Publié par Garren
Y a des tas de subtilités entre les diverses langues, je me demandais si ça ne pouvait pas influencer sur les personnalités de ceux qui les utilisaient.
On dit qu'il n'y a pas d'inconscient sans langage, mais vu qu'il y a plusieurs langages, il doit y avoir plusieurs formes d'inconscient.
Je pense que les langues, de part leurs mécanismes, introduisent des différences dans les façons de penser et d'appréhender la réalité.
Un russe, ici, pour nous dire si l'utilisation du verbe ETRE, dans le français, a eu un impact sur sa façon de penser, par rapport au russe ?
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Pour ceux qui sont intéressés par le langage, voici une introduction au Méta-Modèle de la Programmation NeuroLinguistique, que j'avais écrite pour le spip de la Gargote. Attention, ce n'est que partiellement dans le sujet, et long
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Ce que nous savons tous, à propos de notre langue natale...
Avertissement : tout ce que j'ai vous dire n'existe pas. C'est faux, ce n'est pas réel, c'est juste un modèle, et non la réalité. Mais tout comme une carte n'est pas le territoire, mais est néanmoins utile, ce modèle peut vous servir.
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J'ai acheté !
Acheté quoi donc, se demande la majorité des lecteurs ?
Il y a des phrases, comme cela, dont on « sait » qu'elles sont incomplètes, ambiguës. En fait, elles n'ont pas vraiment de sens, hors d'un contexte qui permettrait de connaître l'information manquante.
Le savoir intuitif à propos de sa langue natale
Disons intuitif par opposition à normalisé. Si vous êtes linguiste, il y a tas de règles et de lois que vous connaissez sur le langage, et vous pouvez démontrer quelque chose. Sans être linguiste, on peut savoir que quelque chose est correct ou pas, mais ne pas disposer d'outils formels pour le démontrer.
La
PNL (Programmation Neuro Linguistique) présuppose que lorsque l'on parle sa langue natale, on a certaines capacités, partagées par tout le monde.
1) Nous sommes intuitivement tous capables de repérer si une phrase est bien formée, c'est-à-dire que nous sommes capables de déterminer si une suite de mots forment une phrase ou non.
- «Même le Président va pisser.» C'est une phrase identifiée comme ayant un sens et syntaxiquement bien formée.
- «Même le Président vont pisser.» est reconnue comme syntaxiquement mal formée, mais sémantiquement, on peut deviner le sens.
- «Même le Président a des idées violettes». Syntaxiquement correcte, cette phrase est sémantiquement mal formée, on ne peut pas lui donner un sens, au moins pas sans information supplémentaire.
2) Nous sommes tous intuitivement capables de savoir ce qui constitue les éléments d'une phrase. Par exemple, dans la phrase « Le chef de la police présente sa démission », nous savons tous, au moins intuitivement, que les mots « Le chef de la police » forment un groupe, alors que les mots « la police présente sa démission » ne forment pas un sous-groupe de la phrase. Même quelqu'un qui ne sait pas écrire et qui n'a pas étudié la grammaire sait cela, au moins de manière intuitive, à propos de sa langue natale.
3) Nous sommes tous capables de déterminer des relations sémantiques logiques.
- Quand quelqu'un utilise un verbe, nous sommes capables de déterminer le nombre de choses qui, logiquement, pour que la phrase ait un sens (sémantique), devraient être présentes dans la phrase. Par exemple, le verbe acheter implique que l'on achète quelque chose, le verbe frapper implique que l'on frappe quelqu'un ou quelque chose, à l'aide de quelque chose (main, armes, outils, etc.).
- Nous sommes tous capables de reconnaître des phrases ambiguës, susceptibles d'avoir plus d'une signification. Par exemple, « Sylvie ôta le tee-shirt de Richard ». Est-ce que Sylvie déshabilla Richard, où enleva le tee-shirt qu'elle portait, emprunté à Richard ?
- Nous sommes capables de repérer des « phrases synonymes », qui ont le même sens. Ce n'est pas simplement une question de remplacer un mot par son synonyme mais de repérer que l'on peut transformer une phrase en gardant son sens. Par exemple « Sylvie suivait Richard » peut être transformée en « Richard était suivi par Sylvie », le sens reste le même.
