Mai 1968

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Sarkozy vient de déclarer qu'il avait l'intention de tourner la page de mai 68, responsable selon lui de tous les maux de la société française, ainsi que le rapporte cet article du Monde

Citation :
La morale, après 1968, on ne pouvait plus en parler. Pour la première fois depuis des decennies, elle a été au coeur d'un campagne"
[...]
"les héritiers de 1968", accusés de "relativisme intellectuel et moral". "il n'y avait plus aucune différence entre bien et le mal, le beau et le laid, le vrai et le faux, l'élève valait le maître", a-t-il ironisé.
[...]
Les héritiers de mai 1968 sont même responsables, selon Nicolas Sarkozy, de la "dérive du capitalisme financier". "La contestation de tous les repères éthiques a preparé le terrain des parachutes dorés et des patrons-voyous."
Cela fait de longues années que la droite, et une partie de la gauche comme du centre, a sonné la charge contre Mai 68, ses héritiers et ses valeurs. Les uns dénoncent le laxisme et le relativisme, d'autres critiquent les libéraux-libertaires et la pensée unique, d'autres s'attaquent à ceux qui ont changé de bord, passant du col Mao aux couloirs du Medef.
Mai 68 serait responsable de la crise de l'école (la faute aux "pédagogiques" et aux réformes qu'ils ont promus) et de l'autorité en général. Mai 68 serait coupable d'incarner l'hédonisme et l'individualisme, aux mépris du bien commun. Bref, mai 68, c'est le mal, il faut revenir à ce qui se faisait avant.



Mais on peut vouloir creuser un peu ce débat : mai 68, c'est la conjonction de deux mouvements qui n'en font qu'un :

  • celui des salariés en grève qui exigeaient une augmentation de leur salaire (ils auront +50 pour le SMIC) et qui ainsi entrent dans la société de consommation, et adhèrent à la classe moyenne.
  • celui des étudiants et de la jeunesse, qui pour la première fois accédaient en masse à l'enseignement supérieur. Là encore, c'était la conséquence d'une réduction des inégalités, et d'une élévation sociale d'une large part de la population.

On aura compris que, d'une manière générale, la droite rejette les avancées sociales de mai 68, surtout depuis le virage néo-libéral de la fin des années 70. Les réductions du temps de travail et l'augmentation des salaires sont devenues anathèmes, rien de neuf, ni de très surprenant.

Mais c'est le rejet des autres aspects de mai 68 qui est plus intéressant, parce qu'il est partagé aussi par une partie de la gauche, peut-être même, plus ou moins, par Ségolène Royal. Quelles étaient donc ces affreuses revendications des étudiants de 68 ?
* l'imagination au pouvoir : étrange, alors qu'on ne parle jamais autant de la nécessité d'innover. On glose sur le modèle américain, mais si on regarde les mentalités de la Silicon valley...
* interdit d'interdire. C'est sans doute le point central de la remise en cause actuelle, tant à gauche qu'à droite. Mais était-ce le coeur de ce qu'était mai 68 ?
* soyons réalistes, demandons l'impossible : ah, l'affirmation d'une exigence d'utopie, de rêve. On comprend que, depuis le TINA martelé par Tatcher, cette exigence soit insupportable pour la droite. Mais pour la gauche ?

N'est-il pas surprenant que ce pays, ou du moins une partie de ce pays, déclare vouloir rejeter mai 68 au moment même où ceux qui avaient 20 ans prennent le pouvoir ? Les baby-boomers sont devenus des papy-boomers, ce qui dans notre gérontocratie signifie qu'ils vont détenir enfin les plus hautes responsabilités. On peut y voir une logique générationnelle : après s'être révolté pour affirmer leur existence, ils doivent logiquement décrédibiliser toute véléité d'imitation chez leurs cadets, maintenant que ce sont eux qui parlent dans les micros et commandent aux CRS.

