[Ex-Libar n°7] Publication et votes \o/

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Texte 2 1 3,23%
Texte 3 3 9,68%
Texte 4 5 16,13%
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Texte 7 6 19,35%
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Texte 13 7 22,58%
Votants: 31. Vous ne pouvez pas participer à ce sondage.

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Salut les amis.

Ceci est le sujet introductif pour le sondage, Turpi va poster ensuite la présentation et les textes, soyez sympa et attendez qu'elle ait fini pour poster svp. :]
Texte n°1:

Citation :
Tic. Tac. Driiiiing.
6h45, l’heure de se lever pour Charline. La sonnerie a aussi réveillé la petite Catherine, 8 mois, qui dort dans la même pièce. Rien d’étonnant quand on vit dans un lugubre et délabré studio de 17m², toutefois, ni les fissures ridant les murs ni l’humidité ambiante qui fait moisir les vêtements n’empêchent la jeune maman d’aimer sa petite fille chérie. Alors, les yeux embrumés, elle se dirige vers le lit à barreaux et prend son enfant dans les bras en lui murmurant des mots apaisants. Elle se calme rapidement et se rendort ; la jeune femme la repose dans ses draps, l’embrasse, puis va se préparer à la salle de bain. Scène désormais banale de son quotidien depuis la naissance de son ange, comme elle aime l’appeler. Ce qui l’attriste le plus est qu’elle ne puisse grandir dans le paradis qu’elle mérite…
7h10. Une fois prête, elle mange rapidement quelques tartines accompagnées d’un café serré avant de retourner chercher son être céleste pour l’habiller avant de la déposer chez Madame Mireille, moment qui lui fend le cœur à chaque fois, évidemment.
7h15. Petit pull rose avec un ours brodé sur le devant, jean à pattes d’eph, bandana rose lui aussi, pied de la table, perte d’équilibre, nuque, table basse à plateau en verre offerte par ses grands-parents. Brisées.

Elle se sent partir et entend les cris de son bébé couché près de son corps désormais nommé cadavre. Ses pleurs sont insupportables. Elle ne peut pas la quitter, pas maintenant, elle est si petite, si fragile. Comment pourrait-elle survivre dans ce monde impitoyable sans sa mère chérie pour la protéger ? Elle voudrait hurler sa colère mais elle ne peut plus rien faire, plus rien dire, seule une lourde atmosphère sombre l’entoure maintenant, tandis qu’elle se sent poussée vers une lueur au loin.
Si seulement…Si seulement…Si un visage flou apparaissait devant elle et lui faisait cette proposition d’une voix doucereuse :
« Laisse ta fille prendre ta place, ainsi elle n’aura pas à grandir orpheline et tu pourras enfanter à nouveau…en faisant plus attention. Fais ton choix…vite. »
Elle aurait sursauté si elle avait encore eu un corps. Prise de panique, elle sait qu’elle doit réfléchir…vite. Ces paroles semblent pleines de bon sens, comment refuser pareille offre ? Oui, tout est limpide maintenant. Elle accepte.

La voila soudain aspirée en arrière, elle réintègre son corps et la scène de la chute se reproduit à l’envers. Puis elle retombe. Par réflexe, elle lâche sa fille en voulant se rattraper et son bras traverse le plateau de verre qui explose à son contact. Malgré la chair à vif, incrustée d’éclats cristallins, elle essaye de se relever tant bien que mal pour découvrir gisant à ses côtés la dépouille de sa petite Catherine qui s’est fracassée la tête sur le coin de la table. Cette vision d’horreur la fait hurler ; elle peut, cette fois, elle est vivante. Puisqu’elle est à nouveau faite de chair et de sang, elle en profite même pour vomir son petit-déjeuner. On a beau être prévenu, la mort n’est pas belle à voir. Luttant contre la douleur, elle prend contre elle ce qui n’est plus qu’une coquille vidée de son âme – et de son sang en partie. Les pleurs sont là, les regrets aussi, mais impossible de revenir en arrière une seconde fois.

Les années passent, dont quelques mois en hôpital psychiatrique, et Charline tente de reconstruire sa vie, aidée par des amis et une famille qui veulent la persuader qu’elle doit créer un nouveau foyer. Si on peut appeler foyer une famille monoparentale comme c’était le cas, bien sûr. Soit. La demoiselle est un peu perdue et se laisse finalement convaincre, n’ayant ni l’envie ni la force de lutter. Vient alors le charmant Marc qui parvient à la faire rire et sourire, un exploit depuis le tragique accident. A nouveau les années passent, la blessure poursuit sa lente guérison quand arrive plus concrètement le sujet des enfants. Se sent-elle enfin prête à en avoir à nouveau ? La vue de ses cicatrices amène des pleurs et non une réponse…

Le temps se fait long, que d’attente…Enfin, elle accepte, principalement pour faire plaisir à son mari. Lui au moins désire l’enfant, contrairement à son ancien compagnon qui l’a quittée en apprenant qu’elle était enceinte, douce ironie de la vie.
Un an plus tard, l’accouchement se déroule sans problème sous les yeux émerveillés du papa qui coupe le cordon ombilical rattachant la petite Meleya à sa mère. Cette dernière sanglote sans discontinuer. La douleur et l’émotion, ça ne fait aucun doute.
Mais la nuit n’arrête pas les sanglots et des heures durant, la jeune femme plus si jeune que ça reste prostrée dans son lit, les mains sur le visage, jetant parfois un coup d’œil au berceau et pleurant de plus belle.
7h10. Elle se lève, prend l’enfant dans ses bras, pousse une chaise contre la fenêtre qu’elle ouvre de sa main libre et plonge du 5ème étage de l’hôpital en une danse brève et macabre.
Le jour même, le veuf noie sa peine dans l’alcool et écrase sa voiture sur un platane.

Non loin de là, deux êtres à l’allure nébuleuse discutent :
_ Quatre pour le prix d’une avec un simple échange d’existences. Tu vois, il faut travailler sur le long terme pour avoir de bons résultats…
_ J’avoue que t’es plutôt doué, deux âmes déchirées et deux bébés en une seule opération, c’est du lourd. Pas étonnant que t’aies les faveurs d’en haut avec ça. Enfin, d’en haut d’en bas quoi.
Leurs rires légers s’élèvent puis s’évanouissent, tout comme eux.
Texte n°2

Citation :
Pertoutatis - Mais où avais-je la tête ?!

Cette question paraîtra de plus en plus pertinente à Ray ou plutôt Raymond de son vrai prénom, il haït ses parents sans vergogne pour cette simple raison. Ray actuellement il dort dans son lit, les paupières closes et le visage serein, il est beau Ray pas comme son prénom, il est brun aux cheveux courts, petit nez busqué, pommettes saillantes, lèvres fines, mâchoire carrée et barbe de deux jours. Le soleil se lève dehors, les grandes fenêtres qui illuminent habituellement sa chambre ne donnent pas à plein régime mais lorsque ce sera le cas, Ray se réveillera.

Sa chambre est classique composée d’un lit deux places, il y est un peu obligé Ray, il est coureur et bon tireur, d’ailleurs la veille il a noué des liens intimes avec Gil. Donc un lit deux places, une table de chevet au tiroir rempli de préservatifs, prévoyant le Ray et pas fou, une commode et une grande armoire pour ses affaires, Ray avait oublié qu’il a déjà levé Gil, oui le principal défaut de Ray c’est d’être tête en l’air, ce n’est pas qu’il est con mais il ne jouit pas d’une intelligence foudroyante.

Ca y est le radio réveil est en marche, la musique chatouille doucement ses oreilles et la lumière matinale réchauffe doucement ses paupières, il ne bouge pas, il aime ses premiers instants avant de se lever, moments où le monde qui l’entoure n’a pas encore de consistance alors que lui, il est Ray, le super beau gosse qui fait tomber.
Allez !

Il ouvre les yeux, et tout de suite il note que quelque chose a changé, il ne sait pas quoi mais cela ne lui plaît pas. Il fronce les sourcils se disant qu’il cherche la petite bête pour cette nouvelle matinée, sauf qu’elle persiste cette première pensée, il est en plein milieu du lit, pile poil et là il voit ce qui ne vas pas, les draps blancs sont tirés à quatre épingles, sans plis et tendus.
C’est quoi ce délire !?

Il veut soulever les draps mais il n’y parvient pas, soudain cette douleur énorme et diffuse qui explose dans son crâne, son visage se crispe en une expression de souffrance intense, il veut ouvrir la bouche pour hurler mais aucun air n’arrive.
Je vais mourir.

La panique est là, il ne peut pas bouger la tête ni ouvrir la bouche, seuls ses yeux vivent et bougent pour balayer la scène de son regard affolé. Finalement il s’arrête sur sa droite, il ne voit pas clairement mais au bas du lit quelque chose d’assez grand est à terre, si le soleil était plus haut dans le ciel, il arriverait à mieux distinguer ce que c’est.
Mais c’est quoi ce bordel.

Ses yeux restent fixés sur la forme, au moins son attention l’empêche de penser à la douleur toujours présente, il s’écoule de longues minutes avant qu’il réagisse de nouveau, le radio réveil s’éteint, une heure qu’il est dans cet état ! Réveillé et impossible de bouger ou de parler, c’est à ce moment précis qu’il entend des pas dans la pièce d’à côté, la porte s’entrouvre elle donne côté fenêtre sur sa gauche donc il ne voit pas qui l’ouvre, puis une petite voix se fait entendre :
- Ca va Ray ?
Comme il ne peut répondre on peut aisément imaginer ce qui se passe dans sa tête tant la situation semble critique. Une tête aux cheveux blonds et longs passe la porte, de fines lunettes cache des yeux clairs, le nez fin, les lèvres pulpeuses, la poitrine ferme, le ventre plat et de longues jambes.
C’est Gil ! Ouf.

Elle est nue comme un ver et plutôt attrayante dans cet état, mais elle semble un peu contrariée.
- Ca n’a pas l’air d’aller mon chou ?
En effet c’est le moins que l’on puisse dire.

Elle ramasse un sac à main au pied du lit et en sort une seringue.
- Cela devrait te faire du bien mon chou.
Elle s’avance vers lui, il veut essayer de crier mais rien à faire, il s’attend à ce qu’elle le pique au visage, mais au dernier moment elle plante l’aiguille à côté de son cou, elle plonge la seringue dans une espèce de contenu qu’il ne voit pas mais qui semble mou et humide, une fois la seringue retirée, en effet la douleur disparaît presque aussitôt. Il remercie Gil d’un regard qui l’embrasse chaleureusement sur la bouche.
- Ca va aller mieux pendant quelques heures avec ça.

Mais il ne comprend toujours pas ce qui se passe, pourquoi Gil a sorti cette seringue, il était pourtant certain qu’elle n’est pas toubib ou dans le paramédical. Elle se redresse, il décèle une lueur de folie dans ses yeux, puis elle s’assoit à côté de lui.
- Tu te demandes ce qui se passe n’est-ce pas ? Je vais t’aider, pense à hier au soir, à ce que tu m’as dit après m’avoir baisé. Tu ne vois pas ? Je ne suis pas étonnée, ce que tu peux être con Ray, mais con à un point inimaginable.

L’envie de baffer Gil est si grande qu’il croit pouvoir le faire, mais cet effort le ramène à une dure réalité, il ne peut rien.
Putain la salope elle a dû me paralyser avec sa seringue, attends que je me lève !

- Tu es pathétique, je te rappelle ce magnifique moment où tu m’as dit texto : Tu sais chérie faut que je t’en raconte une bien bonne, je dis ça car tu m’y fais penser un peu.
La paupière de Gil tressaute avec frénésie mais elle reprend :
- Il y a quatre ans j’ai sauté une certaine Monique, un bon plan une brune aux cheveux courts, on se revoit deux trois fois et elle me demande si je veux venir dans son appartement, je dis pourquoi pas on passe un super nuit baise, le lendemain matin elle me ramène le petit déjeuner au lit, bref super cool et là dans un moment de folie …
La voix de Gil porte dans les aigus.
- Elle me demande si je veux l’épouser, et je lui réponds qu’il ne faut pas délirer et qu’il en est hors de question, quelle conne j’te jure cette Monique …

Elle s’arrête un bref instant.
- Et tu es parti dans un rire stupide.
La poitrine de Gil se soulève et se rabaisse à un rythme saccadé. Le problème pour Ray c’est que d’une, il a déjà du mal à se remémorer cette discussion et que de deux il ne voit pas où elle veut en venir.
- Sincèrement tu es très con Ray, je t’ai demandé si tu racontais ça à la plupart de tes conquêtes, tu m’as répondu à chaque fois !
Gil avait les larmes aux yeux et c’est la gorge serrée qu’elle lui disait ses mots.
Elle commence sincèrement à me faire chier celle-là, au moins quand je raconte ça aux autres gonzesses, elles ne viennent pas me demander en mariage le jour d’après.

