Concernant les noms de bled savoyards et haut-savoyard, ainsi que les frontaliers (à savoir donc Chamonix, Avoriaz, Oyonnax, La Clusaz, Viuz-en-Sallaz, Marcellaz, Aviernoz, Chevenoz, Charvonnex, Chênex, La Motte-Servolex, Athenaz, Choulex, Onex, Laconnex, Saconnex, Troinex, Certoux etc... et j'en passe une tripotée... )
Il faudrait se référer à l'étymologie de base de ces noms et à la langue qui les a créés.
Le franco-provençal (ou
Arpitan ) est la langue originelle de l'ensemble des régions qui s'étendent de Neuchâtel (Suisse) jusqu'au sud de l'Isère, et du val d'Aoste aux monts du Forez (encore un qui va posé des problèmes de prononciation tiens)...
C'est une langue originale venant majoritairement du latin populaire tel qu'il était parlé dans la région de Lyon à la base, et langue essentiellement orale.
Le savoyard (on arrive à ce qui nous intéresse) est appelé franco-provençal alpin, et c'est un dialecte de l'Arpitan.
Il se caractérise par :
_ une palatalisation de la consonne [k] qui devient [ch]
_ une surabondance de voyelles fermées
_ un amuïssement des voyelles entravées non-accentuées
_ une évolution comparable au français de /a/ vers /ie/ après la palatalisation
Exemples pour comprendre ces termes barbares étrangers à toute personne n'ayant pas un an en linguistique :
_maison => [mâchon]
_ramasse (=balai en savoyard) => [rmassâ]
_mindya (=manger) => [mdyâ]
_peutet (=enfant) => [ptêt]
_cadere (=tomber) => [tsiere]
sachant que 'y' se prononce [j]
venons-en vraiment au vif du sujet : par rapport à ça quelle est la réelle prononciation que nous devrions donner à Chamonix et Avoriaz ?
La principale source de survivance du franco-provençal se fait dans les noms de hameaux, pays, bourgs et villes de l'aire de diffusion. Les suffixes en -az, -oz (-otz), -uz, -ax, -ex, -ux, -oux, et -ieux (-ieu) en sont caractéristiques.
Ils indiquaient la syllabe accentuée.
La dernière consonne est rarement prononcée, ou bien sa prononciation indique l'origine du locuteur.
Pour les noms multi-syllabiques, “z” indique l'accentuation sur l'avant-dernière syllabe, et “x” sur la dernière , ex : Chanaz: ['ʃɑ.nɑ] (
shana ); Chênex: [ʃɛ'ne] ( shè
né ).
Ce qui penche donc en la faveur d'une prononciation [chamoni] et [avoria]
Le seul souci ce sont les variation de patelin à patelin. Vous n'êtes pas sans savoir que les patois à l'intérieur d'un même dialecte sont franchement différents.
Et bien en Savoie, on ne prononce quasiment pas donc ces syllabes finales en fin de toponyme ou de patronyme.
Et comme par hasard, en Haute-Savoie, au fin fond des bleds les plus paumés dans la brousse, là où les gens sont originaires depuis plus de 600 ans de la même maison, et bien on les prononce. Dans certains endroits de Suisse aussi d'ailleurs.
Si bien que mon patronyme, se retrouvant, affublé de ce délicieux suffixe, se retrouve prononcé [******az], itou pour tous les patronymes de mon village d'origine.
Et les professeurs de français de mon collège lyonnais se sont mesurés à mon courroux quand, croyant appliquer la bonne règle française constituant à taire cette consonne pirate à la fin, ils s'autorisaient, malgré mes protestations, à systématiquement barbariser mon nom en lui ôtant toute la saveur de ce bourdonnement final me rappelant mes montagnes...