Une autre possibilité est celle de la revanche : Sarkozy en 68 ne jetait pas de pavés, bien au contraire. Pour tout ceux qui n'ont pas digéré la remise en cause de l'autorité de l'époque, des hiérarchies et des convenances, le moment est peut-être venu de rétablir la société de classe que les 30 glorieuses et mai 68 ont abolie. En effet, les inégalités se sont re-creusés comme jamais. Un lumpen-prolétariat massif a été créé dans les banlieues. Les classes moyennes peuvent être maintenant précarisées à leur tour, renvoyées à leurs places de jadis, tandis que tout le pouvoir sera rassemblé entre les mains de la haute société. En chantant la mort de mai 68, on chante aussi la fin d'un idéal démocratique et le retour à un ordre aristocratique.

ça fait beaucoup d'interprétations possibles, et je suis loin d'avoir tranché. Quelles sont les vôtres ?
Le mouvement dont a fait partie "mai 68" était mondial et a concerné, pour des raisons différentes, mais proches, l'ensemble des pays "occidentaux".

C'était l'arrivée des baby-boomer, la fin des remous provoqués par le concile Vatican II, la Guerre du Vietnam, le Printemps de Pragues....

C'était surtout l'envie de changer les choses.

On n'en parlerait pas si le gouvernement précédent n'avait pas provoqué le mouvement contre le CPE.

[...] Sarkozy veut juste récupérer le vote des partisans d'un ordre juste pour eux.
Citation :
Publié par Eored
Le mouvement dont a fait partie "mai 68" était mondial et a concerné, pour des raisons différentes, mais proches, l'ensemble des pays "occidentaux".
On peut faire un lien avec Prague, voir avec la révolution culturelle...

Citation :
C'était l'arrivée des baby-boomer, la fin des remous provoqués par le concile Vatican II, la Guerre du Vietnam, le Printemps de Pragues....

C'était surtout l'envie de changer les choses.

On n'en parlerait pas si le gouvernement précédent n'avait pas provoqué le mouvement contre le CPE.
Je ne pense pas : Luc Ferry avait déjà attaque mai 68, et c'est une antienne qui a déjà quelques années....
Citation :
[...] Sarkozy veut juste récupérer le vote des partisans d'un ordre juste pour eux.
Je viens de l'écouter, il se présente en candidat anti-système, opposé aux médias...
Résumer mai 1968 a 2-3 revendications pour contre attaquer ca te ressemble bien.
L'esprit soixante-huitarde, c'est aussi la drogue en libre circulation, la sexualité débridée avec les maladies et les enfants sans père, le désir de ne pas travailler, un mode d'éducation des enfants basé sur l'absence d'autorité parentale...

Mai 68 et la pensée hippie sont surement encore des modèles pour beaucoup de jeunes, c'est pas pour ca que tous considère cette époque comme une période de bonheur hein.
Citation :
Mais on peut vouloir creuser un peu ce débat : mai 68, c'est la conjonction de deux mouvements qui n'en font qu'un :

celui des salariés en grève qui exigeaient une augmentation de leur salaire (ils auront +50 pour le SMIC) et qui ainsi entrent dans la société de consommation, et adhèrent à la classe moyenne.

celui des étudiants et de la jeunesse, qui pour la première fois accédaient en masse à l'enseignement supérieur. Là encore, c'était la conséquence d'une réduction des inégalités, et d'une élévation sociale d'une large part de la population.
Je te fais remarquer que ton deuxième point n'est pas vraiment un mouvement, plutôt un état de fait. Le mouvement des étudiants de 68, c'est plus le fait qu'ils étaient contre. Contre quoi, ça c'est une vaste question et c'est ce que je reprocherais aux 68ards.
Citation :
Publié par Turgon
Je te fais remarquer que ton deuxième point n'est pas vraiment un mouvement, plutôt un état de fait. Le mouvement des étudiants de 68, c'est plus le fait qu'ils étaient contre. Contre quoi, ça c'est une vaste question et c'est ce que je reprocherais aux 68ards.
Pour les étudiants, ça a commencé par un problème très concret, la libre circulation pour les filles et les garçons dans les résidences universitaires, qui est représentative de la situation des étudiants à cette époque.

allez, un peu de lecture :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mai_68

Pour les mouvements étudiants, je pense que c'était surtout un conflit de générations.

