Ellle est morte cette nuit.
Tu as sapé son navire, saboté la coque, creusé des trous dans les lignes de flottaison de son temps imparfait.
Elle s'est vautré une derniere fois dans les vilains remous de l' ignorance crasse et je puis l'ai entendu couler à pic, entraînée par le poids honteux de sa suffisance.
T'as tout boulotté.
J'étais bien à l'abri à la troisieme personne du passé.
T'as même joué les termites à ronger les béquilles de la pudeur servile que je m'étais réservée.
Maintenant tu me forces à regarder dans les yeux du présent et j'ai le vertige.
Vois : je me coupe la petite langue qu'on croyait d'arrogance.
Elle se tortille à mes pieds comme un ver.
On entends plus les sanglots, petite lèpre.
J'ai les yeux secs.
Regarde tout le mauvais sang qui suintait de mes mots couler dans les rigoles de l'échiquier avec la langue et tout le reste.
J' te déteste.
A cause de toi j'ai grandis.
Cette nuit tu as mangé mes sucreries, tu m'as dépouillé de mes vieux oripeaux.
Regarde moi !
Vois ce que tu as fais.
Maintenant je suis nue, grave et concentrée.
Je pèse préçisement le poids exact de mon carré.
Rabote autant que tu le veux et dans les coins les plus obscurs.
Assassine moi, fait couler mon sang dans le caniveau.
Je ne baisserais jamais les yeux devant toi.
Je perdrais aux échecs mais je gagnerais au bas mot.
Et eux..
Ils peuvent bien lancer à mes trousses les chiens noirs de la vindicte, m'étouffer, me censurer, me réduire à la plus simple expression d'une tête tranchée, je resterais lassivement ni pute ni soumise.