Après quelques jours de pérégrinations sous la pluie, je trouve amusant de retrouver cette discussion, un peu dans l'état où je l'avais laissée.
Je me suis amusé à chercher et à feuilleter, parfois en détail, des manuels du secondaire des années 1920- 1930 que j'ai retrouvé dans un vieux grenier, ou que j'ai acheté chez quelques bouquinistes.
Dans un manuel de géographie conforme aux "nouveaux programmes" de 1925, rédigé par un Inspecteur Général de l'Instruction Publique et un agrégé d'histoire de l'époque, il est clairement affirmé que le monde se divise en populations civilisées et en populations "sauvages". Suit une typologie des "sauvages" en question, avec une description de leurs habitats, de leur modes de vie, de leurs intérêts économiques pour le colonisateur (alors là, c'est croustillant de lire que tel ou tel peuple comme par hasard non colonisé par la France est sans aucun intérêt pour la colonisation française et de toute manière inapte à recevoir les lumières de la civilisation dont elle est porteuse).
Je les aurai à disposition d'ici à la rentrée, et je prévois même de les utiliser pour faire réfléchir les élèves de Première sur la question de la colonisation. Je pense en reproduire quelques passages de temps en temps, histoire d'ouvrir une porte vers les mentalités du passé.
Considérez que ça relativise ou non Hergé. Je n'en sais trop rien à vrai dire. Mais ça permet un peu mieux de comprendre comment un européen des années 1930 pouvait voir le monde.
Sinon, je me suis relu les Croix de Bois récemment, et Dorgelès met des "moricauds", "bicots", "sidis" et "nègres" systématiquement quand il parle des régiments coloniaux engagés sur le front de l'Ouest. Je ne sais pas si Dorgelès était raciste (et à vrai dire, je m'en moque un peu), mais je ne vois pas de trace particulière de mépris dans la manière dont il parle de ces peuplades, même s'il utilise ces mots (bon, ça n'a que peu de rapport avec Tintin au Congo, c'était juste pour faire de la provoc' à deux balles avant la rentrée...)
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