Une de ses principales conséquences, c'est peut être l'élection de Mitterand en 1981. Sarkozy a une vision super à droite de Mai 68 dans son discours. Peut être que c'est fni les appels au centre maintenant?
Citation :
Publié par cygnus
Résumer mai 1968 a 2-3 revendications pour contre attaquer ca te ressemble bien.
Je ne vais pas non plus faire 12 pages... C'est déjà trop long AMHA.
[quote]
L'esprit soixante-huitarde, c'est aussi la drogue en libre circulation, la sexualité débridée avec les maladies et les enfants sans père, le désir de ne pas travailler, un mode d'éducation des enfants basé sur l'absence d'autorité parentale...
[quote]
L'assomoir n'a pas attendu mai 68, et les traffics de beu dans les cités ont pas grand chose à voir, pas plus que la cocaine des soirées jet-set.

Citation :
Mai 68 et la pensée hippie sont surement encore des modèles pour beaucoup de jeunes, c'est pas pour ca que tous considère cette époque comme une période de bonheur hein.
Mélanger hippie et mai 68, c'est un peu une erreur approximatif... Il y avait peu de hippies chez les sorbonnards.

edit : le sujet est autant le rejet de mai 68 et ses causes, que les conséquences et la nature de mai 68.
Citation :
Pour les mouvements étudiants, je pense que c'était surtout un conflit de générations.
C'est pas vraiment une excuse. Que voulaient les étudiants ? Mai 68 se résumé à un conflit de générations ?
Citation :
Publié par Turgon
C'est pas vraiment une excuse. Que voulaient les étudiants ? Mai 68 se résumé à un conflit de générations ?
Pour les étudiants oui, ils en avaient ras le bol.

On a du mal à s'imaginer qu'à cette époque, être étudiant, ça voulait pour certains dire vivre dans la misère. C'est vrai qu'en nous bassinant avec du "c'était mieux avant", on ne s'en souvient pas.

Après les violences, comme d'hab, j'imagine que ça s'est emballé, CRS SS tout ça.
Citation :
Publié par cygnus
L'esprit soixante-huitarde, c'est aussi la drogue en libre circulation, la sexualité débridée avec les maladies et les enfants sans père, le désir de ne pas travailler, un mode d'éducation des enfants basé sur l'absence d'autorité parentale...
et les MST chopées dans les Bordels elles comptaient pas ?

La libération sexuelle allait de pair avec la contraception donc pour les enfants sans père, je suis pas certain :S

L'absence d'autorité parentale, pourquoi ? Parce que les parents n'ont pas le temps d'être là entre le RER, les 8 heures à l'Usine et le Samedi après midi à Carrefour ?

La drogue en libre circulation ? Bof, l'alcool est toujours en vente libre à ce que je sache non.

C'est vraiment à gerber comme résumé de mai 68 et du Summer of Love...


@Au dessus : Les étudiants dans la misère, y'en a aussi aujourd'hui. Les étudiantes qui font des pipes, les étudiants qui mangent des nouilles un jour sur deux, ceux qui bossent comme des cons chez MacDo et révisent entre 23heures et 4 heures du matin ...
Je crois que ce qui caractérise le plus la génération soixantuitarde, c'est avant toute chose l'ultra égoïsme, et l'individualisme forcené dans tout ce qu'il peut avoir d'immonde dans son exagération. Je pense que la chose est assez évidente car nous avons pour le voir à présent 40 ans de recule. Le masque est tombé.