- Nous pouvons déterminer si un mot ou une phrase représente une chose particulière et déterminée (ma voiture) ou une catégorie d'objets (les voitures). Nous pouvons même, dans une phrase, identifier les mots qui se rapportent au même objet (Sylvie se changea - « Sylvie » et « se » désignent tous les deux Sylvie). Pour quitter l'intuitif, on dit parfois qu'un mot est « indexé » quand il désigne une chose précise (ma voiture) ou qu'il n'a pas d'index référentiel quand le mot désigne une classe (la voiture en général) et non un objet particulier.
- Nous sommes capables d'identifier les présuppositions, par exemple, si quelqu'un nous dit « mon chat s'est enfui » nous avons des raisons de penser que la personne dit aussi « J'ai un chat ».
Notre savoir intuitif et les mécanismes de communication
Comment appliquer tout ce savoir intuitif pour clarifier une discussion ? En appliquant ce savoir à certains mécanismes de la communication, pour déterminer le plus précisément possible ce que la personne veut nous communiquer.
Prenons l' exemple « J'ai acheté ! . Qu'est-ce qui s'est passé pour cette phrase ? On peut supposer que dans l'esprit de celui qui parle, l'information complète est disponible (j'ai acheté quoi, à qui, quand, pour quel prix) mais que la personne supprime les informations qui ne lui semblent pas pertinentes, par exemple il se peut que personne ne s'intéresse au lieu d'achat et tout le monde sache de quoi il s'agit. Bref, il existe un mécanisme que l'on peut appeler « Suppression ». Il est utile car il permet de raccourcir la communication, la rendre plus efficace. Il est parfois nuisible, et nous avons les moyens de le repérer.
Il y a plusieurs mécanismes à priori utiles pour la communication, mais qui peuvent la brouiller. En PNL, l'outil qui permet de clarifier la communication s'appelle le Méta Modèle, qui utilise notre savoir intuitif, et que nous allons examiner.
Le Méta Modèle
Le Méta Modèle est un outil conçu dans un but thérapeutique, une technique parmi d'autres à la disposition d'un psychothérapeute vis-à-vis de son patient. Il peut parfois être utilisé dans un contexte autre que la thérapie, mais qui s'en approche, comme une relation d'aide entre amis ou même dans un contexte tout autre, professionnel, par exemple. J'ai trouvé un site où un informaticien dit utiliser le Méta Modèle pour clarifier les besoins des utilisateurs, par exemple.
Quelqu'un qui utilise le Meta Modèle est amené à poser des questions non sur le fond de la conversation (pas de pourquoi, par exemple) mais sur la forme, en demandant des précisions syntaxiques, par exemple. Le plus simple pour comprendre le Meta Modèle est de partir de l'idée de Structure Profonde et de Structure de Surface. Quand quelqu'un s'exprime, sa phrase est la « Structure de Surface » d'une phrase dont on peut retrouver la « Structure Profonde », en posant les questions appropriées.
Avertissement
Si vous désirez énerver quelqu'un et couper la communication, utilisez le Méta Modèle ! Cette boutade n'en est pas une : se concentrer sur la technique plutôt que sur le rapport humain et sur la conversation donne l'inverse du résultat désiré. À vous de faire preuve de discernement

!
La Suppression
Si la Structure de Surface « Jean cassa la chaise » peut être considérée comme représentative de la Structure Profonde, la Structure de Surface « La chaise a été cassée » a supprimé une information : qui a fait l'action.
Face à une suppression, la réaction la plus simple est de demander l'information manquante, par exemple « Qui a cassé la chaise ? »
Voici quelques exemples, essayez de trouver les questions correspondantes :
- Pierre est en colère.
À quel propos / Contre qui ?
- Cet exercice est ennuyeux.
Ennuyeux pour qui ?
- J'ai peur.
Peur de quoi / qui ?
- J'ai un problème.
À propos de qui / quoi ?
