Je suis mort il y a quelques jours…

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Dans mes diverses lectures, j’ai trouvé une expérience intéressante. Je vais la résumer, il s’agissait de passer une journée en jouant en imaginant être mort. Puis une autre en imaginant être revenu à la vie. Dans la première partie, passer du temps à se rendre compte comment le monde continue à tourner sans nous… puis essayer de trouver des aspects de nous dans ce que l’on voit, comme par exemple dans un sourire.


J’ai fait l’expérience en condensé… J’ai passé une heure à me balader en ville, en imaginant être mort. C’est assez étonnant. Bien sûr, on sait très bien, d’un pur point de vue intellectuel, que le monde n’a pas besoin de nous, et qu’il tournerait sans nous, sans même se rendre compte de notre disparition, à part pour le cercle restreint de nos connaissances. À priori, on pourrait dire que l’on a rien à apprendre d’une expérience comme celle-là.


Et pourtant… L’avez-vous pratiquée ? Si, comme je le suppose, la réponse est non, s’il vous plait, tâchez d’avoir l’esprit ouvert. J’ai posté ce message ici plutôt que sur le Bar pour que justement on essaie de garder l’esprit ouvert et que l’on évite les commentaires à l’emporte-pièce.


Bien sûr, je comprends que certains ne voient aucun intérêt à ce genre d’expérience ; nous n’avons pas tous les mêmes centres d’intérêts, ni la même sensibilité.


Pour ceux que cela peut intéresser, je dirais simplement qu’entre savoir intellectuellement que le monde peut tourner sans nous et le vivre, il y a une différence. En se baladant et imaginant être mort, dans cette rue commerçante et animée de Boulogne Billancourt, je regardais les gens. Ce couple, la trentaine, il la tient par la main, ils marchent d’un pas vif, parlent beaucoup et sourient. Ce petit vieux, qui s’appuie sur sa canne, et qui évite le couple. Cette petite fille blonde, que sa maman traîne, et qui dit que c’est pas cher, qu’il faut l’acheter. Cette jeune femme a l’air coquin, qui éveille un désir très vivant ; une foule de gens qui vaquent à leur occupation… J’ai envie de leur dire « Hey, mais je suis mort ! C’est pas normal, vous faites comme si rien ne s’était passé ? » Et le ciel bleu… Quelques nuages légers… Une impression de sérénité, d’éternité à travers un éternel recommencement… Combiens de morts et de naissances, sous ce ciel…


Le monde continue à tourner, sans moi… Et… Je ressens une impression de calme. Oui, le ciel est serein, et quelque part, à travers le vent, les sourires, et même les choses négatives comme ce gaz d’échappement qui pollue… je suis toujours là. À travers ce que j’ai de commun avec les autres humains, les vivants, l’univers, même. Les craintes et soucis de quand j’étais vivant me semblent dérisoires, cela ne m’atteint plus.


Je ferme les yeux. Je sens la brise sur ma peau, j’entends le murmure de la ville. De la vie. J’ouvre les yeux, je renais, je reviens à la vie. Et quoi ? Et bien… Les craintes et soucis d’avant sont toujours là, mais… atténués, plus faibles, je suis heureux de vivre, et même de savoir avec certitude que je n’ai pas la responsabilité de ce monde, il tourne bien sans moi. J’ai la responsabilité de ma vie, de ma relation à moi-même et aux autres, et c’est déjà bien.



Bref, une expérience que je suis heureux d’avoir faite.


Je vous conseille de la faire aussi, si vous en ressentez l’envie. Si, parce qu’il n’y pas d’universellement bon, cela dépend de ce dont vous avez besoin en ce moment.


Je serais curieux de savoir ce que vous inspire cette petite expérience, et si vous même avez vécu quelque chose de semblable, ou de plus fort.
Fake, si t'été mor tu pouré pa écrir sur jol, \0/.

PS: Je vois pas trop ce que ça change de se considérer comme mort... A chaque fois que je me balade dans la rue je regarde les gens et je les imagine vivre sans moi car bon, le fait est qu'ils vivent sans moi.
Arrete la Coke

Tout étant que personnellement, je n'ai rien compris à ton expérience trop matis anthe.

