Qu’est-ce que la philo amène dans la vie ?

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"Qu'est-ce que la philo amène dans la vie?"
Ce que tu as envie qu'elle t'amène...
Cela peut être quelque chose de très important ou un petit détail.

La philosophie c'est avant tout "toi" et ce que tu penses toi. Si tu as envie que la philosophie t'apporte quelque chose ou non, dépend uniquement de toi.
Ce que la philosophie "apporte au monde" serait en fait une question différente et pas forcément juste.
Si tu as envie de philosopher, amuse-toi, les concepts c'est un peu comme un immense labyrinthe, parfois une chasse au trésor.

C'est très subjectif, en fait, ce que la philosophie peut ou non apporter. Et il ne suffit pas de lire les grands penseurs pour répondre à cette question. Ce serait trop simple. Avant de poser la question d'un point de vue général, demande-toi simplement, si la philosophie peut t'apporter quelque chose à toi, en tant qu'individu, être-humain. Le reste en fait, c'est de la "littérature" au sens strict de l'expression.
Si tu penses que la philosophie peut répondre à certaines de tes attentes ou questions, alors elle va t'apporter quelque chose, oui, effectivement.
Si la philosophie reste pour toi un mur d'abstractions alors elle ne t'apportera rien du tout.

Je crois sincèrement que l'important, dans ta question, c'est de savoir si oui ou non, la philosophie peut trouver une importance à TES yeux. Et là, à chacun de trouver sa réponse.
Après on pourrait philosopher durant des heures sur la "nécessité du philosophique" (au même titre que de la "nécessité du politique" pas vrai Khyok ?) mais au fond, cela ne change rien au problème.

La philosophie c'est un peu comme une immense lettre ouverte à l'humanité, certains y tracent des mots, d'autres font des dessins, certains laissent un espace vide... En tout cas, ce qui est important, c'est qu'elle ne laisse pas "indifférent" dans le sens où tout le monde se demande un jour quel rapport il entretient avec la philosophie et la pensée et c'est peut-être ça le plus important: "Quelle est ma place dans le monde?" Certains cherchent des réponses, d'autres trouvent cela inutile et continue leur chemin sans se soucier de ce rapport à l'histoire de l'humanité, ou en tout cas pas sous cet angle d'approche.

En fait, Soir il t'appartient de répondre à la question que tu poses, c'est d'ailleurs peut-être cela le véritable apport de la philosophie: poser le point d'interrogation.
Les réponses ne sont que la "cerise sur le gâteau"...

Mes deux centimes

Keld
La philo ne sert pas à grand chose si tu ne t'en sers que pour épater la galerie, en citant des auteurs.
Si en revanche, on s'en sert pour sans cesse se remettre en question, l'on devient plus ouvert et plus tolérant envers les autres : et ça c'est bon.
La philosophie sert avant tout à répondre à une question; ceci en étant le plus juste possible.
Il en résulte logiquement le but même de la philosophie : rechercher la vérité, intemporelle et universelle.
Citation :
Publié par Khyok
Mais par son aspect ironique (c'est-à-dire littéralement : questionnant), la philosophie s'attache aussi à définir les limites du savoir :
Malheureusement pour ta démonstration, l'étymologie d'ironie est plus orientée que tu le penses... Et prétendre cela, c'est faire preuve d'une ignorance passable de la philosophie Socratique (private joke... )...
L'ironie, c'est "interroger en feignant l'ignorance"...
C'est donc bien peu compatible avec ta logorrhée pour le moins démonstrative...
L'ironie, c'est Socrate, qui amène à réfléchir avec des termes et un style on ne peut plus simples... (si tu vois ce que je veux dire...)
Sinon, j'aimerais bien que tu développes (sans fioritures s'il te plaît...) le point suivant.
Citation :
Publié par Khyok
le philosophe confine au poète
@Victhor : Ne serait ce pas le décryptage du monde, tout simplement ?
Mais je peux me planter.

edit :

