La précarité, la pauvreté et la grande pauvreté en France

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Je souhaite depuis longtemps ouvrir un sujet sur la grande pauvreté en France. Un sujet si complexe que je ne pourrai tout introduire, et que vous voudrez ajouter de nombreux axes d'observation et d'analyse, indispensables.
Même le titre, je ne peux l'établir en entier. Que faudra aborder, pour être complet ?

Vous avez peut-être vu ces affiches de l'OCDE, qui disaient qu'il fallait six générations pour sortir de la pauvreté. Quel chiffre impressionnant ! Voici un point de départ pour discuter.

Je vais vous dire, pour ma part, que parmi ses causes, il y a le manque de qualification. Et celui-ci, a pour cause le le décrochage scolaire. ATD-Quart Monde fit une étude dessus, dont j'ai synthétisé ceci :

La crise du coronavirus a montré combien les élèves en difficulté ou aux mauvaises conditions d’étude à domicile s’éloignaient de l’école lors du confinement. C'est que dans les familles en très grande pauvreté, leurs propres parents sont régulièrement sceptiques et peu amènes sur le système scolaire, par les échecs scolaires qu'ils ont eux-mêmes vécu.
Même des années plus tard, tenter de les remettre sur les bancs de l’école, pour une formation, c’est souvent leur rappeler de très mauvais souvenirs.

De surcroît, les adultes peu formés se sentent parfois condamnés et s’ostracisent même lorsqu’ils n’ont pas de faiblesses particulières. Pour les personnes en grande pauvreté, l’ambition scolaire est d’emblée moindre et sujette au fatalisme : une idée qu’elles sont prédestinées à l’échec.

Or l’illettrisme, qui découle de la déscolarisation, rend impossible l'utilisation d'un ordinateur, ajoutant à l’éjection.
Si l’absence d’accès à Internet ou à un ordinateur, ne l'empêchent pas déjà... Durant le covid, ceux dépourvus d’accès numérique ne purent pas les suivre, quelle que fut leur envie. Et aujourd'hui, les enseignants assument que (ou invitent même) les élèves recherchent sur Internet des ressources de cours.

Voici pour ma petite partie introductive, qui montre une facette du problème de la grande pauvreté en France.
Au grand intérêt de vous lire. Ce débat sera, je l'espère, un des plus intéressants que nous aurons ensemble.
Je vis actuellement avec un gars qui est "semi RSA" depuis quelques années à la campagne. 45 balais comme moi. Il vit comme ça depuis environ 5 ans.
Il bossait dans divers trucs avant. Le COVID + évènements familiaux un peu hard lui ont mis un bon gros "stop" niveau yeslife.

Il connait bien les APL, les aides etc. Il bosse un peu chaque année pour arrondir les fins de mois sans que ça lui coupe son RSA. Grosso modo ça lui finance sa caisse (totalement indispensable dans ce genre de bled) et les coups au bistrot pour avoir une vie sociale. Il arrive à vivre chichement mais pas si mal - avec bien sûr un peu d'héritage familial, d'aide familiale aussi, il a pas besoin d'acheter ses meubles etc, il a des copains pour ci ou ça. Quand il a des emmerdes de caisses, c'est bien la merde et faut faire jouer les connaissances aussi mais ça coute toujours un bras si tu dois sortir du 800€ ...
Son loyer lui revient grosso modo à 100€ ça aide bien, ensuite on cuisine du frais pas cher que des recettes de pauvre, et je suis même surpris - pourtant en période de pleine inflation- comme on bouffe bien et pour pas cher. Surtout quand on commence à faire à plusieurs. Qu'on se partage des bons plans. Par ex je mange de la viande de boeuf hachée "de boucher" 1k5 par semaine à 2, achetée le bon jour, ça coute au final moins cher que celle surgelée de LIDL... (j'ai vérifié y'a 2 jours) des poireaux vinaigrette, des escalopes façon normande, des salades de gésier des barbecues, etc etc Et on dépense assez peu, je dirais 150€ par mois par personne en se faisant bien plaisir et en allant dans des enseignes assez chères mais locales de chez locales, on pourrait facilement réduire
(on dépense rapidement plus en alcool surtout au bistrot et je parle même pas de tout ce qui est fumer ...)

