Les gens veulent juste être sûrs d'avoir un revenu tous les mois et c'est compréhensible. Détruire le CDI et les retraites sans compenser (par une alloc universelle par ex) c'est un peu le désastre.
C'est difficile de répondre à un message comme ça en restant calme. Donc je vais plutôt t'expliquer pourquoi ça m'énerve (et ce n'est en rien contre toi spécifiquement, les idées véhiculées par ton message m'exaspèrent mais ça n'a absolument rien de personnel)
- Ta première phrase est une lapalissade évidente. Oui, tout le monde veut un revenu régulier, si possible d'un montant prévisible et si possible constant.
- La seconde est beaucoup plus glissante... Et le cœur du problème : elle insinue que s'il se passe ce qui y est décrit, alors la proposition (sécurité, pérennité, perspective d'avenir...) de la première phrase sera caduque
En mettant juste un message comme ça, tu justifies par ce qui semble être du bon sens paysan une volonté de ne surtout rien toucher parce que toute modification ne pourrait être que pire.
Et ça, ça m'énerve. Pour plusieurs raisons :
- Le CDI est une assurance de pérennité : non. Le CDI est une assurance d'avoir 3 mois pour se retourner avant de se faire jeter d'un boulot. Un trimestre, c'est pas ma définition de la pérennité. Ceux qui veulent un salaire assuré à vie ont les concours de la fonction publique et paient cette sécurité par des montants de revenus bien inférieur à ceux du privé
- La confusion entre "CDI" et "revenu" : vouloir un revenu régulier et constant est une idée que je défendrais volontiers. Lier ça à une activité marchande unique et non évolutive non. Le fait de "détruire le CDI" et celui de "vouloir un revenu" n'a rien d'une opposition. Si on change de modèle on change les repères. Mais un message comme le tien sous entend que sans CDI pas de revenu, donc ceux qui le lisent s'y arrêtent et s'opposent à toute forme de réflexion pour changer le système
- Le CDI devrait être la norme : pourquoi ? On vit dans une société qui a laissé les bailleurs immobiliers et les banques dicter ce que devait être la norme de stabilité et de pérennité des actifs. Plutôt que s'indigner contre le fait que des acteurs non étatiques imposent des normes sociales on préfère se plier à leurs règles ? Pour quelles raisons ?
- Enfin et la raison la plus cynique de toutes : ce que tu décris n'arrivera jamais. Politiquement, n'importe quelle décision se mesure à son degré d'acceptabilité sociale. Si une majorité de personnes est contre une décision, elle n'aura pas lieu. Et vu que la tendance naturelle en période d'incertitude c'est de se cramponner à nos acquis, aucun politique n'ira jamais proposer de changement sans avoir prévu l'alternative ultra solide qui permette de rassurer l'opinion. Il n'y a qu'à voir la loi travail qui n'aura probablement que des effets très mineurs et qui a provoqué des mois de grogne sociale.
Globalement et malgré toutes les raisons que je vient d'évoquer, dès que le sujet de changer de repères ou de changer de modèle pour tenir compte des évolutions du monde qui nous entoure arrive sur le tapis, les premières réponses qui y sont faites sont des expressions de peur ou d'incertitudes, la plupart du temps fondées sur peu ou pas d'arguments.
Et pendant qu'on perd du temps à se demander comment on va faire pour arrêter d'avoir peur, le monde change autour de nous. Pendant que notre modèle social pensé à une époque où l'économie et la démographie n'avaient aucun rapport avec celle de maintenant devient impossible à soutenir, on continue de bloquer le débat au niveau des pâquerettes.
Quand est-ce qu'on arrête de perdre du temps et qu'on arrête d'avoir peur ?