Citation :
Publié par lafa
le probleme pour moi est double aujourd'hui
la philosophie scolaire , qui se limite a etre en fait du bachotage ou on recrache des cours appris par coeur et oubliés apres le bac


le second souci pour moi est que je rattache la philosophie au monde dans lequel je vis , et que je la voit devennir l'apannage d'une secte bourgeoise boheme ( de gauche comme de droite ) , de ces gens pleins d'idées merveilleuses avec de jolis mots , mais qui ne font rien d'utile , meme pas au niveau des idées , et se sentent un peu en dehors du monde , tout en oubliant que c'ets ce monde la qui leur permet de bouffer a la fin du mois

moi je suis un paysan dans ma tete j'ai conservé cette ame simple et logique , j'ai pas de temps pour reflechir aux grandes questions de l'univers , oh j'y pense parfois , mais voila , rien ne vaut un bon repas , un lit chaud et une douche
ma seule philosophie c'est de voir que quand un probleme arrive , je n'en cherche pas le sens , mais comment le resoudre au plus vite

il faut des gens qui vivent dans les reves et l'abstrait pour moi c'est une evidence
mais aujourd'hui , y'en a trop , beaucoup trop
ca manque de bras pour rentrer la moisson bientot , tellement y'a de gens qui revassent
Je vais quand même répondre à ça, vu que je n'ai pas eu le temps d'approfondir, quand bien même je ne le pourrais pas autant que l'ont fait Khyok et Enthy.

Je suis d'accord avec toi sur l'aspect de la philosophie "scolaire", et crois moi, les profs sont les premiers à s'en arracher les cheveux; l'importance de la matière se perds parce que dans la société d'aujourd'hui, les gens ne prennent plus le temps de s'arrêter pour réfléchir posément ( je parle de nos lycéens, principalement ici, mais la remarque pourrait surement etre valable aussi ailleurs ), de peur peut être, non pas de se fouler les boyaux de la tête mais simplement car ils n'en voient pas l'intérêt.
Qui est pourtant foutrement évident.

Ta philosophie se tient parfaitement, et elle est, sous un certain angle, préférable à bien d'autres, mais comme l'a souligné Enthy je ne vois pas comment on peut s'intéresser uniquement à la solution d'un problème.
Trouver une réelle solution ne passe donc pas par identifier les causes profondes d'un problèmes ? De sorte à pouvoir l'analyser pleinement, dejà, mais aussi pour éviter de le prendre sur la gueule un peu plus tard ( quel vocabulaire philosophique, mes amis )
Bref, Enthy l'a deja dit, on ne cherche pas une solution pour répondre sur le moment, on cherche aussi une solution qui soit aussi une solution sur le long terme, en opposition aux facteurs qui pourraient se montrer génants et qui peuvent survenir dans le futur.

Pour ce qui est rêvasser, personne n'a dit que c'était un boulot à plein temps ( un prof de philo passe d'ailleurs son temps à transmettre son savoir; c'est du temps gagné sur la rêverie, en un sens, puisque les jeunes cons que nous sommes - je suis - gagnent du temps )

En bref, je ne sais pas si la philosophie peut être tenue responsable du fait qu'il manque de gens motivés pour bosser, vu que ceux qui ne bossent pas, jusqu'à preuve du contraire, ne passent pas franchement leur temps à philosopher ( mais là on tangue dangeureusement vers un autre débat, autrement plus polémique, je crois )

De plus sans vouloir briser la métaphore, ou la prendre de travers, le paysan est le symbole du travail difficile et permanent, à la différence que celui ci ne peut jamais être sûr du fruit de son labeur; il s'en remets à la grâce de Dame Nature.
(edt: encore qu'à la réflexion, l'ouvrir est esclave de la conjoncture ou du marché, dans certains cas, ce qui est mieux, quand même, mais pas top; là encore, on flirte avec le HS, mais c'est aussi peut être à cause de l'aspect trollesque que peut prendre ce paragraphe ... d'avance pardon. )

Celui là est sûrement plus philosophe que celui qui s'arrache les cheveux dans un travail à la chaine aliénant et débilitant.
Ou moins con que le gars qui cherche à rien branler sans pour autant philosopher

(chacun sa philosophie, me diront certains ... )
Citation :
Publié par Victhor
L'ironie, c'est "interroger en feignant l'ignorance"...
C'est donc bien peu compatible avec ta logorrhée pour le moins démonstrative...
L'ironie, c'est Socrate, qui amène à réfléchir avec des termes et un style on ne peut plus simples... (si tu vois ce que je veux dire...)
Il y a un intermédiaire entre ces visions de l'ironie : tu peux aussi questionner en sachant que l'autre n'a pas la réponse non plus, c'est plus comme ça que je vois Socrate d'ailleurs, son discours est ironique non parce qu'il a déjà toutes les réponses, mais parce qu'il laisse croire à son interlocuteur que lui les a - interlocuteur qui se rend compte un peu plus tard que non.

