : ne pas rédiger à l'aveuglette... Ca, c'est la garantie de se planter à coup sûr. Ne pas non plus rédiger de brouillon, sauf pour l'introduction. Et toujours avoir le plan sous les yeux, avec des idées et des exemples (les noms, les citations, les références, etc.) dans les sous- parties. Et toujours avoir sa problématique sous les yeux, en se demandant à chaque minute si ce qu'on fait répond bien au sujet et à la problématique qu'on en a tiré.