Je le sentis venir plusieurs lieues à l’avance, avide de trouver et éradiquer la cause de tout ces « problèmes » dans la forêt. Il ne mit pas longtemps à trouver…
Lui et ses cinq hommes se baladaient au trot sur le chemin qui traversait la forêt quand, guidé par son instinct, Skan fit s’arrêter ses hommes. Il se doutait de quelque chose. Cela me fit sourire… Cela allait en être que plus jouissif…
-« Restez sur vos gardes ! Ca pue le Chaos par ici… »
Je les observais, tapi dans la pénombre, tandis qu’ils se remettaient en marche, prudemment. Leurs chevaux devenaient nerveux, et leurs cavaliers le sentaient. La route tournait à gauche, et ce qu’ils virent après le virage les fit stopper net. Le cadavre d’une femme, atrocement mutilée et empalée sur un pieu, planté en plein milieu du chemin .Devant elle se tenaient deux hommes, armés de haches, qui contemplaient le corps. Skan hurla.
-« Vous la bas ! Ecartez vous d’elle et lâchez vos armes tout de suite ! »
Les deux hommes se retournèrent. Ils avaient le regard vide mais on pouvait deviner sur leur visage un sourire malsain. Il n’y avait plus une seule parcelle de leurs âmes qui n’était envahie par le chaos. I
ls avaient fait ce qui leur avait semblé bien sur le moment, c'est-à-dire torturer, tuer et empaler ma mère. Bien sûr, c’est moi qui soufflais toutes ses joyeusetés à leurs esprits et c’est en riant qu’ils chargèrent Skan et ses hommes.
Une parade et trois coups d’épées plus tard, les deux frères étaient au sol. L’un décapité et l’autre transpercé de part en part par la lame d’un des hommes du répurgateur.
C’est à ce moment que je fis mon entrée. Je sortis de la forêt en pleurant, comme accablé par les évènements qui s’étaient déroulés devant moi. L’un des hommes de Skan descendit de cheval et naïf, s’approcha de moi.
-« Viens par ici petit, c’est fini, ces hommes ne te feront plus de mal » Me dit-il en mettant sa main sur mon épaule.
Pris d’un doute, Skan voulut lui crier de s’écarter de moi, mais trop tard… Ma dague lui avait déjà traversé la gorge. L’homme s’effondra et tomba à genoux devant moi, son regard perdu dans le mien, se demandant encore ce qu’il lui arrivait. Quel plaisir ! Le premier homme tué de mes mains, c’était encore meilleur que dans mes rêves. Je retirai lentement ma dague, et son sang giclant de sa plaie ouverte, éclaboussa ma veste.
Je profitai de cette occasion pour rassurer Skan sur mon identité, au cas où il aurait encore des doutes. J’enlevais donc ma veste, et arborant fièrement la marque du Dieu corbeau cernant mon nombril, je prononça quelques mots inaudibles pour mon ennemi, encore a une dizaine de mètres de moi.
Les deux hommes qui formaient l’arrière garde de son groupe tombèrent brusquement de cheval quand ceux-ci ruèrent pour éviter l’attaque de mon disque. Cela faisait déjà plus d’un an que j’avais appris à le maîtriser, et il m’obéissait au doigt et a l’œil, assoiffé comme moi de douleurs et de souffrances. Pétrifiés d’effroi, Skan et ses deux hommes restant reculèrent pendant que mon disque, jaillissant des fourrés, se mit à déchiqueter les deux malheureux tombés à terre.
Ils descendirent de cheval, ceux-ci étant trop effrayés pour combattre, s’enfuirent au galop. Skan ne pouvait détacher son regard de ma marque. Il pointa son épée dans la direction de mon compagnon chaotique et dit :
-« Occupez vous de cette chose ! Je m’occupe du gosse ! »
Les deux gardes se retournèrent vers leur chef, blancs comme des linges. Ils étaient épouvantés à l’idée de combattre mon disque mais connaissant le caractère de leur supérieur, ils n’osèrent pas discuter. Je jubilais en sentant la peur parcourir leurs êtres, sentant leur fin approcher.