Il n’écoute plus Gil, ça l’ennuie profondément, le soleil pointe un peu plus dans la chambre et son regard tombe de nouveau sur la forme au pied du lit, elle est blanche grisâtre, c’est certain mais il ne comprend toujours pas ce que ça fait là et avec cette perturbante impression que ceci lui est familier.
- Raymond !
Gil a hurlé son vrai prénom.
Mais je vais la cogner j’ai horreur que l’on m’appelle Raymond, ô toi dès que je peux je t’inflige une correction que tu n’es pas prête d’oublier.

- Tu ne vois toujours pas Ray ? Lui demande-t-elle, alors qu’elle semble avoir retrouvé son calme.
Tu ne vois pas Ray, tu ne comprends Ray, tu m’écoutes Ray, qu’est ce qu’elle me bassine !

Et sans prévenir, elle se rapproche de lui à quatre pattes, ses cheveux, qui sentent les fruits rouges mûre ou framboise, caressent les ailes de son nez, elle monte encore, sa poitrine lui effleure le menton et elle lui chuchote :
Tu veux un peu de bon temps avant de reprendre, mon chou ?
La proposition est alléchante mais sans action, c’est pas terrible. Puis elle se met face à lui, satisfaite de sa provocation.
- Ah cette sacrée Monique, n’est-ce pas ?
Il lui répond par un sourire.

- Je m’en doutais, ah la conne de Monique !
Elle retire ses lunettes.

- Quelle cruche !
Elle retire la perruque pour faire apparaître des cheveux bruns coupés courts. L’étonnement et la surprise se lisent dans le regard de Ray.
Putain c’est Monique !

- Et oui c’est moi Monique, surprise mon chou ! Sache dégénéré du bulbe, que cela fait 4 ans que j’attends ce moment, j’ai tout préparé et je savais que le peu de considération que tu as pour moi te ferait tomber dans le panneau, mais j’ai été trop bête hier au soir de croire l’espace d’un instant que nous pourrions de nouveau faire quelque chose ensemble.

De grosses larmes coulent sur ses joues, elle s’essuie avec grâce et reprend la conversation avec un très large sourire.
- Mais maintenant tout va rentrer dans l’ordre, il suffira que tu fasses juste quelques efforts.
Elle est complètement cintrée la pauvre, conclut-il.

Elle se relève et part s’habiller, tout en continuant à discuter.
- Dorénavant tous les soirs tu devras être gentil et avoir un peu plus de considération à mon égard. Hein mon chou ?
Ca ne va pas ou quoi ! Relâche moi espèce de folle !


- Bon je t’accorde une chose mais c’est bien la seule, quand je rentre c’est moi qui s’occupe du repas et du ménage !

Il l’entend correctement par intermittence quand elle passe de temps à autre sa tête dans l’embrasure de la porte, remettant sa tenue d’hier au soir, un tailleur noir qui lui va à ravir, une fois habillée et prête à partir, elle se poste devant lui les mains dans le dos, avec son sac à main en bandoulière à l’épaule.
- Je vois que tu es encore sceptique mon chou, mais tu ne pourras pas bouger de là, lui dit elle avec une mine contrite. Je sais bien que tu ne comprends pas ce qui t’arrive encore.

Une impression de malaise se fait de plus en plus grande dans son esprit.
- Je vais t’aider un peu, mais cela risque de ne pas être facile pour toi.
Tout en disant cela elle lui montre un petit miroir, ce qu’elle cachait derrière son dos.
- Voilà ! Fit-elle en posant devant ses yeux le miroir.

Pour la première fois de la journée un cri sortit de la bouche de Ray, mais il lui coûta si cher qu’il s’évanouit sur le coup. Au bout de quelques minutes il reprit conscience, avec Monique au-dessus de sa tête.
- Je t’avais prévenu mon chou, allez ça va passer. Je te le laisse pour la journée, tu auras tout le temps de méditer sur ma douleur.

L’effroi est perceptible sur le visage de Ray.
Le miroir est en effet toujours là mais il l’évite soigneusement, la précédente vision l’en dissuade. Il concentre son attention sur Gil, enfin Monique qui lui sourit gentiment.
- Je reviens ce soir mon chou.

Elle l’embrasse une dernière fois et part de la chambre en refermant la porte.

Elle le laisse avec cet implacable constat que tout le reste de la journée, ce miroir lui fera toujours face, incontournable, alors comme pour conjurer la précédente vision il se regarde encore une fois où l’horreur frappe de nouveau avec cette incroyable vision :
Sa tête sur un socle spongieux avec des tuyaux et divers mécanismes, pas de corps, juste sa tête.

Puis lui revint à l’esprit la forme aux pieds du lit, il la regarde avec attention, et l’évidence lui saute aux yeux :
Mon corps ! Mais où avais-je la tête ?

Plus sur tes épaules. Lui répond une petite voix.
Il comprend tout, jusqu’à ce qu’elle le décide il vivra ainsi.
L’enfer sur terre.
Texte n°3

Citation :
« - Raaah, Sanders, vous vous foutez de ma gueule ! »
« - Non Professeur, je vous assure. Le serveur central s'est éteint en pleine nuit sans que nous sachions pourquoi. Depuis, impossible de le relancer ; il se contente d'afficher un écran noir et ce quel que soit l'écran qu'on lui branche dessus. C'est à n'y rien comprendre. »
« - Raaah, Sanders, vous vous foutez de ma gueule ! »
Le Professeur était réputé dans le monde entier pour deux choses bien distinctes : son talent incroyable pour tout ce qui touchait à l'informatique et plus particulièrement à l'intelligence artificielle, ce qui lui avait très vite valu un poste haut placé dans la recherche spatiale. Mais malgré ses capacités hors du commun, il n'était que moyennement apprécié de ses collègues en raison de la rudesse toute scientifique de son langage lorsqu'il se retrouvait confronté à un problème inhabituel.
Pour l'heure, les deux hommes avançaient dans l'obscurité des couloirs du complexe d'étude de la NASA. Ils allaient d'un pas rapide vers la salle des machines, le Professeur menant la marche, les cheveux hirsutes d'avoir été tiré du lit en pleine nuit.
« - Sanders, dites-moi ce que avez bien pu foutre pour le mettre dans cet état ! »
« - Mais Professeur, c'est justement ça qui est incroyable ! Nous n'avons effectué aucune mise à jour particulière depuis une bonne semaine, même pas un petit patch, rien ! »
« - Raaah, Sanders, si vous continuez à vous foutre de ma gueule vous allez prendre mon pied au cul ! »
« - Mais enfin Professeur, je vous assure que je vous dis la vérité ! En dehors de nettoyages bénins, il ne s'est... »
Le Professeur s'arrêta net et Sanders manqua de lui rentrer dedans, emporté par son élan.
« - Ha ! Ha ! Vous voyez ! Ha ! » s'exclama le Professeur, ponctuant chaque syllabe d'un coup sec de son doigt boudiné dans les côtes de Sanders. « Des nettoyages bénins, mon cul ! Je suis sûr que vous avez déconné à pleins tubes sans le savoir ! Racontez-moi tout ! »
Grimaçant, Sanders répondit en se massant le thorax :
« - Et bien nous nous sommes contentés du nettoyage annuel de la base de registre, d'allouer plus de ressources au Labo 8... Enfin, je ne vois vraiment pas... »
« - Hé bien cherchez ! »
Se décomposant devant le regard impérieux du Professeur rendu encore plus sévère par ses sourcils broussailleux, Sanders balbutia :
« - Si je me souviens bien, Ramirez a également modifié le fond d'écran qui datait de... »
« - Haha ! » rugit le Professeur d'un air triomphant, administrant une grande claque sur l'épaule de Sanders qui sursauta. « Nous y voilà ! J'étais sûr que vous aviez fait les buses. En route, je veux voir ça de mes propres yeux. »

La salle des serveurs était sombre et baignait dans le doux ronronnement des centaines de machines tournant dans leurs baies de rangement.
Au centre de la pièce trônait la plus immense de ces machines devant laquelle s'affairait un jeune homme fébrile. De nombreux écrans parsemaient la table posée aux côtés du serveur principal. Minuscules écrans cathodiques, larges écrans plasma, il y en avait de toutes sortes. Le jeune homme était occupé à en raccorder un au serveur quand le Professeur lui mit une grande claque dans le dos.
« – Alors Ramirez, on pédale dans la semoule à c'que j'vois ! »
Ramirez sursauta et se cogna la tête contre le rebord de la table.
« – Vous m'avez fait peur, Professeur" répondit Ramirez d'un air de reproche en se frottant le crâne. « Je voulais justement vous… »
« – Oh, taisez-vous. » l'interrompit le Professeur. « Vous êtes bien conscients tous les deux qu'avec vos conneries ce sont des années d'efforts et de recherche qui risquent de partir en fumée ? »
« – Mais on a rien fait du tout ! » glapit Sanders, donc la voix était légèrement parti dans les aigus.
Le Professeur le considéra froidement pendant quelques secondes, grommela quelques mots parmi lesquels les assistants purent distinguer "lavette", "recrutement n'importe qui", "de mon temps" et s'installa devant l'écran récemment installé.
Puis il attendit.
Longtemps.
De temps en temps il penchait la tête, l'air d'écouter, et murmurait des "Oui" et des "Je vois, je vois" à l'occasion. Les deux assistants le regardaient sans oser dire un mot. Au bout de plusieurs dizaines de minutes, Ramirez sortit en sursaut de l'état de somnolence dans lequel il était tombé lorsque le Professeur se mit à parler.
« – Ramirez, l'ancien fond d'écran que vous aviez mis sur le serveur représentait bien une photo d'une nymphette quelconque à poil ? »
« – Je, enfin, ce n'était pas, je veux dire… Euh, oui. »
« – Bien. Ecoutez-moi vous deux. » fit le Professeur en se massant les tempes. « Vous êtes ici depuis quelques temps, mais pas suffisamment pour vous rendre compte de tout ce qui se passe. Vous êtes jeunes, vous croyez encore que ces machines se résument à des saloperies de colonnes de zéros et de uns. »
Sanders, qui vouait un culte proche de la vénération à l'informatique, ouvrit de grands yeux choqués et voulut dire quelque chose. Le Professeur l'ignora.
« – Ici à la NASA, on a les ordinateurs les plus puissants du monde. S'ils étaient humains, ils mesureraient cinq mètres et auraient une bite grosse comme votre avant-bras, Ramirez. Oh, faites pas cette tête-là, c'est une image. Bon, là où je veux en venir, c'est que ces ordinateurs pensent. On leur carre tellement de données dans l'oignon qu'ils se mettent à développer leurs propres chemins de pensées irrationnelles. Et il se trouve que celui-ci s'est apparemment amouraché d'une manière ou d'une autre de la grognasse que vous lui aviez collée sur le nez. La lui enlever d'un coup, sans le prévenir, a provoqué ce que j'appellerai faute de mieux un traumatisme émotionnel. Il réagit un peu de la même manière que si vous perdiez votre femme… Enfin non, mauvais exemple, avec votre gueule de premier de la classe m'étonnerait que vous ayez eu l'occasion d'être dépucelé. Mettons que c'est comme si vous aviez perdu un membre très cher de votre famille. Il est amorphe, il ne sait plus trop comment aller de l'avant, il se perd dans la douleur de ne pas pouvoir retrouver les quelques octets qui lui étaient si cher. »
Un silence atterré suivit ce petit discours. Après avoir laissé le temps aux deux assistants de réaliser ce qu'il venait de dire, le Professeur reprit :
« – Ramirez, avez-vous encore cette image en votre possession ? »
Tremblant, Ramirez acquiesça et lui tendit sa clé USB d'une main rendue moite par l'émotion. Le Professeur regarda sa montre, égrena silencieusement quelques secondes puis lorsqu'elle indiqua 3 heures du matin introduisit la clé dans un port libre.
L'écran s'alluma.
Les procédures d'initialisation démarrèrent.
Les deux étudiants contemplèrent avec des yeux ronds le Professeur quitter tranquillement la salle sans un regard en arrière.
« – Ah la vache. Il est balaise. Putain, il est vraiment balaise. » lâcha Ramirez, ébahi.
« – Tu m'étonnes, répondit Sanders, les yeux dans le vague. T'imagines, poursuivit-il d'un air rêveur, une véritable intelligence artificielle ? »