Citation :
Sinon, j'aimerais bien que tu développes (sans fioritures s'il te plaît...) le point suivant.
Ce que je comprends c'est que le philosophe qui se contenterait de sortir encore et encore de ses cavernes gigognes finirait comme le poète à planer quelque part au dessus de la réalité, à paraître mystique sans doute mais vivant, pas forcément.

Citation :
Seul intérêt du savoir ? Permettre d'avoir des jugements valables et donc de former des projets viables : l'erreur se manifeste comme erreur, elle bute contre le réel, et par là même nous entrave.
Intéressant, surtout parce que la viabilité des projets et donc la valabilité d'un jugement est comme toute chose vivante liée au temps, ce qui nous renvoie du même coup à la contradiction qui est de définir des concepts intemporels dans le cadre d'une vie très temporaire.

edit :
Citation :
Je suis même en train de me dire que la plupart des philosophes sont contemporains de crises du langage. La philosophie sert aussi à se mouvoir avec plus d'assurance dans la langue.
Ca peut se comprendre, la philo est aussi (et peut-être surtout) éclaircir les concepts qui se cachent derrière les mots trop habituels, alors après y'en a comme Pascal qui nous sortent que certains mots cachent des notions premières indéfinissables mais c'est un peu facile.
Citation :
Publié par Victhor
Malheureusement pour ta démonstration, l'étymologie d'ironie est plus orientée que tu le penses...
L'ironie, c'est "interroger en feignant l'ignorance"...
L'ironie, c'est Socrate, qui amène à réfléchir avec des termes et un style on ne peut plus simples... (si tu vois ce que je veux dire...)
Je trouve cette précision très éclairante sur la position de nombre de philosophes.
Je ne prendrai pas Socrate pour exemple, il est trop attaché à cette position ; il me souvient d'une couverture des Méditations métaphysiques de Descartes qui présentait un joueur à l'as de pique caché dans la manche : je trouve cette couverture très pertinente, le doute cartésien offrant l'exemple du fait d'écarter tout ce que l'esprit peut avoir en lui, Descartes n'en a pas moins dans la manche son Dieu vérace et salvateur.
Sous la forme d'une certaine naïveté, le philosophe remet toujours en cause radicalement les opinions.
(Donc ma "logorrhée" n'a d'emblée rien à voir avec la philosophie, puisqu'elle relève de l'autobiographique.)

Toutefois, sous cette apparente naïveté de se mouvoir dans le domaine de l'opinion et dans son vocable, il y a généralement une entreprise de sauvetage des mots ou de leur précision.
Socrate redéfinit le mot de philosophe tandis que dans toute l'Athènes des sophistes et des rhéteurs prétendent à ce nom, et que le peuple le tourne en dérision.
De même Descartes est un des premiers à écrire en français et cristallise certains termes dans un langage qu'il utilise pour parler aux non-instruits et aux femmes.
Je suis même en train de me dire que la plupart des philosophes sont contemporains de crises du langage. La philosophie sert aussi à se mouvoir avec plus d'assurance dans la langue.


Pour le confinement du philosophe au poète.
Arriver à certains termes, le philosophe reste coi ; les mots manquent souvent pour qualifier adéquatement certaines... "idées". D'où parfois le recours à la métaphore, comme Nietzsche et sa "volonté de puissance", ou la qualification de l'Idée du Bien par Socrate comme "soleil".
De même, le poète est autorisé à certains rapprochement inattendus, à certaines images frappantes dont les seuls mots ne peuvent rendre compte.
Il y a de l'ineffable dans la poésie moderne qui est un autre accès à l'ineffable de la philosophie :"Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie." disait Pascal avant de conseiller à son lecteur de rester dans le domaine proprement humain de la finitude.