- Je ne sais pas quoi faire.
À propos de quoi / qui ?
- J'ai dit que j'essaierai.
Dit à qui ? Essayer quoi ?
- Mon mari a dit qu'il était effrayé.
A dit à qui ? Effrayé par qui / quoi ?
- Tu parles toujours comme si tu étais furieux.
Parle à qui ? Furieux contre qui / quoi ?
- Partir loin ne sert à rien.
Qui part ? Loin de qui / quoi ?
- Je n'aime pas les gens pas clairs.
Pas clairs au sujet de quoi ? Pas clairs envers qui ?
- Clairement, mes parents ne m'aiment pas.
Clairement pour qui ?
- Tu présentes des exemples évidents !
Présente à qui ? Évidents pour qui ?
- Sophie est moins gentille.
Moins gentille avec qui ? Moins gentille que qui (comparaison incomplète) ?
- Sophie est la meilleure !
La meilleure dans quel domaine ou par rapport à qui (superlatif incomplet) ?
Les comparatifs ou superlatifs incomplets se rencontrent fréquemment, de même le « ou » manque souvent. Par exemple :
- Je dois tenir compte de ce que ressentent les autres.
Ou bien quoi ? L'idée, ici, est que la structure complète ressemble à ceci :
Il est nécessaire que P1 ou alors P2.
Le but de la question va être de mette à jour P2, par exemple avec la question « Qu'est-ce qui se passerait si vous ne teniez pas compte de ce que ressentent les autres ?
- Les gens doivent éviter les conflits.
Qu'est-ce qui se passerait si vous n'évitiez pas à éviter les conflits ?
- Je dois apprendre à moins m'investir.
Qu'est-ce qui se passerait, si vous n'appreniez pas à moins vous investir ?
Un autre modèle fréquent est : P1 empêche P2, avec P1 caché.
Par exemple :
Il est impossible de trouver quelqu'un à qui faire confiance.
Qu'est-ce qui vous empêche de trouver quelqu'un à qui faire confiance ?
Je suis incapable de m'exprimer.
Qu'est-ce qui vous empêche de vous exprimer ?
Personne ne me comprend.
Qu'est-ce qui les empêche de vous comprendre ?
La Nominalisation
La nominalisation est un processus habituel et utile dans la conversation, qui permet, entre autres, de présenter l’information de manière plus synthétique. Dans le cadre de la PNL, elle consiste de passer d’un verbe d’action à un nom, par exemple « décider » devient « décision », et de manière plus générale elle consiste de passer d’un processus à un état figé. Parfois, repérer une nominalisation permet de remettre en question ce qui semble un fait, figé, mais qui est en fait un processus, susceptible d’être modifié.
Par exemple la phrase de structure profonde « Je regrette de décider de vivre ici » peut subir une distorsion et devenir, avec une nominalisation : « Je regrette ma décision de vivre ici ».
La Generalisation
Le processus qui nous permet de créer des modèles à partir de nos expériences s’appelle la généralisation. Parfois, une généralisation peut appauvrir notre réalité, en nous coupant de certains aspects de notre expérience et donc en réduisant nos choix.
Il y a plusieurs formes de généralisation. Par exemple, l’utilisation de mots sans indices référentiels, où on utilise une catégorie à la place de quelque chose de spécifique. « Les femmes ne m’aiment pas » à la place « Natacha ne m’aime pas », par exemple.
Les questions ayant le sens de « qui, spécifiquement » et « quoi, spécifiquement » permettent de remettre en cause la généralisation, en recherchant l’information qui manque.
Par exemple :
- Personne n’écoute ce que je dis.
Qui, spécifiquement, ne vous écoute pas ? Qu’est-ce que vous dites ?
Quand une généralisation a un aspect « vérité universelle » comme dans l’exemple ci-dessus, on peut la remettre en cause en l’exagérant : « Vous me dites que PERSONNE, JAMAIS, n’écoute ce que vous dites, DU TOUT ? »
- Personne n’écoute ce que je dis.
- Vous me dites que PERSONNE, JAMAIS, n’écoute ce que vous dites, DU TOUT ?
