Tu parles de Sepuvleda, et tu expliques très bien son histoire. Pourtant sa vision était raciste. Tu parles des grecs, (dommage que Victhor soit pas là
), mais je pense qu'il pourrait confirmer le fait que les grecs avaient une conception raciste de la société puisqu'ils n'avaient que mépris pour les non-grecs.
C'est justement ces questions que je voulais mettre en valeur : où commence le racisme ? De quoi parle- t- on quand on parle de "racisme" ?
On parle de Sepulveda ou des Grecs par exemple. En apparence, ils sont racistes. Pourtant, dans le fond, le racisme tel qu'il est définit aujourd'hui ne peut pas à proprement parler caractériser leurs pensées.
Un grec méprise les barbares, et estime que tout ce qui n'est pas lui est forcément barbare ? Oui. Mais est- ce raciste ? Non. Parce que le barbare ne se définit pas selon des critères de "race", mais de culture : rien à voir donc avec du "racisme".
Pour Sepulveda, c'est le même type de raisonnement dans le fond, mais avec des nuances fortes (pensée chrétienne). Mais il est vrai qu'on peut trouver les premières traces du racisme contemporain chez Sepulveda, puisque lui fait entrer des éléments physiques en plus des éléments culturels (puisqu'il parle de la petite taille des Indiens notamment, et s'interroge sur le fait qu'ils soient bien des humains). Mais ces interrogations sont légitimes en son temps, si on estime la révolution mentale que connaît le monde à la Renaissance (découverte progressive d'un continent totalement inconnu, entre autres éléments), et si on prend en considération que la norme de l'époque, ce n'est certes pas la tolérance et l'ouverture d'esprit (en dépit de l'Humanisme). Bref, ça ne rend pas son propos plus "propre", mais ça permet de le comprendre, c'est- à- dire, de comprendre pourquoi cet homme là en cette époque là a dit ces choses là. Et non pas de les condamner a priori sans même chercher à s'y intéresser (qui est à mon sens une dérive obscurantiste impliquée par les raisonnements victimaires, qui stigmatisent et cherchent à décrédibiliser, qui jette l'anathème et procède par censure, et en définitive, qui mettent sous silence tout ce qui ne va pas dans leur sens).
Donc, si je comprends ton point de vue, je ne le juge pas acceptable pour autant, parce que, selon moi, on ne peut juger une époque qu'en entrant dans son mode de penser et dans ses représentations. Il faut faire ce travail là
avant de la juger avec nos représentations (ce qui est possible au demeurant, mais pas a priori). Après tout, il me semble que la Justice fonctionne de la même manière : on n'accuse pas une personne sans preuves tangibles, et on ne peut accuser une personne sans avoir compris ses motivations, qui sont au coeur de la sanction encourue.