Publié par
Dame Belladona
En clair : à quoi servent ces fichiers multiples, divers et variés ? Être un citoyen lambda ne veut plus rien dire ? Sommes nous tous devenus des matricules ?
Je suis intrigué car il y a deux ans, presque jour pour jour (je m'en souviens car voir des messages propageant la désinformation sur un sujet de plus en plus critique dans notre société m'avait fait réagir), tu affirmais que le fichage n'avait aucune incidence sur les libertés individuelles.
Aujourd'hui, c'est toi qui lance une discussion pour t'étonner et t'interroger sur le bien-fondé du fichage et sur le manque de considération pour les individus que cela induit.
Par curiosité, qu'est-ce qui a modifié ton point de vue ?
D'accord avec olbach, le soucis, c'est pas le un fichier lambda pris en solo ( encore que ), mais la mniaière dont peuvent être utilisés ces fichiers entre de mauvaises mains...
Pas d'accord : les exploitations abusives qui peuvent être faites d'un fichier par des personnes mal intentionnées sont un problème réel (et qui s'est déjà posé) mais c'est loin d'être le seul, et le fichier en lui-même en pose de multiples.
Il faut également prendre en compte les problèmes de sécurisation du fichier (la loi française impose au responsable du traitement une sécurisation « proportionnée » à la criticité des données traitées) qui, lorsqu'elle n'est pas assumée, permet à des tiers de prendre connaissance d'informations privées auxquelles ils ne devraient pas avoir accès et cela est problématique quelles que soient leurs éventuelles intentions.
De façon générale, les problèmes techniques intervenant sur le traitement peuvent être la source de nombreux problèmes (une personne se faisant interpeller par la police à la place d'un homonyme, pour prendre un exemple réel, ou une personne subissant un lavage de cerveau à la place d'une autre à cause d'une mouche tombée dans l'imprimante, pour reprendre l'exemple fictif – mais pas tant que ça – du film
Brazil).
La durée de conservation des informations est également problématique, tant dans la difficulté à la définir que dans la façon dont elle est appliquée (cette considération est trop souvent ignorée par les responsables de traitements) et peut par exemple entrainer le maintien anormal d'un interdit bancaire sur une personne dont le comportement problématique relevé par sa banque remonte à plus de dix ans.
On peut encore parler des erreurs humaines, et dans le cas des fichiers de police, ça ne manque pas, entre les policiers qui n'ont pas compris la formation donnée (ou qui se servent du fichier sans avoir été formés) et qui entrent des données qui ne devraient pas figurer dans le fichier ou qui ne correspondent pas à l'intitulé des champs, etc.
Et il y a toutes sortes d'abus venant de personnes dont l'accès au fichier est licite et qui ne sont pas forcément animées de mauvaises intentions.
Liste non exhaustive mais qui donne une petite idée de la vaste étendue des problèmes posés par le fichage, et qui ne se limitent pas aux récupérations frauduleuses de tout ou partie du fichier par la « mafia ».
(Je donne ici à mafia un sens large, et qui pourrait notamment inclure les Balkany, Pasqua et compagnie, proches du Dauphin de France et spécialistes de la manipulation de fichiers d'électeurs.)
Sinon sans aller autant dans l'extrème, il a exister plusieurs fichages, à une époque (dans les années 60 environ) certains de ses fichiers (qui était juste des listes à l'époque) étaient utilisés par le patronat pour savoir quel employé ne pas recruter etc... (en gros ils regardaient de quel bords politique etait la personne ou si elle était syndiqué etc...).
C'est toujours le cas aujourd'hui ; certains « patrons » (ou plus souvent, les directions des ressources humaines) n'ont aucune honte à révéler qu'ils exploitent toutes les informations qui peuvent leur « tomber sous la main » afin de trier leurs candidats.
Cela passe notamment par l'exploitation abusive des réseaux sociaux du web, tel que Facebook, qui permet notamment à ces patrons de connaitre les orientations politique, religieuse ou sexuelle des candidats alors que la collecte de ce genre d'informations (et à fortiori leur publication) est sévèrement réglementée en France et que la situation de Facebook à ce niveau est illégale.