Au moment de sortir du complexe scientifique, le Professeur croisa un de ses vieux collègues de laboratoire qui commençait son service.
« – Ah tiens, salut Andrew, comment allez-vous? »
« – Bien, Professeur, bien. Qu'est-ce qui vous amène par ici à une heure pareille ? »
« – Oh, rien, le black-out de redémarrage bissextile. Comme d'habitude, les bleus de service ont fait leurs lavettes et ont flippé à mort. Ils m'ont appelé pour me sortir du lit. N'empêche que c'est quand même fou ce que les jeunes peuvent avaler comme conneries de nos jours, c'est la faute à Star Wars et aux oreilles de Spock ça. Bon sur ce je rentre me pieuter, bon service Andrew. »
« – Bonne nuit Professeur. »
Andrew se surprit à sourire en introduisant son badge dans l'ouverture de la porte. Le coup de la maintenance bissextile, à peu près tout le monde s'y était laissé prendre. Il se demandait combien de temps il allait laisser les deux assistants se bercer d'illusions. Pas trop longtemps, ça pourrait perturber leur travail.
Texte n°4

Citation :
Jour de pluie


Seule dans cette chambre exiguë, je ne cessais de réfléchir à ma vie. Mes pensées, semblables aux cristaux de glace que l’on voit tournoyer dans les froides nuits d’hiver, erraient dans cette pièce où trop de rêves s’étaient égarés. De la fenêtre d’où l’on distinguait à peine les sphères célestes et divines, je ne pouvais m’empêcher de regarder les rares passants qui s’attardaient encore dans les rues recouvertes par les premières neiges. Une dernière étreinte sous un réverbère et voilà que le couple avait rejoint le reste de l’humanité déjà assoupi à cette heure avancée. Je restais là à contempler ce qu’avait été cet endroit où deux êtres avaient momentanément brisé la solitude qui était telle une épée de Damoclès au-dessus de chaque homme. A présent, ils ressemblaient à deux ombres furtives évanouies dans la pénombre de ce sombre mois de décembre. Mon souffle ayant embué la vitre, je ne distinguais plus rien, les silhouettes étaient toujours présentes dans mon esprit mais cette vision ressemblait désormais à un songe. Qu’avait été cet instant fugace ? Un brin d’espoir auquel se raccrochent les mortels sachant d’avance qu’ils sont condamnés ou était-il né d’une réelle passion, de celle qui lie les corps de telle façon que la réalité n’ait plus de prise sur eux… Le mépris ne les atteignait pas davantage que la haine que voue la race humaine aux plus nobles sentiments en cette époque obscure. Leur amour était pur et dénué d’animosité, leurs cœurs battaient à l’unisson et rien n’aurait pu consumer la flamme qui les animait, leurs regards étaient encore emplis de l’insouciance de l’enfance. Ils ressemblaient à deux adolescents perdus dans une ville qui serait bientôt effacée sous les bombardements. Car c’était bien une atmosphère de guerre qui y régnait ; la place Saint-Amant, autrefois si paisible, était devenue en quelques jours le théâtre de combats meurtriers. Désillusionné le pauvre monde… Incendié et ravagé par la fureur de la race humaine si individualiste. La terre était ouverte, ses plaies gisaient béantes devant nos yeux tandis que son sang était recouvert et lavé par la neige. Mes paupières se fermaient lentement, des larmes roulaient doucement le long de mes joues et cette chaleur me rappelait les jours heureux où l’on pouvait encore entendre les rires des enfants. Et si maintenant ce temps était révolu, je continuais de croire que, si chaque chose était éphémère, le futur de notre univers déchu ne pouvait être que meilleur, du moins osais-je l’espérer. Je m’accrochais à cette idée comme un naufragé désespéré qui refuserait de voir arriver sa fin. Autant dire que mon espoir ne tenait qu’à peu de choses, à un semblant de bonheur passé ou encore à des souvenirs souvent trop évanescents. Dès lors, je me demandais comment rallier ces illusions à la réalité, comment à nouveau bercer de joie l’état d’âme dans lequel je m’étais plongé depuis si longtemps. L’utopie d’un monde meilleur avait déjà été imaginée par de nombreux écrivains, de Thomas More à George Orwell en passant par Aldous Huxley, tous n’avaient fait que souligner l’incapacité humaine à pouvoir vivre en harmonie avec son milieu et la nature. Dès leur plus jeune âge, les enfants étaient dépossédés de leurs plus belles chimères, leur imaginaire étant asservi aux mots « apparences », « hypocrisie » et « concrétude ». On ne leur laissait pas croire que les elfes, fées et autres créatures fantasmagoriques de contes pouvaient exister, tout était continuellement ramené à la rationalité. Tout se devait d’être totalement intelligible, il n’y avait plus de place pour le transcendant, les chrysanthèmes ne poussaient plus pour rendre un dernier hommage aux défunts, les cours d’eau n’apportaient plus d’apaisement à celui qui percevait leurs chants, le coucher du soleil amenait seulement l’angoisse d’une obscurité davantage opaque, le brouillard permanent planait pour nous rappeler nos angoisses quotidiennes les plus étouffées.

Ma vie ne fut pas toujours aussi sombre. Je me souvenais des champs de lin et de coton dont la vue suffisait à me réjouir, du parfum des printemps en fleurs, de la tendresse avec laquelle les rayons du géniteur de l’existence m’enlaçaient lorsque j’étais couchée dans l’herbe de notre campagne, du linge frais suspendu et que faisait voler la brise légère, des cerisiers qui répandaient leurs arômes à travers les plaines… Que l’effluve des heures d’antan me paraissait doux, j’aurais voulu m’y accrocher de toutes mes forces. De même, je me rappelais cette froide matinée de janvier par laquelle nous nous étions retrouvées à errer sur les routes. Il est vrai que nous l’avions pressenti, il est aussi vrai que les temps de joie ne sont pas immuables, mais jamais nous n’aurions pu imaginer ce qui se passera par la suite, ni l’état de déchéance auquel certains de nos contemporains seront assujettis. Tout cela semblait tellement impensable que nous refusions d’y croire, et nous avions tort sans en être conscient car l’esprit est ainsi fait qu’il s’évertue de voir uniquement ce qui lui plaît et peut ainsi se créer une réalité fortuite. Tandis que le vent soufflait par rafales et faisait danser les feuilles momentanément assoupies sur le sol gelé, je tentais désespérément de réchauffer mes doigts glacés avec les dernières étincelles disparates de l’âtre. Ma mère, pelotonnée dans sa couverture, regardait la petite fille que j’étais alors, elle avait le regard d’un animal apeuré. Malgré cette lueur étrange dans ses yeux, elle me portait ce sourire infini que je ne reverrai plus de toute éternité. A cet instant, je m’étais dit que les anges eux-mêmes ne pouvaient posséder cette grâce qui, toute entière, l’enveloppait de son voile. Bien que ses mains portaient les traces du travail de la terre et que son visage n’avait pas été épargné par les cicatrices du temps, on y percevait toujours l’hermétisme de sa beauté. Lentement, les voûtes célestes rejoignaient celles terrestres et je ne pouvais plus distinguer les deux perles azures qui, auparavant, m’observaient sans se laisser de répit. Une mélodie intemporelle parvenait à mes oreilles, je me rendais compte que des larmes perlaient le long de mes joues qu’elle s’empressa de vite sécher. La mélancolie de cet air annonçait le commencement d’une ère nouvelle, une ère faite de cris et de pleurs, de haine et de douleur, de désespoir et de peur. Je savais qu’il était trop tard. En effet, une voix caverneuse nous sommait de sortir aussitôt de là. Impassible, ma mère avait obéi en me prenant par le bras tandis que des hommes dépourvu de valeur et de pitié brûlaient notre demeure. Je me débattais mais elle me tenait fermement, ne désirant me perdre pour rien au monde ; ayant compris, j’avais immédiatement cessé ma lutte insensée. Alors que les vestiges de notre citadelle étaient terrassés par les flammes, bien ancrée sur ses deux pieds, elle regardait dignement cet héritage de la prospérité disparaître petit à petit. Elle ne craignait pas la nuit, moi si…

J’avais huit ans, je ne possédais plus rien, je découvrais l’effroi et y faisait face avec tout le courage dont j’étais capable. Assise sur la terre de mes ancêtres désormais souillée par les cendres de nombreuses maisons reléguées au statut de ruines, je considérais l’anéantissement de cet endroit qui me semblait tout à coup étranger. A mon intense plainte répondait le recueillement tacite de ma mère. Présente à mes côtés, elle était d’un incroyable calme, si bien que je pensais qu’elle avait procédé à un suicide intérieur du moindre de ses sentiments intrinsèques. Ce n’est que plus tard que je comprendrai qu’elle aurait pu supporter le poids de n’importe quelle perte tant que je fusse en vie, mais j’étais encore trop jeune, et trop naïve aussi sans doute. Le monde de l’enfance m’avait été arraché mais je n’avais pas changé pour autant, une autre personnalité n’aurait pu se substituer à la mienne dans l’immédiat. Je découvrais la guerre, et dire que j’avais vécu toutes ces années sans en avoir conscience, il avait suffi d’une minute pour que l’éclat de l’insouciance infantile soit dissolu dans une obscurité rémanente. Je comprenais qu’il venait de se passer quelque chose de grave qui restera gravé dans le destin de chaque être humain, or j’étais encore trop innocente pour en mesurer la gravité. C’est ainsi qu’elle m’avait expliqué, non sans peser chacun de ses mots, les événements antérieurs à celui-ci : comment les individus s’étaient majoritairement enorgueillis, la dictature prônée par certains d’entre eux, les mouvements de panique qui se multipliaient depuis des mois, la pauvreté, la maladie, la peste… N’étant qu’une enfant, je n’étais pas certaine d’avoir tout compris en cet instant mais elle avait ce ton tragique avec lequel sont déclamés les propos qu’il faut se garder d’amoindrir. Il me fallait devenir adulte, je ne pouvais m’éterniser dans un jardin d’Eden factice.

Nous nous étions mises en route. Notre unique horizon était constitué de bâtisses dévastées qui donnaient l’impression qu’il était lui-même embrasé. Nous marchions, le silence s’était fait tout autour de nous et avait succédé à la détresse qui s’était élevée à chaque croisement de chemins lorsque les gens nous imploraient de les aider. Mais la vérité est que nous étions tout aussi démunies qu’eux. Notre marche ressemblait à une procession funèbre, elle était adaptée aux circonstances. Les sentiers que nous prenions étaient roussis par le feu, les âcres vapeurs qui émanaient nous prenaient à la gorge. Ils se déployaient devant nous comme des ennemis prêts à nous saisir, la moindre pierre devenait un danger imminent, le cri des corbeaux nous suivait afin de nous rappeler combien les hommes pouvaient être cruels. Ils l’étaient, nous n’en avions jamais douté, mais en ces temps de disette et de misère, où survivre était déjà une rude épreuve, leur infamie n’apparaissait que plus clairement. Leur empire s’étendait si loin que l’on ne pouvait en apercevoir la limite, et pourtant, l’envie de conquérir le monde transcendant les animait. Prédateurs se souciant peu de leurs semblables, ils étaient nés pour combattre. Ils voulaient s’élever au statut de semi-dieux, rien n’aurait pu contrecarrer leurs desseins. Arès, toi le dieu de la guerre, tu leur avais donné les armes, la propension à atteindre le pouvoir, la volonté de domination, que ne fallait-il encore nous retirer notre liberté tellement fragile ? Ton rang divin te permettait-il de régner en maître sur le monde sublunaire ? Et, bien que Cerbère attendait cette classe guerrière aux portes de l’Enfer, cela ne suffisait pas à arrêter la propagation du flot de terreur qui sévissait. Elle resterait inébranlable tandis que les forteresses tomberont les unes après les autres. Ma mère et moi ne pouvions que nous résoudre à contempler ce spectacle effroyable. Nos mains dressées pour implorer le ciel trouvaient une réponse sourde. Silencieuses, nous errions à travers des forêts denses et ténébreuses dont les arbres se faisaient menaçants, leurs branches nous accueillaient de leurs longs doigts tranchants, leur grincement dans la nuit était un appel à se perdre. Le bruit de nos pas sur le lit de feuilles mortes portait l’angoisse des jours sombres.