Regardez plutôt. Les soixantuitards ont libéré les moeurs, quand ils furent en âge de copuler. Ils ont fait les années frimes et fric de la décennie 80 lorsqu'ils sont devenus cadre d'entreprise. Et maintenant que les voila vieux, en âge de prendre leur retraite, ils découvrent tout à coup les bien fait de l'ordre et de la sécurité. C'est génial non ?

Enfant du baby boom les soixantuitards font largement la pluie et le beau temps de la vie politique, d'hier et malheureusement d'aujourd'hui. En démocratie c'est le nombre qui l'emporte. Et vous pouvez faire confiance aux ex cheveux long aujourd'hui atteint de calvitie, cette génération de nouveaux petits vieux sait parfaitement de quel coté est son intérêt.

De mémoire, et croyez que j'ai bien réfléchit à la chose, aucune génération ne fut si égoïste que la génération soixante huit. Il suffit pour s'en convaincre de regarder l'état désastreux dans lequel se trouve par exemple la famille.

L'école quand à elle, je veux dire l'éducation nationale, n'a jamais de toute son histoire reçu de financements aussi élevé. C'est le premier budget de la nation. Elle n'a jamais non plus fait aussi peu recette. Devenue la patrie du laxisme et des apprentis sorciers des méthodes pédagogiques, l'école publique est pour des millions d'enfants aujourd'hui un dortoir ; enfin soyons gentil, disons plutôt une garderie, la plus chère de la planète.

Notez que je n'ai rien contre les garderies. Il en faut et il y en a. Par contre j'ai quand même une dent contre les experts de la pédagogie. Vous savez, ces gens qui nous explique depuis trois décennies des méthodes éducatives qui ont complètement échoué.

Alors évidemment certain diront que l'on doit à mai 68 la libération des moeurs. Et en effet beaucoup de tabous sont tombés avec cette génération. Cependant il en reste encore quelques un, comme la pédophilie : manque de chance pour le premier des soixantuitards.

Citation :
Publié par Daniel Cohn-Bendit
« Il m’était arrivé plusieurs fois que certains gosses ouvrent ma braguette et commencent à me chatouiller. Je réagissais de manière différente selon les circonstances, mais leur désir me posait un problème. Je leur demandais : Pourquoi ne jouez-vous pas ensemble, pourquoi m’avez-vous choisi, moi, et pas d'autres gosses ? Mais s’ils insistaient, je les caressais quand même ».
.../...
« J’avais besoin d’être inconditionnellement accepté par eux. Je voulais que les gosses aient envie de moi, et je faisais tout pour qu’ils dépendent de moi ».

source
Je pense qu'on ne supporterais plus de vivre dans une societe telle qu'elle etait pre-68. Je ne peux pas me rendre compte de ce que ca a pu etre, mais je pense que les avancees sociales qu'ont permises ce mouvement etaient tout simplement indispensables.
Y a t-il eu des exces? Probablement, je ne sais pas si un mouvement progressiste de masse peut etre bl;anc comme neige et se faire sans exces aucun. Est-ce que le relativisme est une consequence de mai 68? Probablement un dommage colateral...

Cracher sur mai 68 a cause de quelques exces (interdit d'interdire, pris en bloc sans nuance, par exemple) c'est jeter le bebe avec l'eau du bain.
Il se peut aussi qu'une partie des consequences "negatives" imputees a mai 68 soient probablement dues a un eloignement de l'esprit d'origine. La liberation sexuelle, par exemple, c'etait la liberte de choisir sa/son partenaire, ses pratiques, et de dire non sans etre juge. Mais je rencontre enormement de gens pour qui ca signifie que si tu veux pas faire comme dans un porno, tu es une personne "coincee" (et donc pas "liberee"). Cela signifie que pour ces personnes au moins, l'esprit de mai 68 a devie vers quelque chose de tres different. Est-ce la faute de mai 68? Probablement pas.
Citation :
Publié par Aloïsius
Les baby-boomers sont devenus des papy-boomers, ce qui dans notre gérontocratie signifie qu'ils vont détenir enfin les plus hautes responsabilités. On peut y voir une logique générationnelle : après s'être révolté pour affirmer leur existence, ils doivent logiquement décrédibiliser toute véléité d'imitation chez leurs cadets, maintenant que ce sont eux qui parlent dans les micros et commandent aux CRS.