En gros tu as fait l'experience que les gens autour de toi en ont rien à foutre de qui tu es, de ce que tu es et que en gros tu n'ai rien. Et que la maniere de te sentir vivant est la reconnaissance des autres par rapport à toi ? (vu que tu transposes ta mort par le faite que les autres ne font pas attention à toi, ce qui est un chouia different).

[edit]D'ailleurs, en me relisant, je crois me souviendre qu'il y a un bouquin ou une nouvelle sur le theme que personne ne repondent et qu'un gars/fille se croit mort[/edit]
Parfois je fais l'expérience "inverse" si l'on peut dire, de me dire "et si lui mourrait, qu'est ce que ça changerait autour de lui? pour cette amie là, pour sa mère, pour sa petite soeur, pour moi...?"
Et c'est pas mal non plus. Je dois dire que je n'ai aucune appréhension de la mort, mieux, je la chercherai presque; et la conscience de n'etre presque rien est pour moi "evidente", alors je pense ressentir la meme serenité que toi, Soir, en faisant cette experience. Je tenterai d'ailleurs, pour voir reellement, en insistant, ce que ça donne. En tout cas je comrpends tres bien ce que tu ressens quand tu décris les gens, on fait d'un coup tres attention, parce que tu avais dans la tete "je suis mort", donc ton attention pouvait enfin etre porté, vraiment, sur le présent de ce que tu avais en face des yeux, là, dans l'instant.
Je ne saisis pas trop l'intérêt.
Que tu sois mort ou pas, cela n'empêche certes pas le monde de tourner, mais il n'empêche que ça a une petite incidence sur quelques personnes.
Et, effet papillon oblige, ça a finalement une incidence sur le monde, quoique tu puisse en penser.
ça ne l'empêche donc pas de tourner, mais il ne tourne pas tout à fait comme il l'aurai fait dans le cas contraire.
C'est intéressant spécial comme expérience , j'aurais du mal à la refaire car si je sors à pied je vais tomber sur du monde que je connais et en voiture c'est difficile de se mettre dans la peau d'un mort ...

Comment t'aurais fais si tu avais croisé une connaissance ?
Citation :
Publié par Soir
je suis heureux de vivre, et même de savoir avec certitude que je n’ai pas la responsabilité de ce monde, il tourne bien sans moi.
Ton idée, c'est la philosophie du passager clandestin : ce n'est pas grave si je ne paie pas mon billet, ceux qui paient sont bien assez pour financer le coût de la traversée.
Ta philosophie n'est donc pas généralisable. Si tout le monde se met à penser ainsi, en même temps, le monde va vite partir (encore plus) de traviole.
Red face
oui j'ai bu du rhum arrangé ce soir
Non seulement je n'ai pas eu envie de tenter l'expérience, me débattant déjà pour imposer ma "place" en tant qu'individu - mais je la trouve un peu idiote - désolée vraiment.
C'est autrement plus chatouillé de tenter d'envisager l'importance potentielle que nos espoirs et nos utopies pourraient nous permettre d'atteindre. J'parle pas d'une quête d'immortalité ou autre fantasme d'égotique passionné.
Mais... entrevoir à quel point nos actes personnels ne sont pas anodins, dans la vie en société.

Ne serait-il pas plus intéressant de s'imaginer utile et essentiel à la communauté au lieu de minimiser son existence et finalement se laisser disparaître ?

Expérimentons plutôt l'individualisme de protection/lutte face au mouvements de masses, à l'oppression du système économique, et pas cette petite mort sans extase, poussivement mystique ou... je ne sais quoi. Faut vraiment passer par là pour découvrir le beau mouvement de la vie des autres ?
Y'a sans doute d'autres façons de jouer philosophiquement (là je sèche, n'ayant ni le bagage culturel ni les références nécessaires pour te sortir des arguments) afin de développer des prises de consciences nécessaires, mais celle-ci me paraît démoralisante, voire futile... Personne n'est indispensable, c'est un fait, et le monde avancera toujours sans nous, sans toi, sans moi, ni mon voisin Arthus, mais n'est-il pas plus positif de croire en ses possibilités de "création"/actions... évolutions contaminantes ?