Cela faisait au moins un mois que nous étions dans cet état de perdition. Le ciel était toujours aussi opaque, rien ne l’avait atténué depuis notre exil. Nous avions faim, nous avions soif, nous avions froid, nos vêtements étaient en lambeaux, nous n’étions même plus certaines d’avoir une âme et nos visages ne reflétaient désormais plus que la tristesse. Nous étions des fugitives qui ne savaient pas où elles allaient. Ma mère souffrait davantage de cette condition à laquelle nous avions été reléguées. Depuis quelques temps, elle avait commencé à émettre des sons étranges, comme des râles incessants qui me faisaient frissonner. Elle me priait de ne pas m’inquiéter, me disait que tout allait bien se passer, que nous arriverions bientôt à destination. Je ne pouvais m’empêcher de me demander si nous en avions vraiment une ou si elle voulait juste me rassurer et m’insuffler une lueur d’espoir. Que de tourments endurés… pouvaient-ils avoir une fin heureuse ? J’en doutais mais ne laissais rien paraître pour ne pas l'affliger. A un moment, son corps s’était animé d’un tremblement, son regard ainsi que son visage étaient devenus de marbre, ses bras frémissaient et son souffle s’épuisait. Elle avançait de manière saccadée avant de tomber nette sur le sol verglacé. Je m’étais précipitée pour l’aider à se relever, pensant qu’elle avait seulement trébuché sur un des cailloux qui bordent les allées. Elle ne bougeait pas, me regardait paisiblement. Dans ses yeux, je pouvais lire toute la solitude qu’elle ressentait mais aussi, je ne saurai jamais pourquoi, le bonheur qui caractérise ceux qui expirent dans la plénitude. Elle ne parlait pas, ce n’était pas nécessaire, je lisais sur ses traits les dernières paroles qu’elle aurait voulu me dire. Sous la pluie maintenant battante, ses paupières se fermaient lentement, elle prenait le temps de me contempler encore une fois, comme le soir où nous avions été chassés par la rage humaine. Ensuite, ce fut la nuit…

C’était si soudain, que j’en avais oublié de pleurer… Mais nos esprits avaient été en communion juste assez longtemps pour que je sache qu’elle voulait que je continue, qu’elle n’avait été que de passage dans mon existence et que celle-ci se déployait devant moi pleine de foi en l’avenir. D’elle je puisais ma force, je n’oublierai jamais l’éclat de ses rêves. Sur cette route emplie d’incertitudes, j’avais découvert la peur mais également une vérité transcendantale ; c’est aux hommes d’écrire leur histoire, en se référant non seulement au passé et à leurs erreurs, mais aussi à leurs passions et à la beauté de ce qui les entoure, afin de construire un futur meilleur.
Texte n°5


Citation :
J'ai peur.

Il faut se lancer, un jour, avancer pour se construire.




Je suis là, assis dans ce canapé, la télé derrière crachote de la musique made in MTV, devant moi un rideau qui ondule au aléa du vent. A mes pieds cette table basse, en bois dépoli, et... non je ne sais même plus où je l'ai acheté. L'appartement dans lequel je vis est grand, 130 mètre carré, 2 chambres un grand séjour avec une cuisine américaine aménagée. Un luxe quand on vit à Paris. J'habite dans le 20ème arrondissement, au dernier étage d'un immeuble moderne Cour St Emilion.

Les murs de mon appartement sont tapissés de tableaux, des copies pour la plupart car je ne suis tout de même pas assez riche pour acheter des croutes originales, et puis je ne suis pas fan d'art à ce point. Il y a aussi des dessins achetés ici ou là, alors la différence entre un tableau et un dessin, je me la suis posé longtemps, qu'est-ce qui distingue les deux. J'ai lu pas mal de théories dessus, mais je ne me suis pas encore fait mon propre avis, je suis un peu fainéant sur ces questions là je dois dire. Sur le sol un tapis new âge, sans tâche malgré les nombreuses soirées arrosées passé ici. Il est de couleur orange crème avec des poils raz, pratique à entretenir et surtout très chic il paraît. En dessous un parquet en bois, bon ca je ne l'ai pas choisie il était livré avec l'appartement. Coté mur droit une grande armoire en bois de chêne dépoli, elle a un aspect rugueux nature – dépoli - qui colle à mon tempérament. D'un coté étagère ouverte ou s'entrepose livres un petite quantité de livres, cd et dvd, le reste est dans la seconde chambre entassé dans des caisses. De l'autre un coté fermé, en haut les assiètes en terre cuite, là encore mon coté nature ressort, au milieu les verres et couverts et en bas un service à dessert, lègue de ma grande famille. Dans le coin droit de la pièce il y a un gros meuble foncé en cuir et bois sur roulette contenant toutes sortes de spiritueux, du plus légé comme un vin cuit bordelais jusqu'à une bouteille d'absynthe Espanol. Dans le coin gauche un ficus : origine inconnu, un cadeau je crois. Je l'arrose 1 fois par mois et il semble s'en contenté, quoique peut être que la femme de ménage l'arrose elle aussi... Elle passe une fois par semaine.

Mais revenons au centre de la pièce, deux canapés d'angle en cuir de chéplusou mais véritable attention. Ils sont disposé l'un face a l'autre de sorte de faire un rectangle, une table basse en chêne dépoli et en verre trône au centre du rectangle. Derrière il y a une table ronde, elle aussi en chêne dépoli et en verre avec 6 chaises, elles aussi en chêne dépoli mais sans verre. Par contre elles disposent chacune de coussins fort moelleux. Contre le mur du fond, une télévision plate 56 centimètres collé au mur, avec lecteur dvd et tout ce qui va bien avec en dessous dans un meuble en chêne dépoli avec bien entendu du verre.

La chaine hifi est cassée, elle n'a pas supporté la dernière soirée. Elle sera surement remplacé rapidement. Dans chaque angle de la pièce sont scellées 4 enormes enceintes en hauteur. Je ne suis pas fort en électronique mais on m'a certifié que le volume a fond je pourrais brisé toutes les fenêtres du quartier.




Comme je disais, face à moi la baie vitrée, Ses rideaux en soie blanche, ses volets en bois traité, son balcon avec son sol en dale de marbre, sa rembarde elle aussi en marbre poli je crois, et sans oublier ses deux chaises longues en bois acheté chez IKEA un dimanche de pluie il y a fort, fort longtemps.

Je ne fume pas donc non, vous ne trouverez aucun cendrier chez moi.

Le frigo est toujours plein, je paie la femme de ménage pour le remplir de toutes sortes de victuailles fraîche, légumes et fruits, eau et lait. Le bar dispose de 6 tabourets en fer chromé, le coussin est couleur marron crèmeux. Ils sont confortables et disposent d'un petit dossier. Un Blender trône sur la partie droite du bar, a coté une série de couteau de cuisine. La totale quoi... Enfin pour moi seul en fait ca me suffit amplement.




Cette pièce me paraissait plus grande lorsque j'ai acheter cette appartement. Je voyais les murs plus éloignés. Si je l'ai pris si grand c'était bien entendu pour mon égo surdimensionné, il fallait de la place pour le ranger, il fallait de la place pour m'installer, me sentir pas trop à l'étroit chez moi. Non pas que la bai vitré soit collée aux canapés eux même collés au mur de l'autre coté, il y a bien 3 ou 4 mètres entre chaque.

Mais j'ai cette impression de plein autour de moi. De voir ces magazines sur la table, le grille pain sur le bar, la poussière qui virevolte dans les rayons de soleil, je me sens à l'étroit.

Est-ce moi tout ça? Ce plein exterieur me donne une sensation de vide interieur.




Il faut avancer, se construire, et le plus dur est de faire le premier pas. Quand tout est vide, quand tout est espace, tous les projets sont possibles, des plus fous aux plus nuls. Et puis... et puis le premier canapé arrive, suiviede la table basse, du second canapé... Comme un tétris il faut tout caser et la fenêtre de jeu se réduit, arrive inévitablement le manque d'air, d'oxygène cérébral. Le vase est plein à rabord.

Plus qu'un sentiment d'oppression, c'est un sentiment de vide intérieur qui domine, un manque, un raté, je me sens dépeuplé de mes folies, de mes envies de grandeur. Cet appartement devait me représenter, pourtant je m'y sens prisonnier. J'ai envie me construire et la j'ai envie de destruction pour tout recommencer. Est-ce moi ce bois dépoli ou juste un truc que j'aime bien parmis tant d'autre? Je suis comme un gamin qui veux casser ses légos pour faire une nouvelle histoire, mais qui à peur de faire moins bien.

Ais-je perdu mon innocence de batisseur, de rêveur... Je ne me retrouve plus dans cet appartement, je me sens vide de mes sens...




Demain je déménage mon appartement. Il me manque du vide, de l'espace pour pouvoir me construire. Que mes idées puissent affluer, que je redevienne serein dans mon moi intérieur en comblant ce manque de choix et d'indécisions qui font que je peux à loisir choisir ma route et faire demi tour quand il me plait.




J'ai peur.

Il faut se lancer, un jour, recombler le vide en soit. Cruel paradoxe.
Texte n°6

Citation :


La Perte.
A la mémoire de Franck et Caroline.



"Caroline est décédée ce matin, à 10 h. Sa maman est morte quelques heures auparavant, des suites de son cancer".
Le message venait de s'afficher sur l'écran de l'ordinateur.
Caroline est décédée.
Guillaume relu la phrase, plusieurs fois, essayant de comprendre s'il en avait bien saisi le sens.
Caroline est décédée.
Un étrange sentiment de révolte mêlé d'impuissance monta en lui. Lentement.
Caroline est décédée
Il s'agissait certainement d'une erreur. N'est-ce pas ?
Mais le message venait de Christophe, le meilleur ami de Caroline.
Le monde autour de Guillaume commença à se brouiller.
Il avait vu Caroline une semaine auparavant, alors qu'elle s'était arrêtée à Lyon pour quelques heures. Ils avaient fait plusieurs magasins ensemble, s'étaient baladé dans la ville, acheté une crêpe, qu'ils avaient dégusté, assis sur un banc. Ils étaient entrés dans un magasin de musique, et elle lui avait joué quelques notes de piano, enchantant par la même occasion toute la boutique. Mais surtout, l'enchantant lui.
Depuis qu'ils se connaissaient, qu'ils avaient commencé à discuter, Guillaume n'avait jamais vraiment envisagé qu'une relation autre que virtuelle puisse un jour s'installer entre eux. Et pourtant, plusieurs étapes avaient été franchies, et il était en train de tomber amoureux. Tout simplement.
Toutefois, Caroline avait autre chose qui lui tiraillait le coeur. Sa maman, qu'elle aimait par dessus tout, était en train de mourir, dévorée par un cancer dont personne ne pouvait venir à bout.
Guillaume et Caroline s'appelaient quotidiennement. Cependant, trois jours auparavant, elle lui avait demandé de ne pas la contacter pendant quelques jours. Elle avait besoin de réfléchir. Pour rien au monde il ne l'aurait contrarié. Ils raccrochèrent donc après qu'elle lui ait promis : « Je te rappelle au début de la semaine prochaine. Bisous Guillaume ».
Caroline est décédée.
C'était impossible. Elle lui avait promis...
Caroline est décédée. Cette phrase devenait une obsession, avait envahi sa tête. Sa mâchoire et ses poings se crispèrent.

