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Bon, alors.....
Excellent citation de Kundera pour débuter. C'est une aimable invitation à le relire. Sl comme ébauche ou brouillon d'une rl……à moins qu'on en vienne à l'inverse.
Quelques critiques avant d'aborder le fond.
Je passerais sur l'orthographe, avec finalement peu de fautes.
Une phrase très mal gaulée : "plus qu’un enferment dans l’apport d’une stricte réponse, c’est plutôt un voyage à travers différents points de positionnement qui est proposé ici" ou encore "il y a les personnes addictent". Bref, pêchés véniels, et nous en faisons tous.
L'absence de source et de biblio est plus gênante. Alors certes, vous précisez que peu d'ouvrages sont sortis sur le sujet et que les recherches se firent sur internet, mais enfin les quelques infos que vous citez ont bien des sources. Elles devaient se retrouver en annexes.
Plus gênant encore à mon sens est la validité de l'échantillon. Les biais me paraissent trop importants pour valider les résultats. Le mieux aurait été un tirage au sort sur l'ensemble de la population, voire en se limitant aux francophones.
Enfin la teneur du questionnaire. Je ne l'ai pas revu en détail et au moment de la sortie sur jol des points précis avaient été soulevé en contestant en partie la pertinence.
Je ne prendrais qu'un exemple : pourquoi venez-vous sur sl ? Et dans l'analyse vous reprenez le résultat en affirmant que la majeure partie y va pour le divertissement. Alors c'est un peu court, c'est du déclaratif, et on n'est pas obligé de les croire. Il aurait fallu un croisement de questions moins directes pour essayer de valider cette réponse. Bon, j'ai moi même répondu pour le "divertissement". Mais on est pas obligé de me croire.
La question en intro pose bien le problème : sl peut-elle être un moyen d'échapper à sa vie réelle, fuir son modèle pour reconstruire une nouvelle possibilité de vie ? Ou est-ce que de doute façon il n'y a aucun échappatoire possible à soi et à la réalité, et est-ce que nous sommes condamnés à une reproduction des normes en cours.
Vient la mise en place du décor avec l'affirmation que sl n'est pas un jeu mais un métaverse, ce que je tendrais à penser. Bon, je ne reviens pas sur la définition du jeu dans l'environnement social, et des tentatives de normalisation et de restriction de périmètre du jeu sl et rl. Ce n'est pas le sujet.
Première partie sur présentation métaverse, son mode de fonctionnement. Informations intéressantes, surtout pour les lecteurs peu instruits de ce genre de chose.
Peut-être eût-il été intéressant de dire un mot de l'historique et des motivations, du moins celles affichées, des Lindens. Leur contrôle sur le fonctionnement du métaverse ne pouvant être neutre, comme celle de dieux qui après avoir créé le monde s'en serait totalement désintéressés.
Bien sur, ce n'est pas le cas, et vous citez les tables de la lois. Les règles fondamentales des Lindens, les 6 points paraissent raisonnables pour permettre un certain apaisement. Il est assez étonnant de noter que beaucoup de résidents appellent à plus de règles, à plus d'encadrement, et cherchent à en importer d'autres, venues directement de rl, dans un élan normatif au delà des principes de base.
Vous dîtes : "Ce qui est surprenant c’est que les joueurs ne vivent pas cette normalisation, puisqu’ils ne voient pas l’intérêt de comparer SL et RL. Pour eux, les deux sont deux mondes bien différents et rien ne sert de les confronter l’un avec l’autre"
C'est assez surprenant en effet. Aveuglement volontaire ? Façon d'occulter ou de minimiser les motivations qui les poussent à participer, et la manière dont ils le font, aux retentissement que peut avoir leur participation ?
On connaît les limites de l'auto-analyse, d'où la nécessité de telles études. La façon parfois rugueuse d'éviter la comparaison et la réflexion sur les interactions est peut être un reflet du malaise à se confronter au problème.
