Pour un flirt avec toi, je ferais n'importe quoi.

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5:54, l'heure pour Jean d'ouvrir un œil et de laisser un sourcil se mouvoir comme un serpent.
Il se lève, marcel et slip en coton, après lui avoir collé à la peau toute la nuit, s'envolent dans un coin et laisse place a un corps nu.
Le corps nu de Jean.
Poisseux et flasque, la bedaine qui pointe fièrement vers l'avant, les bourliches qui dansent au rythme de sa marche.
Jean, qui se déplace pieds nus sur le carrelage de son appartement, le petit paquet viril bringuebalant dans la hauteur des cuisses. Etire un bras, puis l'autre, se gratte la fesse d'un air absent et verse un jus noirâtre dans une casserole en friche. Blup.. Bloouup.. font les bulles épaisses de café en explosant à la surface.
Il se laisse hypnotiser quelques instants par le spectacle, le regard bovin, les cernes pendantes, les pensées dans le vide.
Reprend sa respiration dans un profond soupire et se dirige vers la salle de bain. Premier arrêt : miroir.
Sa mine est une horreur.
Son teint une lamentation.
Son visage par endroit garde des traces verdâtres de sa crème de nuit noix/olives.
Les cernes ont gagnés du terrain dans la bataille nocturne.
Une bouche peu symétrique et pâteuse lui renvoie l'expression d'une tristesse un peu tordue.
Ses quelques cheveux restants sont gras de transpiration.
Et sa barbe, mon dieu sa barbe.. malgré les produits, crèmes nocturnes, bains aromatiques, gélules, comprimés, ampoules.. chaque matin c'est rêche et dru, ça pousse et ça pique, ça râpe le dos de la main que l'on y passe.

Depuis cinq ans Jean avance tous les matins son réveil de quelques secondes. Plus il vieillit et plus la liste des soins et préparatifs matinaux se rallonge. Il lui faut maintenant deux heures quand il y a dix ans, dix minutes suffisaient largement.
Un jour il ne se sentira plus la force.

Il passe une première heure dans la salle de bain, se débarbouille, se gratte, s'enlève les peaux mortes, se rase, s'épile jambes, collier et visage, se talc, se mousse, s'asperge de produits, se maquille, se parfume..
Puis enfin, il va boire le jus de café à la petite cuillère, sans rien dire. Depuis des années il n'allume plus la radio. Avant oui, avant il prenait le temps de petits-déjeuners copieux. Croissants, pain, beurre, café, jus d'orange et larme de calva. La radio hurlant des musiques commerciales et populaires et lui qui faisait le chemin entre la cuisine et la salle de bain et dansant et chantant. Nu, heureux, avec du temps devant lui.
C'est terminé, tout ça.
Plus le temps, juste celui de la longue liste des artifices.

7:04, il se dirige vers le dressing. En fait coulisser les portes et jette un coup d'œil morose à sa garde robe multicolore. Harrache aux cintres un tailleur jaune et un petit haut de dentelle noir, une paire de bas nylon et toutes ses gaines et corsets.
Il enfile sa seconde peau.
Un dernier geste de maquillage, quelques coups de brosse dans sa perruque et dernier regard vers son reflet. Sa pourrait être mieux, voila ce qu'il se dit. Il a du ventre, les bas joues qui tombent légèrement mais il garde un il-ne-sait-quoi de terriblement joli dans le regard, quand il l'allume enfin. Et puis la chute de ses reins est toujours agréable, quand avant on lui disait sans honte qu'elle était à croquer. Pas encore bon à jeter, Jean, mais triste, tellement triste.
Fatigué de lutter.

Condamnation, faute, erreur de jeunesse ? sentence, verdict :
" Jean Perrin, 25 ans, célibataire, se voit condamner à une peine de travestissement à perpétuité pour le compte de la société UHVF. Cette condamnation n'est pas discutable et ce dans un délai de 30 années consécutives au jugement."
Depuis 21 ans qu'il a endossé le rôle de feu Mademoiselle Chevalier, archiviste chez UHVF, jean est lasse.
Dans une société ou les femmes le sont encore plus et tendent à disparaître.

