La politique pénale de Sarkosy m'inquiétait déjà lorsqu'il était ministre de l'intérieur et ce ne fait qu'amplifier depuis qu'il est président.
Sinon il a été dit sur ce fil beaucoup de choses totalement fausses, qui ne peuvent a mon avis que biaiser le débat,alors:
-Tout d'abord sur la soi-disant impunité des mineurs qui est un fantasme, il y a pas mal de choses a dire.
En France, il faut déjà savoir qu'il n'y pas d'âge en dessous duquel un mineur n'aurait pas la capacité d'enfreindre la loi pénale,bien que la convention internationale des droits de l'enfants de 1990 que nous avons ratifiée nous l'impose
Même un enfant de moins de 10 ans, si le juge pense qu'il est doté de la faculté de discernement(en pratique tout de même assez rare a cet âge), peut se voir reconnaître l'imputabilité de l'infraction(qui suppose une volonté et intelligence libre)et donc appliquer des mesures de sûreté qui sont, selon l'ordonnance du 2 février 1945 qui est le texte clé en matière de responsabilité pénale des mineurs, "des mesures d'assistances,de protection,de surveillance et d'éducation", quel sont elles?
Elles vont du simple avertissement au placement en internat par exemple, en passant par la liberté surveillée c'est a dire que le mineur est placé sous la surveillance du juge des enfants et est donc obligé de recevoir avec ces parents ou tuteurs légaux les visites de son délégué, d'informer ce dernier des changements importants dans sa vie etc...
Entre 10 et 13 ans, le mineur avant la loi du 9 septembre 2002 de notre cher président, alors qu'il était encore place Beauvau,ne pouvait aussi que se voir appliquer des mesures de sûretés(a condition toujours que soit démontrée sa faculté de discernement,très fréquent dans cette tranche d'âge), et bien maintenant, le juge peut aussi prononcer une sanction éducative(notion créée par la dite loi)"si les circonstances et la personnalité du mineur l'exigent",quelles sont elles?
Des intermédiaires entre peines et mesure de sûreté,on peut citer l'interdiction temporaire(1 an par exemple) de paraître a certains endroits, de fréquenter certaines personnes, la confiscation d'objet, l'obligation de suivre un stage de formation civique etc etc...
Ensuite a partir de 13 a 16 ans,le principe est encore les mesures de sûreté(toujours si sa faculté de discernement est reconnue, ce qui a cet âge la est quasi automatique)et sanction éducatives et, ou une peine(amende, travail d'intérêt général, prison etc), si "les circonstances ou la personnalité du mineur l'exigent".
En revanche l'excuse de minorité s'applique obligatoirement a cet âge(elle n'est pas facultative comme j'ai pu le lire),c'est a dire que le mineur ne pourra se voir appliquer au maximum que la moitié de la peine encourue par un majeur pour la même infraction, donc pour une infraction dont la peine maximale est de 20 ans de prison, le mineur de 13 a 16 ans n'encourera donc que 10 ans.
Enfin pour les mineurs de 16 a 18 ans,c'est exactement pareil sauf que l'excuse de minorité est effectivement ici facultative, le mineur peut donc être jugé comme un majeur.
Tout cela figure dans l'ordonnance de 1945(sauf les sanctions éducatives créées par Sarkosy en 2002), et en pratique, les peines de prison qui devaient rester exceptionnelles pour les mineurs sont devenues monnaies courantes.
Revenir sur l'excuse de minorité revient donc a dire que les mineurs de 13 ans et + ayant la faculté de discernement pourront, si les circonstances et leur personnalité l'exigent être jugés comme des majeurs(ouch on pourra alors en France condamner un mineur de 14 ans a la prison a perpétuité

), et a terme, étant donné que Sarkosy compte revenir sur l'intégralité de ce texte, inspirée par l'école de la défense sociale qu'il honnit en bon adepte de la doctrine sécuritaire, les mineurs de plus de 13 ans dont le discernement est prouvé pourront être jugés comme les majeurs en toutes circonstances.
Certains voient la une évolution, moi je vois un exact retour a la période d'entre 1810 et 1945 voir pire car la majorité pénale était dans le code pénal de 1810 fixée a 16 ans, âge au dessous duquel le juge devait rechercher le discernement, la prison était alors possible, sinon c'était le placement en maison de correction(parfois pire que les vrais prisons).
Alors quand on sait qu'en France les prisons pour mineurs n'existent pratiquement pas, que le plus souvent les mineurs sont placés dans des quartiers qui leur sont réservés dans des établissement pour majeurs, ou les promenades,douches etc sont communes et que la prison(contrairement a ce que j'ai pu lire aussi ici)est un échec total, les chances de réinsertion sont quasi nulles alors que celle de récidive énormes(je parle la pour les majeurs donc imaginez les mineurs) et que nous avons les prisons les pires d'Europe(même la commission européenne l'admet), ce durcissement pénal forcené a l'égard des mineurs est tout simplement aberrant

