Une fenêtre ...

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J'émerge, gras et plein de sueur d'une nuit remplie de rêves, passages mal éclairés dans ces ruelles aux vitrines aguicheuses et taillées sur mesure, renfermant des trésors d'existence, tantôt gris, tantôt riant et joyeux, et ce maudit brouillard moqueur m'entourant ...

Sur ce voyage de fin de nuit, sur ce quai illuminé où je m'apprête à descendre, quoi de mieux que les voix ? les bruits de pas de ces passants, trop pressés d'aller s'engouffrer leur bouffe rapide et suintante, baignée d'huile stagnante et visqueuse ?
Allez, encore un peu.

J'ouvre les yeux.
Encore ce plafond, encore ces voix, encore ces passants.
Une demie heure de plus.

La lumière, désormais haute et arrogante dans ce ciel étonnamment bleu, filtre à travers la fenêtre grasse et poussiéreuse de ma chambre ... des images des miens, des visages convexes, d'eux, ces autres, que je ne connais pas mais qui participent à ce rituel matinal, me reviennent en rafale, se dessinent et dansent sous mes yeux avachis, en ce petit jour de Septembre...

Décidèment, rien n'est trop beau; il ne manquerait qu'une petite pluie fine afin de compléter ce tableau, accompagnée d'un DJ de l'Ombre et de quelques grains de sel...



Mais de ma fenêtre, en fumant une énième cigarette matinal qui rendra mon haleine immonde, mes poumons bien plus dégueulasses, et participant activement à l'apparence de cette fenêtre bénie et sale, je suis le spectateur idéal; ni passif, ni actif, je reste là, des heures si il le faut; la fenêtre est un catalyseur, vraiment.



Et vous, Joliens, Joliennes, que pensez vous de vos fenêtres ?
Ben j'vais faire moins poétique je suis désolé, mais j'emmerde mes putain de Vélux que j'ai oublié de fermé y'a une semaine et qui ont innondé ma chambre, j'ai niqué un jean, et j'ai failli griller mon pc car y'avait d'la flotte sur la multiprise.
Bordel.

Sinon j'aime bien regarder par la fenêtre le soir j'vois l'Eglise du village avec un coucher de soleil c'est plutôt chouette et joli.
Sur ce.
Elle reste ouverte depuis 3 mois, jour et nuit, sauf quand le vent tourne au Nord et menace de faire pénétrer la pluie grise de la ville à l'intérieur.
Elle n'est pas commode, faite de deux parties coulissantes, c'est toujours des acrobaties, au cinquième étage, pour lui faire entièrement sa toilette.

A travers elle, j'entends les branches des arbres qui s'agitent, les klaxons, et les sirènes parfois au loin, parfois moins, les coups de frein, un peu de la musique des voisins, de leurs rires, de leurs chamailleries, l'aboiement d'un chien, toujours le même aux mêmes heures, les bruits de la vie.

Quand la vie fait trop de bruit, je la ferme à regret, guettant le moment de la rouvrir.

bientôt il fera trop froid pour qu'elle reste ouverte, ma fenêtre sur la ville.

Vivement le printemps.
Ma fenêtre, c'est une porte. Une porte vers le passé.

Après l'avoir franchie je suis sur mon balcon, je m'assoie péniblement sur mon fauteuil après une harassante journée de travail. Là, je prends une canette de mon soda favori. Je la décapsule délicatement, je bois une gorgée. Je ferme alors les yeux en gardant le précieux breuvage dans le fond de mon palais et je laisse les bulles caresser délicatement le fond de ma gorge.

Mon balcon donne sur un square, dans lequel on trouve de nombreux jeux pour enfant, un petit terrain de foot. Le quartier dans lequel je vis n'étant pas très aisé, les enfants sont tous dehors, ils chahutent, ils crient, ils jouent, ils vivent.