8:00 il passe ses jolis souliers vernis et ferme avec délicatesse la porte de son appartement.

http://img132.imageshack.us/img132/3639/claudette015ye1.jpg
J'en appelle aux anciens du génocide, aux amusés de l'écriture, aux ampoulés..
A tout ceux qui voudraient essayer, réessayer de construire une histoire miette par miette, bout par bout, de personnages en rebondissements.
A vot' bon cœur.
8H06: Jean est en bas de son immeuble. Il allume une cigarette de cette manière efféminée qu'il a acquise au fil des années. Il range son briquet doré puis souffle une grande bouffée de fumée en regardant le filtre rougit par cette espèce de peinture à lèvre qu'il maîtrise à la perfection aujourd'hui. Il ferme les yeux, son mascara colle un peu, il va falloir encore endurer ce fardeau de peinture, de manières, supporter cette carapace faite de collants, d'un tailleur et de talons aiguilles. Ni le froid, ni le bruit de la rue n'arrivent à le tirer de cette léthargie sinistre. Il regarde les passants. Ni envie, ni pitié, ni rien. Il les regarde juste passer en se demandant d'où ils viennent, où ils vont. C'est drôle comme on a parfois cette soudaine lucidité qui nous ouvre les yeux sur le caractère unique de chaque personne. Dans ces cas-là, on se rends compte que les autres ne sont pas que les autres, que nous faisons partie de leur décor comme ils font partie du notre. Brusquement, le flot de pensée s'interrompt. Jean vient de réaliser qu'on le voit, que des gens peuvent se poser des questions à son sujet de la même façon qu'il imagine leur histoire. quelques gouttes de sueur froide coulent le long de ses aisselles.

Il tire alors frénétiquement sur sa cigarette puis secoue la tête histoire de chasser ces mauvaises pensées.

Après avoir jeté négligemment son mégot dans une bouche d'égout, Jean se dirige vers le métro. Malgré la démarche gracile, on ne peut deviner sa lassitude. Chaque pas ressemble à ceux d'un alpiniste à quelques mètres du sommet.
MAis c'est dans la descente des escalier que son pas est le plus hésitant. La main ne quitte plus la froide rampe en fer forgé. Qu'il est loin le temps où les talons claquaient joyeusement, avec tonus contre chaque marche, parfois en sautant la dernière d'un petit saut leste. Ce matin comme depuis quelques temps, le bruit des talons est sec, rêche. La dernière marche autrefois boudée d'un air polisson est devenue un soulagement.

Pourtant, il avance. tordant exagérément son bassin, lançant un pied bien devant l'autre en croisant les jambes à la manière d'un mannequin.

8H15 : Le métro arrive, la foule s'engouffre. Regardant cette marée humaine, Jean attends, il ne se précipite pas. Quitte à être coincé contre des inconnus, autant les choisir un minimum.

C'est alors que son regard s'arrête sur une personne en particulier. Son visage abandonne l'habituel faciès de lassitude pour prendre le masque de l'étonnement.
J'avoue que d'habitude, je n'accroche pas à ton style, Sponsachtige scout. Mais pour une fois le premier paragraphe m'a suffisamment intrigué pour que je me force à lire jusqu'au bout, et je dois admettre que je ne suis pas du tout déçu.

En fait sur le moment les quelques dernières lignes m'ont fait penser au procès d'Alan Turing.
Thumbs up
Sympa ! Le coup du mec hypnotisé par les bulles de café qui crèvent, je suis presque sûr de l'avoir lu quelque part, Bukowski me semble bien.

L'idée est très bonne.

Ajout : Haha cette manie qu'on a de vouloir rattacher les choses nouvelles à ce qu'on connaît, amusant. Pour se rassurer sans doute.
8h18 Il se ressaisit, non il ne fuira pas, même si le regard étonnée qu'elle pose sur lui lui donne des sueurs froides et le pénètre jusqu'à la moelle. Il reconnaît cette lueur de curiosité en son regard, elle cherche à se rappeler, il en est conscient... Au moins, elle ne l'a pas reconnu.