***

Les jours passèrent. Guillaume se sentait seul. Il avait annoncé la nouvelle à ses parents, lors du souper. Ceux-ci avaient pris un air désolé, et poussé un "hoo..." de compassion. Puis quelques questions : "Qu'est-ce qu'il s'est passé ?", "Comment c'est arrivé ?" Rien d'autre. Rien qui ne puisse le consoler. Il avait essayé de contacter Christophe, mais celui-ci n'avait pas de temps à lui consacrer, pour le moment.
Heureusement, Franck était là. Il était son ami, depuis de longues années. Il avait perdu son père l'année précédente, et malgré cela, il savait toujours sourire et faire sourire les autres.
Guillaume avait choisi de ne pas lui parler immédiatement de la perte de son amie. Il avait peur que cela change leur relation, en ce moment où il avait le plus besoin de quelqu'un qui le fasse penser à autre chose. Les gens, très souvent, ne sont amis que dans les bons moments de la vie. Mais ils ont peur, lorsque quelque chose ne va pas, de se faire "contaminer" par ce chagrin qui peut nous envahir.
Ils se voyaient tous les jours, après le travail. Guillaume allait chez Franck, qui réparait sa nouvelle moto. Un problème de suspensions, qu'il avait réussi à régler.
Un mois après que le message soit apparu sur l'écran, profitant du week-end, ils se rendirent tous les deux au lac de Miribel, au dos de la vieille moto tout terrain de Franck. Guillaume aimait beaucoup ces balades, et bien que ne contrôlant pas l'engin, la sensation de liberté lui permettait de se vider l'esprit.
Ils arrivèrent prêt du lac, et sortir de leur sac les palmes et tubas qu'ils avaient prévu d'utiliser.
« Peut-être qu'on pourrait essayer avant sans les palmes, histoire de se mettre dans le bain ?
- Humm, bonne idée. Ca serait dommage de les mouiller si finalement on ne s'en sert pas ! »
Ils mirent un orteil dans l'eau, qu'ils retirèrent immédiatement.
« Okay... Je crois qu'on va attendre un peu, pour se préparer psychologiquement ! »
Ils s'assirent alors, et commencèrent un concours de ricochets, avec les galets présents sur la berge.
Franck en profita pour parler de Vanessa. Elle avait une longue chevelure blonde. Franck l'avait déjà fait monter plusieurs fois sur sa moto. Et puis, quelques jours avant, il lui avait demandé de l'accompagner au cinéma. Elle avait poliment refusé. Mais Franck en riait déjà. Encore une qui ne valait pas le coup, simplement.
Guillaume hésita alors, puis après quelques seconde de silence, se lança :
« Tu sais, Franck, quelque chose s'est passé, le mois dernier. Je ne sais pas trop comment en parler, mais... Voilà, il s'agit d'une fille, Caroline. Elle me plaisait vraiment. Mais elle est... morte. On m'a dit qu'elle était morte de chagrin, juste après le décès de sa mère. Mais comment peut-on mourir de chagrin ? »
Franck le regarda quelques secondes, puis répondit :
« Cela ne va pas être facile... Mais ce qui est important, c'est de ne pas oublier. Tu penseras toujours à elle, cela te fera toujours un peu mal, mais grâce à cela, elle sera toujours dans ton coeur, et pourra t'aider dans les moments difficiles. »
Il se tut alors, observant le lac. Guillaume lui répliqua alors simplement : « Merci. »
Cette simple réponse lui avait fait plus de bien que tous les témoignages de pitié qu'il avait reçu jusque là. Il sut à ce moment que Franck était un vrai Ami. Un ami tel qu'il n'en existait que peu dans une vie.
La fin de l'après midi arrivant, les deux compagnons rentrèrent.
« Tu fais quelque chose demain ? demanda Guillaume
- Oui, je vais cueillir des champignons, avec ma mère.
- Okay, si t'en croise de ceux qui font voir de drôles de couleurs, pense à moi ! »
Ils se quittèrent sur cette plaisanterie.

***

Guillaume se sentait mieux. grâce à son ami, il ne s'enfermait plus sur son affliction et avait décidé de suivre son conseil. Ne pas oublier ne voulait pas forcément dire se tourmenter jusqu'à la fin de sa vie. Une épreuve se présentait à lui, il devait faire le deuil de son amie, mais avec l'aide de Franck, il se remettrait, petit à petit.
Et Caroline resterai toujours dans son coeur.
Le lendemain, la journée se passa bien. Il vit Fabrice, son voisin, avec qui il avait passé le collège et le lycée ensemble, et bavardèrent de tout et de rien. Guillaume ne l'appréciait pas spécialement, mais il avait l'avantage d'avoir une mère qui lui proposait toujours de manger des pâtisseries qu'elle préparait elle-même.

Lorsqu'il rentra chez lui, sa mère était au téléphone :
« Guillaume, c'est pour toi, c'est Kévin
- Kévin ? »
Kévin était un camarade de classe du lycée, dont il n'avait pas eu de nouvelles depuis plus d'un an. Il était intelligent, mais excessivement arrogant. Pour cela, Guillaume ne l'aimait pas spécialement.
Et il était étonnant qu'il l'appelle, il ne l'avait jamais fait, et n'avait aucune raison de le faire. Un pressentiment l'envahie. « Allo ?
- Guillaume ? »
Une boule se forma dans sa poitrine « Oui... ?
- J'ai une mauvaise nouvelle » Une seconde de silence passa. Cela sembla une éternité. Guillaume sut alors ce que Kevin allait lui annoncer. Il ne put que murmurer. « Non...
- C'est Franck. Il a eu un accident de moto. Il est décédé.
- Non...
- Je suis désolé
- Non... Ce n'est pas possible... Il devait... » Il ne put finir sa phrase
« Guillaume, je suis vraiment désolé. Je suis chez lui, avec Thomas. Tu veux que je passe ? »
Le monde se mit à tourbillonner. Guillaume eu du mal à respirer.
« Il m'avait dit qu'il devait rester avec sa mère aujourd'hui, il devait... aller aux champignons...
- Ecoutes Guillaume, j'arrive tout de suite... Je suis désolé. » Kevin raccrocha.
Guillaume tourna la tête vers sa mère, le monde l'entourant lui semblant irréel. « C'est Franck. Il est mort... ».

***

Après cette annonce, si irréaliste, Guillaume se senti comme étranger à son propre environnement. Et une haine pour le monde l'entourant fit surface, une haine à l'encontre des personnes qui vivaient, toujours, alors que les deux personnes qui lui étaient le plus importantes étaient parties. L'avaient abandonné.
Lorsqu'il était dans la rue, il lui arrivait de fixer les passant, de serrer les poings, et les dents, et de se répéter, intérieurement : « meurs ! Meurs ! Je veux que tu meures ! ». Mais les gens continuaient leur chemin, sans même le remarquer, continuaient d'avancer. Continuaient de vivre.
Plusieurs semaines passèrent. Il ne vivait plus, une mélancolie immense ayant conquis son coeur, et à coté, toujours cette même animosité intérieur à l'encontre de toutes les personnes qu'il croisait. Il continuait de travailler, mais sans se soucier de ce qu'il avait à faire, ni de ce que ses collègues pouvaient murmurer à son sujet. Tout cela lui était égal. Sa plus seule préoccupation actuellement était de trouver le meilleur moyen de rejoindre ces amis.
Ce jour là, le travail finie, il se dirigea vers la station de métro qui l'emmènerait chez lui. Il croisa une dame avec un petit chien au bout de sa laisse, et il pratiqua le même rituel, invariablement, les poings et la mâchoire serrés. « je veux que tu meures, meurs ! ». Il croisa un écolier courant vers le métro, un vieux clochard assis sur un banc, une jeune fille souriante. « meurs ! Mourez tous ! Pourquoi vous continuez de vivre ? Pourquoi ? ».
Une voix se fit entendre, le sortant de sa démence « Hep, jeune homme ! ». Il se retourna. C'était le mendiant, qu'il venait de dépasser, assis sur son banc. « Oui ?
- Pourquoi es-tu si triste, jeune homme ?
- Pardon ? » Il n'était pas sur de l'avoir bien compris. « Pourquoi pensez-vous que je suis triste ?
- Je le sais à cause de l'araignée. Je peux la voir. Elle est sur ta poitrine, elle dévore ton coeur. Je la vois. » L'homme semblait fou, mais parlait calmement. Guillaume se mis à espérer qu'en plus d'être fou, il puisse être violent. S'il voulait son portefeuille, ou son téléphone, il lui résisterai. S'il avait avait un couteau, essayait de s'en servir, cela lui serai égal. Une chance lui serait offerte de retrouver Franck et Caroline.
« De quoi vous parlez ? Quelle araignée ?
- Je viens de te le dire, jeune homme. Elle est ici, je peux la voir. C'est à cause d'elle si tu es si malheureux, car c'est elle qui ronge et se nourrit de ton coeur. Si tu veux, je peux te la retirer. Je l'ai déjà fait pour d'autres. Tu seras à nouveau heureux, tu verras. »
L'homme était fou, mais Guillaume reconnaissait qu'il l'était lui-même. Cette conversation n'avait aucun sens, mais elle lui permettait d'échapper quelques instants à ses besoins de dévastation.
« Je ne crois pas que vous puissiez faire quelque chose pour moi, monsieur. Personne ne le peut.
- Laisse moi faire, jeune homme. Tu seras à nouveau heureux, ensuite. »
Guillaume eu un rictus hautain. Après tout, cela ne pouvait que le distraire.
« Bien, si vous voulez, enlevez mon 'araignée'. Et qu'est-ce que vous en ferez ensuite ?
- Je la mangerai »
Guillaume frissonna. Le mendiant lui demanda de se placer face à lui. Il avança ses mains vers la poitrine du jeune homme, et les laissa ainsi, immobile. Elles se crispèrent, et son visage se mit à grimacer, comme s'il s'apprêtait à effectuer un énorme effort. Ses bras se contractèrent, comme pour les ramener à lui. Il luttait, contre une chose invisible.
Guillaume restait immobile. Il senti quelque chose bouger en lui. La boule, qui lui comprimait la poitrine depuis qu'il avait reçu l'appel de Kévin, était en train de bouger. Il regardait le vieil homme, qui s'accrochait à ce vide qui semblait si réel, et ne pouvait pas faire un geste. Dans sa tête, la sensation de haine qu'il conservait depuis toute ces semaines s'affaiblissait.
Finalement, dans un effort considérable, et poussant un cri féroce, le mendiant réussi à se dégager, les mains toujours crispées autour d'un monstre invisible. Il observait ce vide, les yeux déments, et approcha ses mains vers son visage. Il ouvrit alors la bouche, et se mit à dévorer sa proie, indiscernable, tel un loup se jetant sur un gibier fraîchement tué.
Guillaume le regardait, interdit. Il ne savait plus où il était. Il ne savait plus ce qu'il faisait ici. Les idées commencèrent à lui revenir. Le travail, la route pour se rendre au métro, le vieux mendiant l'interpellant. Quelque chose d'autre avait changé. Il se souvenait d'une sensation, qui l'opprimait, qui l'obstinait. Des idées de destructions, dans sa tête. Tout cela avait disparu, à présent. Il se sentait bien, léger. La vue du vieil homme le ramena à la réalité. « Tu te sens mieux, jeune homme ?
- Je me sens... Très bien, oui ! Mais... » Guillaume ne comprenait pas exactement ce qu'il s'était passé. Il fouilla dans sa poche, en sortie une pièce, et la jeta dans le gobelet qui accompagnait le clochard. « Merci ! ». Il se dirigea vers la bouche de métro, souriant.

Arrivant chez lui, il croisa Fabrice. Il ne lui avait pas adressé la parole depuis un long moment. Ils se firent signe.
« Comment ça va ? Demanda Fabrice
- Ca va bien, merci. Et toi ?
- Ca peut aller. Le temps passe, mais ce n'est pas facile de se faire à l'idée qu'il est parti. Mais pour toi, cela doit être encore plus dur. Il doit vraiment te manquer.
- Me manquer ? » Guillaume ne comprenait pas où Fabrice voulait en venir. Celui-ci parut surpris. « Oui, Franck. C'était ton meilleur ami. Il te faut vraiment du courage pour pouvoir passer cette épreuve. Mais sache que je suis là, si tu as besoin de parler.
- Franck... » Il se tut. Quelque chose manquait, mais il ne savait pas quoi. Il se sentait réellement bien, serein, mais une sorte de vide se trouvait là où, auparavant, une boule était présente. Ce n'était pas important.
Ils se saluèrent, puis Guillaume entra chez lui. Il courut, riant, écartant les bras pour embrasser cette vie que pour rien au monde il ne voudrait quitter.
Il était heureux, plus qu'il ne l'avait jamais été.




Le vieil homme avait retiré l'araignée qui opprimait son coeur.

[font=Verdana][size=2]Mais ce que Guillaume ne savait pas, ce qu'il ne saurait jamais, c'est que la perte de son chagrin, la perte de sa mélancolie, la perte de toute sa tristesse n'avait pu être possible que par la perte du souvenir de ces deux amis.
Texte n°7


Citation :
Me voila en promenade avec mon maître qui se nomme Julien, oui ce prénom est très utilisé, je sais ! Ses parents ont voulu faire comme tout le monde ! Oui ! En 1985, le prénom Julien a été le plus donné en France. Son père voulait à tout pris ce prénom de toute façon ... Cela ne m'empêche pas de l'aimer mon maître, oui c'est un humain très bien, peut-être un peu jeune pour avoir un animal comme moi mais notre amour est si fort que cela ne gene personne.

