Tu n'habites pas 20 ans dans un studio. Enfin j'espère.
Tu me dis que si j'achète une action Apple à 1,44$ en 1996 et que je la revends 457,60$ ce vendredi je spécule... mais que si j'achète un appartement à Lyon de 100 m² environ pour 1 200 000 Francs en 1996 et que je le revends en 2013 pour la somme 310 000€ là je ne spécule pas?
... On parlait de studio là ? Moi je parlais d'un véritable appart' (pour 100m²... j'en connais pas beaucoup des studios de cette surface !). Les studios ne sont pas les appartements qu'on achète pour y vivre, typiquement. Ce sont des produits très spécifiques car ils sont achetés pour être loués (ou peuvent éventuellement être achetés par des parents pour les enfants le temps des études, pour être ensuite revendus, ou loués).
Quand tu achètes, tu ne sais pas si l'achat va être "bon", tu ne sais pas si ton couple tiendra, si ton boulot tiendra, si le marché tiendra. Tu spécules sur la réussite de tous ces éléments parce que si l'un d'eux foire, être locataire c'est plus pratique.
Quand je parle d'un "bon" bien, je parles d'un bien qui n'est pas vicié (mauvaise maçonnerie, par exemple, zone inondable...). Ce genre de choses se voit lorsqu'on visite un bien. On sait si on aura beaucoup de travaux ou si le bien sera utilisable tout de suite. Un "mauvais" bien est par contre un bien qui peut amener bien des emmerdes - et c'est pourquoi il faut faire très attention lors de l'achat.
Et puis tant que tu n'as pas fini de payer le crédit, la maison elle est à la Banque, toi tu es propriétaire d'une dette.
C'est vrai, mais la banque ne va pas venir mettre le nez dans tous les changements que tu pourras avoir envie de faire à ton bien pour l'aménager comme tu le souhaites. Elle ne va pas non plus se pointer aux réunions des co-propriétaires pour prendre les décisions à ta place. Etc, etc. Ta banque n'est pas propriétaire tant que tu es capable de payer.
Quand tu achètes un pull avant les soldes et que tu reviens quelques semaines plus tard il est soldé -20% ça fait mal au cul. Point. Si ce pull tu l'as acheté à crédit et qu'en plus il te coûte des intérêts bancaires...
Bin non, ça marche pas comme ça. Un bien immobilier ne s'achète jamais sur un coup de cœur : avant d'acheter, on prend le temps de réfléchir. Sur ses possibilités de financement, sur le fait de vraiment vouloir ou non ce bien, sur les prix. On négocie le prix aussi. Si on décide d'acheter, c'est qu'il y a assez de motivation derrière pour se dire que ça vaut le coup, au prix où on achète ce bien. Le prix du marché baisse rarement de façon significative en "quelques semaines" (il faut plutôt des mois, voire des années pour ça), et le fait de voir le marché baisser plus tard entre rarement en compte.
Bien sûr, si tous les indicateurs montrent que les prix vont baisser, il faut attendre quelques mois ! Je ne dis pas d'acheter tête baissée hein ! Mais si rien ne l'indique, il faut savoir que les biens peuvent partir très vite. Des amis qui ont été frustrés parce que les bien se vendaient plus vite qu'ils ne pouvaient les visiter, j'en ai, hein.
Va dire ça aux jeunes couples qui achètent une maison après le mariage puis qui divorcent dans les 7 ans. C'est rare les couples qui divorcent, il n'y en a presque pas. Et eux ils doivent vendre. Même si le marché a perdu 20% et même si le divorce en lui même leur coûte déjà un bras (et leur coeur).
Ça fait partie des aléas de la vie. Mais si on se dit qu'on n'achète pas parce qu'on a peur de ceci ou cela, on n'achète jamais. Oui, en cas de divorce, ce n'est pas facile.
Une fois de plus, ce n'est pas facile de trouver le "meilleur" moment pour acheter ; mais quand on arrive à la trentaine, c'est forcément quelque chose à laquelle on pense. Si le bien perd en valeur, tant pis ! Il reste un bien qu'on achète dans l'espoir d'y passer la majorité de ses années. Un bien qu'on passera à ses enfants, si tout se passe bien - pas forcément pour qu'ils y habitent, mais qui leur donne un certain "bagage" et qu'au pire ils pourront revendre ou louer en cas de gros coup dur.