c'est parfait si vous ne voyez pas où ce questionnaire veut en venir : si vous arriveriez à devinez le but, vos réponses seraient biaisées.
Comme j'aime bien le boudin, je vais vous répondre. Mais au risque de vous décevoir je ne vais pas remplir le questionnaire. Pour des raisons de principe. La première, c'est que je me sens mal en objet statistique. La seconde, c'est que je suis incapable de faire quelque chose sans en comprendre le but, et comme je sais que je vais essayer de le deviner à tout prix en répondant, je vais introduire un biais
Une chose me taquine dans votre questionnaire: vous y transposez RL et de ce fait, vous induisez un autre biais. «Avez-vous déjà fréquenté», suivent dix situations et cinq lieux RL. Je n'ai aucune envie de jouer à RL dans SL. Si j'y vais, c'est justement pour trouver ce qui n'existe pas dans RL. «Quel type de logement avez-vous sur SL» induit qu'on a un logement sur SL. J'ai un "terrain", qui est une métaphore pour signifier un quota de ressources informatiques. Déjà deux "ne s'applique pas" et beaucoup plus si je continue. Je suis hors échantillon. Je vous épargne du temps
Je crois que vous projetez une vision réductrice de SL: ce serait une réplique de RL, alors que c'est un monde numérique (dans lequel certains répliquent RL à des degrés divers, y compris moi-même, mais ça n'est absolument pas une nécessité). Il serait intéressant de se poser cette question-là: pourquoi reproduisons-nous/devons nous reproduire RL dans SL, et qu'est-ce qui nous y pousse?
Personnellement je n'y vois que des métaphores et je pense qu'il serait dangereux pour mon équilibre psychologique de l'oublier. J'ai une opinion - qui n'est pas partagée - c'est qu'en ayant une "maison", "mangeant", "buvant", "dansant", nous jouons à avoir une maison, manger, boire, danser, et donc nous sommes dans une forme de jeu de rôle ou de pièce de théâtre. Il est particulier dans le sens où l'acteur se personnifie lui-même, avec tous les risques de que ça comporte. Le jour où j'aurais une maison humanoïde avec cuisine salle-à-manger salle-de-bains, je commencerai sérieusement à m'inquiéter.
A cette lumière, d'autres questions perdent leur sens ou me deviennent ambiguës. «Que représente votre avatar pour vous?» C'est évidemment l'image que je veux projeter aux autres, et qui dépend des circonstances, des autres, et du message que je veux faire passer. A ce sujet, les avatars non-humains sont bien pratiques pour annuler l'influence de l'apparence sur les relations sociales. Encore une question où je ne sais pas quelle case cocher.
38 et 39 me chagrinent beaucoup. «Que faites-vous dans SL que vous ne vous permettriez pas de faire dans la réalité». Si je ne me le permet pas dans la réalité, c'est donc que c'est possible mais que je me l'interdis. Là encore, SL est circonscrit à RL (sinon il y a beaucoup de choses que me permet SL mais que m'interdit RL, comme tendre la main et matérialiser la tour Eiffel dans un bruit de tonnerre). La question est «Que faites-vous dans SL que vous vous interdiriez dans la réalité», et la réponse: rien, évidemment, puisqu'un écran n'a pas la qualité d'exonérer des interdits sociaux. Tuer un avatar n'est pas plus transgresser un interdit que tuer avec un pistolet chargé à blanc sur une scène de théâtre. Métaphore, toujours.
Voila. Je veux pas démolir votre questionnaire. Je voulais juste vous suggérer des pistes à fouiller. Je sais qu'on aime bien ça dans les labos, j'en suis friand moi-même. Et puis en plus de boudin, j'aime bien réflechir. C'est mon second défaut.