Déjà, la neutralité politique n'éxiste pas.
La rédaction du 20 heures de TF1 est à droite, ce n'est même pas une question de volonté absolue, mais de reproduction sociale : quand tu sors d'une école de journalisme et que tu es de gauche, tu as tendance à ne pas vouloir bosser chez le grand satan. Un peu comme un jeune journaliste militant aux jeunes populaires aura du mal à postuler chez Libération.
Il y a ensuite le problème du traitement de l'information, entre objectivité façon AFP et engagement clair façon l'humanité. Au milieu, il y a un marais de journaux orientés mais théoriquement "libres". Libération à gauche, Le Monde au centre droit, le Figaro à droite.
Pourquoi une chaine de TV ne pourrait pas avoir une orientation comme ces journaux? Je vois deux grandes objections :
- TF1 n'affiche pas clairement ses idées de droite. Cet argument est très discutable, après tout, TF1 est notoirement de droite, tout comme Libération est notoirement à gauche. On ne demande pas au Figaro d'apposer un gros bandeau "journal de droite" sur sa Une. Pourquoi le faire avec TF1? Pour son audience? Alors, si demain le Figaro tire à 10M exemplaires, on éxige la même?
- l'influence de TF1 est trop importante. Le problème n'est pas tant l'importance, mais l'absence de contrepoids de gauche. Il y a une chaîne de droite, aucune de gauche. Pourquoi? Parce que le traitement de l'information sur TF1 n'est en fait pas dicté par les idées politiques, mais par le marché.
Le marché actuellement amène les chaines de TV à :
- ne pas se mettre à dos une partie de la population. D'où le coté "droite peu assumé" de TF1.
- plaire à un maximum, d'où la prédominance de sujets "chocs". Le problème de ces sujets, c'est qu'ils profitent très souvent à la droite (insécurité, justice). De plus, TF1 a un traitement de l'information qui suit les courbes de sondage : plus Sarkozy est bas, plus on insiste sur les sujets qui lui sont défavorables, comme le pouvoir d'achat.
Ajoutez à cela la reproduction politique de la rédaction que j'ai évoquée et des dirigeants issus du monde de l'entreprise (donc de droite) et vous obtenez notre TF1.
Il faut toutefois nuancer la politisation de l'information par rapport à la presse : l'image fait la part très belle au témoignage. Si le choix du témoin est subjectif, la réglementation impose un équilibre entre les partis.
C'est cette réglementation qui pèche pour moi, et pas TF1. Le temps de parole devrait être plus équilibré, avec une prise en compte partielle de la parole présidentielle. Pas totale, non, mais peut-être du 33% ou 50%.
Cetrix : les freenautes peuvent zapper sur la Rai Uno pour rire.
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