Publié par Lerrant
Excuse moi mais je trouve ton post stupide. J'ai l'impression que tu fais comme si, face aux abus de la technoscience que manie le capitalisme, ne pouvait exister que l'option "deep ecology". Or, c'est loin, très loin d'être le cas : en fait cette orientation "gaïesque" n'est le fait que de quelques groupuscules insignifiants auxquels tu donnes une importance démesurée.
Mais enfin, j'ai peut être lu trop vite.
Je me dois de plussoyer.
Publié par Hellraise
Pour simplifier au max beaucoup de gens disent (tous ne disent pas l'ensemble des points suivants, c'est juste une collection d'idées):
Tu dis toi même que ce sont différentes idées, dites par différentes personnes, mais tu les ranges dans le même panier.
- l'homme pue, ce serait tellement mieux sans
Ceux qui disent ça, en particulier sur JoL, c'est généralement des jeunes blazés, qui lachent ça comme ils auraient pu lacher n'importe quoi. Je doute qu'i y ait beaucoup de monde qui le croit réellement (sans doute y en a-t-il, mais je doute qu'ils soient aussi nombreux que ceux qui le disent).
Ca c'est un fait physique, t'as déjà vécu à côté d'une usine qui lachent de gros relents nauséabonds ? (merci de ne pas quoter en disant je parlais pas de ça comme ça, ou autre, c'est de l'humour

)
- il faut acheter local, c'est génial (ouais génial si tu vis sur les bords de la méditerranée)
- la science c'est mal, faut arréter toutes ces recherches qui peuvent prolonger nos vies, éradiquer des maladies parce qu'elles ne sont pas naturelles/éthiques
- faut pas manger de viande et tuer nos amies les betes
- il ne faut pas exploiter les animaux
- l'industrialisation de la chine c'est mal, et putain heureusement que L'Afrique ne s'y met pas aussi. Ah ça peut améliorer leur niveau de vie? on s'en fout, le notre est genial, et là ils touchent à Gaia! sacrilège! qu'ils restent dans leur hutte, ça fera en prime plein de photos "authentiques" pour nos touristes!
A priori, là tu vises notamment ceux qu'on appelle les "décroissants" ou "décroisseurs". Beaucoup sur JoL me connaisse comme étant très proche de ces idées.
Malheureusement, tu pourras dire ce que tu voudras, le fait est qu'actuellement, nous allons dans le mur. Lorsque je dis : il faut consommer local, il bien comprendre que cela ne signifie du jour au lendemain stop le café, stop la banane, stop la choucroute hein. Ca signifie bel et bien stop les orgies de tomates en hiver, le gaspillage de bananes, et surtout, à la fois stop manger des produits faits à l'autre bout de la terre quand on a les moyens de faire les mêmes sur place. Genre ouais génial l'afrique, elle bouffe nos exports subventionnées de poulets congelés. Résultat, en afrique, les producteurs de poulets (paysans ou industriels) crèvent de faim et font faillite, pendant que les autres bouffent du poulet donc 80% sont impropres à la consommation suite à des ruptures dans la chaîne du froid (rapport de l'OMS qui doit trainer quelque part sur mon DD, j'édit quand je trouve). Enfin bref, le transport est à l'heure actuel méga polluant et participe pour une grosse part à la production de GES. Il est donc possible de manger à peu près la même chose tous les jours, mais en organisant différemment la production.
Sur le point de la science, c'est assez différent, puisque ça ne mêle pas que nous (les "décroisseurs") et touche au moral/éthique/principe de précaution, c'est un débat beaucoup plus large. Par contre ce qu'essaye de mettre en avant les partisans de la décroissance (et ils ne sont pas les seuls mais se revendique de l'héritage d'Illich et d'Ellul), c'est que lorsque tu critiques ceux qui fondent en Gaïa une nouvelle religion, tu te fais prendre toi même à ton propre jeu en sacralisant la science, nouveau dogme brisant les chaînes de la religion, mais qui en recrée d'autres.
Bien sûr qu'il faut absolument faire des recherches (et notamment sur des énergies propres et renouvelables), mais il ne faut pas être prêt à tout accepter sur le seul motif "que c'est la science" et surtout arrêter de penser qu'on peut faire n'importe quoi vu que "la science nous sauvera et trouvera une solution", ce qui n'est pas évident, surtout dans une société de croissance comme fin en soi (la meilleure des preuves étant l'effet rebond : on fait des produits de moins en moins polluants, mais la pollution globale augmente de plus en plus, car pour accumuler toujours plus, il faut produire plus, vendre plus, rendre les produits moins durables...)