Et là, les yeux fermé, j'ai voyagé dans le temps. Là,au sons des enfants qui rient, j'ai huit ans. J'ai oublié tout de mon boulot, des factures, des soucis du quotidien. Tout ce qui m'importe c'est de savoirs si le chevalier d'or des gémeaux est plus fort que sangoku.

Ouais, ma fenêtre, c'est un passage.
Je l'aime ouverte sur la nuit. Je l'aime fermée le matin lorsque l'air se fait frais et que mon réveil sonne.

Je l'aime ouverte lorsque l'orage gronde dehors et que je suis sous me couette.

Je l'aime fermée et cachée derrière un lourd rideau lors des premières chutes de neige pour découvrir un jardin blanc et magique en tirant d'un coup sec sur ce gros bout de tissu....


Mmmmm
Citation :
Publié par Siip Siie

Je l'aime fermée et cachée derrière un lourd rideau lors des premières chutes de neige pour découvrir un jardin blanc et magique en tirant d'un coup sec sur ce gros bout de tissu....


Mmmmm

de même
Citation :
Publié par Caca et Bas de Soie
Et vous, Joliens, Joliennes, que pensez vous de vos fenêtres ?
pas grand chose. C'est relativement rare que je me mette a penser a un objet en particulier et sa place dans notre société qui nous pousse a la con$ommation, y a plus de saisons ma p'tite dame.
Thumbs up
Les fenêtres, me faut les localiser quand je pénètre chez quelqu'un que je ne connais pas ou peu. Elles me rassurent, pour je ne sais quelle raison, me donnent l'impression de pouvoir m'enfuir. Puis en général on ne vient pas vous presser de questions lorsque vous regardez à l'extérieur, c'est une manière de prendre un peu de distance sans paraître malpolis, et pourtant, il se crée une drôle de communion d'esprit avec le locataire de cette vue - on l'imagine vivre là, et accompagner les variations de paysage, son quotidien domestique empli de cette image.

Une fenêtre c'est un tableau mouvant. Qu'elle soit urbaine ou campagnarde.

Je suis une privilégiée de la lucarne.
Du printemps où les arbres éclatent de bourgeons, du vert doux en pagaille. L'air délicieux des journées tièdes qu'on aspire avec optimisme et éternuements (satané pollens de platanes). L'été avec ses cris d'enfants, ses soirées arrosées, ses mauvais joueurs de djembe. L'automne et ses tourbillons de feuilles, ses inondations qu'on guette, mi-anxieux mi-excités par une potentielle catastrophe, les cris des gens qui s'exclament sous l'averse soudaine. Le chuintement doux des pneus sur l'asphalte humide.
L'hiver enfin, où il faut tirer les voilages pour éviter que le voyeur, de l'autre côté de la rivière, ne songe à chausser ses jumelles. Les rares flocons qui font bondir le coeur.

Mais la fenêtre, ouverte toute l'année, c'est aussi la porte ouverte aux drames. Dans les immeubles, on entend les gens souffrir, pleurer, se grogner, s'agripper, respirer et éternuer. On se penche et on assiste, impuissants, aux scènes de ménage expéditives. Les objets qui volent sur la tête des passants. On retourne très vite dans son chez soi pour se punir, honteux d'avoir volé une seule seconde de l'intimité de ces voisins malheureux.

La fenêtre c'est du bruit, des frôlements de tôle, des films violents qui se déroulent dans les imaginaires. Ce sont les ambulances qui hurlent et les coups de patins des conducteurs imprudents. Ce sont les éboueurs qui viennent faire du bruit à des heures impossibles, en priorité dans les quartiers de hlm, pour préserver les douces oreilles des mieux-situés. Ce sont aussi les sifflements du balayeur vers 6h00 du matin, guillerets souvent, inspirés par les radios populaires qu'ils écoutent à décibels vibrants dans leurs drôle de petites voiturettes. Avec ces petits frottements modestes des brins de genêts de son balai sur le trottoir, il repeint notre chaussée et ordonne nos couleurs. Efface les traces des disputes de la veille.