(et là non, j'vais pas causer politique toussa, mais etc)
jai deux question. de un, tu a fumer quoi? et de deux, y t'en reste pas un peut soir?
Je ne vois pas en quoi il faudrait obligatoirement passer par l'idée de la mort pour pouvoir se dire que le monde peut tourner sans nous. Il suffit d'un peu d'ouverture d'esprit (qui a dit lucidité ?) pour le savoir.

Ce que tu as fais a l'air de plus tenir d'un trip psycho-morbido-philosophique que de l'introspection profonde.
Ton post est à l'image de ton pseudo, Soir : beau et onirique ; la démarche me semble bien plus spirituelle que philosophique, et elle me paraît empreinte en profondeur d'une grande sensibilité que je ne peux que considérer que comme un immense espoir d'une humanité certaine chez certains de mes congénères, mais si je conçois que ce genre d'exercice en agace plus d'un, laissons-les passer ici leur chemin...

Je ne suis pas d'accord avec Aegis66 lorsqu'il dit que "Ce que tu as fais a l'air de plus tenir d'un trip psycho-morbido-philosophique que de l'introspection profonde."
L'introspection profonde n'étant pas ici le but recherché et l'alternative imposante de restreinte, dans la contrainte d'un sophisme spongieux.

Un peu plus avec Autodafé # pour ces propos embués de vapeurs éthyliques que certains à jeûn devraient pourtant méditer :
"Y'a sans doute d'autres façons de jouer philosophiquement (...) afin de développer des prises de consciences nécessaires"
Comme de passer une journée en se disant "ce sont mes derniers instants, à minuit, je suis mort(e)" ?
D'imaginer durant quelques instants que nous sommes tous potentiellement capables de télépathie ?
De rêver à ce qu'un lien intime nous unisse tous et nous transcende ; la conscience collective d'une âme collective ?

Soir, ton idée me plaît et je vais l'essayer derechef (j'ai quelques dispositions : méchante grippe )


Je reviendrai ici témoigner de l'expérience, si jamais elle s'est montrée concluante


Je l'ai déjà fait, et ma "conclusion" était radicalement différente de la tienne Soir : pour faire le Barien, j'ai grave flippé ma mère. Mais bon il y avait le contexte aussi, rupture douloureuse, il y a 3 ans de celà, perdu dans l'anonymat de la vie estudiantine parisienne.

Je pense également que son expérience / parcours propre de la vie influe énormément sur le ressenti final.

En fait j'avais déjà "essayé" cette expérience une autre fois par le passé, à la mort de mon arrière-grand-père, à mes 5 ans. Mon père affirme que c'est impossible que j'aie le moindre souvenir de cette période et pourtant. Bref, premier contact avec la mort, et réalisation de sa signification : plus jamais mon AGP ne me donnerait de bonbons, plus jamais mon AGP ne se promènerait avec moi, plus jamais mon AGP ne se lèverait, à jamais mon AGP resterait couché, et la vie continue. Ca a été une période de cauchemars assez intenses à l'époque (premiers dont je peux me souvenir, mes nuits n'ont jamais été, aujourd'hui encore, particulièrement roses) jusqu'à ce que j'arrive à une conclusion, je me vois encore très bien à ce moment-là, yeux grands ouverts dans le noir de ma chambre, après l'heure du coucher, à fixer le plafond : la mort, c'était l'anéantissement.

Faire cette expérience plus tard (25 ans, abime sentimental, masse anonyme de passants pressés) était aussi très marquante, significative. Evidemment, on sait qu'on existe, rien que par le fait que les gens vous évitent dans les mouvements de foule. Mais c'est vrai, si on n'est pas un grand de ce monde, notre mort n'aura aucune incidence, a fortiori si vous n'avez plus de famille d'ascendants. Si vous n'avez ni amis ni surtout, de femme (homme) qui vous aime, c'est pire encore : vous disparaissez, mais le monde l'ignore. Le monde ne sait pas que vous existez, hormis dans les profondeurs de l'Administration, ce Grand Tout tentaculaire et impersonnel.