Bon, je vous taquinais sur le divertissement un peu plus haut, mais force est de constater que dans la discussion vous laissez tomber le divertissement assez rapidement, sur un seul exemple, mettant en évidence la tentation de redistribuer les cartes, d'échapper à son destin, d'effacer les gravures des Parques. Vaine tentative d'échapper à la condition humaine, illusion du contrôle, de la maîtrise.
Comme vous le dites, les modifications de représentation (avatar versus rl) faites concernent uniquement l'individu, et pour qu'il puisse savoir s'il a raison, il faut que les changements ne s'attaquent pas à l'environnement : la question n'est pas de savoir si nous pouvons changer le monde, mais seulement de nous prouver, le monde restant en l'état, que nous aurions pu briller si le destin avait été différent. Fuite et consolation.
Je ne porte ici aucun jugement de valeur. Pourquoi en effet ne pas garder un petit jardin secret, pour la fuite et la consolation (voir le rôle de la religion). Le seul problème pourrait consister en l'utilisation de cet outil comme instrument de contrôle social, dérivatif (comme d'autres possibles : religion, sport, drogue) servant de soupape de sécurité et empêchant tout possibilité de révolte sociale rl, sur le mode "j'en chie rl mais ce n'est pas grave car j'ai mon havre de paix consolatoire".
SL et économie :
Là encore normalisation. Reproduction du modèle économique rl, et on en retrouve les mêmes perversions. Pas de réflexion sur un autre possible. Pour prendre un exemple sur jol, un débat sur le droit d'auteur a agité, faiblement, la communauté. Je ne prends pas partie pour ou contre le droit d'auteur, mais je fais juste remarquer que celui-ci est historique, il n'a pas toujours existé, et alors qu'il peut faire l'objet de discussions contradictoires en rl, il n'y a pas eu de réflexion sur un autre modèle possible dans un monde nouveau. Là encore reproduction de la rl à l'identique, voire même avec des critères de normalisation plus stricts encore.
Les rapports entre les deux mondes
Un élément de réflexion intéressant sur la possibilité de thérapie cognitive comportementale dans des cas de névroses ou de trouble de l'identité sexuelle (ce qui prouve au passage que l'environnement sl est bien autre chose qu'un ensemble de pixels, et que l'humain le charge de bien plus de choses).
Alors là aussi on peut avoir deux visions de la chose. Réponse à une souffrance et soutien, ou élan normatif pour adapter l'individu au monde tel qu'on imagine qu'il est ou qu'il devrait être. Les deux visions ne s'excluent d'ailleurs pas et on peut y voir la reprogrammation de l'individu pour une meilleure adaptation à l'environnement, donc moins de déplaisir, mais en laissant tomber au passage toute velléité de modification de cet environnement. Là aussi, si on voit le mal partout, on peut considérer que la psychiatrie et la psycho peuvent être utilisées comme instruments de contrôle social.
Il serait intéressant d'immerger des psychotiques dans ce genre de monde virtuel et d'analyser ce que cela donne. Il y en a sûrement déjà qui y sont, mais je doute qu'ils fassent actuellement l'objet d'étude.
Par ailleurs on peut imaginer que si sl a des influences sur "des personnalités pathologiques", il en a sans doute aussi sur des personnalités "normales". Imaginer sl comme n'ayant pas plus d'influence sur nous que l'eau sur les plumes d'un canard, sans analyse, semble relever de la méthode coué.
Enfin, une dernière partie, moins intéressante à mon goût, sur l'interculturalité.
Allez quelques phrases extraites :
" En somme dans tout avatar transparaît à l'insu du slifer une partie de sa personnalité, tout n'est pas qu'invention."
"Ainsi, on peut noter que, comme le montre ce phénomène, SL influence nos modes de vie, mais de manière très réduite. A l’inverse, la RL tend à éradiquer la part extravagante et libérée de SL, et ce à tous les niveaux et selon toutes sortes de processus. Il existe donc des échanges entre ces deux mondes mais qui se font de manière déséquilibrés et qui dépendent pour beaucoup du pays, de la culture et de l’intégration des outils informatiques et de communication"
Au total boulot intéressant, qui ouvre plein de pistes pour des études ultérieurs.
Bravo
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