Alors tu me fais plaisir, tu joues pas à Diablo 3, tu participes pas à cette
J'ai craqué...
Je rentre dans un cyber pour envoyer un mail pour le taf', ce fdp de patron en train de s'acharner sur son ordi, à cliquer comme un forcené pour tenter je ne sais quelle prouesse, je jette un œil, et là je m'aperçois qu'il était en train d'essayer d'absorber une potion de vie, mais pas une potions pixellisée des années 2000, nonon, une superbe fiole bien dans l'air du temps.
Le patron est plutôt cool, je regarde trente secondes,
"Il est bien ?" que je lui demande l'air de ne pas y toucher, mon cœur priant pour un
"Ouais génial !" et ma raison pour un
"Non trop naze !".
Il semble bien selon lui,
la raison est menée 1-0
J'envoie mon mail dans un état second, je me revois alors, du haut de mes 20 ans prêt à mettre le monde (Khanduras) à mes pieds, rien ne pouvait arrêter alors mon fier et valeureux barbare hardcore (hormis un bon gros lag) pas même Rakanichu en mode éclair vnr.
Non, il ne faut pas, de toute façon tu vas être déçu, tu le sais, ne craque pas.
Je ressors dans une aura de volonté et de maturité toute nouvelle, je ne suis pas resté pour le regarder jouer, pour essayer ou me donner envie.
Un partout.
Maudites soient les tentations, je rentrais chez moi tranquillement et sans cette jauge quasi-vide je n'aurais pas fait ce détour pour le centre commercial. Sans ce détour je n'aurais pas aperçu les lettres du démon qui se dessinent sur un ciel d'azur (ouais bon ok il faisait maussade) C U L T U R A.
Cœur 2, raison 1.
Comme mu par un irrépressible élan je me gare, il me faut une dose, je me dirige vers l'aguicheuse enseigne, fébrile et démuni. Coup de chance, alors que je stagne comme un zombie devant le présentoir dédié aux Orcs, aux Humains à Baal et Shepard, une vendeuse s'approche de moi, sans doute habituée à soutenir ses clients dans les moments difficiles qui suivent l'annonce qu'elle à du asséner une centaine de fois depuis une semaine à autant de malheureux.
"Rupture de stock, l'éditeur ne fournit plus, il va falloir attendre un peu".
*Sourire compatissant mais un peu supérieur dans lequel on devine un discret: "moi je l'ai, il déchire, fallait préco noob"*
Égalisation, rien n'est perdu.
Je m'arrache à ce lieu démoniaque le sourire aux lèvres, la vendeuse doit me prendre un peu pour un fou, elle à d'ailleurs sans doute raison mais je n'en ai cure, ce soir je vais pouvoir dormir.
C'était sans compter sur ce fourbe petit comptoir Micromania, sournoisement dissimulé au détour d'un couloir, dans la galerie.
"Rupture de stock chez vous aussi ?"
"Ouaip, mais je vends de versions numériques si vous voulez"
"Ahrgl glll o... oui."
"J'y ai joué ce we, il est vraiment excellent, si vous avez jouez au 1 et/ou au 2 ça va vous plaire, bon jeu !"
"... Merci."
Encore une défaite de la raison.