Personnellement je suis un très grand amateur de football. Je lis France Football, je compulse fiévreusement les sites internet traitant de transferts, je regarde tous les matches que je peux. Hier, j'ai crié, seul dans mon salon, quand Henry a marqué. Je ne suis évidemment pas tellement dans le trip "supporter peint en bleu-blanc-rouge", sans faire mon snob je suis bien plus passionné par les aspects tactiques et techniques du jeu. J'ai longtemps regardé les matches avec un papier et un crayon devant moi.
Il n'empêche que depuis quelques années, disons depuis 1998, le foot me dégoûte autant qu'il m'attire. Campagnes de pubs, Chirac avec le maillot numéro 23, joueurs possédés par plusieurs clubs en même temps, dopage, corruption, entraîneurs jetés à la première défaite de leur club, simulations, joueurs qui font 3 clubs par an, blessures graves, j'en passe.
La récupération par la politique fait partie de tout ce cirque qui m'agace : quand je sais plus quel député compare Sarkozy à Zidane, c'est à hurler. Quand le même Sarkozy trouve comme seul (ou presque) interlocuteur à propos des banlieues le pourtant sympathique Thuram, c'est ridicule. Quand le chef d'Etat se déplace dès que l'équipe de son pays gagne, c'est pathétique (je ne parle pas que de Chirac, voir le président ukrainien l'autre jour était aussi effrayant).
Donc, oui, le foot et la politique sont liés. Quand les seules perspectives d'avenir pour les enfants d'immigrés résident dans la musique ou le sport, il y a là un grave problème. Quand Chirac et Jospin battent tous les records de popularité en 1998, il y a un problème.
Donc le foot me dégoûte.
Pourtant je n'ai raté aucune rencontre de la coupe du Monde ou presque, pourtant j'ai crié quand Henry a marqué, pourtant je n'ai pas réussi à trouver le sommeil après la victoire contre l'Espagne, pourtant j'ai un poster de Garrincha au-dessus de mon bureau.
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