Depuis combien de temps, l'avait-il vue ? 15 ans, 20 ans ? Quel âge pouvait-elle avoir aujourd'hui... Sans s'en apercevoir, il glisse dans ses souvenirs, dans cette vieille peau que fut cette autre vie, il se rappelle le doux parfum de sa mère, ses seins tendres, son regard amoureux et puis, le dégoût alors qu'elle l'avait trouvé en petite tenue farfouillant ses affaires, les crises, les larmes, toute cette violence, cette haine.. et surtout ce rejet.

Il sort de sa rêverie sur un frisson, un peu perdu... mais où est-elle passée ?





[désolée, j'ecrit comme une pied... mais c'est l'intention qui compte, n'est-ce pas ? :x]
Message roleplay
Matthiew arrive au bureau, remonté comme une pile, comme tous les matins depuis des années. Encore une belle journée à enchaîner les dossiers, à sentir les dollars crisser sous ses doigts à chaque fois qu'il dépose une chemise dans le bac "Traité". Et la file qui s'étend devant la porte de l'agence n'a jamais été aussi longue, les affaires sont florissantes. Cette disparition progressive et inexplicable des femmes et le taux de naissance féminine en chute libre aura été une belle aubaine, pour ceux qui ont osé la saisir. Matthiew sourit en revoyant tous ces hommes à la mine pitoyable, rangés bien sagement les uns derrières les autres, à attendre de se présenter devant le Jury. Un Jury qui évaluera leurs revenus, leur patrimoine génétique, leurs capacités motrices et intellectuelles, et qui décidera si oui ou non ils sont dignes de rencontrer une des survivantes.
En repensant au gros mec suant venu protester la veille contre la partialité du Jury, Matthiew ne peut s'empêcher de rire aux éclats. Et dire que ces abrutis avaient eu le choix entre le sexe et l'argent et avaient choisi la première solution...
Il entre dans son bureau, allume la lumière et part remplir un verre d'eau aux toilettes. Il sort sa pilule neutralisante quotidienne, l'avale d'une gorgée. Une journée de plus libéré de tous ces soucis de procréation, de toutes ces envies malsaines et fortement contre-productives. D'un coup d'oeil sur l'horloge murale, il prend note de son heure de début. 8h23. Pas mal. Il peste contre cette secrétaire qui arrivait encore à la bourre, et se met au travail.
8h20 Elle est comme une de ses cernes, un cercle s'éloignant de plus en plus vers l'extérieur de sa vie. La pensée le fait frémir, il s'intériorise. Recrocvillé dans ses épaules, les genoux serrés à en sentir le pouls de ses veines, Jean attend, il attend que sa vision revienne. Mais elle est comme le métro, pas de retour possible, il ne fallait pas descendre de voiture. De voiture justement il est question car à Métro Mutualité tout le monde descend, seul Jean au milieu accroché à sa barre la tête caché dans ses épaules et les genoux serrés, il ne resterait plus qu'a recourbé le dos pour se croire en position foetal. Mère ou es tu se dit Jean, Mais c'est dans le métro qu'il se trouve accroché à sa barre comme un cordon ombilical, Jean doit sortir. Une dernière secousse le pousse, la douleur de la poussée l'aspiration de l'air s'engouffrant pas la porte l'éjecte sur le quai, les doigts encore crispés comme s'il avait emporté un bout de barre avec lui. Jean doit respirer. La première goulée fait toujours mal, il faut crier, il faut pleurer Jean as tu oublié? Jean n'a pas oublié mais il a peur, il hésite, il fait un pas, un second et sa locomotive intérieur se met en marche, chaque foulée se fait de plus en plus vite, sans que son cerveau s'active, il marche, sort dehors éblouie par le soleil... Il faut vivre Jean!
8H24 Tout entier absorbé par ses souvenirs Jean n'avait pas vu la malingre silhouette de l'inconnue se glisser derrière lui. Elle approcha sa bouche de son oreille, plongea une langue pâle dans la perruque, lui titilla le lobe. Un frisson glacé parcouru le corps de Jean, glissant entre les bourrelets, soulevant les fines couches de maquillage. Elle murmura :
- Je sens que tu ne m'as pas oubliée, le procès, les visages de tes victimes, tu t'en es bien sorti, travesti, pour toute la souffrance morale que tes viols sur les employées avaient engendrée ... Ta conscience Jean, tu ne m'as pas oubliée, écoute les voix, souviens-toi des prénoms, des corps, Jean, mademoiselle Jean. Brimé par sa mère, de la dentelle et des poils, les fruits de la vengeance sur l'arbre de la solitude. Tu as brisé des vies, Jean, tellement détruit de femmes et effrayé les autres que tu en portes les talons et le fardeau à jamais. C'était une heureuse sentence pour un pervers comme toi, maintenant tu vas souffrir Jean, tu vas souffrir ... Nul n'a reconnu à l'époque la portée de tes crimes, il est temps de les payer maintenant...