Il a une vie sociale assez remplie, il connait bien plus de monde qui "ont confiance / donnent des vrais coups de main / on se voit au moins 1 fois par semaine" que moi, et il baise 30 fois plus que moi
(mais du coup de mon lvl 1 ou 2 j'ai bien xp quand même )

Souvent c'est aussi une question d'état d'esprit et de cercle vicieux. Tu ne vis pas la pauvreté comme celle-ci de la même façon si t'es relativement sain actif et positif, que si t'es dépressif / alcoolo / toxicomane, que tu bosses réellement jamais, que t'as des problèmes accumulés, pas de famille ou d'amis ... que t'as 0 "capital" ou "heritage" diraient les wokes, derrière toi. Au delà de la pauvreté la solitude est vraiment un handicap et la dépression / cercle vicieux dépressif un autre.

Par ailleurs comme beaucoup d'autres pauvres il y'a souvent, de l'éducation / des diplômes derrière - même si statistiquement ce ne sont pas la majorité, c'est de plus en plus courant je trouve que des personnes avec diplome / avec bagage, par contrainte ou par choix, sortent un peu des canons matériels de la vie "normale". La France avec son système social assez généreux, permet à certaines marginalités d'exister sans être totalement dans la mendicité.
Après je veux pas brosser un tableau idyllique de la pauvreté à la campagne (moi je suis pas pauvre réellement et lui a de la famille etc). Solo c'est hardcore. Mais quand tu te démerdes un peu ça me parait infiniment plus vivable qu'en banlieue de grande métropole. Sur pas mal de points, même mieux qu'être solo à trimer en mode smicard / voire moins de 2000 net en payant des 600 ou 800+ de loyer ... je dirais même au niveau sociétal / social , c'est mieux.

Dernière modification par Déposeur2bilan ; 19/04/2023 à 17h18.
Le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), déclare que la pauvreté gagne du terrain.

En 2022, 16 % des Français déclaraient ne pas assez manger.
La précarité alimentaire s’est surtout accélérée au second semestre 2022 par l’inflation qui a fait flamber les prix des produits alimentaires en janvier 2023, et 41% des personnes aux faibles revenus ont dû restreindre leur budget alimentation.
« Les premiers prix ont connu une plus forte inflation que les marques nationales : Le panier des personnes consommant ces produits moins chers a ainsi plus augmenté que celui des personnes achetant des marques nationales ».

« de plus en plus de personnes se sont tournées vers les structures d’aide alimentaire distribuant colis ou repas chauds »
24 % des moins de 25 ans n’ont pas assez à manger.
pas oublier que les personnes handicaper ( bon pas tous , mais un très gros % ) sont au niveau de la pauvreté .. ( et les remarque sont nombreuse je me suis fais insulté " d assisté " .. ) surtout quand je voix le niveau de vie du parlement ..
Je reçoit de la curatel 80 euros par semaine sur ce que l'AAH et la MVA sont versé, j'ai donc vu les prix bien augmenter pour la bouffe et si je ne veux pas tout dépenser dans la l'alimentaire bah je suis obligé de me restreindre et encore, mon père qui est sous AAH lui est obligé d'aller aussi aux restau du coeur vu qu'il ne touche pas la MVA, donc il y a des gens qui sont des situations pire que moi.

Et pour répondre à Gorius j'ai déjà entendu dire que les handicapés ne devaient pas être prioritaires aux soins anti-covid il y a 3 ans sur ce forum, d'autres ont dit que les handicapés n'étaient pas mieux que les fraudeurs sociaux sur le forum de JH en 2013 et quand je pouvais travailler j'ai entendu dire que les handicapés enculaient l'État lors d'un stage, donc oui une partie des gens souhaiteraient que le "problème" Handicapés sont réglé, néanmoins pour nuancer il faut quand même se dire qu'une majorité de gens ne nous blâment pas et sont même prêt à nous soutenir.