Corrélativement, le seul moyen des générations suivantes de se démarquer est de contester ce qui ferait l'essence de cette génération (1) c'est à dire la contestation. Génération bof, puis génération morale et maintenant génération ordre, valeurs et morale.

Pile poil l'inverse, pile poil complémentaires.

(1) parce que oui, hein, faut surtout pas rentrer dans les détails. De s'imaginer que la génération des baby boomers est loin d'être homogène. Ni que celles qui ont suivi le sont. Il s'agit de rassembler. De faire dans le gros, le gras, le facile à piger. Le slogan avec des bons gros morceaux d'épouvantail dedans.
Avant mai 68, le service militaire était encore de 1 an et demi, 18mois.

Avant mai 68, les filles n'étaient pas ou peu présentes dans l'enseignement supérieur.

Avant mai 68, on se mariait très tôt, la mariée ou le marié n'avait parfois rien a dire sur le choix de son partenaire. La femme au foyer était le modèle bien sur.
L'éducation sexuelle. ^^
Les filles étaient souvent vierge le jour de leur mariage. Leur connaissance des maladies sexuellement transmissibles était tout aussi vierge. La plupart ne savaient pas à quoi servait un zizi. Trouver une information légale était presque impossible sans risquer de se voir taxer de salope.
La mini jupe de 69? Ya guère que les citadines et les mannequins qui l'ont vu. Au mieux sur une photo.
Le Black Out était total.

Pour en revenir à la femme au foyer, celle ci était passée par l'école communale. En général elle arrêtait ses études à l'entrée au collège. Sinon elle était orientée dans une filière professionnelle:Le Certificat d'Aptitude Professionnelle.
Bien sur quelques unes passaient ce cap. La famille devait quand même être riche. La jeune fille partait le plus souvent en internat dans un collège pour
filles. Les études étaient très chères (à l'américaine), en général comme employer une femme à un poste de responsabilité était hors norme, on l'obligeait a trouver un mari à la sortie de ses études. Souvent beaucoup avouaient faire ses études en espérant juste, améliorer les chances de trouver un bon mari ensuite.

Pour les garçons studieux, le Baccalauréat était la clé de trouver un travail pas trop fatigant et motivant avec un bon salaire. Mais voila, c'était encore plus cher. Comme déjà les collèges avaient plus ou moins bonnes réputation, et moins nombreux qu'aujourd'hui, l'internat était la norme.

Le travail maintenant. En majorité masculin
42 heures minimum. Et vous restez jusqu'à l'heure de la sonnerie. Arriver 5 minutes en retard était une faute professionnel grave. Les retenues sur salaires étaient courantes (depuis c'est devenu illégal) pour le moindre n'importe quoi.
J'oubliais... 42 heures mini, Déplacements non comptés. 6 jours sur 7.

Les comités hygiène et sécurité n'existaient pas. Ni même la prévention des risques du travail. Dans les bureaux c'était cravate, chemise blanche, pantalon repassé. Ne rêver pas de la clim. On ouvrait les fenêtres l'été et stout.
Et pas question d'utiliser le téléphone quand on s'ennuyait (pas portable) on tombait sur le standard de l'entreprise. Et qui auriez vous appeler? Ce téléphone d'hier c'est la ligne internet 100mo aujourd'hui: Rare.
Ben dans les usines, des morts et des blessés, chaque mois une paie pas terrible...

L'idée de cycle de réorientation professionnelle facilité n'avait pas encore fait son chemin. Ouvrier de père en fils, notaire de père en fils, mère de famille de mère en fille.