Jean ne se retourne pas, il se gratte l'oreille nerveusement comme pour en chasser les derniers souffles du murmure. Il ne pensait pas que cela arriverait si vite.
Jean se dirige vers son bureau.
L'immense bâtiment de l'UHVF se dresse comme un phallus en plein milieu de la ville. Symbole vulgaire d'une domination masculine forcée par la pénurie de l'autre bord. Des briques rouges qui montent sur des dizaines d'étages et une porte énorme, béante, qui dégueule et ravale de 7h à 19h une masse grouillante de gens.
Et c'est ici qu'il bosse.
Condamné des années plus tôt à endosser le rôle d'une femme, comme quelques milliers d'autres, et ce pour combler le gouffre qui déjà se creusait. Un collant, une tenue, quelques consignes et une bible intitulé "L'homme est une femme comme les autres", chapitre I : leçon de maquillage chapitre II tout l'art de s'asseoir etc. Des rendez-vous hebdomadaires avec des agents de réinsertion et des conseillers visagistes.

Il a son bureau attribué dans le dédale des archives, au quatrième étage.
Il y passe ses journées en compagnie d'une plante grasse pas très démonstrative et de murs couverts de vieux dossiers.
Jean parle à la poussière et n'a pas la main verte.
Son boulot ne consiste pas seulement à trier les dossiers, à les regarder pendant des heures ou à taper des rapports indigestes sur une vieille Remington. Le rôle de Jean au sein de UHVF c'est avant tout d'y assurer une présence féminine. Il se laisse donc tripoter les faux seins par les jeunes stagiaires à la photocopieuse, roule des hanches en marchant dans les couloirs et se laisse claquer les fesses pour du travail bien fait.
Ca fait maintenant 26 ans et 8 mois qu'aucune femme n'a travaillé dans ces bureaux.
Ca fait maintenant 8 ans qu'aucune femme n'a franchi les grandes portes du grand hall.


Et c'est justement ce grand Hall d'entrée que Jean vient de pénétrer.
Il est en retard de 12 minutes, comme le figure le manuel chapitre IV "une femme se doit d'arriver en retard au travail, pour attirer l'attention et susciter la jalousie" et ce comme chaque matin depuis qu'il travaille ici.
On peut dire que c'est là que Jean prend ses fonctions.
Comme chaque matin, il passe la porte en un ample mouvement de cheveux, laissant les courants d'air du grand hall aspirer son parfum et le disséminer aux quatre coins. Il fait claquer ses talons hauts et se dirige vers les ascenseurs, le regard baissé. Il appuie et attend, en reposant son poids sur sa hanche droite et en cambrant le dos, modelant ses lèvres molles et ses yeux rêveurs. Il passe une main lentement sur son sein et oups, réajuste son bas.
Une biche au milieu des loups.
Les femmes se font de plus en plus rares et les rares spécimens sont cachés, assignés à résidence. Dans ces temps de sécheresse, beaucoup d'hommes se sont tournés vers des pratiques homosexuelles, se prenant au jeu des condamnations travestis. Et le reste, les plus timides, les plus frileux, les plus conservateurs se contentent de se rincer l'œil en tentant par tous les moyens de se convaincre que ces hommes sont des femmes, ni plus ni moins. Ils observent donc à distance pour ne pas rompre l'illusion fragile qu'offre Jean en attendant docilement l'ascenseur.