Et parce que Kermo le dit avec plus d'efficacité : "Ce que je comprends c'est que le philosophe qui se contenterait de sortir encore et encore de ses cavernes gigognes finirait comme le poète à planer quelque part au dessus de la réalité, à paraître mystique sans doute mais vivant, pas forcément."
La philosophie elle t'apporte rien dans la vie si la démarche ne vient pas de toi. La philosophie c'est se poser des questions sur sa place dans le monde, pour reprendre Jostein Gaarder, un philosophe c'est quelqu'un qui n'a jamais pu s'habituer au monde... La philosophie c'est chercher a comprendre pourquoi tu existes d'une part et d'autre part comment le monde fonctionne.
Donc d'une part si tu n'es pas un minimum curieux ca ne te sert a rien.
Mais quand tu t'y interesse, c'est un peu comme un jeu d'énigme, tu cherches a expliquer tel ou tel chose/situation et pour cela tu vas faire des hypotheses, etudier les hypotheses et conclusions qu'on fait des auteurs avant toi.
Donc je penses que la philosophie ca t'apporte quelque chose si tu as envie de t'y interesser et si toi meme tu penses que ca t'apporte quelque chose...

Apres pour ce qui est la philosophie scolaire je trouve que c'est une aberration, tu ne peux pas obliger des personnes a étudier la philosophie puisque c'est la base quelque chose de personnel...
De plus au niveau scolaire, la réflexion est plutot absente je trouves, tu étudies les theses de différents philosophes, tu les comprend et ensuite tu les recraches... interet : nul ( Je parle pour soi vis a vis de la philosophie, bien sur apres ca permet aussi de dévelloper sa culture générale ).
@Galaxed: j'aime beaucoup ton idée du philosophe qui ne "s'habitue pas au monde", c'est une très belle définition je trouve. "L'habitude" étant bien souvent le signe de la fin de "l'émerveillement"...


Ce qui est amusant c'est qu'en accolant le développement de Khyok et l'idée de Galaxed on obtient un philosophe capable de s'illusionner sciemment pour continuer à s'émerveiller ("s'émouvoir"?) du monde qui l'entoure pour trouver la volonté d'apporter des "réponses" ("idées"?) aux questions qui l'environnent dans une construction philosophique, souvent rigide et complexe à nos yeux, car effectivement, questionnant les "définitions" et donc obligée de tout "re-définir": donner un aperçu des définitions précédentes, démontrer leurs failles et poser la nouvelle définition et donc au final, un nouveau "concept"...

Je me suis souvent demandée si le philosophe "questionnait (véritablement) le monde", dans son expérience sensible comme métaphysique, ou s'il ne faisait "qu'interroger des concepts"... Et remettre sans cesse sur l'ouvrage des "morceaux d'interrogations" plutôt que l'interrogation elle-même...

Si le philosophe "interroge" les Concepts, alors il est un poète interrogeant sa Muse, à tâtons, dans une Vérité qui s'impose sans jamais se "donner"...
Si le philosophe "questionne" c'est un artisan, un paysan du verbe, qui sarcle sans cesse l'étendue de "l'expérience du vivant" (psychique, matérielle, psychologique, métaphysique, peu importe, ça ne change rien).

Après on peut dire que le philosophe est les deux aspects en même-temps...
Mais j'ai du mal à "l'imaginer", chez moi, ces deux tendances s'opposent radicalement, car elles dénotent d'une profonde différence dans l'approche du "langage". Les "mots" qui façonnent toute philosophie se "lisent" et "s'écrivent" en fonction de nos raisonnements, logiques et émotions...
Alors comment écrire en "décalé"? Comment lire en parallèle deux mondes qui ne se "décomposent" pas de la même façon sous le scalpel de la plume ou du clavier?


@Khyok: tu as milles fois raison, comme d'habitude.
Le langage est un "outil" mais c'est également la matière première... Comment juger d'une activité qui façonne ses propres outils avec la matière-même qui la compose et les compose?
En philosophie les "outils" et la "matière" sont de la même espèce.
Comment garder la "juste distance" lorsque les questions se posent avec les mêmes mots et la même logique que les réponses qui apparaissent?
Peut-être faudrait-il inventer un langage pour poser les questions et un langage pour trouver les réponses et les déposer dans l'écrin de la langue.


Les idées se conçoivent rarement clairement et s'énoncent rarement de façon lumineuse, je m'en excuse, mes posts sont souvent un fouilli abscons.
Je dis souvent et je le crois sincèrement que j'écris toujours en espérant que quelqu'un comprendra mieux que moi ce que je cherche à dire.
Merci à celui-là, s'il s'arrête par ici...

