Publié par
Louis La Brocante
Au lycée c'est clairement un rapport de domination, d'obéissance et de vanité (des profs et des cpe). Même si certains élèves peuvent leur casser les pieds je le conçoie.
A la fac les rapports sont plus égaux et j'avais enfin l'impression d'être traité comme un homme, pas de donneurs de leçons, pas de jugements. D'ailleurs on ne m'a plus jamais crié dessus depuis le lycée

Bah c'est normal. Si on t'avait crié dessus à la fac, c'est que tu aurais eu un drôle de problème. Le monde universitaire et le monde du secondaire n'ont rien en commun de ce point de vue. Faut pas comparer ce qui ne peut l'être.
Au lycée, ça n'est pas un "rapport de domination". Au collège non plus d'ailleurs. Ton expérience de la Fac, bizarrement, moi, c'est au lycée que je l'ai vécue, au début des années 1990 (comme quoi...). J'entretiens toujours aujourd'hui une correspondance assez soutenue avec mes anciens profs de Philo, d'Histoire- Géo et de Lettres de mon année de Terminale. A l'époque, le prof d'histoire- géo invitait ceux qui le voulaient au café, où nous parlions des implications géopolitiques du conflit yougoslave (et oui... mais bon, avec nos yeux de l'époque, et notre évidente méconnaissance du fond des problèmes) et de la manière dont l'Europe ne parvenait pas à avoir une ligne politique commune sur le règlement de la question. Bref, tout ça pour dire que je n'ai jamais eu le sentiment d'avoir des aigris autour de moi, ou des types vaniteux, ou des types qui exerçaient un rapport de domination (j'avoue que les mots employés m'ont un peu fait tiquer).
Le problème est surtout, que notre société (et donc l'institution scolaire, tout particulièrement, puisqu'elle a en charge des mineurs) se judiciarise massivement. Aujourd'hui, l'administratif pense en terme de conformité aux textes de lois (ça, ce n'est pas nouveau : le culte du règlement), et pense "responsabilité" civile ou pénale. Hier, réunion de 4 heures (cette semaine, réunion tous les jours... Je fais du 8 h / 19 h tous les jours, sauf du 8 h / 17 h hier...) sur différents problèmes. Plus d'une heure entière a été consacrée à l'importance de l'appel nominatif au début de chaque cours, et aux responsabilités des profs en cas de problèmes... On nous a fait l'intégrale des différentes situations dans laquelle notre responsabilité pourrait être engagée, avec rappel de procès à chaque fois... Bah, je pense qu'il vaut mieux se reconvertir dans le droit en fait... C'est plus porteur. Rebelotte ensuite sur les conseils de discipline et les sanctions, et sur les commissions d'appel, avec l'anecdote croustillante d'un juriste qui a fait casser une commission de discipline sous prétexte que le rapport était écrit en "jargon" illisible des parents d'élèves (ce qui montre bien l'ampleur de la mauvaise foi, ou le sens de l'humour très particulier de cette profession... parce que question jargon, les juristes, ils sont forts...).
Du coup, l'administratif encadrant le travail pédagogique qui se fait en classe, et déterminant une partie du rapport que le prof peut avoir avec ses élèves, met de plus en plus la discipline et la sécurité au centre de "l'espace classe", parce que la responsabilité des enseignants (et des établissements) est directement engagée sur de nombreux points (d'où un gonflement des horaires de travail d'une manière détournée, à grands coups de réunions et de paperasse toujours plus lourde et complexe...), et que les procédures judiciaires contre les enseignants ne cessent de croître d'année en année (les cotisations aux différentes autonomes et amicales ont pris une forte hausse ces deux ou trois dernières années : dans mon établissement, la cotisation est passée de 19 à 22 euros entre l'an dernier et cette rentrée du simple fait des procédures judiciaires, qui monopolisent désormais un avocat à temps plein). Et de plus en plus souvent, pour des motifs futiles ou illégitimes... Et comme le parent est aussi un votant, le politique ne se presse pas de lui dire que, dans bien des cas, il fait de la merde et attaque pour des raisons de merde, parce que son gamin peut aussi (pourquoi pas ?) s'avérer être un petit con prétentieux et caractériel.
C'est bien gentil et mignon ensuite de parler de rapports de "domination", d'aigreur des profs ou de "vanité"... Ca peut se comprendre, dans la mesure où la grande majorité des gens (et des personnes qui s'expriment sur ce forum) n'ont d'expérience de l'école qu'une expérience d'élève, qui, bien qu'elle soit intéressante, n'en demeure pas moins plus que limitée sur le système et la manière dont il fonctionne. Et je vous rassure, il fonctionne en marchant sur la tête... Mais bon, nous, de toute manière, ça fait des années qu'on est entre le marteau et l'enclume, et je suis certain que dans quelques années, je répondrai toujours les mêmes choses... aux mêmes clichés.
Dernier point sur l'obéissance et la discipline : sans elles, AUCUN travail en classe n'est possible. Ca ne va pas plus loin que ça, et RIEN ne se peut sans l'acceptation par les profs et les élèves de règles communes de fonctionnement. Venir chialer à la tyrannie dès qu'une règle est annoncée est vraiment d'un égoïsme et d'une puérilité sans limites. A la fac, s'il n'y a pas de discipline, c'est parce qu'il n'elle n'y a pas de raison d'être, tout simplement : ceux qui n'ont pas de motivation ne viennent pas, et ceux qui ne sont pas à leur place ne restent pas longtemps de toute manière. Mais je me souviens quand même avoir vu un mec se faire littéralement humilier et mettre plus bas que terre un jour dans un TD d'agrégation à la Sorbonne...