La prise en charge de la pathologie alcoolique en France ?

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Hi,

Encore une sujet qui me trotte dans la tête, et ça encore plus qu'on parle beaucoup d'économie de santé en ces tristes jours.

Définition: c'est quoi l'alcoolisme?

Bien malin celui qui trouvera une définition.
Les sites les plus connus n'en fournissent pas, les gens qui assurent de la formation sont bien en peine d'en fournir.
On trouve des choses de ce type:
Citation :
L'alcoolisme définit à la fois un mésusage (mauvaise utilisation) de la consommation de boissons alcooliques, mais aussi l'ensemble des troubles engendrés par cet abus.


Mais ça n'explique ni qui, ni quoi, ni comment, ni qu'est-ce.


Le formateur que j'avais eu dans un temps lointain et reculé expliquait que pour lui, on pouvait parler d'alcoolisme lorsqu'il devenait impossible pour le sujet de différer une prise.



Au delà de tout ça, c'est des coûts dont je voudrai parler, de ce que ça coûte, de ce que ça engendre, et derrière, peut-être élargir un peu la chose aux mesures envisageables.

Sur l'alcool ,et les addictions de manière générale, hormis un peu d'effet de mode (vente d'alcool aux mineurs, cannabis), j'ai pas véritablement le sentiment que les diverses instances et autres gouvernements aient envie de bouger le petit doigt.


Qu'est ce qui coûte et combien :

Des chercheurs de l'INSERM (mais pas que) ont tenté d'évaluer le coût "social" de l'alcoolisme, en trois étapes:
  • A partir de la littérature, on identifie les conséquences sanitaires associées à la consommation d'alcool.
  • On documente les causes entre ces conséquences et la consommation d'alcool
  • On assigne un coût à chaque "item"


Grosso modo pour les chiffres que j'ai, on tourne entre 17 et 25 Milliards par an.
(j'ai retrouvé des chiffres qui parlent de 100 Milliards de Francs pour 96 ...).


Dans les "rubriques" et selon les divers études, sites et autres info- services on trouve des grandes catégories:

1) Cancer: Bouche, pharynx, oesophage, colon- rectum, foie, larynx, sein
2) Pathologie cardio vasculaire: Hypertension, Cardiomyopathie, cardiopathie ischémique, AVS ischémique et hémorragique, varices oesophagiennes
3) "Psychose alcoolique" + Divers: Encéphalopathie de Gayet-Wernicke, Korsakoff, Dégénérescence du système nerveux, Epilepsie et état de mal épileptique, polynévrite alcoolique, maladies mentales diverses, diabète de type II
4) Digestif: Cirrhose du foie, gastrite, Hépatite chronique, pancréatite chronique
5) Causes externes


D'un point de vue terre à terre, il y a vraiment une chiée de causes qui entraînent un coût pour la société et auxquelles on pense pas forcément, puisqu'il y a aussi toutes les causes indirectes, chutes et autres accidents entraînés par la consommation d'alcool.




Je veux pas rentrer dans un débat de type " oula c'est mal 30% des accidents mortels de la circulation et 15% des accidents du travail sont liés à l'alcool", par contre, je me pose quand même des questions, compte tenu des coûts énormes (euphémisme) pour la société.

A l'heure où les topics se multiplient, où l'on nous parle d'économies, peut-être qu'un tel poste de dépenses comme celui-ci (y a t-il plus important en terme de coûts pour la société que celui-là ... ?, si oui lequel? ) devrait davantage déchaîner les passions nan?




Pas vraiment de lecture à conseiller, j'aime assez le site de l'ANPAA, plus parce que les types de l'ANPAA 36 qui étaient venus nous faire cours étaient plutôt cools qu'autre chose.
Et des chiffres et des minis études pour ceux qui aiment.
Citation :
Publié par Kirika
A l'heure où les topics se multiplient, où l'on nous parle d'économies, peut-être qu'un tel poste de dépenses comme celui-ci (y a t-il plus important en terme de coûts pour la société que celui-là ... ?, si oui lequel? ) devrait davantage déchaîner les passions nan?
L'alcool est une drogue socialement très bien intégrée. Lutter contre elle serait tellement néfaste en matière de "dégâts collatéraux" (i.e. vignerons, tenanciers de bars-tabacs, producteurs d'alcool, ...) que je doute que quiconque s'y risque.
Citation :
Publié par Wike l'exilé
L'alcool est une drogue socialement très bien intégrée. Lutter contre elle serait tellement néfaste en matière de "dégâts collatéraux" (i.e. vignerons, tenanciers de bars-tabacs, producteurs d'alcool, ...) que je doute que quiconque s'y risque.
Sans compter que les différentes tentatives de réglementations voire d'interdictions (le Volstead Act) n'ont pas franchement portées leurs fruits.
Pour la profession, il suffit de voir ce qui se passe dans les couloirs de l'assemblée quand un député ose proposer une hausse des taxes sur les boissons alcoolisées.
Vu que c'est "viril" de boire, et que c'est effectivement bien admis voir encouragé en société (l'état d'ivresse), c'est pas évident même de le considérer comme une pathologie.
je comprends par tu veux faire quoi contre ça ? l'alcoolisme est une maladie, il se trouve que cette pathologie est plutôt bien traité en France avec les Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie et les sevrages en milieu hospitalier gratuit.

