Publié par eolean
En élargissant un tout petit peu le débat, j'aurais aimé avoir vos impressions sur une chose :
Je trouve que dans les comics dit "ancien" (avant 1990), le terme de héros reflétait une certaine idée du héros qui était un homme ou une femme très droite, avec une personnalité forte, un tempérament à diriger, des vertus humaines (on ne tue pas, on envoi en prison), etc... L'exemple type est Captain America, mais je pourrai dire cyclope, thor, superman, etc...
Depuis un certains temps (je ne pourrai pas dire qui est le premier), j'ai l'impression que l'image du héros à beaucoup évoluer. On le voit dorénavant comme un homme ou une femme qui a des questions et des interrogations personnels, des héros qui ont des failles, ou des héros "méchant" qui poursuive un but un peu moins "méchant" qu'eux, etc... Mes connaissances étant plus limités sur ce dernier type, je pourrai citer Blade, Spawn, etc...
Je ne sais pas si je suis clair, mais est-ce que vous avez également cette impression ? Attention, je parle bien sûr en généralité en étant conscient que des exceptions existent dans les deux cas.
Pour ce qui est de la France (je me limite à ce que je connais où crois connaître...) ça tient peut être à un facteur finalement très simple : le lecteur.
Lorsque j'étais "petite" (oui bon... j'me comprends...), les "comics" étaient soit carrément "pour enfant" (Marvel, Fantask, Strange...), soit "pour adulte" (les publications "Comics Pocket" chez Arédit) sans oublier - bien que marginales - un Batman et un Superman mensuels.
Ca n'empêchait bien entendu pas de "jeunes adultes" d'accrocher ni les "enfants" de
piquer se procurer les Arédit en loucedé mais c'était le schéma.
Pour autant, le Comics et les Super-Héros étaient considérés comme une niche mineure et la plupart des adultes, s'ils sacrifiaient à la Bédé, avaient été nourris à Tintin et autres Spirous résolument franco-Belge. La seule bédé apparentée aux Comics (pas cher et "de masse") était représenté par les "fumetti" italiens que les maisons comme "Mon Journal" (Akim, Janus Stark...) ou toujours LUG (Blek le Roc, Zembla...) déversaient allègrement sur le marché et qui permirent d'ailleurs à des artistes comme Totta et Mitton de se "faire les griffes".
Durant les années 70/80, le ton des Comics a changé et les publications "installées" se sont multipliées (Titan, Nova, Special-Strange, Origines et même Mustang de chez Lug) et de nouveaux acteurs sont même venus attaquer Lug sur son terrain jusque là chasse-gardée (Artima avec principalement l'édition de "poids lourds" Marvel comme Thor, Cap America ou Hulk et l'ouverture sur DC avec les teen Titans et autres Justice League). L'engoument pour les Super-Héros n'était plus limité à quelques initiés surtout avec l'arrivée au ciné de Spiderman, Captain America (ok, concernant ces deux exemples, ça n'a pas du faire booster les ventes mais bon...

) et SUPERMAN.
Beaucoup "d'enfants" qui avaient grandi avec les Comics en achetaient toujours et les scénarios - tout comme les personnages - se sont donc mis à évoluer avec eux. Fini le chevalier en armure blanche défaisant le vilain tout moche sans transpirer : les héros se mettaient à avoir des peines de coeur, des doutes, et certains actes particulièrement odieux des Vilains donnaient lieu à des réactions très... radicales.
Les Anglais ont - comme souvent même si ça m'écorche la bouche de le dire - été annonciateurs du changement avec 2000AD en 1977 (Judge Dredd, Nemesis, Mean Arena) mais leur créneau restait limité à leur île même s'ils furent ensuite les instigateurs actifs de l'évolution quand ils commencèrent à s'exporter aux USA.
Chez Marvel, je pense que le VRAI tournant s'est fait de façon brutale et sans espoir de retour lorsque Franck Miller et Klaus Janson ont repris le Daredevil en fait. Le succès phénoménale de la "période Miller" a conforté les dirigeants de Marvel dans le fait que OUI leurs "vieux lecteurs" avaient suivi et que OUI ils faillaient adapter une partie de la production pour les satisfaire. Sans pour autant négliger les jeunes qui s'y mettaient et en poussant même éventuellement le bouchon plus loin en attirant les plus jeunes (Spidey et des séries comme "Puissance 4").
La même vague a frappé le cinoche des années 80 avec des polars très radicaux et des héros "torturés" mais grandis par leurs faiblesses qu'on aurait jamais ne serait ce qu'imaginer fin 70 (Leathal Weapon, Die Hard et bons nombres de "Honkongeries" savoureuses signées Hark ou Woo par exemple).
Donc le Comics et sa façon de présenter ses Icônes a bel et bien évolué.
Et quand on voit les publications actuelles, c'est loin d'être terminé...
Attention, question subsidiaire philosophique à 2 influes :
Est-ce que la vision qu'on a de l'héroïsme s'est adapté à une certaine conscience de l'humanité qui a évolué et est devenu d'une certaine façon plus mûre

Sans aucun doute.
Je parle pour moi mais autant je trouvais normal étant enfant que les vilains aillent en prison pour y être punis, autant j'ai trouvé normal plus tard que DD écrase définitivement ce taré irrécupérable de Tireur après qu'il ait tué Elektra (espérant secrètement que tous reviendraient un jour foutre le bouzin mais on a tous nos faiblesses...

).
Mes deux influes