Keld
Citation :
Publié par Keldhra
...

Keld
Le philosophe est d'ailleurs un des seuls à parler du "désenchantement du monde", ce qui rejoint l'idée d'une posture où il fait dialoguer concepts et réalités / faits. Le philosophe, pour moi, est avant tout un dialecticien, un "accoucheur des âmes" (pour reprendre Socrate) et des idées (serais-je tenter de rajouter).

De fait, la distinction que tu opères n'a pas vraiment de sens pour moi : le philosophe interroge les concepts et les met en relation avec la réalité ; le philosophe observe la réalité et conceptualise ses mouvements, découvre les grandes lignes qui sous-tendent le monde, la met en relation avec les concepts existants. Ce qui fait la force du philosophe, comme du poète, c'est que l'oeuvre qu'il laisse est intemporelle. On trouvera du sens chez Aristote, comme chez Machiavel ou Rousseau ou Niezsche, comme une sorte d'écho réflexif... Au-delà même des aspects du langage.

Le philosophe doit, à mon avis, faire la jonction, entrecroiser, construire des ponts. Un langage des concepts et un langage de la critique ou de l'observation ne sont pas forcément incompatibles. Il existe des points de contact, d'autant que les concepts sont extraits de la réalité, et la réalité est souvent l'application obscure d'une pensée conceptualisée. Il est plus question d'une justesse de vue chez un philosophe que d'une justesse des mots (même si ceux-là ont leur importance, la pensée perce la brume des mots et invoque notre propre pensée pour reformuler et intégrer l'essence).

Le problème que tu avances me semble trop précis, alors qu'il est justement très très vaste : tu poses la grande problématique de la linguistique, qui se veut science mais se heurte à la toute-puissance subjective des mots et des constructions (signifiant / signifié). Sans compter son rapport avec la pensée qui génère le langage qui lui-même structure la pensée... comme une sorte d'anneau de Moëbius. D'ailleurs, Wittgenstein devrait t'intéresser...

Je ne sais pas si ce que je dis apporte une réponse à tes questions, au moins aurai-je essayé... Comme tout -mauvais- philosophe frustré !

@ Khyok : je suis peut-être clair mais toi et tu as l'art et la manière de dire.
Merci de ces intéressantes réponses. De par la nature de la question et mon manque de connaissances en philo, je ne participe pas, mais je vous lis avec intérêt.

De fait, je me suis aperçu que certains de mes rapports à la réalité ont été explorés par des philosophes, il y a longtemps déjà. Du coup, cela donne pour moi à la philo un aspect... utile, on va dire. Par exemple, je pense que dans la vie, ce qui fait mal, c'est ce à quoi on résiste. Quand on accepte vraiment quelque chose, cela fait moins mal et cela permet, si c'est possible, de changer plus efficacement la chose en question.

J'aurais aimé, mais je comprends que cela ne tente pas tout le monde, avoir des témoignages plus personnels sur l'effet de la philo et votre conception du monde.

En quoi, précisément, une notion que vous avez vu en philo, joue ou a joué un rôle dans votre vie ?
Je plussoie Enthy, il y a une véritable complémentarité entre celui qui interroge des concepts, et celui qui interpelle autrui, dans les deux cas on se place ici dans le sens qu'on donne à certains mots, dès lors que le langage n'est plus technique (file-moi la clé de 12) et intègre des concepts il est important de bien cerner leur étendue, ainsi que de s'assurer que tout le monde parle à peu près de la même chose.
Ainsi quand Socrate interpelle je-sais-plus-qui sur la vertu il lui fait se poser la question du sens qu'on donne au mot vertu, qui est comme pas mal d'autres mots des notions fourre-tout qu'on pense maîtriser mais qui se transforment en gouffre d'entendement dès qu'on les approche trop près. Après, tout l'art est aussi de ne pas systématiquement tout remettre en question sinon on devient ce qu'on appelle une tête à claque.

L'ironie c'est que le philosophe est lui-même obligé de passer par les mots pour exprimer ce qu'il entend dans certaines notions, poser la question des mots qu'on utilise est donc pour moi le moyen d'à la fois développer des concepts, et s'assurer que ces concepts ne nous sont pas propres (sinon ils sont inutiles). D'ailleurs les discussions les plus intéressantes en philo sont à mon sens celles où les participants tentent de faire partager des concepts qu'ils ont développé, et ce faisant les éclaircissent aussi pour eux-mêmes.

