[Sécurité sociale] La santé : financement et choix politiques

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Publié par Borh
Si le but de supprimer les RTT, c'est le retour à l'équilibre, tu t'imagines bien que l'employeur n'a pas le pognon pour racheter les RTT...
Mais il en aurait pour rallonger les salaires de 4h par semaine ?
Citation :
Publié par Laadna
Mais il en aurait pour rallonger les salaires de 4h par semaine ?
Je crois que tu as pas tout à fait compris : ça serait 39h payées 35. Bref, sans compensation financières.
Citation :
Publié par Fanley
Je crois que tu as pas tout à fait compris : ça serait 39h payées 35. Bref, sans compensation financières.
Donc c'est faire ce que n'ont pas pu faire les plus salopes des entreprises gérées par les plus crapuleux des fonds de pension américains, mais "dans l'intérêt du patient" ? Ils auraient du penser à l'intérêt du client au lieu de se plier benoitement à la dictature socialiste.
Bah, les cimetières sont plein de gens indispensables.
A un moment faut aussi voir que les mentalités changent, pas qu'à l'hôpital, en ville, dans toutes les branches de la société.
Y a de moins de moins de gens qui sont prêts à sacrifier tout, leur vie perso, familiale, leurs vacances etc pour leur boulot.

Pour ma part j'en suis pas là, maintenant depuis quelques années, je vois surtout que tous les efforts que je produits, ou que je peux avoir envie de produire sont à sens unique et qu'il n'y a personne au bout quand le personnel fait un effort.

Les heures cumulées, elles le sont pas par plaisir, les plannings du paramédical sont faits, bien souvent sur un roulement à l'année, si j'ai 17 jours de faits en plus en 2012 c'est pour plusieurs raisons:

- j'ai accepté de revenir sur des jours de repos
- je l'ai fait à la demande de mon encadrement
- sur ces journées de "retour", j'ai systématiquement une demande de ma cadre partie à la DRH pour être payé en heures supplémentaires. Sur toutes ces demandes, en 2012 ma feuille d’impôts indique que 3 de ces jours ont été payés en heures sup', les autres ayant été marqués dans un fichier excel (enfin Gestor, mais c'est pareil)

Je suis disponible pour rendre service, quand je vois que je me la prend profond, que les congés mat' ne sont plus remplacés et qu'il faut que l'équipe paramed' gère ça en interne à base de retours sur repos, j'arrête de faire des efforts dès lors que c'est pas donnant donnant.


Tu parles de services qui ferment par manque de résultats avec des chefs de service suspendus, ben faut peut-être voir les raisons de tout ça, voir le pourquoi du comment.
Quand un chef de service est aussi membre de trois commissions différentes sur l'établissement, quand il passe plus de temps en réunion et en colloque qu'à faire effectivement son boulot de chef de service, on peut se poser plein de question.

Prenons l'exemple de Philippe Juvin, est-ce que cette personne est apte à remplir son rôle de chef de service des Urgences de l'HEP quand il est maire de la garenne colombes, conseiller politique UMP, etc etc et quand on sait le scandale qui a suivi sa nomination, l'ancien PU-PH chef de service ayant été foutu dehors avec pertes et fracas pour y placer ce médecin là...je suis curieux de savoir quand est-ce qu'il a vu un patient pour la dernière fois.


En 2009 quand le directeur de mon hosto est interviewé, qu'il dit que quelqu'un qui veut bosser à l'hôpital "ne doit pas s'attendre à gagner beaucoup d'argent" et que "la noblesse est ailleurs", derrière il faut aussi se demander comment des gens qui viendraient bosser pour "la noblesse", la "vocation" comme on dit souvent ("oh làlà quel beau métier vous faites") peuvent en arriver à ne plus voir leur boulot que comme alimentaire.