D'autre que lui se sont laissé attendrir et se sont devenus les poules de luxes, les gigolos de leurs patrons ou de certains employés zélés.
Ce n'est pas le cas de Jean.
Il purge sa peine sagement, espérant une remise quand le temps sera venu.
Les hommes, c'est pas son truc, il se contente du souvenir des femmes.

L'ascenseur est lent, il le sent glisser le long de la grande colonne vertébrale du bâtiment, dans le noir apaisant. Il descend doucement, transportant sûrement des employés à la mine déconfite. Ting.. Ils descendent et la vision de jean réajustant son bas leur donne suffisamment de quoi esquisser un sourire et reprendre du cœur à l'ouvrage.
Jean, le stimuli, la motivation, le pâle rayon de lumière, qui remplace les hordes de secrétaires bandantes qui jadis peuplaient l'UHVF.

Au moment de se glisser dans l'ascenseur une voix l'interpelle :
- Oh Miss Chevalier, enfin vous voila !
Mais qui voila.. c'est ce très chaire Matthiew, avec son accent anglais suranné.
Avec Matthew, il fallait qu'il prenne sa voix la plus suave.

"Bonjour Mr Pimberly, je suis un peu retard, désolée, mais vous savez, le métro, ahlala ...
- Je comprends, moi-même ...
- Ahlala.
- Oui. Donc. Je me demandais ...
- Mr Pimberly ?
- ... si vous aviez pu remettre la main sur le dossier Parsons et Parsons ?
- Oh ! Oh, doux Jésus ! Cela m'était complètement sorti de la tête."

Pour souligner cette dernière phrase, Jean fit voler quelques cheveux de sa perruque blonde. Il n'avait pas du tout oublié. Il fallait simplement que les apparences soient sauves.

"C'est très ennuyeux, Miss Chevalier. Très ennuyeux.
- Je vous promets de faire l'impossible pour réparer ce fâcheux incident. Je me mets immédiatement à sa recherche !
- Vous êtes gentille. Venez me trouver dans mon bureau avant midi."

Jean n'avait eu le droit qu'à un sourire poli puis l'Anglais était reparti vers son bureau. Ce con avait dû prendre sa pilule. Impossible de le troubler. Jean cessa de battre des cils. Le salaud. Salaud d'Anglais. Avec ses passe-droits pour obtenir les pilules Suspex ("Suspendez votre sexualité comme on laisse à une patère un vieux manteau inutile" -- un slogan un peu long).

Le bureau. Le sale bureau poussiéreux. La plante verte qui ne veut pas mourir. La saleté de machine à écrire. Des foutus dossiers partout. Jean claque la porte. Ici, il se détend. Il accroche son manteau. Il se touche le sexe à travers le tailleur. Tout est là. Il en a ras-le-bol. Aujourd'hui plus qu'hier. Ses collants le grattent, il va encore falloir qu'il s'épile. Marre. Salope de plante verte. Salaud de Matthew Pimberly.

Jean écoute. Le silence. Il pourrait peut-être ... Oui, il a bien besoin d'un petit plaisir. Il sort une clé de son sac à main et déverrouille le dernier tiroir du bureau. Des objets, des papiers, une blague à tabac. Il en sort une petite pipe, la bourre, tasse le tabac. Il ne faudrait pas qu'on le voit ainsi. Les femmes ne fument pas la pipe.

Hmm c'est bon. Surtout quand on a les pieds posés sur le bureau. Jean les emmerde tous. Tous ces mecs. Aujourd'hui, il fait grève. Ils iront chercher une bonne femme ailleurs. A la cantine, ce midi, il en bousculera un. Un bon coup d'épaule comme au rugby quand il avait 15 ans. Est-ce qu'il pourrait ... se moucher entre ses doigts ? Non quand même pas. Déconne pas, Jean. Ne va pas trop loin. Attention, Jean. On te surveille. Il ne faudrait pas ... Tu sais ce qui arrive aux relaps, Jean. Couic. Couic couic.