Vous l'aimez cette période?
La scolarisation de masse avait commencé avant 68, elle en est la cause, je pense. Les mariages de raison, ça a toujours été une très petite minorité, depuis longtemps. C'est pas mai 68 qui nous a apporté internet. La scolarité obligatoire jusqu'à 16 ans, ça date de 1959. Bref, faut pas exagérer dans l'autre sens non plus.
Ce qui est a voir c'est que la scolarité de masse c'est vite arrêté au collège. Pour la suite du cursus, c'était pas encore génial. En revanche à cette période le besoin de plus d'instruction ne se faisait pas sentir par ceux qui voulaient vivre sans ce soucier de regarder son bilan comptable chaque semaine.


La relation au net était une anecdote pour souligner que le téléphone, même pas si rare, était encore un luxe puisque le réseau était en développement.
"Et qui auriez vous appeler? Ce téléphone d'hier c'est la ligne internet 100mo aujourd'hui: Rare."
C'est ce que j'ai écris quelques posts plus haut.

En ce qui concerne les mariages de raisons, ça dépend ce que tu veux entendre.
Les mariages "à défaut de", de la part des filles elle même: parce que le monde du travail à ce moment est sexiste, restreint, rempli d'à priori débile(olol une fille comptable. Olol une fille notaire. Olol une fille médecin); étaient très courant.

Même si pour certains ça parait récent, 1962 (déja 44ans)... 1968 (oula 38 ans)... 2006. Non, en fait c'est vieux.
Alors faudrait un peu lever les lièvres et oublier les fantasmes d'une période jolie jolie pleine de Pamprenelle de Zébulon, et de gendarmes façon St tropez.
De toute façon, c'est devenu "dépassé" d'aimer mai 68.

Hier j'ai regardé Riposte avec Hollande et Raffarin qui représentait Sarkozy. Son discourt était simple, clair et précis : "Travail, Famille, Patrie" (les émissions de ripostes sont disponible au visionnage sur le site de france5). Candidat de la modernité et de la rupture ?
Moi je trouve amusante la fixation des réactionnaires sur Mai 1968, jusqu'à parler "d'une idéologie de mai 68" (au singulier en plus, ce qui ne peut qu'écarter leur propos de toute historicité).

Les évènements de 68 relèvent d'une part d'un effet de mode politique dans la jeunesse en faveur de divers groupuscules communistes révolutionnaires ou anars, d'autre part d'une adaptation à une évolution naturelle de la société (évolution des moeurs), sur laquelle la France avait pris du retard.

L'agitation étudiante de mai 68 n'a rien inventé idéologiquement et n'a eu aucune influence particulière si ce n'est accélerer des mouvements de fond. Les pays occidentaux, y compris ceux où la Sorbonne locale n'a pas été occupée, ont évolué de la même manière, avec une influence et d'éventuels excès de la contre-culture semblables. La seule chose que montre mai 68 c'est que la France était particulièrement arriérée pour qu'il faille passer par l'affrontement pour que l'évolution des moeurs commencée dans les années 50 soit (très partiellement) entérinée par le gouvernement. On peut même se demander si sans les barricades de 68 et la réaction pro-gaulliste qui s'ensuivit les choses ne seraient pas allées plus loin. Mai 68 aura eu finalement surtout l'effet pervers de faire se rencontrer et s'assimiler le mouvement de fond pour les libertés individuelles et des idéologies d'extrême-gauche à vocation totalitaire et n'excluant pas la violence comme moyen d'action, là où dans d'autres pays c'est à travers le Flower Power que s'est imposée la même évolution, sans complaisance pour les dictatures maoïstes ou autres. A ce niveau l'histoire aura montré que ceux qui critiquaient le stalinisme de leurs aînés étaient tout aussi près à verser dans le culte aveugle de tout autre leader étranger providentiel, un mal français (qui subsiste d'ailleurs à l'extrême-gauche a ceci près qu'on ne voue plus d'adoration qu'à des leaders morts sans avoir exercé trop de pouvoir, Trottski demeure ainsi fréquentable il n'a que le sang des koulaks et des anars de Kronstadt sur les mains, le Che aussi qu'on imagine on ne sait pourquoi meilleur que son maître Fidel).