En face de "l'obligation de moyen", il y a aussi la nécessité d'en avoir des moyens, j'ai du mal à voir comment on peut fournir la même quantité de travail et de résultats avec des moyens en baisse, j'ai du mal à voir comment avec 9 places de disponibles sur une structure hospitalière je peux hospitaliser 21 personnes, j'ai du mal à voir où se situe la noblesse quand un directeur de garde me dit à 2H du mat': "ben les gens ils peuvent dormir sur des brancards non? " ...


Que certains hôpitaux aient été dispendieux et aient fait n'importe quoi pendant quelques décennies je n'en doute pas, maintenant, n'ayant jamais considéré mon boulot comme celui de superman ou de bioman, et n'ayant pas grande volonté à préserver un alignement Loyal Bon dans mon boulot, je me pose quand même un certain nombre de questions sur la position du marqueur entre la santé des usagers de l'Hôpital et la santé des comptes bancaires de ceux qui les gèrent.
Et depuis plusieurs années, je ne vois pas bien à quel moment se sont les premiers qui sont pris en compte.


Citation :
Mais à l'hôpital, tu as des spécialités, en chirurgie notamment, où les mecs bossent 65-70h/ semaine, ils sont payés pour leur gardes, mais pas quand il sortent tous les jours 22h, c'est pas des heures sup.
C'est qui " les mecs" ? C'est quoi les "services qui vont mettre la clé sous la pote"?
Pour ma part j'ai du mal à voir le bénéfice pour un patient de passer au bloc entre les mains de personnels dont le temps de sommeil des dernières 24h est égal à zéro.



Pour ma part (et je suis probablement le seul ans mon service), oui j'ai des droits et je m'en branle des conséquences, clairement, je ne m'estime pas indispensable à la structure, et ça quand bien même le service aurait quelques soucis si ce soir à 21H au lieu de bosser je restais le cul sur ma chaise à les regarder en chier.
Cela dit, c'est pas mon attitude de base hein, même si je crois pas avoir été très longtemps naïf sur la qualité de prise en charge du péquin lambda, je reste persuadé qu'on m'a pas mal aidé à penser de cette manière.



Je pourrai (encore une fois) disserter longtemps sur plein de choses et sur le fait qu'effectivement, les directions n'ont que peu à secouer du devenir des patients dès lors qu'il y a un " + " devant les comptes de fin d'année, parce que je pense quand même que les gens ne sont clairement pas du tout conscient de ce qui peut se jouer en coulisses quand ils sont dans un lit d'hôpital.
Mais au total, pourquoi moi, je devrais plus en avoir quoi que se soit à faire qu'eux ?
Citation :
Publié par Borh
Si les mecs commencent à adopter la mentalité CGT du "j'ai des droits sociaux et je m'en fous des conséquences", bah t'as tout les services de chirurgie des CHU qui peuvent mettre la clé sous la porte.
Mon propos n'est pas d'être dans une mentalite syndicaliste, mais de dire que s'il y a probleme durable, il faut qu'il y ai une solution. Et la solution du status quo (en dehors de ton cas de figure) avec toutes les problematiques que cela engendre pour le personnel, n'est pas une solution vu que c'est celle utilisé depuis perpette et que rien n'a ete change.
Ton service n'est effectivement pas le miens, neanmoins à mon niveau, j'ai eu aussi "mon" service avec beaucoup d'investissements dedans. Seulement de mon point de vu (de maniere plus generaliste), quand cela ne fonctionne pas, autant que cela ferme plutot que d'epuiser tout le monde.
Citation :
Publié par Kirika
Tu parles de services qui ferment par manque de résultats avec des chefs de service suspendus, ben faut peut-être voir les raisons de tout ça, voir le pourquoi du comment.
Quand un chef de service est aussi membre de trois commissions différentes sur l'établissement, quand il passe plus de temps en réunion et en colloque qu'à faire effectivement son boulot de chef de service, on peut se poser plein de question.

