Je vais me faire l'avocat du diable, mais est ce que c'est si important ? Ces enfants sont nés à l'ère du numérique et il y a fort à parier qu'ils écriront bien plus de texte avec un clavier qu'avec un stylo.
Et nous voyons chaque jour sur JOL les effets dévastateurs des gens qui ont tenu ce discours depuis plus de dix ans. Incapacité à se corriger, à construire une argumentation, à produire du sens à partir d'un contenu, à supporter la critique en ramenant tout à soi, etc.
Peu importe le support : quand tu ne sais pas écrire, quand tu ne sais pas construire une phrase ayant un sens, tu ne sais pas plus le faire sur un support numérique que sur un support papier.
Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à lire l'Agora, où les participants sont pourtant censés faire quelques efforts.
Quant à la promotion du tout numérique (et de toutes les pédagogies "novatrices"...), il y a aussi une abondante littérature sur le sujet, qui en démontre parfaitement les finalités (qui n'ont rien de scolaire) et les résultats. Comme pour l'économie, une chose devrait normalement faire bondir les gens moyennement intelligents : pourquoi ceux qui commettent les plus énormes erreurs (qu'ils n'ont jamais directement à assumer personnellement au passage) sont aussi ceux qui restent toujours en place, pour qui on a toujours le plus d'indulgence, et qui n'ont de cesse de toujours les reproduire en pire ?
Justement parce que ce ne sont pas des "erreurs", mais bien un projet politique. Et ce projet vise à la disparition pure et simple de l'Ecole républicaine telle qu'elle avait existé, qui ne cadre plus avec l'économie dérégulée promue par les économies ouvertes que nous connaissons en France et en Europe, et qui dominent l'espace mondialisé. De ce point de vue, la question de l'école est à relier avec de nombreuses autres, qui connaissent les mêmes dynamiques de dilution. Tous les débats sur l'école sont de faux débats au regard de la réalité des décisions prises ces trente dernières années, et sur lesquelles il y a toujours eu consensus à droite et à gauche. Enfin, demandez- vous où les décideurs mettent LEURS enfants, et constatez quelle pédagogie on pratique dans ces établissements : là, vous saurez quelle est la bonne pédagogie, celle qui permet la "réussite" scolaire et sociale. Et ça n'est sûrement pas celle qu'on donne aux gosses de ZEP (ou d'ailleurs, car la situation est généralisée).
Il est clair que le citoyen moyen, avec sa vie quotidienne, n'a pas le temps de réfléchir à ces questions complexes, et se fait enfumer, et d'autant plus qu'il fait confiance à l'autorité. Mais il a tort ce citoyen de ne pas prendre le temps, car on parle bien de l'avenir de ses mômes.
NB : mon post doit avoir un petit relent d'ado attardé...