Publié par pHtg
C'est typiquement le genre de problème où tout le monde a raison. Ceux qui considèrent que notre démocratie en est bien une considèrent aussi que la révolution est illégitime, et ceux qui considèrent que notre régime est aliénée aux intérêts des bourgeois (bourgeois qui imposeraient leur domination par la force sur une majorité) considèrent que la révolution est légitime. Aucune des deux positions n'est plus valable que l'autre, elles sont toutes les deux cohérentes vis-à-vis des postulats sur lesquels elles reposent.
Si, car l'une est institutionnelle et n'est pas liberticide pour autant. En quoi ces "bourgeois" dont tu parles imposent- ils leur volonté
par la force à une majorité ?
Que la classe bourgeoise soit socialement et politiquement dominante (et encore, ce postulat est franchement à revoir en bien des points), ça ne signifie pas qu'elle impose à une majorité opprimée sa domination par la contrainte brutale.
La majorité "opprimée" peut s'exprimer librement à l'occasion d'élections libres, où une grande variétés d'opinions ont la possibilité de s'exprimer, et même de se faire représenter dans les institutions.
On ne parle pas d'absence de libertés, de camps d'internements, et autres joyeusetés quand même. Alors qu'en face, c'est quand même ça qui est impliqué.
Il me semble que c'est tout de même fondamentalement différent. Non ?
Publié par Andromalius
C'est aussi et surtout souvent le seul moyen de se débarrasser de minorités qui disposent de l'essentiel du pouvoir. Il a fallu une révolution pour instituer la République, la monarchie n'étant pas vraiment un systême se préoccupant du sort de la majorité.
Alors en quoi peux- tu légitimement condamner un parti ou un régime qui élimine les minorités qui le dérange (minorités ethniques, minorités sexuelles, minorités culturelles ou religieuses...) si toi- même tu pars du postulat qu'il est nécessaire de se débarrasser des minorités qui sont censées détenir le pouvoir ?
Sur la Révolution, elle a d'abord été parlementaire (1789), aux états généraux, puis elle a été relayée dans l'opinion, qui était prête pour ce processus politique majeur. C'est ensuite qu'elle a été plus populaire (1793).
Sinon, il est faux de dire que la monarchie ne se souciait pas du sort de la majorité. C'est un autre régime politique, avec un autre univers mental, d'autres pratiques sociales et politiques, d'autres références intellectuelles et culturelles, mais dont on ne peut pas affirmer que le sort de la majorité n'était pas un souci des souverains.
Publié par Andromalius
Ce qu'il faut retenir, c'est que les régimes dits démocratiques ne représentent pas plus la majorité que les autres. Les élections en France, tu ne choisis pas ton représentant, tu choisis ton représentant parmi un panel qu'on te propose. Ca n'a un peu rien à voir. La vraie démocratie serait de pouvoir inscrire le nom de son choix sur le bulletin de vote.
Et bien, c'est déjà un choix libre. Je ne sais pas ce qu'il vous faut quand même. Les partis sont les organes par lequel s'effectue la vie politique, et qui relaient l'opinion publique, ou la volonté souveraine du peuple. C'est un ensemble institutionnel parfaitement valide, et qui en définitive permet l'expression de la volonté du peuple.
Désolé, mais les partis sont des organes de représentation du peuple, et c'est ainsi que ça fonctionne dans une démocratie comme la nôtre, et ce n'est pas nouveau. Alors certes, la représentativité de ces partis n'est pas parfaite, je suis d'accord, mais enfin, elle fonctionne quand même.
La démocratie dont tu parles, ça peut encore fonctionner au plan local, ou ça fonctionnait en d'autres temps, mais pour un pays comme la France d'aujourd'hui, ça ne marche pas.
Parce que si la démocratie est un système qui a le devoir et l'objectif de représenter les volonté du peuple souverain, c'est aussi un système qui doit fonctionner et gérer le réel. Alors ça suppose un compromis, qui n'est pas parfait, mais qui est équilibré, en tout le cas le moins mal possible.