Ma fenêtre est toujours ouverte, sauf au plus glacé de l'hiver, car le chauffage onéreux pousse à l'avarice. La rumeur de mon quartier peut ainsi me construire une musique de fond qui s'accorde parfaitement à celle que je sélectionne sur ma platine.

La fenêtre permet de se reposer les yeux, après un travail épuisant devant la machine à bombardements lumineux. Elle fait retomber sur terre, dans le monde qui ne pixellise pas.

Une fenêtre c'est quantité de mains qui se sont posées dessus, qui laissent leurs empreintes. C'est aussi l'image d'un petit chat posé sur un coussin bleu, qui regarde le monde avec un regard vif et curieux. Cette petite fille qui quelques semaines plus tard, au même endroit, se transforme ce félin intrigué par les hommes-poissons qui passent sous ses yeux qui dominent l'espace - la même expression légèrement inquiète au bord des paupières.

J'aime toutes les fenêtres, et comme Frida, je n'aime pas les murs.
Talking
Ma fenêtre, c'est la guerre. Il faut dire que, en prévision du Grand Cataclysme, je vis un bon mètre sous terre. Donc ma large fenêtre flirte avec le sol, l'herbe, la vigne qui me protège de la lumière et entretient mon teint de zombie. Elle a le verre sale, le rideau grisâtre, le bois abîmé. Et elle se ferme mal.

Du léger entrebâillement de ma fenêtre se glisse des intrus, des indésirables, du plus petit moustique, celui qui bzzbzzite dans votre oreille pendant votre sommeil, à l'araignée poilue attirée par le cadre obscur et sec. Le scolopendre s'invite aussi, il file comme une fusée, se meut avec aisance et rapidité sur les murs délavés. Le temps de réagir et il se planque derrière un meuble, le rideau couleur fumée, les lattes du plancher. Véloce, le loustic.

Au plus fort de l'été, j'ai eu aussi trois abeilles. Paumées, à l'ouest, enivrées par l'odeur de la vigne ? Aucune idée. Il a bien fallut les recueillir, avec délicatesse, pour leur redonner la liberté. Au boulot, les hyménoptères, vous êtes attendus ailleurs.

Mes invités, je les traque. Dans un bon jour, je les capture à l'aide d'une boîte de conserve. Les intrus se débattent un bref instant dans cette prison de métal. Ca fait bling bling. Puis plus rien. Ils sont bien contents de rejoindre la nature nourricière. Ouais profitez en, parfois je suis moins patient.

Ma fenêtre, c'est la guerre donc. Une frontière entre mon monde de poussière et celui des insectes.

Heureusement, il y a Baygon ! ph34r !
Ma fenêtre ouvre sur la végétation luxuriante des platanes qui occupent le parking devant lequel j'habite. Au quatrième étage, je suis vraiment à la meilleure hauteur : si je suis assis devant mon ordinateur, un rapide détour de la tête m'offre une vue sur la verdure que traversent quelques rayons de soleil. Plus bas, je verrais les troncs.

Mais quand je vais à la fenêtre pour observer les habitants du monde extérieur se débattre avec une vie qui leur prend parfois plus de temps qu'il n'en faut pour vivre, je peux baisser mon regard et observer la rue. J'habite au-dessus d'un arrêt d'autobus, un petit, mais cette animation lorsque le bus arrive (ou ce calme lorsqu'il n'est pas encore arrivé) occupe mon regard et distrait mon esprit. Plus haut, je ne verrais ces hommes et ces femmes que masqués par des branches.

Mais la fenêtre, c'est plus qu'une image, c'est aussi une voix. Derrière la rue avec son arrêt de bus, et derrirèe le parking qui lui est accolé (il ne fait que quelques dizaines de mètres de large), c'est la voie ferrée. Et quand un train passe à cinquante mètres de votre fenêtre ouverte, que votre appartement (qui n'en a pas d'autre) agit comme une caisse de résonance au centre de laquelle se situent vos oreilles, eh bien, la voie ferrée devient une voix d'acier.