Sur la bouffe animale, mon point de vue est celui d'une personne réaliste et raisonnable je pense : il faut manger de la viande (ou du moins ceux qui veulent le peuvent), j'en mange moi même, mais il faut venir à l'évidence, dans nos sociétés développées nous en mangeons trop (jusqu'à aller à blamer les vaches d'être responsables en grosse part du trou de la couche d'ozone !) C'est plus simple de dire y'a trop de vaches, c'est elles qui polluent, que de se dire : ah bah ptet que c'est nous qui en bouffons trop.
Quant à l'industrialisation en chine et en Afrique, là aussi c'est un fait, tous les indicateurs sont dans le rouge, ce n'est pas soutenable. Or la réponse n'est pas : le développons pas ces pays là ! La réponse est : tels que nous nous sommes développés nous, il nous faudrait 5 planètes pour que tout le monde fasse pareil. Peut être que dans 100 ans la science nous aura permis d'être aussi développés sans polluer, mais d'ici 100 ans en continuant comme ça, on aura pris entre 3 et 10° d'où des changements inimaginables car c'est une chose qui ne s'est jamais produite en si peu de temps. Alors plutôt que de dire sans réfléchir : développons le sud sur notre modèle, et continuons nous aussi à aller plus loin (ce ne sont d'ailleurs que des paroles en l'air, tout dirigeant au Nord sait qu'à partir de maintenant, le développement du sud risque de se faire au détriment de son économie du Nord, et ne le souhaite donc pas), proposons de réfléchir et de modifier les voies que nous prenons.
N'imposons pas le libre échange sans aucune réflexion derrière (Ah ca y est, j'ai lu que le FMI/BM commençaient à se dire qu'il faudrait imposer, avec les politiques d'ajustements structurels, des politiques sociales pour limiter les dégâts \o/), n'imposons pas le modèle industriel qui prive les pays de leur droit à se nourrir eux mêmes, etc. Mais bien sûr apprenons leur à se soigner mieux, donnons leur les moyens de développer l'éducation, etc.
Quant à nous, réfléchissons à notre mode de consommations. Les études NégaWatts le montrent, il est possible de diminuer de façon incroyables nos consommations énergétiques rien qu'en consommant/produisant de façon différente
a confort égal. Stop le tout jetable. Stop le surremballage. Stop la délocalisation de produits qu'on peut faire localement.
C'est ça la décroissance, la remise en question de notre modèle. On est très loin de tes assertions réductrice et qui mêlange tout et n'importe qui.
Tous ces points parfois dissemblables ont un point en commun: ils font passer Gaia avant l'homme.
Et non c'est là que tu te trompes. Si c'est le cas pour certains, ils restent une minorité peu crédibles et peu écoutés (à part je pense Pierre Rabhi, qui est un grand homme, avec un discours passionant et réfléchi, mais qui malheureusement tombe trop dans le spirituel.)
Bref, parce que certains mêlangent discours sérieux et spirituel, tu tombes dans le dénigrement et l'amalgame. C'est dommage.
Pour ces derniers, la bonheur de Gaia passe largement avant la liberté de l'homme
Il ne faut oublier qu'actuellement c'est un fait (je te renvoie d'ailleurs à l'excellent site de Mancovici), nous allons dans le mur environnemental. Sauver "Gaïa", c'est vouloir sauver l'homme. Si nous ne changeons pas de trajectoire (Ahah le retour des hippies avec des chèvres, où comment se faire pièger par la vision de la science qui tend à faire croire à un développement linéaire : soit tu avances, soit tu recules. Toute personne un peu sensée comprend qu'il s'agit de choisir entre différentes branches, différentes voies, certaines étant plus longues que d'autres. Il ne s'agit pas de reculer, mais de passer à une autre voie, plus longue que la précédente qui risque de s'arrêter rapidos contre un mur) nous risquons de détruire l'homme.
Si je voulais faire des raccourcis, mêlanger les choses, et simplifier comme tu le fais, j'irai donc jusqu'à dire que ce sont les fanatiques techno-scientifiques qui veulent la fin de l'homme, sacrifié sur l'autel de la science et du profit (et tchac la grande phrase)