J'aime lorsqu'il m'emmène me promener dans cette forêt ou je vois toujours Noisette, c'est le nom que l'on a donné à l'écureuil du grand chêne. Bon d'accord, nous n'avons pas été original sur le prénom mais c'est le seul animal que je connaisse qui adore autant cet arbre !
Lorsque Julien, se met à rouler dans la grande pente, je suis tellement heureux que j'aboie après lui en essayant de le doubler dans cette course folle. Je le vois avec un grand sourire, je sais que lui aussi prend du plaisir.


Le soleil commence à se coucher, la nuit va se lever et nous allons rentrer à la maison. Ce fut une belle journée aujourd'hui ! Un beau soleil de printemps dans une saison d'hivers et un vent si doux qu'il me chatouillé le museau. En rentrant, on rencontra Bunny, le petit lapin de garenne, toujours aussi pressé celui-la. Enfin, c'est un peu normal quand on voit un cocker comme moi, cela impressionne les gibiers. Meme si mon maître est contre la chasse ! Il me l'a toujours appris, ne jamais mordre ou blesser un être vivant cela risquait de m'attirer des ennuis.

Arrivé devant la porte d'entrée, je sentis l'odeur alléchante de la spécialité de Martine, la mère à Julien. Une très bonne cuisinière, elle reste à la maison pour s'occuper de nous car elle dit qu'elle veut le meilleur pour son fils et qu'elle ressent un manque lorsque nous sommes pas la.

"Des crêpes !" S'écria Julien.

Oui, des crêpes, je peux vous dire qu'il n'y a rien de meilleur ! Même mes croquettes n'arrivent pas à la hauteur de cette succulente pâte qui repose dans l'assiette. Nous avons notre petit secret avec mon maître, lorsque Martine fait des crêpes, il fait exprès d'en faire tomber des morceaux discrètement et moi je m'occupe de "balayer".

Il est 19H00, quelqu'un frappe à la porte, c'est George ! Le père de Julien, il est secrétaire de Mr Bayot qui est un très bon médecin. Ce soir, il n'est pas d'humeur, j'ai entendu qu'il avait des soucis avec son travail. Il est monté directement dans sa chambre sans dire un mot. C'est mauvais signe, Martine, le sait. Elle met la dernière crêpe dans l'assiette puis elle monte à son tour.

Quand soudain, j'entendis les pas des parents de Julien, descendre du grand escalier. Martine appelle Julien et ferme la porte sous mon nez pour ne pas que je vienne.

-Ecoute, papa à des soucis avec son nouveau boulot, nous ne pouvons plus garder Gypsi. s'exclama Martine avec des larmes qui coulaient le long de ses joues.

Julien ne répondit pas

J'ai vu la porte s'ouvrir soudainement, mon maître en larmes, Martine essayait de calmer son chagrin et George ému qui me demanda de monter dans le coffre.

Arrivé devant la porte d'entrée de la SPA, le père de mon maître posa sa main sur la poignée en tremblant. Il savait qu'il allait détruire un amour entre son fils et moi mais il ne pouvait pas faire autrement. George donnait mes papiers au responsable du centre et pendant ce temps, un gros monsieur avec une longue barbe me conduisit dans une cage. Tout autour il y avait des chiens qui hurlaient leur peine, ils étaient en manque d'amour et gardait l'espoir d'en trouver un jour.

Le 26 février 2007, Paul, celui qui s'occupe de nourrir les animaux, me retrouva allongé sur le sol, immobile. J'étais mort ! Mon coeur s'est arrêté brusquement par manque d'amour. Peut-être que je n'ai pas eu le courage d'attendre comme les autres chiens mais l'amour de Julien était irremplaçable et sache que l'on se reverra la haut mais cette fois-ci, on pourra manger des crêpes à volonté !

Depuis que Julien a appris la nouvelle, on peut voir marqué dans son journal intime, un poeme, écrit par un petit garçon de 9 ans spécialement destiné à cette chienne.

Il était une fois dans une poésie,
Un petit garçon qui était seul dans la vie,
Un jour, il reçu une amie,
Elle s'appelait Gipsy !

Cette amie était tout simplement un chien
Grâce à elle, en se réveillant chaque matin,
Il avait un beau sourire sur ses lèvres,
Puis un jour, je m'en souviens comme si c'était hier,

On décida de lui enlever son compagnon,
Celui qui lui donnait tant d'admiration.
Il ne l'a plus revu pendant un moment,
C'était déjà trop de temps !

Quand le téléphone sonna,
On lui apprit que son animal était plus la,
Ses larmes se mirent à couler,
Sur ses joues fatiguées.

Maintenant ce petit garçon à grandit,
Il se rappel toujours de cette amie,
Puisque le petit garçon de cette poésie,
C'est moi, merci ma Gipsy
Texte n°8

Citation :
Mon amour,
J'ai fais un rêve...J'étais perdue au milieu d'une foule .Des silhouettes noires pressées et sans visages passaient à coté de moi sans me regarder. Je n'arrivais pas à trouver de sortie , j'étais cernée de tous les cotés .Je tournais cherchant désespérément du regard un point à atteindre mais il n'y avait rien que ces silhouettes noires qui m'entourait ,me bousculait violemment d'un coté puis de l'autre .Je voulais crier mais rien ne sortait , je ne pouvais plus faire un seul mouvement ,je restais prostrée sentant mes jambes se dérober sous moi et un sentiment de panique extrême m'envahir.
Une main m'a alors serré doucement le bras et ce contact m'a fait sursauter. Je me suis retournée et je l'ai vu. Il a plongé ses yeux dans les miens , il ne m'a pas vraiment sourit mais il avait une expression rassurante, douce et pleine de tendresse .La tempête à l'intérieur de moi s'est calmée instantanément. Je l'ai fixé ,il était le seul point de couleur dans la noirceur ambiante.

J'ai regardé autour de moi et je me suis rendue compte que toute la foule s'était éloignée. Il y avait comme une bulle invisible qui nous protégeais du monde extérieur. Les autres se cognaient contre elle mais ne pouvaient plus nous atteindre .Nous n'étions plus que tous les deux, il caressa ma joue tout doucement et m'attira lentement vers lui. J'ai alors passé mes bras autour de son cou, il passa les siens autour de moi et me souleva en me serrant contre lui.

Je l'entendais respirer lentement, calmement , c'était la musique la plus douce que je n'avais jamais entendu .Je me suis serrée un peu plus contre lui, je me sentais si protégée. Ses mains, ses bras étaient si puissants et si doux comme s' il n'allait plus jamais me laisser partir ,comme si j'étais tellement précieuse pour lui . Je me suis rendue compte, c'était comme une évidence, que nos corps s'épousaient parfaitement comme si nous avions été fait l'un pour l'autre. Je l'ai regardé et il m'a souri et mon coeur s'est empli d'un tel élan d'amour et de tendresse que j'ai eu l'impression qu'il allait exploser.

J'ai approché mon visage du sien et je l'ai lentement parsemé de baisers .Puis j'ai enfoui mon visage dans son cou inspirant longuement son parfum, son odeur si enivrante, pour m'en imprégner. J'avais l'impression de connaître cette odeur ,j'avais l'impression de le connaître lui, depuis toujours. Je l'ai serré un peu plus dans mes bras et j'ai déposé mes lèvres sur son cou pour goûter sa peau. Elle était si douce et sucrée ,toutes les saveurs me paraissaient fades à coté de celle la. Il me serra contre lui, essayant de nous rapprocher le plus possible, poussé par cette envie impérieuse de ne faire plus qu'un .J'ai fermé les yeux plus rien n'existait, sauf nous...

Puis j'ai sentie une froideur m'entourer. J'ai ouvert les yeux et je me suis rendue compte que j'étais au milieu de mon lit .Il ne m'avait jamais paru aussi immense , aussi vide et froid .Je l'ai cherché à cote de moi, mais l'homme de mes rêves n'était pas la.

Un sentiment d'abandon m'a transpercé et m'a glacé toute entière. J'ai senti mon estomac se serrer, je me suis recroquevillé sous ma couette, j'ai ramené mes poings serrés contre mon coeur et fermé les yeux.. Je ne voulais pas que ce soit un rêve, je voulais encore sentir ce sentiment de paix totale ,de sécurité ,d'amour et de douceur qu'il dégageait...que tu dégageais.

Je n'ai pas aperçu son visage mais je sais que c'était toi, je t'ai donc écris cette lettre pour essayer d'éloigner ces sentiments, ces pensées de mon esprit, les coucher sur du papier pour mieux les oublier, comme tu m'as oublié, même si je sais que ça ne marchera pas comme je sais que jamais tu ne lira cette lettre.
Texte n°9

Citation :
La perte.

Il est des choses qui sont éternelles. Du moins, le croit-on jusqu'au moment ou elles nous font défaut. Oublier ses clés, son téléphone ou son portefeuille est généralement une mauvaise expérience, vite oubliée pourtant. L'histoire que je vais vous raconter est infiniment plus triste.

L'aventure commence un été, sur une petite plage bretonne. Notre protagoniste, Alice, y vient chaque fois qu'elle reçoit une lettre. Avant-hier, la lettre n'était pas de Noël, cependant. Quelle déception ! Mais aujourd'hui, elle est sûre que l'enveloppe contient de bonnes nouvelles. Appelez cela intuition. Alice s'apprête à déchirer l'enveloppe, hésite, la range. Deux minutes plus tard, le pli gît déchiré dans le sable, vidé de ses nouvelles. Les mots attendent pourtant toujours d'être lus, car Alice à peur d'être trompée dans ses attentes. Qui sait, Noël a toujours été réticent à annoncer les nouvelles importantes par écrit.
Deux heures ont passé. Alice est rentrée chez elle, le billet soigneusement conservé dans son tablier. Est-elle craintive ? Non, sûrement pas. Cette lettre, c'est juste une formalité. Noël l'avait laissé entendre à sa dernière permission, et les dernières nouvelles reçues convergeaient également dans ce sens. Pelotonnée dans le vieux fauteuil au grenier, Alice hésite pourtant à prendre connaissance du message. Elle se laisse distraire. La vieille malle du grand-père contient toutes les lettres qu'il a reçu à ses escales. Jusqu'à présent, Alice n'avait jamais osé les parcourir. Sa grand-mère a une écriture très fine, des lignes de pattes-de-mouche courent sur le papier. Cependant, la correspondance au vieux marin contient principalement des recommandations. Pas vraiment le genre de sujet qu'Alice veut découvrir dans sa lettre.
Le temps est venu de savoir, le moment fatidique n'a été que trop repoussé. Dépliant les feuillets, le regard est d'abord attiré par les tampons rouges de la censure : il semble que rien n'a été retiré. Puis l'écriture de Noël, qu'Alice ne se lasse pas d'observer. Enfin, la lecture...

Chère Alice,
Ici, au front, on raconte que la guerre est près de se terminer. Voilà deux années que je suis loin de toi, et ce temps m'a permis de réfléchir. C'est pourquoi, je dois te faire part d ' une décision importante.

Alice ne sait pas s'il faut continuer à lire. Si jamais cette décision n'était pas celle qu'elle attendait, que ferait-elle ? Mais sa curiosité a été piquée par ce début, elle doit absolument lire la suite !

J'ai longtemps hésité à t'en faire part par courrier, car tu sais combien je préfère annoncer les choses en personne. Mais tu dois bien te douter de ce que j'ai à te dire, et je ne peux plus attendre pour te le dire.
J'en ai parlé avec mon père, et le travail ne manque pas à la ferme. Il devra trouver bientôt un gars pour occuper la Rousselière, car le bail va tomber, et il m'a proposé de m'en charger.
Je vais donc, dès mon retour aller demander ta main à ton père, et j'espère que ce moment ne tardera pas trop.
Avec mon amour,
Noël.

Ainsi, Alice avait raison. Le moment tant attendu, repoussé par l'appel de Noël sous les drapeaux est proche. Vite, il faut aller montrer la lettre à grand-mère !
Ce moment, c'est probablement le plus heureux qu'Alice vivra. Le jour est à marquer d'une pierre blanche, et la lettre à conserver religieusement.

