Dites, le coup de "vite, vite, aidons Moubarak sinon les vilains terroristes islamistes vont prendre le pouvoir et attaquer Israël", c'est un peu du flanc.
Moubarak est pratique pour Israël parce que :
1) Il permet docilement à Israël de détruire la population de Gaza.
2) Il permet à Israël de se draper dans sa dignité de "seule démocratie du Proche-Orient" (et oui, le Liban, la Turquie et Chypre sont moins démocratiques qu'un Etat qui bombarde les civils au phosphore et qui établit peu à peu des lois de plus en plus ouvertement racistes visant 20% de sa population...)
Soyons sérieux un instant, et imaginons, ce qui devient de moins en moins probable, que Moubarak tombe, et que les frères musulmans prennent le pouvoir, seuls ou, plus vraisemblablement, en coalition avec d'autres.
La situation de l'Égypte ne serait pas alors celle de l'Iran, mais celle d'une Turquie, en plus conservatrice et bigote encore. Jamais les frères musulmans ne prendraient le risque d'un affrontement direct avec Israël, ni même d'une brouille durable avec les USA. Après tout, ils sont légèrement moins fondamentalistes que les Saoudiens...
Par contre, ils ouvriraient sans doute nettement plus les frontières avec Gaza, ce qui, gasp, permettrait de reconstruire une partie des habitations et des infrastructures ravagées par Israël (en attendant le prochain bombardement électoral).
La soit-disant inquiétude israélienne sur sa sécurité est une farce : Israël n'a jamais autant été en position de force et ne craint en réalité rien du tout. Ce qui est en jeu, c'est uniquement sa capacité à poursuivre sa politique de colonisation et de purification ethnique à Jérusalem et dans les territoires occupés en totale impunité. Pour l'instant, même les pays arabes laissent faire, simplement sous injonction de leurs protecteurs américains, car ces dictatures ne peuvent se passe de ce soutien. Des pays plus démocratiques seraient moins dépendants des canons US, et pourraient adopter des postures (je dis bien, des postures...) un poil plus favorable aux Palestiniens. Pour l'instant, on en est loin.
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