Jean touche son sexe. Tout est là. Son regard tombe sur une vieille chemise cartonnée. "Parsons et Parsons". C'est quoi ce dossier ? Pourquoi l'Anglais en a-t-il tant besoin ?
Message supprimé par son auteur.
" Où allons-nous, Mr P. ?
- A l'UHVF.
- Pour quoi faire ?
- Simple contrôle de routine ... "

Mr P. souriait pendant que le taxi se frayait un chemin jusqu'à la rive droite. "Bon, il se fout de ma gueule, pensa Klyders. Le coup classique: on colle un jeune type plein d'avenir dans les pattes d'un enquêteur chevronné qui ne voulait pas de collaborateur et l'ancien fait chier le nouveau jusqu'au jour où, fendant son masque de dur à cuir, il lâche un truc du genre: "Pas mal, Bill". On a vu les mêmes films, sale con, fais-moi confiance pour ne pas tomber dans ton scénario."

Mais ce qui gênait le plus Klyders, c'était la petite tache de liquide séminale qui se voyait à hauteur de sa braguette. Son slip pur coton devait être trempé. Il fallait absolument qu'il trouve un moment pour se faire reluire et retrouver ses nerfs. Mais par association d'idées, sa pensée le reporta à la secrétaire du directeur. C'est comme si le taxi s'emplissait de son parfum. Elle était là; elle sortait un petit mouchoir d'entre ses seins et elle se penchait vers son pantalon pour frotter la tache .... "Oh putain, je rebande, c'est pas vrai".

"Détendez-vous, Klyders, nous arrivons à l'UHVF", fit Mr P. avec l'air de vraiment se foutre de sa gueule.


----------


Que faisait-elle cette grognasse ? Elle s'était perdue dans les couloirs ou quoi ? Pimberly s'impatientait. La porte de son bureau s'ouvrit.

" Je suis venue aussi vite que j'ai pu, Mr Pimberly.
- Miss Chevalier, j'étais à deux doigts de ...
- Ahlala.
- Oui. Ah mais je vois que vous apportez le dossier.
- Je l'ai retrouvé ! Il était pourtant bien caché. Section 4, couloir E, repère III, verticale Alpha, horizontale Gimmel, point ...
- Je vous crois ! Merci, Miss Chevalier. "

La grande blonde aux faux seins tendit le dossier à son supérieur en lui souriant. Pimberly le prit. Il râcla sa gorge. Miss Chevalier fit un sourire. Pimberly posa ses mains bien parallèles sur la couverture cartonnée du dossier. La blonde changea de jambe d'appui et sourit.

" Eh bien, je crois ...
- Oui ?
- Vous ... Miss Chevalier.
- Ahlala.
- Si jamais ...
- Oh !
- Bon. Cassez-vous maintenant. "

Après avoir porté la main sur son coeur de manière théâtrale, Miss Chevalier partit en claquant la porte. "Mais qu'est-ce qui lui prend à ce con de travelo en ce moment ? Il craque ou quoi ? J'ai l'impression qu'il me tourne autour. Avec son haleine saturée de bonbons à la menthe pour cacher l'odeur du tabac à pipe; avec sa vilaine moustache que je vois transparaître derrière le maquillage; avec sa bite qui fait une bosse sous son tailleur. Il va falloir qu'il se calme ou je vais lui montrer comme Albion peut être perfide."