Prenons l'exemple de Philippe Juvin, est-ce que cette personne est apte à remplir son rôle de chef de service des Urgences de l'HEP quand il est maire de la garenne colombes, conseiller politique UMP, etc etc et quand on sait le scandale qui a suivi sa nomination, l'ancien PU-PH chef de service ayant été foutu dehors avec pertes et fracas pour y placer ce médecin là...je suis curieux de savoir quand est-ce qu'il a vu un patient pour la dernière fois.
Bah tu sais, généralement les services dont le chef est dans 50 commissions, a ses entrées au ministère, etc. et ne fout jamais les pieds en salle, ce sont eux qui sont généralement les mieux loti. Parce qu'ils savent tirer les bonnes ficelles pour récupérer des postes et des budgets.

Le chef du service le mieux loti de France dans ma spécialité, à la fois en terme de locaux, de personnel, d'équippement, il a passé les 5 dernières années en tant que conseillé spécial de Sarkozy à l'Elysée, pas mis les pied plus de 2h par semaine dans son service. Là c'est sûr, il risque pas de fermer, et les PH peuvent prendre leur RTT tranquille, et les patients y sont bien pris en charge.

Les personnes, au niveau politique qui sont responsables de la situation, ils en ont strictement rien à foutre que l'hôpital se casse la gueule. Même au contraire, on pourrait dire que c'est leur objectif. L'attitude du "je ne fais pas d'effort, sinon, rien ne va bouger", ils en ont rien à péter, au contraire. Ca leur donnerai même une bonne raison pour ne pas assumer, mettre ça sur le dos du personnel. C'est déjà ce qu'ils essaient de faire.

Enfin bref, tout ça pour dire que "je fais le minimum, donc les décideurs vont être obligés de prendre des mesures", c'est du rêve. C'est plutôt du "je fais le minimum, donc le service ferme, les patients vont voir ailleurs (et moi aussi)".

Après, je fais pas la leçon à ceux qui considèrent qu'ils n'ont pas à se "sacrifier" (si tant est que repasser à 21j de congés, c'est vraiment se sacrifier), ils font ce qu'ils veulent, si tant est qu'ils sont bien conscients de la situation et où cela nous mène.

Dernière modification par Borh ; 05/06/2013 à 16h42.
Tu as sans doute raison, je persiste quand même à imaginer qu'il y a sans doute une foultitude d'économies à réaliser ailleurs que dans les temps de travail médicaux et paramédicaux.


Sinon Timinou, c'est un peu de ce genre de choses dont je parle concernant l'envers du décor quand les gens sont tranquillement (ou non) installés dans leurs lits.... et ça risque pas d'aller en s'arrangeant, encore que la mode soit aux procès dans le monde de la santé.
Bah lis la conclusion, ça suffit.

Citation :
Le système s’avère inflationniste en production, la déconnexion coûts/tarifs est flagrante, la régulation est donc problématique. Il est urgent de médicaliser cette régulation comptable, de la baser sur des critères de santé publique dans le souci perpétuel d’un égal accès aux soins.
Ce qui est quand même fou, c'est que dès le départ tous les hospitaliers sur le terrain ont prévu que ça n'allait pas maîtriser les dépenses mais les augmenter tout azimut. C'était l'évidence même...

Il y a un espèce d'aveuglement théorique et technocratique... Rien que récemment (2 ou 3 mois), j'ai entendu un débat sur France Culture, avec des experts, "spécialistes en économie de la santé", qui n'ont probablement jamais foutu les pieds dans un hôpital, qui disait que sur la T2A avait "démontré" son efficacité, et qu'elle n'était remise en cause par personne. Et en face une infirmière CGT, qui n'était clairement pas au niveau, avec un discours confus et catégoriel.

