Publié par kermo
n`importe quelle organisme pour se perpétuer doit conserver une certaine structure (typiquement droits/devoirs) qui lui assure sa stabilité.
C'est pas seulement ça, me semble kermo, c'est aussi affaire de cohérence, ce que j'essayais d'aborder mais sans succès. L'existence de la norme en elle même ne suffit pas, encore faut-il qu'une norme ne travaille pas contre une autre pour que l'alchimie fonctionne.
Le cas Sarkozy a propos de 68 est révélateur de cela. La grosse majorité de ce qu'il propose sur le plan socio-économique est directement issu du mouvement dit de "68". Une grosse partie de ce qui constitue le fondement des droites occidentales modernes, ne vient pas des transformations de ses traditions les plus anciennes, ce que toutouyoutou aborde peu dans son propos, mais bien des mouvements anarcho-libertaires et contestataires, en particulier ceux de la côte Ouest des Etats-Unis. Ce que Sarkozy prétend récuser de 68, il l'assimile en réalité complètement. En prétendant rejeter 68, il raconte tout simplement n'importe quoi.
Enfin n'importe quoi, plus exactement il ne faut pas donner d'importance à ce qu'il dit au delà d'une tentative pour récupérer ceux qui appartiennent encore à la droite conservatrice ainsi qu'une récupération des miettes de la droite gaulliste qui a toujours une grosse rancoeur envers 68 (n'est-il pas allé le 17 avril à Colombey, mais la bonne blague quoi). Sarkozy ne fait que ratisser large, pas la peine de chercher midi à 14 heures.
Parce que chercher une quelconque cohérence là dedans c'est s'engluer dans le dilemme propre par exemple au néo-conservatisme. Où l'on hésite sans cesse entre parler de cynisme absolu ou de crétinerie loufoque. On en peut pas à la fois prôner le retour des valeurs traditionnelles de droite conservatrice voire réactionnaire (autorité, ordre, identité, travail...) et avec l'autre main provoquer exactement l'inverse à grand coup de politiques de sabordage.
Toutouyoutou avait raison plus haut de mettre le holà sur la comparaison des propos Pétain et Sarkozy. Une telle comparaison n'a pas de sens. La vision de Pétain était une vraie saloperie mais elle était cohérente de bout en bout, tout ce qu'il faisait allait dans le même sens. Sarkozy lui en est à des kilomètres, il n'y aucune cohérence sociale ni morale derrière son propos.
C'est bien ce que certains soulignent, il cogne sur un 68 de discussion de comptoir quoi, la Sorbonne, les bagarres contre les CRS et Grenelle. Or ça c'est la partie émergée de 68, la profondeur des changements dans la société (en fait toutes les sociétés occidentales développées) qui prennent place à partir du milieu des années 60, et ce dans tous les domaines, n'auraient en rien pu être déclenchés par quelques étudiants et quelques jours de grèves. En France on parle de 68 pour qualifier quelque chose de beaucoup plus profond et long que quelques échauffourées.
Sarkozy évoque 68 comme De Villiers évoque la Révolution, pour l'un 68 c'est des hippies gauchistes fumeurs d'herbes et agités et pour l'autre c'est une période où on a coupé des têtes. Le fond du propos est le même ; démagogie donc raccourcis fumeux.