- Et bien, pas exactement…
- D’accord, alors, qui, spécifiquement, n’écoute pas ce que vous dites ?
Bien sûr, il y a d’autres moyens de remettre en question une généralisation, comme :
- Il est impossible de faire confiance à quelqu’un.
- Pouvez-vous imaginer une situation dans laquelle vous pourriez faire confiance à quelqu’un ?
Les généralisations sont parfois utilisées pour annoncer des équivalences. Quelqu’un énonce une généralisation, par exemple « Mon mari ne m’apprécie jamais », fais une pause, et enchaîne sur une autre généralisation, par exemple « Mon mari ne me sourit jamais ». On peut remettre en question l’équivalence :
- Mon mari ne m’apprécie jamais… Il ne me sourit jamais…
- À chaque fois qu’il ne vous sourit pas, est-ce que cela veut dire qu’il ne vous apprécie pas ?
Si la personne répond que non, on peut lui demander, alors, comment, spécifiquement, elle sait que son mari ne l’apprécie pas. Si au contraire elle confirme l’équivalence « ne pas sourire, ne pas apprécier », on peut interverser les rôles pour remettre en question cette équivalence, par exemple : « Est-ce que le fait de ne pas sourire à votre mari veut toujours dire que vous ne l’appréciez pas ? »
Les Presuppositions
- Si Stephen doit être aussi possessif qu’avant, je préfère ne pas essayer à nouveau.
« Je préfère ne pas essayer à nouveau » n’a de sens que si la présupposition « Stephen est possessif » est vraie.
On peut remettre en question une présupposition, par exemple : « Qu’est-ce qui, spécifiquement, vous fait penser que Stephen est possessif ? ».
Causes Et Effets
Certaines phrases donnent l’impression l’interlocuteur n’a pas le choix : si quelqu’un fait quelque chose, ou dans certaines circonstances, l’interlocuteur n’a pas le choix : il ressent automatiquement quelque chose ou bien est plongé dans un état précis. Par exemple : « Ma femme m’énerve ».
La phrase de cause a effet utilise souvent le mot « mais ». « Je ne veux pas me mettre en colère, mais elle est toujours en train de me blâmer. »
Face à ces relations de cause à effet limitatives, on peut réagir :
a ) En acceptant la cause, et en demandant si c’est toujours comme cela, par exemple :
- Je ne veux pas me mettre en colère, mais elle est toujours en train de me blâmer.
- Est-ce que vous vous mettez toujours en colère, quand elle vous blâme ?
Souvent l’interlocuteur reconnaît que ce n’est pas toujours le cas et on peut explorer ce qui fait la différence.
b ) En acceptant la cause et en explorant ses modalités de manière plus complète :
- Je ne veux pas me mettre en colère, mais elle est toujours en train de me blâmer.
- Comment, spécifiquement, ses blâmes vous mettent en colère ?
c ) En remettant en question la relation de cause à effet. Par exemple :
- Je ne veux pas me mettre en colère, mais elle est toujours en train de me blâmer.
- Alors, si elle ne vous blâmait pas, vous ne vous mettriez pas en colère, n’est-ce pas ?
Cette inversion peut amener quelqu’un à comprendre qu’il a la responsabilité de se mettre en colère ou non, ou qu’il a d’autres motifs de se mettre en colère.
d ) Demander à l’interlocuteur de remettre en cause la relation de cause à effet, en y introduisant la notion de nécessité :
- Je ne veux pas me mettre en colère, mais elle est toujours en train de me blâmer.
- Vous voulez dire que si elle vous blâme, cela vous met obligatoirement en colère ?
Lecture De Pensées
Il y a un problème de « lecture de pensées » quand quelqu’un croit connaître les sentiments et pensées de quelqu’un sans communication directe avec la personne. Par exemple « Tout le monde dans le groupe pense que je prends trop de temps ». La personne prétend connaître les pensées de chaque personne dans le groupe.
On peut répondre à cela avec les techniques déjà vues :
- Mon mari ne tient jamais compte de mes sentiments.