En ce sens, ce rapport n'a peut-être rien de neuf, mais ce genre de truc bien formalisé est nécessaire pour modifier l'opinion des "experts" et de la machine technocratique. Pour eux, la paperasse, les graphiques, il n'y a que ça de vrai.
sortant des urgences de l'hosto de mon ptit bled perdu du vaucluse pour un calcul rénal, je peux témoigner du serieux du personnel et de la qualité des soins
stop jouer les cassandres de temps en temps
Citation :
Publié par Folkensedai
sortant des urgences de l'hosto de mon ptit bled perdu du vaucluse pour un calcul rénal, je peux témoigner du serieux du personnel et de la qualité des soins
stop jouer les cassandres de temps en temps
Quel est le rapport ?
Il s'agit pas ici de critiquer le personnel des hostos (dans la réponse de Borh) mais bien de dire que les gens qui sont sur le terrain, savaient dès le départ que la loi T2A serait un vaste merdier.
Dans les faits, le but était à la base de forcer les structures à faire toujours plus, d'entrées, d'actes, de gestes etc etc pour augmenter les chiffres, bref, faire de la surproduction médicale intensive comme on le fera avec un champ de patates.

L'effet n'a pas été celui escompté.



Bref, je comprend pas le lien avec ta colique frénétique.
La Mutuelle des étudiants étrillée par la Cour des comptes

Citation :
Après UFC-Que choisir et les sénateurs en 2012, c'est au tour de la Cour des comptes d'étriller le système de sécurité sociale étudiante. Dans un rapport, qui doit être rendu public en septembre, mais dont Le Monde s'est procuré une version préparatoire, les magistrats de la rue Cambon critiquent, une nouvelle fois, "une qualité de services (...) globalement très insatisfaisante" et des "coûts de gestion élevés avec une faible productivité".

La Cour des comptes a mené sa propre enquête de satisfaction auprès de plus de 1 700 personnes affiliées à la LMDE. La note moyenne de satisfaction a été d'à peine 2,33 sur 5, soit le plus mauvais score de toutes les mutuelles étudiantes, qui sont globalement toutes mal notées. Des chiffres qui viennent démentir les 88 % de personnes satisfaites vantées dans les "enquêtes de satisfaction autoproduites" par la LMDE, note avec malice la Cour.
Il n'y a pas besoin de chercher bien loin les raisons de cette insatisfaction. Selon la Cour :

- La LMDE n'est en mesure de répondre qu'à un appel téléphonique sur 14
- En février, plus de 200 000 courriers adressés à la mutuelle étaient en attente de suivi
- Les retards de traitement des feuilles de soins sont chroniques.
- Un important déficit de développement des services en ligne.
- Des retards de remboursement récurrents pour les étudiants.
- Les délais pour éditer les cartes Vitale sont particulièrement longs : neuf mois après leur inscription, 10 % des étudiants n'en ont toujours pas reçu et ne peuvent donc bénéficier du tiers-payant, estime la Cour. (j'avais déjà parlé de ce problème sur l'Agora)

Selon la présidente de la LMDE, ces problèmes liés à une "réorganisation interne complexe" seraient en partie résolus.

Des pratiques étranges également :

Citation :
Au bord de la faillite, la LMDE a toutefois été contrainte de s'adosser en février à la MGEN, qui contrôle désormais de facto la gestion de la mutuelle.
Mais cette proximité, qui existe depuis longtemps, entraîne d'étonnantes pratiques. La Cour des comptes révèle ainsi que les enfants de fonctionnaires adhérents de la MGEN bénéficient "d'un traitement prioritaire" de leurs courriers et appels lorsqu'ils choisissent la LMDE, ce qui est en "contradiction avec les principes du service public". Le Monde
C'est pas prêt de s'arranger... :

Citation :
Mediapart 19 juillet 2013 | Par Lénaïg Bredoux et Mathieu Magnaudeix

Alors qu’elle négocie la réforme des retraites, la ministre des affaires sociales est très contestée. Deux hauts responsables du ministère viennent de jeter l'éponge, plusieurs membres du cabinet sont sur le départ.