On peut toujours faire moulte taxe de plus sur la vente mais bon...
Je ne trouve pas qu'elle soit ni bien traitée, ni bien prise en charge.
Je rajoute que ce que tu appelles "sevrage en milieu hospitalier" se fait de moins en moins en dehors des structures d'addictologie et que leur nombre de place est plutôt insignifiant.

Les centres n'ont pas une thune, croulent sous les rendez vous et n'ont pas la capacité d'absorber toute la population en demande.


Je sais pas, je me dis (naïvement) qu'avec le pognon qu'il y a à gratter en réduisant ce que ça nous coûte ... y a très largement moyen de compenser le reste.
La problématique étant la même pour le tabac à mon sens.
Citation :
Publié par Kirika
Définition: c'est quoi l'alcoolisme?

Bien malin celui qui trouvera une définition.
Les AA en donnent une :
Citation :
Selon la définition la plus communément admise, est alcoolique celui qui a perdu la faculté de contrôler sa consommation d'alcool ou « la liberté de s'abstenir de boire » (D' P. Fouquet).
Ca me fait penser qu'il faudrait que j'aye voir une réunion.

Citation :
Publié par Duc_carat
je comprends par tu veux faire quoi contre ça ? l'alcoolisme est une maladie, il se trouve que cette pathologie est plutôt bien traité en France avec les Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie et les sevrages en milieu hospitalier gratuit.
Sauf erreur de ma part, ceux sont les symptomes qui sont principalement traités par la médecine francaise et non la dépendance en tant que tel, comme l'ensemble des maladies de type psychiatrique/psychologique.

Dernière modification par Airmed / Ildefonse ; 03/01/2014 à 17h51.
Message supprimé par son auteur.
Citation :
Publié par Doudou
Entre le mec qui peut pas se passer de son verre de vin avec son fromage tous les soirs et le type qui peut pas s'empêcher de picoler comme un trou et se mettre minable à la moindre occasion, c'est vaste.
Tes deux bonhommes sont alcooliques. A partir du moment ou tu ne peut pas arrêter par toi même de prendre ta dose habituelle sans contre-coups, aussi minime soit-il, tu est alcoolique.

Pour avoir un peu travaillé dans un service de cure addictologie (à la base basé sur l’alcoolisme, mais de plus en plus de poly-dépendants) je peux témoigner de la difficulté de se sortir de cette maladie. Les situations de vies que j'ai pu rencontrer dans ce service sont les pires que j'ai pu voir.
Les cures de 4 semaines proposées semblent donner des résultats avec des patients qui ne toucheront plus à l'OH, mais sur les 15 lits du service plus de la moitié étaient occupés par des personnes ayant déjà effectué au mois une cure (j'ai vu 7ème cure au maximum). A plus de 15000 euros le séjour (je n'ai plus le chiffre exacte en tête) le budget est forcement énorme.
Si ça vous intéresse je peux développer le déroulement de ces cures.
Message supprimé par son auteur.
Semi HS.

Pour ceux qui suivent le gymnase, la nutrition je touche ma bille pas mal.
Je me suis beaucoup documenté pour décider oui ou non d'intégrer un verre de vin à ma routine de diète.

C'est un sujet, quand il est débattu dans notre société, pollué par les idées reçues et les études très souvent financées par des lobbys. Et dans les 2 sens, car si les études du lobby de la bière ou du vin existe, l'inverse est également vrai, les croisades anti-alcool existent.

Il faut prendre, je pense, de la distance et s'appuyer sur du factuel.
L'intérêt du resveratrol par exemple.
Mais je vais dévier trop scientifique.

Pour faire simple,

-Ce que je pourrai dire sans peur de me tromper

C'est un paradoxe de l'alcoolisme: le verre de rouge au déjeuner ou au dîner quotidien est de l'alcoolisme, mais il n'est pas mauvais pour la santé, voire même bénéfique.

Sur ce sujet, la fréquence a été évoquée: mais il faut distinguer les différentes sources d'alcool et leur quantité.

