Provient du message de Aloïsius
Je suis très méfiant envers la réformite. Réformer, réformer, réformer, réformer... Tout et tout le temps... C'est absurde.
Pourquoi ?
* La stabilité a du bon : tout chef d'entreprise vous dira qu'un cadre fiscal qui change sans arrêt c'est chiant.
* Les changements coûtent cher : les gens, les administrations, les procédures etc. doivent être réadaptées à chaque fois. Une adaptation ne se fait pas en un jour, d'où un fonctionnement imparfait (regardez comment "fonctionne" un service qui va être/vient d'être chamboulé...)
* Il y a peut être des choses qui fonctionnent correctement... En voulant réformer pour le plaisir de réformer ( = le ministre laisse son nom dans l'histoire), on risque parfois de causer plus de problèmes qu'autre chose.
* Ces entassements de réformes, de réformes de réformes, de réformes de réformes de réformes... perdent toutes cohérence : c'est le règne du nimportekoa vite fait mal fait, sans réflexion.
Conclusion : Toute politique doit se baser sur une vision d'ensemble, une idéologie qui définit une "utopie" présentée comme un but. En fonction de ce but, la situation doit être analysé, afin de déterminer ce qui va bien, ce qui fonctionne et qui doit être préservé, et ce qui va mal, ce qui se détériore et doit être réformé. Et c'est alors seulement que le changement peut-être apporté.
Superbe analyse. C'est exactement ce que je pense et ce qui constitue le problème de la politique. Pour prolonger (oulah ça sent la digression, désolé...

) :
C'est surtout un problème de méthode, et ce qui va avec, de communication. Les projets ne manquent pas (en TRES gros) : la justice sociale pour la gauche, le libéralisme à droite (à la fois économique et politique).
Il ne faut pas croire que gauche et droite c'est blanc bonnet et bonnet blanc, on l'a vu ces deux dernières années. Il faut vraiment voir la différence entre les actions gouvernementales : (sous Jospin, création de l'APA, de la CMU, 35h / sous Raffarin : décentralisation de compétences, allégement des impôts, réforme des retraites, radiation de quelques dizaines de millier de chômeurs ). Ceci, pour les pros du "les politiques, c'est tous des pourris".
Ce qui peut paraître décalé, c'est que dans un monde qui change et qui est en mutation accélérée (pour le pire, je vous rassure), c'est que la non-réforme passe pour être de l'immobilisme. Alors que justement, il y a plus que besoin de bases stables dans la société. Qu'on les rebétonnent ou repositionnent (pour employer un terme imagé), oui, mais qu'on les chamboule du tout au tout, parce que ça fait 'in', que ça fait 'bien', je ne crois pas trop que ce soit la solution. L'action doit être plus ciblée, équilibrée entre "paramètres humains" (je dirais humanisme) et ressources financières.
De plus, la véritable crise vient de l'abandon de l'utopie comme point de repère à une politique. Aujourd'hui, c'est de la gestion économique et sociale (ce pour quoi sont formés les énarques... administration) uniquement, sans qu'il y ait une véritable vision à long terme. Il manque aux politiques actuels, une capacité de prévision, mais aussi une capacité de compréhension des attentes (ce n'est certes pas aisé). On est dans une politique empreinte de la moralité kantienne, alors qu'on devrait être axé sur une politique de responsabilité (vis-à-vis des citoyens, de l'avenir et du monde). (j'allais dire une politique machiavélienne)
L'autre problème, c'est le simplisme de certaines idées politiques qui est véhiculé, notamment par le FN. Si ça marche, c'est parce que ces idées simples offrent une visibilité qui est de toute façon biaisée. Le monde ne fonctionne pas sur la théorie du complot, ni sur l'idée de "c'est la faute à...", mais de manière plus complexe... De même que le jargon employé peut quand même laisser à désirer. Nous sommes en situation de "crise" ? Mais c'est quoi la "crise" ?

Qqn peut m'en donner une définition par rapport à l'actualité ? Bref, beaucoup de mots pour faire peur... La vie n'est pas rose (mais l'a-t-elle été un jour ?), elle n'est pas non plus noire... Faudrait que les hommes & femmes politiques arrêtent de dramatiser et de faire peur (avec l'appui des médias... on se souviendra de la campagne médiatique sur l'insécurité en 2002) pour justifier telle ou telle politique, c'est absurde...
Ce qui m'amène à dire que les uns et les autres sont en attente d'idées, comme des spectateurs, alors que la politique c'est avant tout de l'action publique, et qu'elle ne saurait avoir du poids que si les gens sont aussi acteurs (de là vient le problème récurrent de mécompréhension entre le gouvernement et les différents mouvements sociaux, en plus de l'aveuglement de l'homme politique en général).
Et pour terminer, faudrait accepter que le conflit est inhérent à toute relation humaine, que la politique est là pour la canaliser (dans le cadre d'un régime démocratique, je dirais policer les conflits) ou l'oblitérer (cas d'un régime totalitaire). Et que donc, c'est quelque chose à accepter, comme un moteur, une dynamique. Tout l'art de la politique est d'en déterminer les modalités.
Tout ce que j'ai pu dire peut paraître bien abstrait, mais en reliant à une analyse de la réalité, je crois qu'il y a moyen de se dire que ça explique certaines choses...
--
Cian
P.S à Arkaein : étudiant en sciences-po (pas dans une IEP), membre de conseil d'UFR, je connais suffisamment l'université dans laquelle j'évolue pour savoir les étudiants assez futés, et ce pour quoi ils manifestent.
Quant aux élections du 1er mai 2002, j'y étais à République, et les gens savaient pourquoi ils défilaient : pour que les "points de détails" ne redeviennent pas réalité.
P.P.S : désolé du pavé...