Un ministère qui perd ses collaborateurs est un ministère qui va mal. En l’espace de quelques jours, deux hauts responsables des affaires sociales et de la santé ont annoncé leur démission. Plusieurs membres du cabinet de Marisol Touraine sont en partance. Un signe inquiétant alors que la ministre est en charge de l’explosive réforme des retraites.






Denis Piveteau© DR.




Selon nos informations, le secrétaire général des ministères sociaux, Denis Piveteau (photo), plus haut responsable de l’administration du ministère, a présenté sa démission vendredi 12 juillet. Nommé en janvier, il n’aura tenu que quelques mois à ce poste. Un départ tonitruant, puisque le “SG” supervise aussi les administrations des ministères du travail, de la ville et de la jeunesse et sports.
Dans la foulée, Alain Cordier, le président du “comité des sages” chargé de la stratégie nationale de santé, nommé lui aussi en janvier, a fait part de son envie de quitter son poste. Ces démissions de poids lourds du ministère ne sont pas encore officielles.
Elles surviennent en réalité après un véritable psychodrame au sujet du rapport du “comité des sages”, dont Alain Cordier avait la charge. Ce texte, qui plaide pour une vaste refonte du système de santé, a traîné plusieurs semaines avant de faire l’objet d’un très bref communiqué lundi en fin d’après-midi, dont la sortie a été précipitée par des fuites dans la presse. Un sort peu glorieux pour un rapport censé tracer la politique de santé du gouvernement, détaillée en février par le premier ministre, Jean-Marc Ayrault.







« Le rapport ne convenait pas à Touraine », disent plusieurs sources gouvernementales, qui accusent la ministre de vouloir « l’enterrer ». « La stratégie nationale de santé, c’est central », dément au contraire son cabinet. Pour expliquer ces loupés, un partisan de Marisol Touraine préfère évoquer une complexe bataille d'« ego et de jalousies ». Reste l'essentiel : la communication autour d'un rapport qui devait faire date est complètement ratée. Et les premières auditions au Parlement, prévues en juillet, sont repoussées à la rentrée.

Parallèlement, trois conseillers de Marisol Touraine viennent d’annoncer leur départ. Selon nos informations, cinq personnes ont quitté le cabinet depuis six mois, dont un “chef de pôle”, Laurent Chambaud, devenu directeur de l'École des hautes études en santé publique (EHESP), l'ENA des directeurs d'hôpitaux. Au total : huit départs en un an. En décembre, le directeur de cabinet et son adjointe avaient été brutalement débarqués sur ordre de Matignon, furieux de la gestion du ministère. Le responsable de l’organisation des soins, Christophe Lannelongue, était aussi parti.
« Au bout d’un an et demi, c’est naturel : il peut y avoir des mouvements. Mais ça ne veut pas dire qu’il y a l’incendie et que tout le monde s’en va. Ces départs sont liés à des choix personnels », temporise le ministère, qui souligne la rudesse de la vie de cabinet.






Jean-Marc Ayrault et Marisol Touraine le 14 juin© Reuters.




Pourtant, depuis plusieurs mois, des ministres, conseillers et des députés de la majorité se plaignent, en “off”, de leurs relations avec le cabinet de Marisol Touraine. Au départ, ils levaient les yeux au ciel et soupiraient. Désormais, ils s’affligent d’un ministère jugé défaillant.
De telles critiques sont souvent nourries par les concurrents ou les différents lobbies, surtout quand il s'agit d'un ministère aussi exposé. Elles sont aussi récurrentes quand le ministre est une femme, celles-ci étant plus facilement taxées d’autoritarisme que les hommes – c’était par exemple le cas de Delphine Batho avant son limogeage. Toutefois, de nombreux témoignages attestent d’une ambiance délétère au ministère. Marisol Touraine et Denis Morin, son directeur de cabinet, sont réputés extrêmement sévères avec leurs collaborateurs. Plusieurs interlocuteurs du ministère décrivent une ministre « bunkerisée », des collaborateurs « terrorisés», « stressés », « essorés et lessivés », qui « se décomposent » régulièrement en sa présence.