Dernière modification par Bloodedge ; 19/05/2023 à 00h44. Motif: as
Citation :
Publié par Déposeur2bilan
Je vis actuellement avec un gars qui est "semi RSA" depuis quelques années à la campagne. 45 balais comme moi. Il vit comme ça depuis environ 5 ans.
Il bossait dans divers trucs avant. Le COVID + évènements familiaux un peu hard lui ont mis un bon gros "stop" niveau yeslife.

Il connait bien les APL, les aides etc. Il bosse un peu chaque année pour arrondir les fins de mois sans que ça lui coupe son RSA. Grosso modo ça lui finance sa caisse (totalement indispensable dans ce genre de bled) et les coups au bistrot pour avoir une vie sociale. Il arrive à vivre chichement mais pas si mal - avec bien sûr un peu d'héritage familial, d'aide familiale aussi, il a pas besoin d'acheter ses meubles etc, il a des copains pour ci ou ça. Quand il a des emmerdes de caisses, c'est bien la merde et faut faire jouer les connaissances aussi mais ça coute toujours un bras si tu dois sortir du 800€ ...
Son loyer lui revient grosso modo à 100€ ça aide bien, ensuite on cuisine du frais pas cher que des recettes de pauvre, et je suis même surpris - pourtant en période de pleine inflation- comme on bouffe bien et pour pas cher. Surtout quand on commence à faire à plusieurs. Qu'on se partage des bons plans. Par ex je mange de la viande de boeuf hachée "de boucher" 1k5 par semaine à 2, achetée le bon jour, ça coute au final moins cher que celle surgelée de LIDL... (j'ai vérifié y'a 2 jours) des poireaux vinaigrette, des escalopes façon normande, des salades de gésier des barbecues, etc etc Et on dépense assez peu, je dirais 150€ par mois par personne en se faisant bien plaisir et en allant dans des enseignes assez chères mais locales de chez locales, on pourrait facilement réduire
(on dépense rapidement plus en alcool surtout au bistrot et je parle même pas de tout ce qui est fumer ...)

Il a une vie sociale assez remplie, il connait bien plus de monde qui "ont confiance / donnent des vrais coups de main / on se voit au moins 1 fois par semaine" que moi, et il baise 30 fois plus que moi
(mais du coup de mon lvl 1 ou 2 j'ai bien xp quand même )

Souvent c'est aussi une question d'état d'esprit et de cercle vicieux. Tu ne vis pas la pauvreté comme celle-ci de la même façon si t'es relativement sain actif et positif, que si t'es dépressif / alcoolo / toxicomane, que tu bosses réellement jamais, que t'as des problèmes accumulés, pas de famille ou d'amis ... que t'as 0 "capital" ou "heritage" diraient les wokes, derrière toi. Au delà de la pauvreté la solitude est vraiment un handicap et la dépression / cercle vicieux dépressif un autre.

Par ailleurs comme beaucoup d'autres pauvres il y'a souvent, de l'éducation / des diplômes derrière - même si statistiquement ce ne sont pas la majorité, c'est de plus en plus courant je trouve que des personnes avec diplome / avec bagage, par contrainte ou par choix, sortent un peu des canons matériels de la vie "normale". La France avec son système social assez généreux, permet à certaines marginalités d'exister sans être totalement dans la mendicité.
Après je veux pas brosser un tableau idyllique de la pauvreté à la campagne (moi je suis pas pauvre réellement et lui a de la famille etc). Solo c'est hardcore. Mais quand tu te démerdes un peu ça me parait infiniment plus vivable qu'en banlieue de grande métropole. Sur pas mal de points, même mieux qu'être solo à trimer en mode smicard / voire moins de 2000 net en payant des 600 ou 800+ de loyer ... je dirais même au niveau sociétal / social , c'est mieux.
Oui en gros il reçoit beaucoup d'aides de la famille ou d'amis, un cas extrêmement rare car justement en général la pauvreté est héréditaire et beaucoup aujourd'hui vivent dans des quartiers peu recommandable. Puis bon même dans ton cas cela ne fait pas rêver, de dépendre à 90% de la famille-amis et même s'il a des meubles gratuitement, il peut pas faire la fine bouche et certains peuvent être parfois très déprimant. Passant beaucoup de temps chez moi, je ne supporterai plus des meubles de l'ancienne époque, certes plus solide mais je préfère tellement plus le style moderne. Mais quand tu es pauvre tu n'as pas le choix, à cheval donné comme on dit...