, Sarkozy en ce domaine fait preuve d'un ultra-conservatisme a mon avis vraiment dangereux.
Et comme l'a dit El Cle,il existe dans notre pays un principe constitutionnel garantissant l'atténuabilité de la responsabilité pénale des mineurs, on verra bien quand il commencera a entrer en jeu
-Pour ce qui est de la récidive et des peines planchers, que dire?
A part qu'a mon avis elles portent atteinte au principe d'individualisation des peines lui aussi constitutionnellement garantie, je rappelle le principe, alors que les minimas ont disparus du nouveau code pénal de 1994(avant on pouvait déjà descendre au-dessous par le jeu des circonstances atténuantes), la nouvelle loi les ré-instaurent en cas de récidive(une peine de 0 a 5 ans deviendra une peine de 1 a 5 ans pour un récidiviste)et qu'elles insultent le juge, comme si ce dernier exemptait de peines des personnes ne le méritant pas, le texte est de tout façon déjà périmé un nouveau sera en étude en l'automne, un vice-procureur vient déjà de refuser d'appliquer ce texte a un petit dealer récidiviste, refusant de requérir une peine de prison car il estimait que le jeune présentait de sérieux gages de réinsertion, il a bien sur aussitôt été convoqué au ministère de la justice.
Notons aussi que les récidivistes sont déjà plus lourdement punis que les primo-délinquant, les récidivistes de petits délits ou de contravention de 5ème classe(les plus graves) sont soumis a un régime de récidive spéciale et temporaire, c'est a dire que si pendant un laps de 5 ans,la personne re-commet la même infraction ou une infraction assimilée(par exemple le recel ou l'escroquerie pour le vol), la peine qu'il encoure est doublée.
Pour les personnes ayant commis un délit dont la peine d'emprisonnement se situe entre plus de 1 an et de moins de 10 ans,une récidive générale(c'est a dire que le prévenu peut avoir commis n'importe quelle infraction,la récidive jouera automatiquement)et temporaire(encore 5 ans) est prévue, et le récidiviste encoure encore le double de la peine initiale, idem pour un délit puni de 10 ans de prison sauf que le délai pendant lequel la récidive jouera est porté a 10 ans.
Enfin pour les récidivistes de crimes(donc punis a plus de 10 ans de réclusion), la récidive est générale(joue pour n'importe quelle infraction)et perpétuelle,elle jouera donc pour le reste de la vie de la personne,toutes ces mesures sont donc a mon avis amplement suffisantes, il est vrai que rien n'obligent en pratique les juges a prononcer des peines plus lourdes pour les récidivistes,car ce sont les maximas encourus qui sont doublés, mais en pratique ils le font systématiquement a de rares exceptions près.)
-Pour les personnes atteintes d'un trouble neuro-psychique(termes légaux), le principe est actuellement que le juge doit rechercher si la personne était ou non sous l'emprise du trouble au moment de la commission de l'infraction(en pratique le juge se fonde sur les rapports des experts,psychiatres etc), ce qui donne en pratique une situation accablante,environ 30% des personnes incarcérés actuellement en France souffrent de troubles mentaux, les juges ayant estimés qu'elles étaient lucides au moment de l'infraction.
Ces personnes qui devraient se trouver dans des hôpitaux psychiatriques sont donc en prison, ou le manque de personnels soignants de psys etc conduit aux situations les plus dramatiques, aussi bien pour eux que les autres détenus.
En revanche je ne vois vraiment pas comment Sarkosy peut faire pour que les malades mentaux soient jugés comme les autres, c'est en contradiction complète avec tous les principes de notre droit pénal, mais si il y arrive, je crois que pour la première fois j'aurais honte d'être français.
-Sur l'irresponsabilité pénale des chefs d'entreprises, la on nage en plein délire, alors qu'aujourd'hui certains textes particuliers admettent même la responsabilité pénale du chef d'entreprise en cas de faute pénale du préposé(petite entorse au grand principe d'irresponsabilité pénale du fait d'autrui), par exemple le patron de cinéma si un mineur entre dans sa salle pour y voir un film interdit au moins de 18 ans est pénalement responsable,pas l'ouvreur,ou encore lorsqu'un ouvrier/employé se rend par exemple coupable du délit de pollution des eaux, il ne sera pas jugé responsable si son patron ou l'un des ces supérieurs était au courant c'est ce dernier qui le sera, ou enfin enfin en cas d'infraction a la réglementation sur l'hygiène et la sécurité des travailleurs ou c'est aussi toujours le chef d'entreprise qui est responsable(ce qui est on ne peut plus normal, les ouvriers n'ayant aucune autorité pour prendre les mesures adéquates),on propose maintenant d'abolir totalement la responsabilité pénale du chef d'entreprise?(donc même plus d'amende contrairement a ce que j'ai lu, uniquement des dommages et intérêts au civil)je ne vois pas même pas comment il peut l'envisager(la responsabilité des élus a déjà été considérablement amoindrie pour la loi du 10 juillet 2000)je vais donc suivra ça de près...
Pour conclure, comme dit parfois Andromalius,je pense aussi que le retour au bon ordre du XIX ème siècle est en marche, et ça me fait très,très peur

et non, le pouvoir politique ne peut pas faire tout ce qu'il veut(en théorie du moins), il est normalement soumis aux exigences de la constitution et des principes qui en découlent ou que le Conseil Constitutionnel en déduit, a la convention européenne des droits de l'hommes et au droit international,donc nous verrons bien.
P.S: Désolé pour le pavé,mais il y avait beaucoup a dire^^