Je pense que les deux sont importants et vont de pair.
Je ne pense pas que quelqu'un qui a des problèmes de grammaire et d'orthographe peut comprendre aussi biens des idées transmises par écrit, avec tous les filtres (époque, évolution des mots, contexte) qu'un autre appliqué en français (et accessoirement en latin et en grec).
Pourtant ce n'est pas non plus une causalité : écrire sans faute ne t'amène pas forcément à disserter comme on l’attend et à l'inverse si tu écris mal ça ne te rend pas incapable de comprendre une pensée.
J'en suis pas mal revenu d'ailleurs, en ayant un sentiment premier de rejet quand quelqu'un écrit mal sur un forum ou parle mal irl, puis en découvrant parfois des gens bien plus intéressants que des profils premiers de la classe, qui finalement ne produisent que le travail qu'on attend d'eux, sans aucune originalité (c'est à dire sans pensée).
On voit bien un fossé quand même, quand on lit des universitaires comme Frédéric Lordon, qui revendiquent un forme d'élitisme : ça peut choquer, mais je pense qu'on a besoin d'élitisme. Et pas d'une pseudo élite (c'est très différent), qui généralement est méprisante de toute façon et pas vraiment novatrice dans ses idées (encore moins "pratiquante" quand il s'agit de philosophe, qui sont en fait dans le meilleur des cas des historien érudits de philosophie.
C'est peut être le mauvais côté de notre projet de société, admirable par ailleurs, qui pousse trop loin certains côtés égalitaires.
Beaucoup de monde a son bac par exemple (en moyenne ça doit être 80%), mais quand je regarde autour de moi (et aussi chez les gens de 40 ans, voir un peu plus), leur niveau d'écriture dans les mails pro va de la catastrophe, à, au mieux quelques fautes, qu'on se dit être d'inattention.
Devrait t-on donner le bac si facilement pour continuer sur cet exemple ? C'est à voir.
Et qu'est ce qui serait un marqueur de connaissance de la langue à part faire des études universitaires sur le sujet ? Sauf à devenir linguiste, il me semble que les études supérieures dans le lettres permettent de se pencher sur les idées, le style. Pas sur la pure grammaire et l'orthographe.
Je pense par exemple avoir un niveau Bac en français, c'est à dire que je sais lire et écrire correctement, déchiffrer un texte de n'importe quelle source sans faire de contresens etc. Mais je n'ai clairement pas un niveau universitaire (culture basique, je ne sais pas organiser mes idées etc).
Et pourtant j'ai l'impression d'être très bon en français par rapport aux gens qui m'entourent (sauf ma mère et la sienne

).
A dire vrai, je suis parfois intimidé devant le parcours de certaines de mes camarades (masters etc), mais pourtant j'écris mieux qu'elles. Mais finalement à quoi ça sert (à part être éventuellement un nerd de l'orthographe) ?. Donc on rejoint un peu mon premier paragraphe.
La dictée, c'est quand même la base, mais encore faut-il lire derrière (une grosse partie de la langue même écrite se fait "à l'oreille" et "à l’œil"). Et si déjà on se plaignait quand j'étais petit des méfaits de la TV, là le temps de lecture est considérablement réduit de part internet (je lis beaucoup moins). Alors certes, on lit sur internet, mais entre lire 3 lignes et puis se casser, regarder des comm sur facebook, ou lire un article bourré de fautes si bien que les 4 premiers commentaires y font référence, je ne suis pas sûr que ça aide beaucoup.
Et au niveau de l'analyse de texte, je me souviens avoir été sur le point d'être dégouté car je ne prenais plus aucun plaisir à lire, tout était analysé d'une manière déconnectée de ce que je ressentais.
A la fois cela m'a permis de mettre des mots sur ce que je vivais, mais pas tant que ça, et au final je n'arrive pas bien à me rendre compte de ce que ça m'a apporté, mis à part que je l'ai intégré.
Mais c'est aussi comme tout enseignement, il y a une partie où tu fais tes gammes, et c'est peut être nécessaire, mais si tu ne joue pas un vrai morceau derrière, tu ne peut pas supporter. De même que te jeter directement sur un morceau compliqué peut te dégoûter à cause de la succession d'échec (je crois que je ne pourrais jamais apprendre le violon par exemple, je ne supporterais pas de jouer un son saigneur de tympans).
Je n'ai pas le temps de finir je dois me sauver. Je vous laisse mes fôtes en pâture.