A coté de ça, l'autre mouvement de 68, témoigne d'ailleurs de la même arriération de la société française d'alors. La faiblesse du dialogue sociale qui a forcé les syndicats à tout bloquer pour que les salariés reçoivent leur part de la croissance. Et là encore ça s'accompagne d'un culte douteux de l'étranger, vu que là ce sont des communistes sans regard critique sur les pays de l'Est qui mènent la danse.

Enfin donc pour en revenir au sujet l'idéologie de 68 n'existant pas au singulier, je ne puis avoir d'avis dessus. Par contre ce mouvement me semble avoir été très révélateur de problèmes français, qui ne sont d'ailleurs pas totalement résolus de nos jours. A savoir une société trop sclérosée pour évoluer dans un sens progressiste sans passer par l'affrontement, et la dérive radicale que cela entraîne, ce qui finalement favorise la réaction qui trouve sa justification dans les excès. A ce niveau l'obsession anti-soixante-huitarde actuelle étant elle même excessive, je pense qu'elle aura pour principal effet de nous faire un pas de plus dans ce cercle vicieux. Sauf surprise démocratique ce n'est probablement qu'une nouvelle explosion qui nous sortira de la nouvelle sclérose, et seulement pour nous faire continuer sur notre rythme de 2 pas en avant / un en arrière.
Bien que le débat soit intéressant, le fait que cette période ait été cité par sarko à t-il vraiment une importance ?

Ces discours sont truffés de références délirantes à des personnalités ou des faits historiques n'ayant d'autre fonction que de frapper les imaginations des masses incultes.

Alors aujourd'hui Mai 68, demain on va avoir droit à Austerlitz ... ou peut-être Waterloo.
Citation :
Publié par Faerune Stormchild
Avant mai 68...
Ah, c'est mai 68 qui a changé tout ça ? Ben mince alors, en fait mai 68 c'est le Messie de l'évolution logique économique et politique de la France.

Ou alors comme je le crois, cette évolution, bien que mai 68 soit un électrochoc, est une marche normale qui conduit à notre époque contemporaine.

@ Merel : + de 30% de masses incultes. Heureusement que tu es là pour les aiguiller sur le droit chemin... Quelle magnifique vision de tes concitoyens... Quel sens démocratique, c'est touchant...
Citation :
Publié par Racen
@ Merel : + de 30% de masses incultes. Heureusement que tu es là pour les aiguiller sur le droit chemin... Quelle magnifique vision de tes concitoyens... Quel sens démocratique, c'est touchant...
Moi qui pensais que l'électorat de "droite" était plutôt composé des riches, des professions libérales et des cadres. Qu'à cause de cela ils finissaient par en oublier les honnêtes travailleurs, tout bardés de diplômes qu'ils sont.

A moins que la généralisation abusive de Merel ne bute sur quelque contradiction.
Citation :
Publié par Racen
@ Merel : + de 30% de masses incultes. Heureusement que tu es là pour les aiguiller sur le droit chemin... Quelle magnifique vision de tes concitoyens... Quel sens démocratique, c'est touchant...
30% c'est toi qui le dit, pas moi. Ce n'est pas ma vision de mes concitoyens, mais plutot celle de Nicolas Sarkozy dont je parle ici.

Ceci dit si tu veux argumenter que 100% des Français ont assez de bagage culturel pour s'y retrouver dans le fatras sans nom de references démago de NS.

Je suis prêt à en débattre et à mon avis tu a une vision idyllique de la question.

Je suis sur qu'un % non negligeable de gens ne savent meme pas ce que démagogique signifie.

Tu vis peut-etre entouré de sages et de lettrés, moi je sors dans la rue des fois.
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