Déjà, vous vous demandez pourquoi l'histoire est triste, et quelle est la chute de mon histoire. Et quelle est donc la perte d'Alice ?
Cette histoire qui méritait d'être racontée, Alice vient de l'oublier. Sa mémoire a commencé à s'effacer il y a quelques mois, et elle voit sa vie disparaître, jour après jour. Perdre Noël avait été une épreuve pour elle, perdre le souvenir de leurs moments heureux et de son existence s'annonce bien plus douloureux.
Texte n°10

Citation :
Elle regarde en l'air, oublieuse d'elle meme, elle ne sait plus trop qui elle est. Tout ce qu'elle sait, qu'elle dit, c'est qu'elle attend son depart. Partir, s'envoler, juste une ame legere. Ne plus rien etre.
Gone ne vit plus tres bien ses jours, son espoir est perdue, vaincue par la detresse; elle est dans la deseperance. La melancolie l'a déjà gagnee, plus la peine de jouer. Elle veut mourir, depuis longtemps, mais aujourd'hui c'est different. C'est sa tristesse et sa lassitude qui l'emportent, pas la colere, l'impuissance ou les regrets. Pas l'amour. Une autre forme de proces infligee a son coeur, son etre, sa foi en elle. Son espoir en l'humain est tarie. Elle a peur parfois d'avoir perdue son temps, le long des jours, a esperer plutot qu'a faire, a rever plutot qu'agir. Peut etre que les vrais gagnants sont les reveurs, mais il ne le savent pas. Elle ne voulait pas non plus ressembler a ces gens blases d'avoir tout vu, trop tente, ces gens blesses au fond d'eux meme, mais qui ont beneficie de moments heureux, reellement. Seulement, une fois ces instants passes, plus rien ne retient le poids du temps et l'on reve, de revenir a ces moments chauds et doux, ces instants de plenitude. Elle, elle les imagine souvent, ma Gone. Et soudain, tout bascule, elle est plus mature, et elle se rend compte que parfois il faut aussi vivre ses reves, exploiter ses idees, satisfaire ses desirs. Mais par ou commencer? Oh, peut etre est ce trop tard, maintenant. Certains ont deja tout fait, elle plutot peu. A quoi bon tenter de les rattraper, devant l'extravant gouffre de leur destinee...A quoi bon. Alors elle ne sait plus, seul reste une idee persistante: la mort. Ce n'est pas le chaos que l'on decrit, juste la fin, sans rien derriere, la pourriture, le silence. Et puis on oublie, tout le monde, ceux qui ont compté pour un tel, ceux qui ont compté pour l'Histoire, ceux que tout le monde oubliait deja lorsqu'ils etaient vifs. Tout le monde finit au trou, sous un tas de terre, retour a Gaia, la mere nature. Et c'est mieux ainsi. Gone est triste, cette nuit, elle reste silencieuse, incomprise, sans besoin de s'exprimer, et elle sait que les gens autour d'elle ne comprennent pas. Nul besoin de communiquer, elle a juste besoin de sentir ses sens, endolori et endormis, tendrement s'eveiller, juste un peu. Suffisemment pour qu'elle s'ouvre au ciel au dessus d'elle, dans cet endroit qu'elle aime plus que tout. Ou qu'elle aimait. Les nuages sont gris bleus, au dessus, le ciel s'eclaircit, la nuit est passee, pourtant son chagrin dure encore. Gone est seule. Seul les oiseaux qui tracent leur route a travers le ciel lui rappelent que chaque jour est une nouvelle vie. Les oiseaux passent, Gone ferme les yeux, allongée au milieu de la route.

…………………………..
Elle est restée la longtemps, sur le bitume, le ciel dans ses yeux, jusqu'a ce qu'il reste en hologramme dans ses pupilles. La nuit est arrivée, Gone est partie.

Un peu après, elle est allée sur le pont. Elle a pris la corde, l’a passée autour du cou fragile, gracieux. Les mains habiles aux gestes sans crainte ne tremblaient pas. Elle était tellement sure de le vouloir. Rejoindre la clarté argentée, le vol des oiseaux.

Alors elle a pris son envol.

Le corps a chuté jusqu’au milieu, entre l’eau et le pont, à l’exact points entre les deux. Ni sur terre, ni dans l’eau ; juste dans l’air…

Puis quelqu'un a détaché, du haut, et elle est tombée comme une pierre. Le fleuve l'a charriée, lavée, gardée avec lui.

C'est tout ce dont Gone se souvient.
Texte n°11

Citation :
Toute ressemblance avec des personnes existantes est purement fortuite.
Ceci est une histoire vraie, enfin, j'en sais rien, c'est pas vraiment une histoire, c'est pas vraiment vrai non plus, mais dans un sens ça sort de ma tête alors c'est bien que je l'ai pensé à un moment ou à un autre, du coup on peut pas dire que, enfin bref, vous comprendrez. Voici le texte le plus infâme que je n'ai jamais écrit.
J'en ai déjà la nausée, d'ailleurs je vais l'écrire d'une traite, sinon j'crois que je vais pas m'en remettre tellement c'est glauque.
Bon là hum, je suis désolé vraiment, toutes mes confuses, mais il faut que j'étale ma vie, histoire de placer l'contexte tu vois. Oui je tutoie tout le monde, c'est pour créer un climat de confiance et d'convivialité. Tu me remercieras après.

Avant tout je tiens à dire, que je crois que je suis normal, enfin dans le sens, je ne suis pas psychologiquement malade, je ne suis pas un psychopathe, bon j'ai jamais fait de test chez un psy pour pouvoir l'affirmer, mais force est de constater que j'évolue depuis une vingtaine d'années tout à fait normalement. Du moins, personne ne m'a jamais dit que j'étais fou. Et moi même je ne crois pas l'être, je n'ai non plus pas la prétention de me qualifier ainsi.
Ok alors, voilà la situation. J'ai eu une enfance heureuse, voire très heureuse, on peut même dire, que putain j'ai eu le cul bordé de nouilles bien huileuses. Je suis né avec une cuillère en argent dans les fesses, c'est-à-dire qu'on m'a gâté toute ma vie, sans me pourrir, mais suffisamment quand même pour que je sois fainéant comme une pudding gélatineux, et qu'il faille me botter l'cul pour que je fasse quoi que ce soit.
Ma famille était et est encore aujourd'hui, à peu près soudée comme un coude sur un comptoir de bistro. Elle et mes parents m'ont inculqué des valeurs fortes et capitales, que je m'efforce de respecter et de garder en tête depuis toujours. Tu sais les trucs important genre il faut s'aimer les uns les autres, il faut aider tes cousins, faut lever la lunette des chiottes quand tu pisses, etc ce genre de mondanités.

J'ai eu la chance grâce à eux, de pouvoir voyager énormément, d'aller à l'école, d'ailleurs j'y suis encore, de pouvoir me payer tout ce que je veux ou presque. Bon faut rester raisonnable ok on se comprend, je dis pas que que j'me torche les jours de colique frénétique avec des biftons de 500 euros, mais j'pourrais le faire avec ceux de 20 euros, tu saisis ?
J'ai aussi beaucoup d'amis, huhu quelle phrase tonitruante. Non mais bon, j'ai des relations sociales convenables, je me démerde pour être pistonné de partout, j'ai eu aussi une vie sentimentale et amoureuse correcte. Ouais ok c'est un peu le bordel et mes histoires de coeur sont, comment dire pour le moins étranges, mais en gros, ça va quoi, je pisse droit.

Donc là si t'as bien suivi, tu dois te dire, lui, il a du cul, il n'a manqué de rien, il ne manquera jamais de rien si le monde ne tourne pas à l'envers d'ici là. Voilà.
Je suis d'ailleurs désolé de dire ça et de faire ce petit étalage de ma réussite et de mon bonheur devant toi lecteur si jamais ton chien vient de mourir ou si t'es en train de pré-mâcher les biscuits de ta mamie car elle n'a plus de dent, ou si jamais tu galères pour te payer un big-mac.
Mais il faut absolument que les choses soient limpides.
Ca glisse, c'est bon ? Soit.

Où je veux en venir ? Regarde attentivement.
Comment moi, et attention j'vais te boulverser dans ton fauteuil ikéa là mais, et peut être toi aussi si tu es dans mon cas, je peux arriver à penser ce que je vais te faire lire d'ici quelques instants, quand j'aurai fini mes effets de style à la mords-moi l'noeud ?

Parfois je me dis, que j'aimerais perdre ma mère.
Je le dis pas chaque matin en me rasant, ou chaque soir pendant ma branlette quotidienne, non j'te rassure. Mais parfois, comme ça, ça vient, sans trop savoir pourquoi.
Genre je suis en train de manger un yaourt au citron pendant que ma mère fait les courses à Inter, et j'me dis, j'aimerai bien qu'elle ait un accident de bagnole.
Un truc horrible.
Là c'est un peu comme dans les films tu sais, quand le héros ressent la mort de son frère à l'autre bout du monde, il le sait pas, mais son bide se met à vriller et il se dit "putain il est arrivé un truc à mon frère, il faut que je sache ce qui s'est passé", alors qu'il était à table ou en train de forniquer.
Non sérieusement.
C'est pareil, je mange donc mon yaourt (ou yogourte si tu veux fais pas chier) et je vois la scène, je vois ma mère dans la caisse qui se fait percuter par un semi-remorque Ukrainien, pis j'me dis que j'le sens dans le ventre, là, ouais là, ça me prend aux tripes.
C'est souvent quand elle est à la bourre, je me dis qu'il lui est arrivé quelque chose putain.
Et là j'imagine le truc le plus déconcertant du monde, le fameux coup de téléphone qui va faire basculer ta vie de rêve, (enfin la mienne plutôt pardon j'ai tendance à généraliser) en un putain de .. Non, pas un putain de cauchemar justement.
Comment dire, hum "Allo Mr X, votre mère Mme Y vient d'avoir un accident, venez à l'hôpital etc" ou alors encore plus direct, mais moins hard dans un sens vu que tu la vois pas crever sous tes yeux, "votre mère vient de décéder lors d'un accident de bagnole".
Et là toi, t'as le téléphone bien en main, pis d'un coup la moiteur de ta main le fait tomber par terre, la faute à ma mère !
Rah mais comment j'peux imaginer des trucs comme ça.
C'est pas le pire !

La suite c'est que j'me dis, enfin ma vie va être bouleversée.
Je vais récupérer un beau pactole de pognon, je vais avoir une tonne de responsabilités qui vont me tomber sur l'coin de la gueule. Et surtout, je vais enfin recevoir du courrier, autre que le relevé de banque une fois par mois.
Je devrais vivre seul, ou presque. Ouais parce qu'au début et pendant un moment va y'avoir la famille qui va venir m'filer un coup de main, enfin j'espère parce que sinon c'est vraiment des chiens. Pardon.
Mais en gros tout va changer.
Pourquoi j'utilise ce mot d'ailleurs ? Est-ce que j'ai envie que ça change ? Pourtant tout est bien non ?
Non tout ne peut pas être si bien puisqu'il me vient de drôles d'idées quand même.
Putain mais là, ce que je dis, c'est horrible je le sais, mais je l'ai bien pensé quand même, ça veut dire qu'au fond y'a un problème ou pas ? Enfin un gros problème ou alors c'est normal entre guillemets de penser comme ça parfois ? Je suis certain que toi aussi ça t'es déjà arrivé d'avoir ce genre de pensées, mais quand même !
Bordel, j'ai vraiment l'impression de perdre la tête.

Ca me fout des frissons. Quand j'imagine toute cette scène-là, enfin ce film un peu dramatique quand même, j'ai une sensation de liberté, je me dis que j'pourrais enfin (ahah il fallait pas dire "enfin" c'est piège comme mot) faire ce que je veux. Pourtant je peux là aujourd'hui, faire ce que je veux dans le fond. Si j'veux vendre des pizzas dans un camion en belgique, j'achète un camion et hop je pars demain ou après demain, enfin, je vais pas le faire mais ca reste réalisable, même si c'est con.

Je me demande, je n'arrive pas à savoir. La perte de ma mère. Ca signifie quoi ? Est ce que ça a un sens particulier ? Quand j'écris là j'me dis que j'aimerais presque qu'elle meure oui, hum, ça craint horriblement, mais, j'ai cette petite envie là, dans le coin de ma tête, qui me sourit, un peu comme le petit diable au dessus d'un personnage de cartoon qui dit "vas-y fais le ! prend ce porte monnaie", et le petit ange qui dit "non touche le pas, il est pas à toi". Putain, pourquoi je parle d'argent là ?
Cet exemple était-il si anodin ? Hola c'est très déconcertant d'écrire ces choses.

