On est tous d'accord pour dire que contester la société de consommation n'est pas une nouveauté.
Mais lorsque le regard posé et le discours se veut aborder un point de vue qu'on ne voit jamais chez les alter-mondialistes de tout poil, il me semble important, au moins de s'y intéresser.
Non, le discours n'est pas vu et revu, justement, c'est là l'intérêt. Aujourd'hui, la contestation demande une révision des codes, une autre tendance des réformes, un niveau politique mieux gêré ... c'est ce qu'on appelle la "révolution à la française" : on se révolte, mais on garde quand même le roi. La peur de la liberté effraie même les contestataires, il faut le savoir.
Aujourd'hui, on a une société qui avance, qui évolue, mais qui à côté de ça referme les charnières de la censure et de l'emprisonnement. On est dans les carcans que nous imposent nos héritages culturels, qu'ils soient religieux ou sociaux.
Fight Club a donné la voix à une autre forme de révolution que personne n'évoque par peur de passer pour un fou, celle que décrivent des groupes comme Atari Teenage Riot ("Destroy 2000 years of culture") ou des réalisateurs comme ce contestataire noir américain qui disait "Aujourd'hui on voit des alter-chépasquoi s'inscrire à attac et bouffer bio. Ils se pensent révolutionnaire, alors qu'ils ne font que jouer le jeu de ce qu'ils contestent".
On en a jamais assez de décrypter le message de Fight Club, son requiem sur l'hygiène et l'image, sur le simple fait de vivre et de descendre dans la rue. Ces mêmes gens qui contestent la société, se plaignent, se rendent-ils compte du nombre de mouvement quotidiens qu'ils font dans le seul but de garantir une place sociale, une image d'eux-mêmes ?
Quelqu'un a parlé de Matrix, et pourtant, même le message de Matrix si dans ses grandes lignes est formaté, recelle quelques perles. Pourquoi est-ce qu'on ne dit jamais que ce type de révolte ne pourra jamais fonctionner parce que certains se sentent trop bien dans cette prison dorée ? Pourquoi est-ce que les organismes alter-mondialistes se refusent d'admettre qu'ils sont entièrement pris en compte dans le système capitaliste comme marge de manoeuvre calculée, voire des fois instrumentalisée ?
Dire que Fight Club est une production hollywoodienne ne rime à rien. Brad Pitt EST Tyler Durden, personne n'aurait pu le faire mieux que lui, le frimeur insouciant, blazé et las, Fincher a eu la primauté du film tout bêtement parce que c'est lui qui a apporté l'idée, et la retranscription du livre est on ne peut plus fidèle.
Si vraiment on avait voulu faire un mtv movie sur la teen rebelz attitude, on aurait quand même pu faire plus simple et moins cher.
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