Une bonne source, comme souvent, le CNRS:

Michel de Lorgeril: Cardiologue, nutritionniste et chercheur
"Alcool, vin et santé", paru aux éditions Alpen.

C'est je trouve un excellent ouvrage pour se faire soi même une idée et comprendre ce qu'est l'alcool et sa consommation, bien documenté reposant sur des bases scientifiques et non pas une étude de 3 cobayes financée par une coop de vignerons. Bonne lecture
Message supprimé par son auteur.
Ben, si on s'en tiens aux définitions, aux professionnels du sujet, intégrer un verre de vin/ jour n'est pas de l'alcoolisme, dès lors que tu es capable de ne pas le prendre un jour X ou Y.

Après, d'un point de vue plus pragmatique, une personne dépendante peut passer parfaitement "inaperçue" sur le sujet dans la vie de tous les jours dès que ça ne dure pas.
Une personne qui s'alcoolise massivement, souvent, ça va se voir plus vite et plus facilement.
Les régimes"connus" et réputés s'appuient sur le vin (Crétois par exemple), mais boire un verre de villageoise matin, midi et soir n'est pas trop de l'hygiène de vie.

Comme le dit Egelbeth, c'est aussi et surtout l'attitude face au verre.




@Doudou: C'est un médoc pour les "crampes musculaires" (résumé): le Liorésal®, mais utilisé à des doses supérieures à l'usage normal. Y a eu du bon, du moins bon, et des études sérieuses semblent en cours pour sortir de vrai du faux.
J'ai un cousin proche (45 ans) qui a été voir son médecin, lui en a parlé, etc... il a commencé deux semaines après à en prendre et.... il a jamais rebu un verre depuis, c'était y a 3 ans.
Citation :
Publié par Doudou
Sinon, j'avais lu qu'il y avait un médoc, utilisé pour un truc n'ayant rien à voir et qui s'avérait radical pour le sevrage de l'alcool, c'est pas plus utilisé que ça ?
Citation :
Publié par Kirika
le Liorésal®
Ce n'est pas plus utilisé parce que c'est un traitement très lourd, c'est du dernier recours.
Citation :
Publié par Le Repier
Attention, car boire un verre de rouge "souvent", lors de diners ou autres (suivant le fréquence des diners ça peut être quasi journalier) n'est pas à ranger dans la case de l'alcoolisme que l'on targue de tous les noms.
Si il n'est pas capable de s’arrêter sans effet secondaire, il est alcoolique.

Citation :
Sinon, j'avais lu qu'il y avait un médoc, utilisé pour un truc n'ayant rien à voir et qui s'avérait radical pour le sevrage de l'alcool, c'est pas plus utilisé que ça ?
Comme dit Kirika tu parle du Liorésal plus souvent appelé sous le nom de Baclofène (nom de molécule). Tu trouvera de très nombreux témoignages affirmant qu'en prenant une très forte dose de cette molécule des alcooliques ont vu leurs besoins de consommation totalement supprimés. Un médicament miracle en somme. Sauf que, à ma connaissance, il n'y a jamais eu de vraie étude pharmaceutique. Du coup pas mal de médecins sont méfiant. Ceux avec qui j'ai pu en discuter en cure non jamais utilisé les fortes doses miraculeuses mais ils utilisaient de faibles doses en complément de traitements classiques. Ils y aillaient par tâtonnement mais visiblement la molécule aidait. Après je ne ne m'y connaît pas plus que ça, il faut voir l'avis des médecins joliens.

Je ne parle pas de certains lobbys qui seraient bien emmerdés si l'alcoolisme se soignait définitivement avec un simple cacheton au petit déjeuné...
Si on se réfère aux définitions psychiatriques qui intègrent des critères diagnostiques (issus du DSM et de la CIM 10), les "troubles liés à une substance" sont découpés en deux grandes catégories : celle de des troubles liés à l'utilisation d'une substance (la dépendance et l'abus) et celle des troubles induits par une substance (intoxication, delirum, sevrage, trouble amnésique, trouble anxieux, trouble psychotique, trouble de l'humeur, etc.).

Sans entrer dans le détail, il y a les critères diagnostiques du trouble addictif selon A. Goodman qui sont assez représentatif de ce que peut être un trouble addictif:
- Impossibilité de résister aux impulsions à réaliser un comportement
- Sensation croissante de tension précédant immédiatement le début du comportement
- Plaisir ou soulagement pendant sa durée.
- Sensation de perte de contrôle pendant le comportement
- etc.