- Comment savez-vous qu’il ne tient pas compte de vos sentiments ?
On demande du spécifique. La suite de la conversation pourrait être :
- Parce qu’il rentre toujours tard.
- Est-ce qu’à chaque fois qu’il rentre tard, cela veut dire qu’il ne tient pas compte de vos sentiments ?
Exemple d’utilisation
Terminons cette présentation du Méta Modèle avec un dialogue entre un thérapeute (désigné par la suite par T) utilisant le Meta Modèle et une patiente (désignée par la suite par P). Dans le livre d’où est tiré le dialogue, une colonne de commentaires explique l’analyse de la conversation avec le Méta Modèle, mais ici, je vous laisse vous référer aux textes précédents pour comprendre pourquoi, en utilisant le Méta Modèle, le thérapeute choisi ses paroles. Ma traduction est un peu libre, mais respecte l’essentiel du dialogue et des techniques utilisées.
P : Je veux de l’aide à propos de mes colocataires.
T : Colocataires ?
P : Karen et Sue, elles partagent la maison avec moi. Et nous avons quatre enfants...
T : Quel genre d’aide aimeriez-vous avoir, à propos de vos colocataires ?
P : Elles ne semblent pas me comprendre.
T : Comment savez-vous qu’elles ne semblent pas vous comprendre ?
P : Je suppose… Elles sont trop occupées…
T : Trop occupées pour ?
P : Et bien…. Trop occupée pour voir ce dont j’ai besoin.
T : De quoi avez-vous besoin ?
P : Je voudrais qu’elles fassent des choses pour moi, de temps en temps.
T : Comme ?
P : Elles ont vraiment un tas de choses à faire, mais parfois j’ai l’impression qu’elles sont insensibles.
T : Insensibles à quoi ou vis-à-vis de qui ?
P : À moi.
T : Comment, spécifiquement, sont-elles insensibles vis-à-vis de vous ?
P : Vous voyez, je fais un tas de choses pour elles, mais elles ne semblent pas faire quoi que ce soit pour moi.
T : Qu’est-ce qu’elles ne font pas, pour vous ? Quels sont vos besoins qu’elles ne voient pas ?
P : Je suis une personne, moi aussi, et elles ne semblent pas le reconnaître.
T : Comment, spécifiquement, ne reconnaissent-elles pas que vous êtes une personne ?
P : Elles, les deux, ne font jamais rien pour moi.
T : Elles ne font JAMAIS RIEN pour vous ?
P : Non, pas jamais, mais je fais toujours des choses pour elles, qu’elles me le demandent ou non.
T : Laissez-moi voir si je comprends, jusque-là. Si quelqu’un vous reconnaît en tant que personne, il va toujours faire des choses pour vous, que vous le demandiez ou non ?
P : Et bien, peut-être pas toujours…
T : Je suis un peu embrouillé, là. Pourriez-vous me dire quelles choses elles devraient faire, si elles vous reconnaissaient comme personne ?
P : Vous savez, aider à faire la vaisselle, ou garder les enfants, des choses comme cela.
T : Pouvez-vous expliquer comment vos colocataires sont supposées savoir quelles sont les choses que vous aimeriez voir faites ?
P : Si elles étaient sensibles, elles sauraient.
T : Sensibles vis-à-vis de qui ou à quoi ?
P : Sensibles à ce que je ressens, à moi.
T : Si elles sensibles vis-à-vis de vous, elles seraient capables de lire vos pensées ?
P : Lire mes pensées ?
T : Oui, sinon comment sauraient-elles ce dont vous avez besoin et ce que vous voulez ? Est-ce que vous leur dite ?
P : Et bien, pas exactement…
T : Pas exactement, c’est-à-dire ?
P : Et bien en quelque sorte je suggère.
T : Comment suggérez-vous ?
P : Je fais des choses pour elles.
T : Alors, puisque vous faites des choses pour elles, elles sont supposées savoir que vous voulez qu’elles fassent quelque chose en retour ?
P : Cela semble bizarre quand vous le dites comme cela.
T : Comment cela, bizarre ?
