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Ça fait une semaine que chaque minute je me maudis d'être dans un endroit sans connexion décente, chaque seconde était devenue pour moi impossible. Quand j'arrivais à passer sur JoL, sur le Cercle, et que je voyais ce thread gonfler... gonfler... je vous raconte pas comment ça a été dur
Et puis ce matin, enfin, j'ai pu regarder l'épisode 8.
Vince Gilligan et son équipe nous balladent encore avec brio ; et ce que j'écrivais par-ici sur l'incertitude dans laquelle BB nous plonge sans cesse se révèle encore plus vrai pour moi à la lumière de cet épisode.
Pendant les 50 premières minutes, on s'attend à chaque instant à ce que tout explose, à ce que quelque chose de fou se passe, qui enlèverai le rythme de la série dans une course extraordinaire, effrénée, qui n'aurait pour finalité seule que ce flash forward, machine gun à la main, bad ass attitude.
Et pourtant, tout dans cet épisode paraît tranquille, tout nous emporte sur le chemin du calme.
Jusqu'à cette dernière seconde. Mais sans cris, sans ultimatum, sans gosse exécuté. Non, tout dans la force du calme. Dans l'energie du hasard, qui à nouveau, énième fois salvatrice, guide Hank sur les rails de la vérité. La destiné est bien cruelle avec cet homme, qui ne profite jamais de son génie qu'à la lueur de ce que les circonstances daignent lui abandonner comme petit bout d'information. A nouveau se dessine la frontière entre deux master minds à leur manière, Hank et Walt. L'un qui plie les évènements à chaque fois que ceux-ci le contraignent ; et l'autre qui est littéralement plié par les évènements, contraint à attendre qu'en sortent quelque chose d'utile.
Tout y est dans cet épisode, tout. Un résumé du talent de tous ces gars-là. La rapidité chimérique d'éxécution du buisness plan international de Lydia, qui n'agit ici qu'en acteur accélérant de la psychologie de Walt.
Vous rendez-vous compte ? L'Europe ? La suprématie sur le marché d'un pays entier ? Quel opportunité ! L'ours met la langue dans le miel sans réfléchir, après tout quel est le danger devant tant de maîtrise. Mais imaginez seulement : Walter White, déléguer ? Redevenir seulement the cook... L'ours a du miel ça, beaucoup. Dommage qu'il ne puisse faire que le sentir.
C'est là qu'interviennent les scènes musicales, qui donnent son identité à Breaking Bad, et qui encore une fois nous montrent au-delà de leur qualité esthétique, leur force. Peut-être une seule minute de la préparation de fournées, mais on ne s'y trompera pas : ce n'est plus la réussite du crime que l'on filme, plus le talent, non... c'est le quotidien (remarquez le fait que cette séquence s'achève sur le début d'une seconde fournée en partance pour la République Tchèque, et non sur l'encaissement de la première... cela ne vous évoque pas un traintrain, une continuité ?).
C'est l'échec de Walt, par lui même. Le quotidien. Too greedy. On revoit brusquement ce Marlo Steinfield là, back in da street, revenu chercher le frisson des débuts, perdu dans un monde qu'il a atteint aux forceps mais qui n'est pas pour lui. Et on ne peut s'empêcher d'y voir un avenir pour Walt. Redevenir Heisenberg, ne jamais cesser de l'avoir été.
Et voici que les dix dernières secondes de l'épisode nous offrent cet échappatoire, ce soulagement de ne pas assister à un Walt tout à fait rangé. La claque, alors que cet instant nous est promis depuis l'épisode un de la saison une.
WW disait plus tôt dans la saison vouloir diriger un empire, nous apprenons maintenant que ce n'est que le dernier des prétextes qu'il se donne (on l'espère). WW veut vivre, frissonner, mettre ses jours en danger, éprouver son génie face au mur des difficultés, montrer qu'il est le meilleur. Pas l'être. Sitôt qu'il l'est, tout perd de sa saveur. Et le cancer qui reprend (c'est presque certain, je ne vois comment il pourrait en être autrement), qui lui donne l'impression conjointement à la petite scène de Skyler, que tout est fini, qu'il lui faut profiter du temps restant et de son argent comme avant, en famille. Si ce n'est la découverte ultime de Hank, j'aurais tendance à imaginer qu'il n'aurait pas supporté de se ranger, que dans un éclat de son égo, Heisenberg aurait rejaillit, entre le fromage et le dessert. Cette fois là, ou une autre.
Et en une scène, le rythme de la série nous promet d'être enlevé dans une course extraordinaire, effrénée, qui n'aura pour finalité seule que ce flash forward, machine gun à la main, bad ass attitude.
@en dessous : franchement, au regard de l'immensité de ce que nous offrent Gilligan, Cranston et toute l'équipe, c'est un minimum
Dernière modification par Pierre Desproges ; 08/09/2012 à 11h46.
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