Pour Soir, j'ai l'impression que ça porte plus sur les propositions de métaphysique qui sont souvent faites par les philosophes en parallèle de leur exploration du monde des concepts. Perso je me suis souvent demandé si à la lecture de certains bonhommes je faisais de la réminiscence (à savoir que j'avais directement l'impression d'avoir toujours été d'accord sans pouvoir le formuler) et donc continuer pareil tout en ayant conscience de mon comportement, ou bien si sans être du même avis je trouvais les thèses suffisamment séduisantes pour vouloir les mettre en oeuvre - et donc cette fois vouloir changer, ce qui est un désir selon moi très particulier (bien que répandu) qui d'un côté est rassurant car il suppose qu'on n'est pas encore immobile (et donc mort), mais d'un autre effrayant car ça nous prouve l'influence que l'environnement peut avoir sur nous.

Un truc tout bête, après une éducation plutôt classique et porté sur des valeurs morales très catho, c'est en partie en lisant certains textes que j'ai pu remettre ça en cause en toute conscience - donc pas en me disant que c'était mal de les remettre en cause ni d'ailleurs en me disant que remettre en cause c'était systématiquement rejeter. Bien sûr, impossible de savoir si ce sont les textes seuls ou aussi l'air du temps qui ont fait ça - j'estime que ça fait peut-être gagner du temps que de n'avoir pas à réinventer la roue, même si la seule lecture ne suffit pas à intégrer tout de suite les idées présentées.
Citation :
Publié par Khyok
Pour le confinement du philosophe au poète.
Arriver à certains termes, le philosophe reste coi ; les mots manquent souvent pour qualifier adéquatement certaines... "idées". D'où parfois le recours à la métaphore, comme Nietzsche et sa "volonté de puissance", ou la qualification de l'Idée du Bien par Socrate comme "soleil".
De même, le poète est autorisé à certains rapprochement inattendus, à certaines images frappantes dont les seuls mots ne peuvent rendre compte.
Il y a de l'ineffable dans la poésie moderne qui est un autre accès à l'ineffable de la philosophie :"Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie." disait Pascal avant de conseiller à son lecteur de rester dans le domaine proprement humain de la finitude.
C'est un point qui m'intéresse car c'est là que réside mon principale reproche à la philo et la poésie d'ailleurs...
En effet, selon moi (et au moins un autre... ), "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément."...
A partir de là, j'ai du mal a être d'accord avec quelqu'un qui me parle d'ineffable et de besoin de transcender la langue pour présenter ce que le français est incapable d'exprimer...
Je vais prendre un exemple de poésie moderne ( que je connais mieux que la philo) pour illustrer cela.
Quand Mallarmée écrit :
Sur les crédences, au salon vide : nul ptyx,
Aboli bibelot d’inanité sonore,
(Car le Maître est allé puiser des pleurs au Styx
Avec ce seul objet dont le Néant s’honore).

beaucoup de personne crient au génie là où moi je vois quelque chose qui s'apparente à du n'importe quoi....
Mallarmée est content d'avoir écrit un vers qui est du "blableblibloblu", mais pour moi, rien n'est transcendent, et il n'a en rien illustré l'ineffable...
Quand tu as évoqué le relation entre le poète et le philosophe, j'aurais préféré que tu penses plutôt à Hogo qu'à la poésie moderne...
Hugo est le "rêveur sacré" qui a "le front éclairé"... Mallarmé en est très loin...
D'ailleurs, quand Kermo dit
Citation :
Publié par Kermo
Ce que je comprends c'est que le philosophe qui se contenterait de sortir encore et encore de ses cavernes gigognes finirait comme le poète à planer quelque part au dessus de la réalité, à paraître mystique sans doute mais vivant, pas forcément.
Je pense à Hugo, et pas du tout à la poésie moderne (même pour la poésie de Claudel qui se veut mystique...)...

