Le féminisme est une "doctrine" qui se décline différemment selon les personnes, les époques, les sociétés.
Autant je n'ai aucun respect pour celles qui empêchent l'utilisation du "mademoiselle", autant j'ai beaucoup de respect pour celles qui tendent à améliorer la condition féminine.
Je pense à Sofie Peeters récemment. Suite à son documentaire, le législateur est intervenu et on peut espérer un changement à l'avenir.
Concernant cet évènement, je ne suis pas d'accord, on ne me fera pas croire qu'avant la diffusion de ce documentaire, la loi belge autorisait les hommes à traiter les femmes de salopes dans la rue...
Je ne dis pas qu'il faut arrêter de légiférer sur le sexisme pour autant, mais il faut arrêter de croire que le problème sera résolu uniquement en légiférant... Les lois sont là, elles existent et protègent déjà les femmes ou les mettent sur un pied d'égalité avec les hommes à de rares exception près comme le droit de se balader torse nu.
S'il y a un grave problème de sexisme en France, il n'est pas au niveau des lois, il est au niveau des meurs, il n'est plus au niveau de la théorie mais de la pratique.
En gros, l'idéal serait de veiller à ce que les lois actuelles sur le sujet soient respectées avant de chercher à en écrire d'autres.
J'aimerai rebondir sur une autre question: les effets pervers de la lutte contre le sexisme.
Il faut lutter contre le sexisme, mais encore faut-il le faire correctement, j'ai l'impression que dans notre société, prendre une femme pour l'élever dans la société et lui donner plus de droits ou de pouvoir que les hommes suffit à équilibrer les inégalités. Comme si le statut privilégié de celle-ci, suffisait à compenser la soumission de centaines d'autres femmes. Je parle ici de la fameuse discrimination positive...
Il y a quelques années, je travaillais dans l'industrie, secteur quasi-exclusivement masculin qui à l'époque avait ouvert ses portes à une poignée d'employées féminines dans un secteur très machiste. Je vous décrit succinctement l'ambiance de base: posters de femmes à poil dans les vestiaires, blagues sur les blondes et échanges de DVD pornos à la pause déjeuner, les réflexions sexistes vont bon train, différence de capacités physiques entre hommes et femmes, congé maternité, références à la manucure et l'épilation...
La dessus, après deux ans, l'une d'entre elle passe d'ouvrière à chef de service, ascension jamais vue jusque là en 70 ans d’existence de l'usine. C'est l’œuvre d'un cadre qui s'est dit que ça redorerai l'image de l'entreprise. Bilan des courses, dans cette usine, les femmes qui devaient déjà supporter les machos de base, doivent également faire avec la frustration grandissante de ces derniers qui voient leurs collègues féminines évoluer plus haut qu'eux dans les échelons en quelques années que eux dans toute leur carrière...
Si les cadres en question avaient laissé les ouvrières faire leurs preuves en leur laissant suivre une évolution de carrière normale, cela aurait été certes difficile pour elles, mais cela aurait eu pour effet de faire taire le sexisme. Car tous machos qu'ils soient, la plupart savent reconnaître les compétences de leurs collègues au delà de leur genre. Là ces ascensions éclair à grand coups de piston n'ont eu pour effet que d'exacerber le sexisme.
Là encore, à l'échelle de l'entreprise on a voulu rétablir l'équilibre homme/femme de manière artificielle... Le résultat ? Alors oui, dans les chiffres, l'entreprise a des salariées qui occupent des postes à responsabilité et ont un même traitement de salaire que les hommes. Pourtant, vu ce qui se dit dans leur dos et l'image qu'elles ont auprès de leurs collègues masculins, je n'échangerait ma place avec la leur pour rien au monde.