D'abord, «au moyen-âge» n'existe pas. Ça couvre 1000 ans d'histoire et un espace géographique bien trop grand pour être résumé en quelques idées stéréotypées.
Si l'on pense au cœur du moyen-âge, à l'image populaire qu'on en a, disons la France (moderne) et les régions limitrophes au XI-XII-XIIe siècles, alors non. On ne voyage pas. Du tout. L'extrême, extrême majorité de la population conçoit le monde au mieux dans un rayon de quelques villes autour de soi, quelques dizaines de kilomètres. Sans même parler de voyager proprement dit.
Le seul vrai voyage qui se fait de façon pas trop rare, c'est le pèlerinage. Tout le monde ne le fait pas loin de là, de ceux là tout le monde ne va pas si loin. Toute la France ne se rend pas à Châlon hein, encore moins à Compostelle hein.
Le commerce à ces époques dans ces régions là, ce n'est pas l'image de la caravane marchande. C'est quelques charretiers pour aller à la ville, et un commerce fluvial sur un petit nombre d'artères majeures.
Une toute petite minorité voyage réellement. Quelques grands marchands viennent du nord de l'Italie (moderne) jusqu'aux foires de Champagne, les grands de ce monde peuvent changer de région et de territoire (avec les délais qui vont avec, c'est plus un nomadisme temporaire que du voyage au sens moderne quand l'archevêque de Rouen fin XIIIe siècle met cinq mois –!!!– pour aller à Rome et en revenir), etc.
Avec bien sûr l'exception des croisades.
L'image de l'auberge à la D&D dans chaque village est tout simplement totalement inconnue et aberrante à ces époques et dans ces régions. Il y a des hôtels (oui le mot n'est pas moderne), dans les grandes villes et encore pas toutes, mais uniquement quand il y a assez de passage pour le justifier. Quand aux tavernes, la «taverne du village» n'existe pas non plus.
L'économie commence tout juste à devenir monétaire, et à peine numéraire. Le paysan, l'artisan, le pêcheur ou le chasseur, il fait comment pour payer son verre de vin quand soit il n'a jamais vu de pièce de monnaie de sa vie, ou au mieux il en a entre les mains quand il va en ville tous les x mois vendre et elles disparaissent quand il achète avant de repartir «en son pays». Il vient avec son lapin sous le bras, «combien tu me donnes de verres pour ça ?». Oui, dans une petite mesure... ça a du exister ici et là au XII et XIIIe siècle après l'explosion démographique et la nette amélioration du niveau de vie.
Même si c'est une économie différente de celle que l'on peut concevoir aujourd'hui, les principes de base restent les même. Pourquoi et comment quelqu'un ouvrirait une telle maison de commerce ? Si dans ce village il y a assez de vie et de richesse, dans le suivant il n'y en aura pas encore. En ville c'est plus fréquent toutefois, surtout dans les grandes villes. La chose commune à l'époque de la grandeur de Rome a fini par disparaître dans les âges noirs du début du haut moyen-âge, et commencent à revenir doucement aux époques citées.
La vie, même en ville, c'est la paroisse. Le vrai centre de la vie social c'est l'église, le vrai lien social c'est le curé.
Ceux qui voyagent sans trop de compagnie (rare de rare, principalement des ermites un peu fou, des troubadours ou trouvères, quelques chevaliers –qui sont en fait des bandits et rien d'autre– fuyant la justice, ce genre de choses) quand ils arrivent dans un hameau ou village ils ne descendent pas à l'auberge payer en or une chambre, mais alors jamais. Ils réclament asile et charité à l'église, et ils dorment par terre au mieux sur le sol de pierre, généralement sur la terre battue parfois (pas toujours, du tout) améliorée d'un peu de foin.
L'extrême majorité des jeux medfan ne sont absolument pas médiévaux, c'est renaissance totalement chamboulée par les auteurs et la fantasy. Ars Magica est probablement une exception de poids, avec un setting plutôt réaliste à ce que j'en ai entendu.
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