pooka passait par là, et entre le foot et les sentiments, les jeux et les paroles grossières, elle a trouvé un intermédiaire :
Le ventre !
Peut-être un manque d'inspiration ?
Vous avez un jour, dégusté un plat, un vin, un parfum, une fumée, et ils vous ont semblé si somptueux - qu'une bulle de salive goutte à vos babines, rien qu'à leur évocation... Je vous pose la question. Avez vous ?
pooka s'y colle, en prunch comme le sudistes le disent.
Un soir, un vin. Seize ans.
La bouteille précieuse n'attendait que d'être ouverte pour une grande occasion, nous en avions décidé autrement...
Elle était allongée depuis une vingtaine d'années, et le cru était bien plus ancien. Nous étions jeunes, et passablement indécentes. Nous avions très envie de la faire couler dans nos gorge, cette liqueur pourpre, sans attendre le larron.
Armées de verres à bière, le temps de la décantation, nous écoutions de la musique très fort et la pluie tombait à verse, un printemps doux mais sombre. La carafe adéquate ; un broc à fond large.
Le repas qui accompagnait le nectar, était assez basique, lui, mais accessoire finalement, car l'objectif avoué c'était... le vin. Les parents eux, ont fait une sacrée tête lorsqu'ils n'ont pas retrouvé le cru dans la cave. Mais nous leur avons raconté avec force détails, quelques années plus tard, l'orage loin derrière nous. Prescription ; ils nous avaient garanti. Les détails ; la tête qui tournait au bout d'un seul verre, la saveur capiteuse et la couleur opaque, presque, du vin. Ses saveurs - une par papille, une par fille, nous n'avions pas les mêmes expressions pour les décrire. Seul le plaisir était comparable ! Fruits, terre, ambre, nuage noir, humus ou feuilles de vigne, sombre, capiteux... les mots sont restés collés à ma langue !
Un pignon, très petite. Cinq ans.
Les grands dans la cour, ont de drôles de traditions... ils cueillent autour des pins, de drôles de petits cailloux - ovales et noirs, marbrés de fauve - et les cassent avec d'autres, plus gros . Amusée par ce manège, je m'approche. Ils sortent des petites pierres de couleur sombre, une pulpe, blanche et pure, une perle... Ils la croquent goulûment. Mimétisme ou curiosité, simple appétit de l'inconnu, armée de deux gros cailloux gris, je cherche autour des arbres, les petites gouttes dures des "pignes" de pin, comme les appellent les grands. Mes mains ne sont pas très adroites, j'ai peur de m'écraser les doigts. Après plusieurs essais infructueux, je parviens à casser une première coque. L'intérieur est écrasé, aussi. Quelle déception. Je m'acharne. Par un hasard extraordinaire, l'une d'entre elle s'ouvre, en deux, je découvre le fruit, la graine, ivoire intact. Mes doigts d'enfant l'attrapent sans peine, et la maculent de la poussière des pierres. Croquer dans le premier fruit qu'on peine à extraire de sa prison, est quelque chose d'indescriptible je crois...
A vous. Je garde mes autres souvenirs pour RedCap, il a un sens du goût déplorable ; la preuve, il continue de réclamer l'exclusivité de mes histoires ! Que ma chance veille...
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