Pimberly réajusta ses petites lunettes.
[https://jolstatic.fr/forums/jol/images/icons/icon16.gif] La Clef, il me semble que t'as inversé Monsieur P. et Klyders dans ton texte, Monsieur P est l'ancien, je me permets de continuer sur la lancée de Canivo en inversant leurs noms. ^^ [/ https://jolstatic.fr/forums/jol/images/icons/icon16.gif]

Matthiew ouvre le dossier. A l'intérieur, une épaisse liasse de documents dactylographiés, du renseignement de première qualité. Il en a l'eau à la bouche. Ne pas se laisser distraire, aller droit au but.
Selon ses sources, les casse-couilles du Contrôle des Affaires Ayant Trait aux Moeurs allaient leur envoyer un duo de cols blancs de chez Parsons & Parsons pour un audit surprise. Il y avait de grandes chances que ce soit cette fouine qui n'assumait pas ses origines et se faisait appeler Monsieur P. qui se pointe, et il aurait sûrement un collègue du même acabit avec lui. Matthiew réfléchit. La direction de Parsons & Parsons ne peut pas avoir envoyé Monsieur P. en personne par hasard, et celui-ci doit le savoir. Est-ce qu'il a été mis devant le fait accompli ? Est-ce qu'il est là de sa propre volonté ? Il décide de prendre le maximum de précautions et d'envisager toutes les possibilités, et se met au travail. Quelques minutes plus tard, il décroche le téléphone sans lever les yeux de ses papiers.
" - Miss Chevalier ?
- Oui Monsieur.
- Deux messieurs vont venir nous rendre visite. Amenez-les directement à mon bureau, et n'essayez pas de leur faire du charme. Il en va de votre poste.
- Bien sûr Mons... "
Matthiew a déjà raccroché.

--

Jean commence à en avoir plein le cul des airs supérieurs de ce connard d'anglais. Il en va de votre poste... S'il savait à quel point Jean pouvait s'en cogner, de ce poste de secrétaire mièvre et stupide. Bon, c'était mieux que le chômage, surtout ces temps-ci, mais ça allait pas l'empêcher d'allumer les deux invités, histoire de rigoler un peu. Jean décide solennellement qu'à partir de maintenant il allait apporter un peu de piment dans ce service gris et chiant. Il se repoudre, se remet une dose de parfum et déboutonne un peu plus son chemisier.

--

Monsieur P. sort du taxi, le sourire aux lèvres. Perkyns hésite, ne sait pas si c'est à lui de payer la course, s'il doit le faire avec sa propre carte, s'il doit demander une facture ou pas, il patauge, et ce connard dehors qui s'allume tranquillement une clope comme si de rien n'était... Il finit par tendre un billet au chauffeur, qui le saisit avec un grognement, et sort. Il tente de se redonner une contenance sous l'oeil sarcastique de Monsieur P., puis les deux chargés de mission se mettent en route vers le hall de l'UHVF. Ils fendent la foule de gens hagards faisant la queue pour s'adresser au guichet et se dirigent vers la porte marquée "Entrée de service", gardée par un colosse en costume trois-pièces gris anthracite. Monsieur P. lui tend sa carte, attend patiemment tandis que l'ouvreur déchiffre avec difficulté son contenu. Perkyns le suit par la porte ouverte quelques instants plus tard en s'étonnant de l'aisance avec laquelle Monsieur P. a l'air de se repérer. Il regarde discrètement son entrejambe en essayant de détecter si la tache se voit encore, et constate avec dépit que oui. Absorbé par son examen, il manque de rentrer dans Monsieur P. qui s'est arrêté devant une porte ornée d'une plaque en cuivre affichant "Bureau de Sir Matthiew Pimberly".
" - Klyders, à toi l'honneur. ", dit Monsieur P. en s'écartant pour lui laisser la place.
Ce tutoiement l'énerve au plus haut point, car il sait que cette pourriture sait qu'il n'osera pas le tutoyer en retour. Même pas besoin de préciser les grades, cette simple phrase pose définitivement la hiérarchie en place. Il se racle la gorge, respire un grand coup et frappe à la porte. Une voix répond de fausset de l'intérieur du bureau, avec une intonation lascive totalement déplacée en ces lieux :
" - Entrez ! "

[Edit pour en-dessous : Tu as raison, et je sais même pas d'où le Perkyns m'est venu. A la base je voulais juste recopier le nom Klyders, et mes synapses ont du se foutre en grève à ce moment-là et me faire une petite blague. Bon ben du coup ça sera son prénom, on va dire.
Et c'est Matthiew, pas Matthew. ]
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