Le fait est, que je ne sais pas ce qui motive cette idée bien crade.
Est-ce que c'est le changement, le bouleversement ? Est ce que c'est l'argent qui pourtant ne manque pas ? Est ce que c'est heu, un problème psychologique enfoui au fin fond de ma tête et qui serait dû à un terrible secret familial ? Pourtant j'ai jamais été battu ni rien d'autre.
Je ne comprends pas. Je-ne-comprends-pas.
Dois-je aller voir un psy ? En tout cas je peux pas vraiment en parler à ma mère, ça serait mortel.
D'ailleurs j'me dis que plus je pense à ça, plus les chances, enfin non ! Les malchances, restons humain, qu'une telle chose se réalise augmentent.
Un peu comme quand on pense très fort à quelque chose, et paf ça fait des idées cyniques.

Si je creuse encore bien profond dans ces idées noiraudes..
J'aimerai aussi perdre mon père, enfin, pas spécialement lui, mais disons un proche, un très proche. Mais là c'est pire.
Simplement pour le fait d'aller à un enterrement. De voir les conviés venir un à un vers moi en m'disant, soit fort, on t'aidera, tu peux compter sur nous, nous aussi on l'aimait, surtout n'hésite pas à nous appeler en cas de problème.
Le plaisir de devoir m'habiller en costume noir, bien classe. D'aller dans une église alors que je ne crois pas vraiment en Dieu, de prendre un air bien solennel, d'avoir une histoire forte à raconter, et de me dire, surtout:
"A moi aussi, il m'est arrivé un truc horrible dans ma vie, j'ai perdu mon père".
_Ho je suis désolé pardon.
_Non mais t'inquiète, ça va.
Non putain ça ne va pas. Ca ne peut pas aller si je pense à de telles choses, rah mais bon sang.

J'arrête ici, j'en ai la nausée, enfin, je voudrai avoir la nausée, le problème c'est qu'en écrivant là j'ai un petit sourire en coin. Je crains.
Je veux comprendre, qu'est-ce qui fait que j'ose penser à tout ça ? Tout va bien pourtant, les faits sont là, c'est indéniable, je le sais.
Bon sang. Et si ma mère découvrait ce texte par le plus grand des hasards, que dirait-elle ?
Je l'aime pourtant, mon père aussi, profondément.
Quelque chose manque, je le sens, c'est certain. Où ai-je foutu mon portable encore ?
Ah le voilà, hum un appel un absence, numéro inconnu.. Ah il a laissé un message..
-"Bonjour Mr X, c'est le commissariat de Lyon ..."



...Merde, j'imaginais une fin moins téléphonée.
Texte n°12

Citation :





Le printemps ne s’annonça pas d’abord par plus de clémence que l’hiver qu’il suivait.

Je restais souvent près de la fenêtre de ma chambre, debout, à regarder le jardin disparaître ou recevoir la pluie. Le plus souvent, je m’étais repoussé de mon bureau où je laissais ouverts un livre et un cahier marqué de mon écriture. Je ne croyais plus à mon travail que par hasard lorsque j’extirpais de mes pensées quelque bribe juste et sonore. Je remplissais, le plus docilement qu’il m’était permis, les devoirs domestiques propres à l’effort de vivre, n’y tirant que le rare plaisir de l’organisation: ma maison me semblait parfois si propre que je ne pouvais m’empêcher d’en jouir.

Lorsque le soleil revint, et qu’il frappa la vitre, j’eus un unique soupir ; j’expirai l’ennui de l’hiver. Ce jour-là, je descendis au jardin.




Derrière une haie basse et sombre, je trouvai la table et les chaises que je n’avais pas pris la peine cette année-là de remiser. Leur peinture verte s’était écaillée, elles étaient mouillées, mais elles avaient résisté à l’hiver. Des débris végétaux, de passage sur leur surface métallique, paraissaient déposés à dessein pour leur offrir une seconde nature. Je débarrassai la chaise la mieux exposée au soleil, je m’y assis. Il n’était pas midi. Je me demandai si l’hiver était réellement fini.

Mes pensées se turent. J’osai à peine regarder les arbres du jardin, son ciel, les nombreuses plantes que je lui connaissais. Je savais seulement que j’avais chaud et que soleil et vent mêlés, venant sur ma gauche, se glissaient dans ma peau et mes cheveux.

Alors seulement je perçus que quelque chose s’était passé.

Je voulus me lever mais je restai assis. Le bruit des feuilles, le passage du vent, la table vert sombre, ma main gauche sur la table – me plongeaient dans un état d'hypnose. J'étais pris dans l'instant comme une plante à son sol. J'appartenais au jardin. Je serai assis là pour toujours.




Le klaxon de la camionnette du facteur, qui passait le virage, rompit le sortilège. Je marchai jusqu'à la boîte aux lettres. Elle contenait deux lettres du même expéditeur: ma banque. C'est comme s'il n'y avait pas de lettre. Je n'avais rien reçu. Les deux enveloppes identiques, postées à deux jours d'écart, me rappelaient mon nom. Il me parut étrange. Je rentrai à la maison, les lettres à la main.




Le jour passa sans bruit; la nuit vint et avec elle, l'humidité froide qui montait de la terre. J'allumai un feu, m'installai dans le vieux fauteuil près de la cheminée. J'avais pris une résolution et je m'étais servi un verre de whisky. Le verre fut vide. Je saisis des paquets de lettres retenues par des élastiques. C'étaient de vraies lettres. Quelqu'un avait écrit mon nom et mon adresse sur chacune. Elles étaient uniques. Parfois, il y avait de beaux timbres. Je les jetai une à une dans le feu qui les fit disparaître.

On n'entendait que le feu crépiter et le vent agiter les branches des arbres du jardin. L'hiver s'était achevé. Le printemps serait plus doux.
Texte n°13



Citation :
Café des sports

Il est 11h et des brouettes dans le café des sports du bout de la rue d'en face de chez la crémière, à l'autre bout de la ville rue des Alouettes.
Patrice, embué dans les vapeurs d'un petit verre de vin, famille nombreuse que celle des petits coups enfilés depuis le début de la matinée. Une bulle de mousse au coin des pourliches pâteuses, une haleine caustique respirée si près du comptoir qu'elle le décape mieux qu'un vigoureux coup d'éponge. Patrice enlace un pilier et lui caresse la croupe comme si ce fut la plus câline des femmes, caressant du même coup du dos de la main sa chienne de vie qui bat de la queue. C'est l'habitué du bout gauche au fond du bar et près de la porte des chiottes, Patrice. C'est qu'ils ont tous leur place du jour, les branques. Comme les mouftons en maison de claques, untel et machin truc toujours à la même place. Sauf que là c'est histoire d'habitude et pas de discipline.

On est bien, là, café des sports.
Fait chaud et on sert jusque tard dans la murge, sans faire la morale de bonne femme quand la couperose clignote d'avoir trop bu. Le patron mouline un peu l'air avec un vieux torchon à carreaux rouges quand les conversations pissent plus droit et que le jus déborde. Les rires gras comme la couenne du jambon des paris-beurre font chaud au cœur et les grosses miches de Jacqueline gloussent et frémissent quand vient l'heure de régler la maison. La caisse sonne et les verres trinquent, on fera crédit jusque la prochaine paye en poche.

Ce jour, c'est un samedi d'été, moite mais petite bise.
Patrice souffle comme un taureau quand vient quatre heures de l'après-midi et que Polo entre dans le café des sports, passant la porte sans ménagement et entamant direct la marseillaise en commandant un verre de blanc. Polo le blanc et Patrice le rouge ne se rejoignent ni dans les liqueurs ni dans la politique, une seule chose pour les réunir sans risquer les moutardes, une partie de belote à un bout du comptoir.

Mais ce jour, Patrice ronronne à peine quand Polo déboule.
Voila que depuis qu'il est vissé sur son bout de tabouret ce matin, le bougre marmonne avoir lourdé quelque chose sans réussir à remettre un bout de cervelle dessus. On a eu beau tenter de ranimer sa mémoire à grands coups de mnémotechnique à soupape et questionnements de tous poils, ça sonne toujours creux. Pourtant bordel, Patrice avait quelque chose à penser. Faut être vraiment miteux mais c'est à croire que le vieux à perdu un bout sur le chemin du bistrot, laissant dans un caniveau sur la route ce qu'il avait à penser aujourd'hui.

- Alors Patoux, on s'la fait c'te belote ?
- Lâche moi Polo.. tu vois pas que je réfléchis !
- Olha, M'sieur à la cervelle qui bouillonne, 'tention à pas transformer le tout en boudin à force de surchauffe.

Rires gras dans le bistrot accompagné de la sonnerie du téléphone. Jacqueline dodeline et embrasse le combiné de ses lèvres barbouillées de rouge.

- Alooo oui ? café des sports. Patrice, c'est ta mère au bigorneau.

La maman de Patrice, comme sa femme avant elle et les femmes des habitués qui en possèdent, faut savoir que le numéro du café des sports est calqué dans tous les calepins. Une urgence au domicile ou une soupe qui refroidit et une bonne femme qui s'impatiente au domicile et c'est le bigorneau du café des sports qui sursaute.
Ce coup-ci, c'est pour sa pomme et Patrice traîne la savate jusqu'au combiné. Môman la chieuse chez qui il vît va encore le suriner, mais qu'est-ce qu'elle me veut bordel cette emmerdeuse.. lui dire que Mme Firmin, la gentille dame de l'ANPE vient de téléphoner et que puisque tu as manqué tes trois derniers rendez-vous dont celui de ce matin la goutte d'eau du vase déborde et ils ne peuvent plus rien pour toi et pourtant c'est une dame charmante. Totalité Patrice, tu as perdu ton statut de chômeur et.. Oh Patrice, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça.. c'est pas comme ça que tu vas récupérer ta femme et tes gosses.. Ohlala..

Le bigorneau sanglote et peine à sermonner.
Patrice se frappe le front, raccroche et commande un verre de rouge pour fêter son bout de mémoire retrouvé.
J'ai lu le premier texte, je vais lire le second, un belle moisson, cela va prendre du temps de lire tout cela.

Félicitations à tous ceux qui ont participé, en tout cas !

<attaque le second texte>
Lu les deux premiers, qui ne sont pas du genre que j'aime: il y a bien une idée, qui a l'allure d'un synopsis pour un épisode de la Quatrième dimension, mais ce n'est pas très écrit.

Le troisième m'a plu davantage. Histoire et personnages à gros traits mais c'est efficace.


(à suivre)
Trois premiers textes lus, et je ne peux que reprendre ce que dis La Clef, les deux premiers textes sont un peu décevant, il leur manque quelques chose pour les rendre bons, une ambiance peut être, quelques chose de particulier.
Le troisiéme est efficace dans son genre.

Néanmoins, félicitation aux auteurs, ça reste du vrai travail, il faut oser se lancer

*éditera au fil de sa lecture*
Le 9 et le 11, ainsi que le 3, ont retenus mon attention. Le 11 m'a fait pensé à "lattrape coeur" de Salinger, dans le style naif du gamin qui est en pleine quete d'identité, qui se cherche et qu'est un peu trash...
Ouais ces trois là sont vraiment sympas Et le 12ieme me plait dejà aux premieres lignes...
Le 13ieme sent l'amateur de San Antonio!
Lu les 3 premiers textes relativement attentivement.

Pourquoi relativement? Car le style des textes 1 et 2 m'a légèrement obligé de lire en diagonale. Il faut avouer (les auteurs ne m'en voudront pas) que c'est mal écrit. Lire le premier paragraphe de chacun attentivement suffit pour avoir des preuves de ce que j'avance.
De ce fait, je ne voterai pas pour ces deux textes.

Pour le texte 3 : l'idée n'est pas mauvaise du tout. Le texte se laisse lire sans effort. Ca ne veut pas dire que le style est excellent mais en tout cas, il est propre et réfléchi. Là où j'ai eu beaucoup plus de mal, c'est au niveau des 'gros traits' des personnages. C'est très facile à utiliser. Les rendre plus profond, moins insultes à deux sous, ...aurait été plus dur mais certainement plus abouti
[edit] : En fait, ce texte me fait penser à 7/8 pages d'un manga qu'on aurait mis sous forme de nouvelle. Ca passe mais on peut faire tellement mieux en littérature

La suite plus tard...
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Suite à une erreur de ma part, le texte 11 n'a pas été publié dans la forme souhaitée. Il a été édité et corrigé. Veuillez donc tenir compte de la nouvelle version pour vos votes.

Merci.
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