Bref je le plains malgré le portrait positif que tu en donnes, même si la solitude et l'isolement ça je connais mais pour le moment avec mon aah vivant j'ai l'un de mes parents je ne connais pas la misère c'est même l'exacte opposé. Bon je fais mes démarches pour partir et prendre mes distances avec elle, comme tout le monde l'a fait ces dernières années avec elle xd Du coup je verrai ce que cela donne de vivre avec l'aah dans un logement sociale, certains disent avoir un bon budget loisir et d'autres disent ne pas s'en sortir, j'ignore si c'est une mauvaise gestion de leur argent dans le second cas je verrai par moi même.
Le scorbut pédiatrique est de retour en France, en particulier depuis le covid.
https://presse.inserm.fr/augmentatio...e%20Covid%2D19.

Citation :
Un total de 888 patients atteints de scorbut a été hospitalisé, dont l’âge moyen était de 11 ans. L’augmentation des hospitalisations est estimée à 34,5 % après le début de la pandémie de Covid-19. Par ailleurs, la hausse des cas de malnutrition sévère, estimée à 20,3 %, conforte le lien du scorbut avec une dégradation de l’état nutritionnel des enfants. L’augmentation des cas de scorbut et de malnutrition sévère était associée à une aggravation de la précarité socio-économique et de l’inflation. Cette association ne constitue pas nécessairement une relation causale, bien que plausible.
La réémergence du scorbut peut être liée à différentes causes incluant des facteurs environnementaux, sociaux mais aussi liés aux habitudes alimentaires. Il faut également souligner l’impact inattendu, de la pandémie et des crises socio-économiques et politiques mondiales qui l’ont suivie, sur l’aggravation de l’insécurité alimentaire.Ainsi, en France, l’inflation des prix alimentaires a atteint 15 % au début de 2023, touchant particulièrement les familles précaires.
A la suite des résultats de cette étude, des recommandations pourraient être proposées, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre de programmes d’aide alimentaire ciblés, l’amélioration de l’accès à des aliments nutritifs et financièrement abordables, ainsi qu’un renforcement de la formation clinique pour la prévention et la détection précoce des carences alimentaires.
Il y a plus d'une centaine d'enfants par an qui chopent le scorbut en France.
Et dire que l'industrie agro-alimentaire a dépenser 1 milliard en lobbying pour empêcher que le nutriscore puisse être obligatoire et continue à tout faire pour le rendre le moins efficace possible.
Citation :
Publié par Nneek
Et dire que l'industrie agro-alimentaire a dépenser 1 milliard en lobbying pour empêcher que le nutriscore puisse être obligatoire et continue à tout faire pour le rendre le moins efficace possible.
Quand tu as le scorbut, c'est que tu te nourris exclusivement de riz et de pâtes. Et pas du Basmati et des Barilla. Je doute doute que le nutriscore des plats préparés y changent grand chose.
Citation :
Publié par Aloïsius
Quand tu as le scorbut, c'est que tu te nourris exclusivement de riz et de pâtes. Et pas du Basmati et des Barilla. Je doute doute que le nutriscore des plats préparés y changent grand chose.
L'education nationale n'est pas tenu de fournir une cantine à toutes les écoles ?
Citation :
Publié par Diot
L'education nationale n'est pas tenu de fournir une cantine à toutes les écoles ?
Non. La restauration scolaire relève de la commune ou de l'EPCI en primaire et des conseils départementaux et régionaux en collège et en lycée. L'EN n'a aucune responsabilité dans ce domaine.
Citation :
Publié par Diot
L'education nationale n'est pas tenu de fournir une cantine à toutes les écoles ?
Les cantines du primaire ce sont les mairies.
Pour les collèges, les départements.
Pour les lycées, les conseils généraux.
Les cantines sont payantes. C'est pas cher, il y a des subventions et des aides possibles, mais faut les demander.

Clairement, les parents sont en cause, mais il n'est pas dit qu'ils soient en capacité de faire face.
J'ignore si ces enfants sont scolarisés ou en-dehors du système scolaire. Mais il y a trop de trous dans la raquette, clairement.
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