En somme dans la philo comme dans la poésie, la recherche de "l'écart maximum" n'est pas gage de qualité...
Citation :
Publié par Victhor
...
Disons que le problème ne se situe pas vraiment dans le rapport du lecteur au langage employé par l'auteur pour signifier quelque chose. Une oeuvre nous parle ou ne nous parle pas (et ça vaut pour tout : une photo, la poésie, un texte, un film) : c'est le lecteur qui est sensible et qui donne sens à l'oeuvre qu'il observe. Bien que l'auteur lui, aussi, met du sens dans son oeuvre. Toute la délicatesse et le travail d'un auteur est de ne pas donner un sens trop personnel, que seul lui pourrait comprendre, mais teinter son oeuvre d'un zeste d'universel.

Ainsi, le transcendant et l'universel ne sont pas partagés de la même manière entre les "récepteurs" ; il y a des similitudes qui permettent d'en parler, mais ce que l'on voit / ressent / pense reste en partie dans le registre de l'expérience personnelle et difficile à expliciter. Dans le domaine des arts, il est difficile de dire qui est un génie ou ne l'est pas, car c'est subjectif (rapport au beau et à l'ineffable). La critique qui consiste à dire qu'untel est un génie -ou ne l'est pas- n'est plus vraiment une critique (elle est passée du questionnement à la construction) mais une interprétation, une sorte d'herméneutique.

Le rapport avec la philosophie ? Pour moi, le philosophe a parfois un pied dans l'art et un pied dans une sorte d'artisanat du réel. Je ne dirai pas que le philosophe est un poète, mais que l'art de faire en sorte que son lecteur se révèle à lui-même est une de ses dispositions. Ce que Kermo explique bien ici :
Citation :
Publié par kermo
Perso je me suis souvent demandé si à la lecture de certains bonhommes je faisais de la réminiscence (à savoir que j'avais directement l'impression d'avoir toujours été d'accord sans pouvoir le formuler)
Ce qui ne doit pas empêcher de garder toujours une posture critique, ce que le philosophe devrait aussi s'employer à rappeler aux subjugués...

Je vais aller lire Mallarmé, rien que l'extrait me dit qu'il a abusé de la fée verte...
Frederic dard : "la philosophie c'est l'art de compliquer la vie en voulant la simplifier" ...

en 1ere page, quelqu'un disait, la philosophie c'est la liberté de penser.

En lisant les 3 pages, j'ai plus l'impression que la philosophie c'est l'art de répéter des citations en les commentant. Mais Quid de la liberté de penser si la philosophie c'est répéter des phrases apprises par coeur !!!

Je préfère de loin dire ce que je pense vraiment en ayant bien réfléchi à ce que j'allais dire, et c'est du "non philosophique" car ne faisant appel à aucune pensée répertorié, plutôt que me servir de la pensée écrite des autres en choisissant librement parmi un éventail de citations possibles.
Citation :
Publié par akwan ioubi
...
Répéter des citations, ou des illustrations de concepts ou des concepts tout court ? Car je ne vois pas beaucoup de citations (au sens formule choc). Et comme il a été dit plus haut, il n'est nécessaire de connaître tout ou beaucoup pour philosopher et ce n'est pas l'apanage unique de la philosophie de s'appuyer sur une pensée pré-existante. La "pensée écrite" n'est d'ailleurs qu'un support à une autre pensée.

Toi-même, tu penses à partir d'idées pré-établies ou écrites, ta réflexion s'établit toujours entre des bornes définies par ta culture et tes connaissances générales : tu n'établis pas une pensée nouvelle, tu la renouvelles et la réactualise. Qu'est ce qui est le plus intéressant : admettre que notre pensée est une pierre qui s'appuie sur d'autres pierres ou à la confluence du vécu et de nos connaissances et assumer que l'on s'appuie sur des concepts formulés OU prétendre formuler une nouvelle pensée soi-disant à partir de rien - ce qui implique de reformuler un cheminement de A à Z- ? Pour moi, c'est vite vu.