Bref, je n'ai pas aimé. Surtout parce que le mot "anéantissement" et ces rêves d'enfants, je crois même mes premiers vrais souvenirs y sont pour toujours liés. Le jour où je rendrai mon dernier souffle, je n'existerai plus, et c'est quelque chose de terrible en tant qu'idée.
Je fais souvent l'expérience, mais sans m'imaginer être mort (je vais essayer tiens, ça peut-être intéressant ).
En fait, où que je sois, j'observe beaucoup ce qu'il se passe autour de moi.
Hier par exemple, je me suis retrouvé assis 3 h en centre ville (à attendre ma copine qui finalement n'avait plus de batterie dans son téléphone ) a regarder les gens dans la rue, leur comportement, et comment ils passent devant moi sans se soucier de ma présence.
Il se passe la même chose dans le bus, aussi, où en général je ne lis pas, mais je regarde simplement les gens, pour voir "comment ils sont" (il m'arrive de mater aussi, mais c'est un autre sujet. D'ailleurs, le fait que j'observe tout le monde fait que je repère très très vite les jolies... paysages ).

Voilà, de toute façon, comme quelqu'un l'a écrit plus tôt, dans les grandes villes je pense que c'est assez facile de s'imaginer mort, ou inexistant, d'être anonyme. A moins d'être un beau gosse IRL, mais rien que pour cela, je suis content de n'en point être
Citation :
Publié par Kerian
Le jour où je rendrai mon dernier souffle, je n'existerai plus, et c'est quelque chose de terrible en tant qu'idée.
Par cette phrase tu résumes ma pensée, Kerian.
Je préfère éviter de penser à cela.... Je flippe grave. Cela dit, je peux comprendre que ça ne soit pas la même chose pour tout le monde: cela dépend beaucoup de notre vie, de notre passé, de notre éducation....
Je préfère atteindre la quiétude dans le présent, par le simple fait d'être en vie ! Imaginer ma mort ne m'apporte aucun calme, cela génère chez moi un stress fou...

Bon je vais éviter d'en parler, ça va commencer à me travailler
__________________
Eve Online - Yska, M&M (minmatar & mineuse)
LOTR Online - Géode, hobbite aux fourneaux
Warhammer Online - Roudkadi, gob' qui soign' kan ça pik'
Rift - Kolégram, clerc-exploratrice
SW:TOR - Linu, chiss fana de primes - Incarna sur PHoK !


Moui, enfin soir amalgame deux choses.
D'une la part de ne plus exister dans le cycle social, d'autres part prendre conscience de son environnement (notion d'observateur neutre, tout ca tout ca)

La seconde partie, c'est ce qu'il et guilwald ont teste, ce qui n'ai rien à voir. C'est juste prendre conscience qu'il y a des trucs qui nous entoure et prendre le temps de les voirs.

Concernant la relation avec la mort, tout ce qui tourne ensuite autour, c'est uniquement de la croyance et on aura bien le temps de voir ce qu'il en ait. Les differentes religions prevoient justement une "vie" apres la mort. Dans "conversation avec dieu", il y a une autre approche.
Quand bien meme il y aurait du neant, personnellement, je vois pas ou est le probleme, car vivre une eternite, on doit quand meme grave se faire chier.
S'imaginer mort est une manière de prendre conscience de la joie d'être en vie ! Après tout, on ne se rend compte de ce qu'on a que quand on le perd.

Souvent, dans le bus silencieux, j'observe l'activité urbaine à travers la vitre, avec beaucoup de détachement, comme si je ne faisais pas partie de cette société. (Ça a tendance à me rappeler la scène de Matrix où Neo est en voiture, et passe devant le resto où il avait l'habitude de manger.) Et je me dis : c'est rigolo, les gens. Ils n'ont pas conscience d'être en vie, ils font ce qu'ils ont à faire, sans recul.

Je ne pense pas forcément au fait que le monde peut tourner sans moi, je ne m'imagine pas mort non plus : en fait, je ne m'imagine pas tout court. Je ne m'occupe pas de moi, je me contente d'observer, en restant neutre. Et quand j'en ai marre de regarder dehors, je me dis : ouais ben en fait je fais partie de ce monde. Moi non plus, je n'ai pas conscience d'être en vie, quand je fais les courses.

C'est beau, la vie.
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