Putain ça doit être un supplice pour toi d'aller au cinéma. Ou alors c'est pour faire genre.
Oui, je déteste le cinéma. D'ailleurs je ne dois tourner qu'à 3 films par jour en ce moment, comme je suis en vacances. Non mais je ne regarde pas les films en regardant où est placée la caméra, à part quelques-uns comme ceux d'Antonioni, où il est clair que le réalisateur nous parle directement de par ses angles et son montage. Mais évidemment, ça n'est pas du cinéma qui fait rigoler, donc ça n'a pas d'intérêt.
Dans le cas de Michael Bay, je ne faisais que répondre à la phrase que j'ai citée, qui disait en gros : "il filme bien". Pour moi la réponse est non, et je sortais des exemples. A vrai dire je suis totalement bon public, je regarde et apprécie tout et n'importe quoi, aujourd'hui je me suis fait
Basket Academy avec Martin Lawrence et
Wishmaster 2, que je n'ai pas détestés. L'idéal dans le cinéma de divertissement, d'action, c'est justement lorsqu'on ne remarque
pas la caméra.
Chez Cameron, on ne la remarque pas. Dans
Terminator II, tout est fluide, coulé, au service de l'action. Dans la célébrissime poursuite camion / moto, il y a un nombre pas possible d'angles de caméras, ça va à toute vitesse. Pourtant à aucune seconde le réalisateur ne se laisse aller à délirer, à placer sa caméra n'importe comment, etc. Là c'est de l'excellente réalisation d'action, tant cadrages, éclairages, montages sont extrêmement bien mélangés pour en mettre plein la vue au spectateur. Dans un
Matrix, par exemple on
remarque la caméra, dans le
bullet time, mais au final les mouvements de caméras virtuoses et inhabituels sont peu nombreux, le but étant clairement lors de ces séquences d'emmener le spectateur dans un léger moment d'onirisme, d'irréel. C'est
maîtrisé.
Chez Bay, on se retrouve avec un nombre incalculable de plans
choquants. Je pense à la bombe dans
Pearl Harbour, je pense au baiser avec coucher de soleil et moto en ombres chinoises sur fond d'Aerosmith dans
Armageddon, je pense à à peu près tout
Bad Boys II, où là vraiment, je ne peux m'empêcher de penser que ce mec fait strictement n'importe quoi avec sa caméra. Dans ce même
Bad Boys II, alors que j'étais presque en train de trouver ça regardable, il y a une poursuite. On n'y comprend strictement rien, mais rien. On veut en mettre plein la vue au spectateur, et on multiplie les plans, et on le largue sur place. Il y a une surenchère du
plan choc, on veut en mettre partout, tout le temps, on veut en foutre plein la vue au spectateur et ça ne sert pas l'action.
Pour généraliser et reprendre ce que disait kariboubou, il faut arrêter avec cette théorie du cinéma-divertissement comme règle. Ca n'est pas parce qu'on fait du cinéma volontairement léger, rempli d'action, explosif, même, qu'on arrive à divertir son spectateur. Je ne crois réellement pas qu'il faille laisser son cerveau au vestiaire en voyant un film. Le vrai cinéma de divertissement existe, mais c'est pratiquement ce qui est le plus dur à réussir. Prenons l'exemple de
Pirates des Caraïbes. J'y allais à reculons, mais j'ai passé en voyant le premier un agréable moment. Là, toutes les conditions du cinéma de divertissement réussi sont remplies : mise en place de chaque personnage, montée de l'action, classicisme total de la réalisation,
climax efficacement monté en sauce, voilà une jolie petite mécanique. Dans le deuxième épisode, rien de tout ça : de l'action, de l'action, de l'action, un dénouement grotesque, aucune mise en perspective (par exemple, on n'apprend pratiquement rien des personnages principaux), etc, on cherche le divertissement à tout prix et moi je me suis ennuyé.
Et pour répondre à la petite pique sur ma façon de voir les films, toutes ces constatations se font
a posteriori. La règle principale pour aimer un film, c'est et ce sera toujours
j'aime ou
j'aime pas. Mais au bout d'un moment, après avoir vu pas mal de films, lu quelques livres, on finit par comprendre
pourquoi on aime ou
pourquoi on aime pas.