Je vois pas en quoi essayer de comprendre pour quelles raisons ils les ont écrits les justifient par ailleurs. Je ne dis pas que c'est ininteressant anthropologiquement de comprendre, mais dans la discussion là telle qu'elle était posé par Lawless ça n'a pas de lien.
Comme de toute évidence tu n'as pas lu l'ouvrage dont je parle, je vais te faire la joie d'un résumé. Parce que je me sens dans un bon jour.
Mary Douglas est anthropologue (branche anthropologie sociale anglo-saxonne) et ne s'intéresse donc pas le moins du monde à une quelconque histoire de la création des catégories de l'Ancien Testament ou à leur genèse historique. Son objet est celui de la "souillure" (sans déconner), c'est-à-dire plus généralement de l'ensemble des interdits posés par les religions dans le monde, des tabous.
C'est sur l'Ancien Testament que porte notamment le chapitre 3.
Elle démontre notamment que l'explication des interdits alimentaires par des normes sanitaires d'hygiène publique - argument parfois avancé pour la prohibition du porc dans le judaïsme et l'islam - ne tient pas.
Les catégories du Lévithique ont deux fonctions.
La première, c'est d'organiser selon une taxinomie savante et à nos yeux un peu obscure, les animaux en divers groupe. L'animal par excellence, l'animal de base, c'est le ruminant type bovin ou ovin, sur terre. Viennent ensuite les poissons et la mer, et les oiseaux et le ciel. Tout animal à cheval sur deux catégories se voit considéré comme impur. Le porc, par exemple, a les pieds fourchus comme la vache, mais ne rumine pas. Il est à cheval, il est donc impur.
Les interdits divers du Livre sont donc l'organisation du monde entier en reflet de la structure sociale et des catégories initiales des Israélites. Le Lévithique est un code de loi historicisé.
C'est là la seconde fonction : ces règles d'évitement permettent aux hommes de faire société (un certain nombre de pratiques partagées) et d'introduire de la religiosité dans les pratiques alimentaires pour le judaïsme, où chaque repas, chaque rencontre avec un animal, expriment l'adhésion à Dieu (cette dimension ayant été évacuée dans le christianisme).
Défendre le Lévithique au pied de la lettre comme le font certains puritains à l'américaine, c'est donc se croire un Juif d'avant la destruction du Temple. C'est donc être un peu malade dans sa tête.
Le catholicisme a bien compris cet élément dynamique des classifications des interdits religieux et les a donc refondu perpétuellement au cours de son histoire. L'autorisation du porc est l'exemple le plus évident, mais d'autres interdits sont aussi tombés. A l'inverse, selon les époques, d'autres ont été réaffirmés au travers des Pénitentiels.
De fait, aujourd'hui, les interdits religieux du catholicisme sont très peu nombreux.
(Il est notable que le judaïsme aussi a eu tendance a reformuler ses interdits, avec un mouvement paradoxal d'expansion globale des interdits à un nombre incalculable d'éléments.)
Croire en le Lévithique et en le Deutéronome, ce n'est donc pas croire en un certain nombre de contraintes littérales, c'est croire que les hommes en société organisent leur monde et que Dieu est dans les détails. Omniprésent, tout ça.