Il y a des enfants de cadres qui sont des cancres, et des enfants d'ouvriers qui sont très doués.
Et de l'expérience de ma mère, avec ses 25 ans d'enseignement en CP, l'échec scolaire prend sa source aussi (par extension du traditionnel échec scolaire du à la "démission" des parents) dans le désir des parents que leur enfants soit doué, qui les conduit à des enseignements prématurés et non encadrés que l'enfant qui n'en comprend pas l'intérêt va acquérir "pour faire plaisir" et je ne pense pas qu'il soit nécessaire que je développe sur les défauts de la motivation de l'apprentissage pour faire plaisir à autrui.
Les enfants qui réussissent ont en règle général eu dès leur plus jeune âge des stimulations intellectuelles de la part de leur parents qui les rendent curieux et désireux d'apprendre. L'apprentissage de l'alphabet par coeur ne fait pas partie de ce type de stimulation. Le principal souci de l'enseignement par les parents et en dehors du contexte scolaire de l'alphabet et que cet enseignement n'est pas forcément en corrélation avec les méthodes d'enseignement de la lecture (généralement en France et pour l'enseignement de la lecture du français, on est dans des méthodes dites semi-globales, qui initient l'enfant à la lecture par photographie de mots et finissent par enseigner le déchiffrage par des méthodes proches du B-A-BA mais moins systématique, en gros on fait acquérir à l'enfant le sens de la compréhension de l'écrit avant celui de son oralisation et de son déchiffrage, à l'inverse de la méthode B-A-BA qui enseigne le déchiffrage avant l'acquisition du sens et a des résultats souvent catastrophique au niveau de l'oralisation).
Mais effectivement, la différence est subtile, dans la mesure où un enfant doué non correctement stimulé dans son jeune âge finira par trouver une stimulation intellectuelle tout seul et à compenser, contrairement à un élève moyen voire médiocre dans l'absolu, qui pourra faire une scolarité parfaitement honorable si il est correctement stimulé intellectuellement plutôt que de rattraper les meubles tant que faire se peut.
Après, le milieu social dans lequel un enfant est élevé est intimement lié avec les stimulations intellectuelles qu'il pourra potentiellement recevoir, ce en quoi ta différenciation enfant de cadre versus enfant d'ouvriers reste pertinente, même si la raison sous-jacente à cela n'est pas "juste" le milieu social.
Quand à la "pédagogie", si on t'en a bassiné quand tu étais petit, tu as du croiser un sacré nombre de connards parmi les gens qui s'en réclamait. La pédagogie est généralement apparenté à une science, et c'est justement elle qui étudie, entre autres, les liens entre les différentes formes de stimulation intellectuelle et l'adaptation à un enseignement scolaire.
Peut-être parles-tu en fait de méthode d'enseignement, ou de méthodes d'apprentissage (la différence est subtile) que l'on qualifie abusivement de pédagogie (comme la célèbre "pédagogie Freinet") et qui sont souvent des sujets de discorde au sein des professionnels de l'enseignement, discorde prompte à réduire à néant tout intérêt de l'enfant à l'apprentissage, et ce quelles que soient les stimulations intellectuelles qu'il aurait pu préalablement recevoir.
Maintenant, il y a façon et façon. L'alphabet par exemple peut être enseigné d'une manière qui va provoquer une stimulation intellectuelle, autant qu'il peut être asséné par un bachotage prématuré qui ne sera d'aucune utilité à l'enfant.
Et pas besoin d'être désolé de ne pas être d'accord, c'est pas un mal
Et la petite couche en plus, on enseigne pas à compter à un enfant en lui faisant réciter par coeur la suite des nombres. On lui fait découvrir la structuration de la numération. Au CP, dans le programme officiel, on enseigne à compter dans différentes bases, et certains enseignants poussent même l'abstraction du système de numération par commencer à enseigner à compter en base 3 sur la base d'une numération inventée.
Maintenant, les apprentissages par coeur ne sont introduits qu'au CE1, où on apprends les chiffres de la base dix et leur ordre canonique, où l'on apprends l'alphabet par coeur puisque chercher dans un dictionnaire est au programme. On a ensuite une année "à blanc" (pas de nouvel apprentissage) au CE2 dont l'objectif est de consolider les acquis et de faire le lien entre les systèmes enséignés au CP et les connaissances (le par coeur) dispensées en CE1.
Les apprentissages par coeur, c'est après le CP.
Je n'ai jamais dit qu'il n'y avait pas du tout d'apprentissage par coeur, j'ai dit "pas au CP" et c'est tout. Quand à la méthode B-A-BA qu'elle est trop bien, il y a de nombreuses études qui prouvent que les élèves qui savent lire correctement en ayant appris à lire avec une méthode basé sur la primauté du déchiffrage sur l'acquisition du sens sont des élèves ayant un esprit d'abstraction supérieur à la moyenne, ceux qu'il y a 40 ans on qualifiait de bons élèves parce qu'ils avaient "la" qualité qui permettait de réussir dans l'ensemble des matière enseignées en primaire.
Sur ce, je vous invite à lire les que-Sais-Je sur le sujet si ça vous intéresse, moi j'arrête, sinon je ne tiendrai pas ma résolution de ne pas faire plus d'un pavé par semaine.