Par ailleurs, ce n'est pas la faute de la philosophie si c'est compliqué. C'est la vie elle-même qui est extrêmement complexe et riche ; la réduire à des schémas simples et simplistes équivaudrait à passer à côté de sa richesse. N'en déplaise au papa de San Antonio.
Citation :
Publié par Enthy
Dans le domaine des arts, il est difficile de dire qui est un génie ou ne l'est pas, car c'est subjectif (rapport au beau et à l'ineffable).
Sur ce point précis, je ne suis absolument pas d'accord avec toi.
Une création ne devient pas oeuvre d'art sous le prétexte de la beauté et du ressenti de celui qui reçoit la création.
Pour qu'il y ait oeuvre d'art, il faut qu'il y ait artefact, intention et attention...
Le beau n'a rien à voir...
Ensuite, à partir du moment où on a réussi à prouver qu'une création est une oeuvre d'art, je suis d'accord avec toi, il y a une question de ressenti, propre à chacun.
en fait, le seul vrai question qu'il faut se poser, c'est pas "qu'est ce que vous amene la philo dans la vie", car on a pas tous la même definition de la philosophie, et chacun répondra suivant ça propre compréhension du mot philosophie.

J'en ai fait 1 an à l'école, il y a 20 ans, et peut être que le programme à changé depuis, j'en sais rien, mais ce que j'ai appris et oublié à l'école etait plus une limitation de la pensée qu'autre chose. Il fallait que je pense comme quelqu'un d'autre qui avait deja pensé pour moi, et pas comme j'avais envie de penser sur le moment

le but ultime de la philosophie, comme je l'ai compris à l'école (mais il fallait le deviner tout seul), c'est d'arriver à une pensée unique englobant toute chose.

Je préfère de loin ma vision simpliste qui découpe toujours un element compliqué en une multitude d'éléments simples, binaires, et beaucoup moins généralistes.

Donc si prendre une décision et etre capable de l'argumenter c'est de la philosophie, alors oui ça sert à quelque chose.

Si c'est lire pendant des années pour trouver la pensée du philosophe reconnu correspondant à l'action à prendre imédiatement, ....
Citation :
Publié par akwan ioubi
Si c'est lire pendant des années pour trouver la pensée du philosophe reconnu correspondant à l'action à prendre imédiatement, ....
Les "philosophes reconnus" comme tu dis sont toujours intéressants à étudier car ça fait gagner du temps, comme disait l'autre on voit plus loin quand on est assis sur l'épaule d'un géant. Reste que même si l'éventail des pensées académiques est toujours utile à lire, il faut du temps pour les assimiler et surtout faire le tri, critiquer, voir ce qui nous ressemble, etc.
Ca n'a à mon sens rien à voir avec le fait de choisir pour chaque situation quel philosophe a une position qui nous convient, dès lors qu'on ne suit plus une seule pensée et qu'on commence à faire du rafistolage de ce qu'on a digéré, on n'a plus besoin de la prétendue autorité d'untel ou d'untel pour justifier une action.
Moi la philo me sert à rien, de la masturbation intellectuelle comme il a été dit dans le premier post.
Mais bon il faut bien jouir de quelque chose !
Et vive le foot
La démarche philosophique est basée sur la distanciation.
"Prendre du recul", on le fait tous. Pas forcément de manière consciente, on s'est tous imaginés faire telle ou telle chose, mettre en perspective un événement qui nous tombe dessus, relativiser, raisonner.
Ce n'est pas forcément de la philosophie dans la mesure où ce n'est pas conscient, mais par contre la démarche est la même.

La démarche de se placer à côté du monde pour mieux le comprendre dans sa globalité, voilà quelque chose d'utile. Et la démarche philosophique repose là dessus selon moi. Et même si on n'arrive pas à comprendre, rien que le fait de se poser la question, d'établir des relations causes/conséquences, de formuler des idées, d'imaginer des possibilités, cela aide à s'ouvrir l'esprit.

Si je voulais résumer, je dirais que la philosophie m'aide à comprendre le monde. Et c'est en cela qu'elle est liée à la science.
Elle permet aussi de se comprendre soi-même, parce que c'est loin d'être évident de savoir pourquoi "on est comme ça et pas autrement". Et une fois qu'on se connait mieux, on sait quoi améliorer pour être meilleur (je ne parle pas de performance ici).

Pour des exemples plus concrets, je pense qu'il est tout à fait possible grâce à la philosophie de se passer de croire. Les principes moraux sont aussi bien justifiés par la philosophie que par la parole divine (mieux à mon avis puisqu'ils ne tombent pas tous cuits dans le bec du quidam moyen).
moi je trouve que la philosophie est une forme d'expretion, une maniere de s'exprimer en liberté sans pour autant que la personne qu'on vise(si on en vise une en particulier)ne se s'en visé
vous ete d'accord?
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