mais voilà dire qu'il est vide je trouve ca particulièrement exagéré, quand en plus tu ajoutes ensuite que les romans ( que tu n'as certainement pas du lire ) sont complètement nuls, oui ca me laisse penser en effet que t'as une dent contre warcraft
Sans condamner a priori tous les auteurs de fantasy à crever à coups de fourche dans la gueule, on peut se se rappeler qu'aucun d'entre eux ne trône encore entre Goethe et Hugo au panthéon des auteurs de génie.
C'est qu'il y a sans doute des limites intrinsèques au genre, essentiellement posées par ce qu'en attend le public - son "horizon d'attente" : lectures divertissantes, hautes en couleur, excluant toute complexité de structure. Il s'agit, et il s'est toujours agit, de s'y désaltérer, non de s'y casser la tête.
C'est le principe même du roman de gare : la lecture sans aspirine, sans buff d'intelligence, sans implant neuro-cellulaire. Ce n'est pas faire le procès du genre que de dire cela. C'est sa fonction. Il s'est toujours voulu ainsi.
Des auteurs passablement doués ont pu jouer les nègres dans des séries comme Blade (

), cela n'a jamais donné que du roman de gare, c'est à dire des oeuvres proches de la nullité littéraire, remarquablement bien écrit.
Les grandes gloires du genre, comme M. Moorcok, A. Mccaffrey ou T. Pratchett, ont certainement du talent. Ils débordent certainement le "purement divertissant", par leur qualité d'écriture ou leur humour (bien que je n'aie jamais pu trouver, malgré une lecture qui s'est voulue sans préjugé, ce qu'un M. Moorcock peut bien avoir de si vertigineux, si ce n'est la transposition au genre des clichés d'un certain romantisme médiocrement noirâtre)
Le problème survient lorsque leur public commence à crier au génie. Comme le soulignait Maok, la propension des fans à vanter la puissance mythologique du BG de WoW, ou la qualité littéraire des nouvelles qui lui sont associées, oscille entre le ridicule et le délire.
Ce n'est pas faire le procès du jeu que de dire cela, du moins pas sur le plan ludique. WoW n'a jamais eu, à ce que je sache, vocation à devenir monument culturel, mais plus probablement à divertir, ce qu'il fait plutôt bien.
L'effritement de la Culture majuscule en une multitude de sous-cultures distinctes réputées incomparables entre elles (qui oserait comparer Flaubert et R.A. Salvatore ?), et donc toutes également dignes d'atteindre le Sublime, laisse libre cours à ce genre de bonne blague.
Je me hâte d'ajouter que j'entrevois les prolongations potentiellement trollesques de ces assertions : il sera déclaré que les goûts et les couleurs ne se discutent pas, que toutes les opinions ont égale dignité devant l'Eternel, et que les fans ont autant le droit de crier au génie que moi l'inverse.
L'impossibilité d'évaluer absolument, mathématiquement une oeuvre artistique est ici comme ailleurs exploitée pour glisser les ânes entre les étalons. Et comme il n'y aura jamais de course, rien ne semble interdire de les déclarer vainqueurs.
Malgré cela, l'étude de texte la plus sommaire démontrerait, je suppose, l'indigence des nouvelles estampillées WoW. Je ne les ai pas encore lues, mais, rassure-toi, je m'y précipite.
Robert Musil, auteur, pour le coup, génial et visionnaire, a parfaitement su prophétiser les conséquences de notre modernité :
Un beau jour, Ulrich renonça même à devenir un espoir des mathématiques lorsqu'il lut quelque part l'expression "un cheval de course génial"."Un cheval et un champion de boxe ont encore cet autre avantage sur un grand esprit, que leurs exploits et leur importance peuvent se mesurer sans contestation possible et que le meilleur d'entre eux est véritablement reconnu comme tel."Ulrich avait considéré la science comme une sorte d'entraînement, une préparation, et vivait dans l’espérance « qu’un jour lointain viendra une race de conquérants intellectuels pourra enfin s’établir dans les vallées de l’abondance spirituelle ». Mais à quoi bon cette espérance lorsqu’on a appris entre-temps que les footballeurs et les chevaux de course peuvent être géniaux ?
Jouons beaucoup, pour oublier que nous y sommes. WoW, n'est-ce pas une oeuvre
géniale ? Le canasson de Musil s'est trouvé un nouveau compagnon de jeu.