Donc si on veut commencer un débat sur les addictions (ici sur l'alcoolisme) il est nécessaire de bien différencier la dépendance (l'addiction), l'abus et l'usage. Vous l'avez bien décrit plus haut, il y a des consommations d'alcool qui ne relèvent pas d'une relation pathologique au produit, ca peut être un usage festif ou un abus sans que cela entraîne une dépendance. Par exemple l'Observateur Français des Drogues et des Toxicomanies propose une distinction assez clair : "les expérimenteurs", "les occasionnels", "les réguliers" et les "consommateurs à problème" qui regroupent les problématiques d'abus et de dépendance.

Du coup l'abus d'alcool peut être décrit comme une consommation répétée induisant des dommages dans les domaines somatiques, psychoaffectifs ou sociaux. Tandis que la dépendance peut être à la fois psychique et physique, elle est une impossibilité de s'abstenir de consommer l'objet addictif et révèle l'existence d'une tolérance et d'un syndrome de sevrage.

Après concernant l'abus et l'usage nocif de l'alcool, y'a un paquet de tests subjectifs pour déterminer si on est soit dans une consommation conviviale, en excès ou une vraie pathologie addictif à l'alcool. Celui qui me vient en tête est le test DETA. Mais bon le meilleur test reste encore celui de l'abstinence
Citation :
Publié par Sauce Mort
Sans entrer dans le détail, il y a les critères diagnostiques du trouble addictif selon A. Goodman qui sont assez représentatif de ce que peut être un trouble addictif:
- Impossibilité de résister aux impulsions à réaliser un comportement
- Sensation croissante de tension précédant immédiatement le début du comportement
- Plaisir ou soulagement pendant sa durée.
- Sensation de perte de contrôle pendant le comportement
- etc.
J'me suis vu en train de courir aux toilettes pour pisser.
Citation :
Publié par Haesik
Tes deux bonhommes sont alcooliques. A partir du moment ou tu ne peut pas arrêter par toi même de prendre ta dose habituelle sans contre-coups, aussi minime soit-il, tu est alcoolique.
C'est malheureusement ce genre de définition trop large qui mettent dans le même panier des comportements à risques et des comportements sans ou avec peu de risques qui nuisent plus à la lutte contre l'alcoolisme qu'autre chose. C'est d'ailleurs valable avec beaucoup d'autres notions.
Citation :
Publié par mamaf
C'est malheureusement ce genre de définition trop large qui mettent dans le même panier des comportements à risques et des comportements sans ou avec peu de risques qui nuisent plus à la lutte contre l'alcoolisme qu'autre chose. C'est d'ailleurs valable avec beaucoup d'autres notions.
La consommation régulière d'alcool a aussi des conséquence délétères, même à dose acceptée socialement. On estime qu'à partir de 3 verres quotidiens ou plus, il y a déjà augmentation significatives pour des pathologies lourdes type cancer. Ca va être moins visible immédiatement et tu évites les risques aigus. Mais c'est tout.
Citation :
Publié par .Sash
J'me suis vu en train de courir aux toilettes pour pisser.
Ahah
Bon il est bientôt midi l'heure de l'apéro, qui n'en veut ?
Citation :
Publié par harermuir
On estime qu'à partir de 3 verres quotidiens
Pour préciser, ce sont les unités d'alcool qui se comptent. Soit 10 grammes.
Au passage je trouve que le dosage en degré n'est pas simple pour l'acheteur qui doit convertir en grammes:
0,8 x degré x volume en ml / 100 = nombre de grammes d’alcool
Ceci mériterait une clarification sur l'étiquette.

Mais quoi qu'il arrive une unité de rhum blanc et une unité de vin rouge n'auront pas le même effet sur la santé.
Citation :
Publié par harermuir
La consommation régulière d'alcool a aussi des conséquence délétères, même à dose acceptée socialement. On estime qu'à partir de 3 verres quotidiens ou plus, il y a déjà augmentation significatives pour des pathologies lourdes type cancer. Ca va être moins visible immédiatement et tu évites les risques aigus. Mais c'est tout.
C'est pas vraiment accepté socialement 3 verres. Rien qu'une bière par jour ça se remarque très vite si la personne est addict (elle se plaint en son absence une fois deux fois -> conclusion tirée), alors si en plus t'ajoutes les effets de l'ivresse..
Cela dit je serais friand de lecture sur les conséquences d'une consommation faible mais régulière ( un demi verre de vin par jour ) vs la même quantité mais en gros paquets de 7 verres deux samedi soirs dans le mois.
Citation :
Publié par Laadna

Allez dire à un alcoolique qu'il l'est, alcoolique. Ça a beau être vrai, vous allez voir comment vous allez être reçu.
C'est pourtant le meilleur service à lui rendre.
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