Personnellement, je suis principalement contre la GPA, car la grossesse et l'accouchement sont des périodes à risque avec taux de mortalité et de morbidité non négligeable.
Je trouve que cet argument est assez central, et évidement, beaucoup d'autres argument s'y rattachent.
Pour ma part j'ai été "par défaut" contre la GPA (alors que la PMA ne me pose aucun soucis, à vrai dire je croyais que c'était déjà légal), mais je n'ai jamais su exactement exprimer pourquoi.
Pour planter le contexte, je suis donneur régulier de plaquette et j'ai déjà donné ma moelle osseuse, cependant (et comme je suis un mec, ça ne veut pas forcément dire grand chose), je ne me verrais pas donner 9 mois de ma vie, et prendre les risques associés pour qu'un couple d'inconnus puisse avoir un enfant.
Parce que si on compare ça au don du sang, c'est ce protocole qu'il faut prendre en considération. Est-ce que les projets actuels de GPA (que je ne connais pas), c'est de permettre à des femmes donneuse de s'inscrire sur un registre de façon anonyme et gratuite afin qu'un couple d'inconnu 'et pourquoi un couple spécifiquement finalement ?) puisse avoir un enfant.
Alors j'imagine bien des dérogations, comme pour le don de moelle osseuse ou le don d'organe, mais il faut voir que ces dons sont automatiquement limité par la compatibilité, ce qui fait qu'on ne peut donner en réalité qu'à sa famille proche (et probablement pas son conjoint).
En conséquences, j'imagine que ce genre de don devra s'associer à une enquête sur les relations entre les individus (façon mariage en blanc) afin de vérifier que personne n'est contraint ou payé.
Si on exclu l'hypothèse de la grossesse pour des inconnus (mais peut-être qu'on trouvera des candidates), il ne reste alors que la grossesse pour des proches. Et dans ce cas, j'ai l'impression qu'on se rapproche fortement de la PMA, voire de pratique plus "naturelles". Imaginons qu'une sœur/amie soit d'accord pour porter un enfant pour son frère/ami, rien ne les empêche à l'heure actuelle de bricoler rapidement un truc pour qu'elle tombe enceinte.
J'imagine que le projet de loi concerne donc surtout la désignation des parents après la naissance.
Dernièrement, tout cela suppose qu'il est immoral de marchander le corps humain, ce avec quoi je suis émotionnellement d'accord. Cependant, sur le coté rationnel de la chose, j'ai du mal à trouver des arguments pour valider cette immoralité. Au nom de quoi serait-il mauvais de payer quelqu'un pour porter un enfant ? Le risque me paraît être un bon argument, surtout avec les exemples de pays étrangers. Mais si on prend en compte les valeurs, tout devient différent.
Plus haut un exemple à été cité 16 000€ dans un pays où le salaire mensuel moyen est de 16€ soit mille fois le salaire mensuel moyen. Si on répercute cette valeur en France, on arrive à une prestation qui "coûterait" 290 000€. Et là quand on parle de se montant là, la question commence à se poser. Si j'étais une femme, est-ce que je ne serais pas prêt à porter un enfant pour gagner cette somme ? Et bien, je ne saurais pas répondre à cette question.
Au final ce qui me paraît immoral dans le commerce du corps, c'est surtout qu'on va dans d'autres pays pour ne pas avoir à payer le vrai montant. Et en effet, dans ce cas, on exploite quelqu'un d'autre. Mais si on payait la vraie valeur du service, on se retrouverait avec des attaques sur le fait qu'il s'agit d'une pratique réservée à des privilégiés.
Finalement, est-ce qu'il n'est pas là le problème ? On considère qu'il y aurait un genre de "droit à l'enfant", parce que ce serait un besoin primaire qu'il faut absolument permettre à tout le monde d'assouvir. Mais par ailleurs, quand on utilise des arguments tels que "un enfant sera plus heureux dans un couple homosexuel sain que dans un couple hétérosexuel néfaste", est-ce qu'on ne sous-entend pas en fin de compte que certains ont quand même moins le droit d'avoir des enfants que d'autres. D'ailleurs, dans la procédure de GPA, on s'assurera que le couple qui veut un enfant vérifie un certain nombre de critères, il y aura donc des couples qui se feront refuser la GPA, pourquoi n'auraient-ils pas le droit d'avoir un enfant eux aussi, si on considère que c'est un besoin primaire ?
Tout ça pour dire que finalement, je ne sais pas si je suis pour ou contre (et mon avis importera peut dans l'avenir donc ce n'est pas très grave
), mais je trouve qu'il est difficile de construire un ensemble d'arguments cohérents, et selon moi ça signifie que l'analyse du problème n'est toujours pas stabilisée et donc qu'il est encore un peu tôt pour prendre une décision.