P : Comme si je n’étais pas honnête ou quelque chose comme cela, mais on ne peut pas tout le temps demander des choses, ou les gens ne voudront plus rien faire.
T : Attendez une seconde ; qui ne peut pas tout le temps demander des choses à qui ?
P : Je ne peux pas aller tout le temps demander des choses à Karen et à Sue, sinon elles ne feront plus rien pour moi.
T : Je pensais que vous aviez dit qu’elles ne faisaient jamais rien pour vous, de toute façon ?
P : Et bien, elles font des choses, parfois, mais pas quand je le veux.
T : Est-ce que vous leur demandez, quand vous voulez quelque chose ?
P : … (la patiente marmonne, visiblement sous le coup d’une forte émotion)
T : Beth, est-ce que vous leur demandez, quand vous voulez quelque chose ?
P : Je ne peux pas.
T : Qu’est-ce qui vous en empêche ?
P : Je ne peux pas… JE NE PEUX PAS, c’est tout !
T : Beth, qu’est-ce qui se passerait si vous demandiez quelque chose lorsque vous en avez besoin ?
P : Je ne peux pas parce que les gens se sentiraient bousculés si je leur demandais de faire des choses !
T : Est-ce que les gens vous demandent de faire des choses ?
P : Oui.
T : Est-ce que vous vous sentez bousculée, à chaque fois que l’on vous demande de faire quelque chose ?
P : Non, pas à chaque fois, mais des fois oui.
T : Beth, avez-vous conscience que 30 minutes auparavant, vous êtes venue me voir et vous m’avez demandé si je pourrais travailler avec vous ? Vous avez demandé quelque chose pour vous-même ?
P : Ouiiii.
T : Est-ce que je me suis senti bousculé ?
P : Je ne pense pas.
T : Alors, pouvez-vous imaginer que vous demandiez quelque chose à une colocataire et qu’elle ne se sente pas bousculée ?
P : Oui, peut-être.
T : Est-ce que vous aimeriez essayer ?
P : Oui, j’aimerais.
T : Et comment saurez-vous si vos colocataires se sentent bousculés ?
P : Elles me le diraient, probablement.
T : Beth, est-ce que vous le dites, quand vous vous sentez bousculée ?
P : Pas exactement, mais je leur laisse savoir.
T : Comment, spécifiquement ?
P : Je suppose que c’est juste par la façon dont je me comporte, elles devraient être capables de le voir.
T : Comment ? Est-ce qu’elles sont supposées lire vos pensées, à nouveau ?
P : Et bien, non.
T : Qu’est-ce qui vous empêche de leur dire directement que vous ne voulez pas faire quelque chose, ou que vous vous sentez bousculée ?
P : Je ne veux pas leur faire de la peine.
T : Est-ce que dire non à quelqu’un, ou dire que l’on se sent bousculée, cela fait toujours de la peine ?
P : Oui, personne n’aime entendre des choses désagréables.
T : Beth, pouvez-vous imaginer que vous aimeriez savoir si vous colocataires se sentent bousculées par vous, et qu’ainsi vous soyez plus sensibles à ce qu’elles ressentent ?
P : Hmmmmm…. (pause)… Je suppose que vous avez raison.
T : À propos de quoi ?
P : Si je leur laisse savoir quand je me sens bousculée ou si je veux quelque chose, elles seront peut-être plus sensibles à ce que je ressens.
À partir de là, le thérapeute est passé à d’autres techniques que le Meta Modèle.
Voilà qui conclut cette présentation d’une technique de PNL, très adaptée à la relation d’aide, mais qui peut aussi aider à clarifier n’importe quel dialogue.
Si cela vous a intéressé et que vous avez envie d’en savoir plus, tout ceci est tiré du livre «
The Structure Of Magic », tome 1, par Richard Bandler et John Grindler. Il est clair, accessible (pour les anglophones) et expose en détail ce qui a été survolé ici, avec de nombreux exemples.
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Quel rapport avec le sujet ?
Je me demande si, pour des langues à la structure très différente, cela marche aussi.
(Désolé de Taverniser le sujet)