-« Un gosse ? Tu crois réellement que c’est ce que je suis ? Tu crois pouvoir réellement pouvoir m’affronter seul ? Tu n’as toujours pas compris la puissance de Tzeentch ? Viens avec tes hommes pour me combattre, je ne laisserai pas a mon seul disque le plaisir de la victoire. » Dis-je en rappelant le disque a moi.
Celui-ci m’obéit immédiatement et resta docilement a mes cotés, même si je pouvais sentir qu’il contenait difficilement son envie tuer nos ennemis.
-« Ne t’inquiète pas, tu auras bien d’autres occasions de t’amuser. »
-« Oui ! Tu n’es qu’un gosse, un gamin ! Et tu ne me fais pas peur ! J’ai déjà combattu et vaincu des êtres comme toi ! » Me lança Skan.
Sur ce, il sortit son fusil et visa dans ma direction.
-« Non, pas des « comme moi ». » Criais-je en tendant la main vers eux.
Une flamme pourpre apparut dans ma main et je la lançai vers Skan. Celui-ci sauta et l’esquiva de justesse. Mais ce n’est pas lui que je visais. L’un de ses hommes se tenait juste derrière et s’embrasa aussitôt. Le garde mit quelques secondes avant de remarquer qu’il était en train de brûler et puis hurla de douleur. Des cris abominables résonnèrent dans la forêt et une bonne odeur de cochon grillé parvint jusqu'à mes narines.
Le dernier garde qui jusque la était resté plutôt stoïque décida que finalement la vie valait la peine d’être vécue et qu’il ne faisait pas bon rester dans les parages. Il lâcha son épée et s’enfuit sans se retourner. Skan fulminait.
-« Reviens, pleutre ! » dit-il en pointant son arme vers l’homme qui courrait.
Une violente décharge lui parcourut alors le bras et il dut lâcher son fusil qui tomba sur le sol.
-« Laisse le courir, il faudra bien que quelqu’un raconte ce qu’il s’est passé ici. Mon seul regret sera qu’il ne t’aura pas vu me supplier de t’achever.» Dis-je en marchant doucement vers lui.
Skan tenta de ramasser son arme mais une autre décharge le traversa et le fit s’écrouler.
-« Sens-tu la puissance du chaos s’abattre sur toi ? Sens-tu la fin s’approcher ? »
Je lui attrapai le bras, et malgré mes six ans, il ne put lutter. Son bras cassa au niveau du coude. Skan hurla. Ma volonté le clouait au sol, il ne pouvait résister. Je tenais toujours son bras et continuais de le tordre…
-« Comprends-tu maintenant ton erreur ? »
Il serrait les dents, me regardait droit dans les yeux. Je pouvais entendre ses pensées. Douleur, souffrance, il essayait de les oublier. Il pensait à autre chose…
-« Ne t’inquiète pas Skan, je sais que tu penses a ta femme et ta fille… Elles subiront le même sort, je te le promets. »
Il hurla de nouveau, non pas de douleur, mais de rage.
-« Ne les touche pas ! Salopard ! Si tu oses… »
-« Oui ? Et que crois-tu pouvoir faire ? Regarde ton bras… »
Skan obéit et vis la même flamme qui avait dévoré le cadavre à ses cotés embraser son bras. Il hurlait de plus belle pendant que le feu de Tzeentch consumait ses chairs.
Quelle douce mélodie… Les cris, les pensées d’horreur qui envahissaient son âme… Tout comme le corps de Skan qui prenait feu, une autre chaleur envahissait mon corps… L’ivresse du pouvoir, la puissance du Dieu Corbeau qui s’écoulait dans mes veines… La marque sur mon ventre se mit à rougeoyer.
-« Contemple, Skan. Le symbole de ta défaite… Le symbole de ton impuissance… Tu ne peux qu’abandonner le combat… Dis le."
La douleur parcourait son corps. Insupportable souffrance… Je fis parvenir des visions a son esprit…Pendant qu’il hurlait a la mort, des centaines d’images de sa famille massacrée… Il essaya de fermer les yeux, mais rien n’y fit. Elles étaient toujours la, mutilées, torturées… Tout ce que mon imagination débordante pouvait trouver pour faire souffrir..
-« Arrête …Arrête ça….Je… J’abandonne… » Furent les seuls mots compréhensibles au milieu des cris de désespoir.
Le reste de son corps prit feu a son tour.
Ainsi finit Skan.
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