Même les ministres déléguées de Marisol Touraine, Michèle Delaunay (personnes âgées), Marie-Arlette Carlotti (handicapés et exclusion) et Dominique Bertinotti (famille), ont eu à souffrir de relations très tendues avec leur ministre de tutelle. Le plan “autisme”, une promesse de campagne de François Hollande, a par exemple fait l’objet d’une violente passe d’armes entre Carlotti, qui en avait la charge, et Touraine, accusée d’avoir bloqué le dossier.
Il a finalement fallu l’arbitrage de Jean-Marc Ayrault et de François Hollande. Le “plan autisme”, par ailleurs contesté par une partie des psychiatres, a pris du retard. Du coup, il a été annoncé un mois après la journée mondiale contre l’autisme. On a vu meilleure communication.

L’Élysée et Matignon ont la ministre dans le viseur depuis des mois. Le “cas” Touraine est souvent évoqué dans les déjeuners au sommet de l’État. François Hollande et Claude Bartolone en ont déjà discuté. « On sait que c’est compliqué, fais un effort… », explique-t-on à Matignon aux élus qui se plaignent d’être pris de haut par la ministre ou ses collaborateurs.
En privé, Marisol Touraine admet que le bruit de fond ne lui est pas très favorable. Mais la ministre est surtout persuadée que d'autres lui ont savonné la planche. Visé : Aquilino Morelle, le conseiller spécial de François Hollande, qui rêve du ministère de la santé.



« Collectivement, nous n’avons aucune vision sur la santé »

En plus des dysfonctionnements internes et de la personnalité contestée de la ministre, Marisol Touraine est aussi décriée sur le fond.
À l’automne, la négociation sur les dépassements d’honoraires, qualifiée par Touraine d’accord « historique », avait donné l’impression que la ministre avait cédé au puissant corps médical. « François Hollande voulait absolument un accord… », rappelle en privé la ministre, manière de dire qu'elle n'a fait que suivre la feuille de route.
Dans les couloirs des ministères, on lui reproche aussi de ne pas être assez active dans la lutte contre les déserts médicaux, de ne pas revenir assez vite sur la “tarification à l'acte” instaurée par la droite... ou de favoriser des « nominations de gens de droite ».

Cet hiver, le député du Rhône Jean-Louis Touraine, candidat socialiste à la tête de la puissante fédération hospitalière de France (FHF), qui regroupe un millier d’établissements publics de santé, a ainsi été sèchement battu face au président sortant, Frédéric Valletoux, maire UMP de Fontainebleau. « Elle n’allait pas s’engager sur une candidature qui avait des chances d’être rejetée. Je ne lui en ai pas voulu », la défend Jean-Louis Touraine, professeur de médecine dans le civil (il n'a aucun lien de parenté avec la ministre). « Jean-Louis Touraine aurait été battu de toute façon : les médecins avaient envie de taper la politique de santé du gouvernement », explique un autre socialiste.






Marisol Touraine© M.M.




Ex-strauss-kahnienne ralliée à Hollande, Marisol Touraine avait animé le pôle protection sociale de la campagne présidentielle. Au point de devenir la candidate naturelle aux affaires sociales. Mais au bout d’un an, ses relations avec les professionnels de santé se sont dégradées. « Sur tous les sujets, ils naviguent à vue… Et partout, dans le milieu hospitalier comme dans le privé, ça craque », explique, sous couvert du “off’, un cadre du PS.
La ministre peut facilement arguer qu’elle a la tâche difficile dans un contexte de rigueur budgétaire, avec des marges de manœuvre extrêmement réduites. Elle a loisir de souligner qu'après dix ans de politiques de droite, le chantier est tel que les changements ne sont guère spectaculaires. D'autant qu'elle doit gérer un domaine ministériel très vaste, de la réforme des retraites à l’assurance maladie, en passant par toute la politique de santé.