Une voix d'acier qui me pousse régulièrement à fermer ma fenêtre. A chaque fois, j'en profite pour regarder dehors. Pour observer cet extérieur, dont la vue me repose plus que le bruit. Mais bientôt, à l'abri derrière mon double vitrage, le silence sera bientôt un cri à côté du murmure de la voix d'acier. Alors je rouvrirai la fenêtre.
Ma fenêtre est simple, un carré délabré qui donne sur des volets, les volets sont pleins de poussière de toile d'araignées et de petites échardes qui se plantent vicieusement dans la pulpe de vos doigts.

C'est l'heure de mon film...
http://hirshhorn.si.edu/images/collection/img_high/66.2504.jpg

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Ma fenêtre est ourlée de rouge et possède deux carreaux couverts de poussière pour voir le monde.
Encérée dans un mur blanc cassé, des rideaux de fils bruns éparses lui caresse parfois la face.
Et lorsqu'elle l'ouvre, c'est suivant le spectacle.

Tout doucement et pas trop,
Lorsqu'on lui caresse les bords, lui pince délicatement la poignée. Un calme courant d'air expire dans la pièce et les deux carreaux s'offrent un voile de buée. Au fur et à mesure qu'on l'asticote de charmante manière, intensifiant le pression des doigts sur les nœuds dans son bois, la voila qui cambre ses gonds et rend ses carreaux totalement aveugles.
Le bois de ses entournures transpire une résine odorante et sucrée et les joints moites y ajoutent une acide salaison.
Les deux parfums se mêlent intimement.
Le souffle se fait plus intense jusque se terminer dans un râle suave et profond.
Un ricochet de douceur à l'intérieur d'une pièce.

Brusquement.
Terriblement énervée.
Dans le claquement assourdissant de ses deux pans.

Malade..
Tremblotante dans le froid de la pièce.. chaud à l'intérieur.. froid dehors..les carreaux couverts d'un nuage opaque..
vomissant au dedans les débris automnales du dehors..
feuilles.. humus.. sable poussière et pluie..
On tente de ligoter la bête, pour en atténuer les débordements.
La poignée se tord sous une main pourtant douceâtre.
Les caresses apaisantes deviennent une torture impossible.
Les carreaux crissent.
..une simple haleine contre la vitre fait monter la fièvre..
Soudain !
elle se rouvre à nouveau en vibrant des montants
dans la pièce tout le monde se lève brusquement et se précipite pour la refermer
trop tard
dernier geste possible
tendre une bassine qui se remplie de pluie..
La mienne est une fenêtre des années 70, toute morte à laquelle il ne lui reste que du bois, car la peinture est parti !

Mais bon, dans des semaines, j'aurai une nouvelle, alors j'ai pas à me plaindre !
Ma fenêtre s'ouvre grâce à une espagnolette plutôt capricieuse. Son verre ancien déforme les lignes en charmantes ondulations. Elle donne sur une véranda, un espace ni dedans ni dehors. J'y devine de frêles fleurs qui tentent de vaincre les balbutiants assauts de l'automne.

Dans l'embrasure, pêle-mêle on y trouve une branche de bois flotté glanée à la plage un pâle jour d'hiver, un dessin d'enfant, un cadre photo vide, et accrochés à la poignée métallique, des chapeaux de carnaval fait de plumes colorées agrafées à des assiettes en carton peintes et pailletées par des petites mains potelées. Autour épinglées de guingois des cartes postales témoins de nos trop rares escapades.

Elle éclaire un vieux bureau d'écolier, qui n'est pas fait pour travailler. On y dessine en tirant une langue rose sur le côté, on y grimpe, on y lit, on y fait voyager des mini voitures bien garées dans la rainure sculptée pour les crayons.

Même si j'y vois parfois des barreaux, autrefois je sais que je l'ai aimée.


http://img146.imageshack.us/img146/6238/fenetrerb0.jpg
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