Mais plusieurs responsables socialistes dénoncent surtout une absence de cap et de cohérence politique. « Certes, la ministre n’est pas courageuse et n’aime pas les conflits. Mais ce n’est pas que de sa faute : collectivement, nous n’avons aucune vision sur la santé. Pour l’instant, on gère le système. Et on reste à la botte des médecins libéraux », s’indigne l'un d'eux.

« Le système de soins nécessite des transformations puissantes pour adapter l’offre de soins aux besoins de la population et face à cela, nous restons très “tradis”, s’inquiète aussi le député Jean-Marie Le Guen, médecin de formation et qui se serait bien vu ministre. La santé n’est pas portée comme une priorité du quinquennat et je le regrette. »
« Ministre de la santé est un poste très exposé, c’est toujours comme cela ! Marisol subit la même chose que les autres. La question est de savoir si elle réussira à opérer un tournant dans notre politique de santé. Il faudra juger sur les actes et sur le projet de loi sur la santé publique, prévu en 2014 », argue le député Jean-Louis Touraine.

À moins que les jours de la ministre ne soient déjà comptés ? En la matière, un pilier de la majorité suggère l'extrême prudence. « Tout le monde attend son départ et, par certains aspects, Marisol Touraine est un problème. Mais elle est aussi politiquement incontournable pour faire le sale boulot, contre vents et marées », dit-il, pensant évidemment à la réforme des retraites qui va occuper l'agenda politique de la rentrée. De fait, François Hollande et Jean-Marc Ayrault n’ont aucun intérêt à changer de ministre avant cette réforme qui s’annonce déjà impopulaire et très contestée à gauche.
Le Sénat adopte le texte sur les réseaux de santé des mutuelles
Citation :
Le Sénat a adopté à son tour, mercredi 24 juillet, une proposition de loi PS controversée qui vise à instaurer un meilleur remboursement des soins aux adhérents des mutuelles recourant à des professionnels membres de leur réseau de santé. Le texte a été voté par 172 voix contre 137 grâce à l'apport des voix des sénateurs centristes.

Cette proposition de loi (PPL) du président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Bruno Le Roux, a suscité une levée de boucliers, notamment chez les opticiens, chirurgiens-dentistes et médecins libéraux. Elle a déjà été adoptée en première lecture par les députés le 29 novembre 2012, mais était restée depuis en sommeil.

Les opticiens indépendants, l'Union des jeunes chirurgiens-dentistes (UJCD)-Union dentaire (minoritaire) – le syndicat de chirurgiens-dentistes –, les médecins libéraux ont vivement protesté contre ce texte, craignant qu'il ne porte atteinte à la liberté du choix du patient ainsi qu'à leurs intérêts financiers.

Les sénateurs UMP se sont succédé pour aller dans le même sens. "Introduire une différence de remboursement conduit inévitablement à une rupture d'égalité devant l'accès aux soins des Français", a lancé Alain Milon (UMP). Il a également accusé le texte de favoriser la concentration "au détriment des petites mutuelles" et "d'accentuer la désertification médicale". Le Monde
Je ne comprends pas comment la gauche peut défendre ce genre de mesures. Le patient n'aura même plus le choix, on lui imposera tel ou tel praticien sous peine de remboursements moindres.
Je ne vois pas très bien à quoi sert cette loi. Je veux dire, à part remplir les poches des grosses mutuelles ? Je sais que le PS a des amis dans le monde mutualiste, mais tout de même...
Je ne serai pas surpris si le Conseil Constitutionnel la censurait.
Citation :
Publié par Assurancetourix
Perso à la MAIF ou MGEN ça se fait déjà comme ça: meilleur remboursement si tu vas dans certains hopitaux, centres etc...
Quelle est la différence ici? On parle des remboursements sécu?
J'ai entendu d'autres témoignages dans ce sens.
Si j'ai bien compris ils le faisaient mais c'était illégal, non ?
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