Résumé des épisodes précédents
Depuis la nuit des temps, les plus grands sages de l'humanité se sont évertués à expliquer la nature inférieure des femmes. Nous n'avons hélas plus en notre possession les réflexions profondes des sorciers de la préhistoire, mais il y a d'autres témoignages. Celui de la bible, d'abord, qui explique si bien que la vie est dure parce que la femme est assez bête pour croire un serpent à sornette.
Nous avons ensuite les intellectuels grecs, Aristote en tête, dont la misogynie était basé sur de longues considérations philosopho-scientifiques. Puis les sages de l'Eglise, et leurs équivalents musulmans, qui insistèrent sur le fait que Dieu avait fait la femme inférieure à son maître pour mieux lui obéir. Et puis la Science et la Raison sont arrivé ! On mesura donc le crâne des femmes et celui des hommes (ainsi que celui des noirs et des blancs, aussi) pour démontrer que les seconds avaient décidément une plus grosse tête. Dans le même temps, les révolutionnaires, qui portaient les espérances des lumières et du progrès, coupèrent celle d'une femelle qui prétendait en avoir une et savoir s'en servir.
La science continua ses progrès et sa marche en avant. Le bon docteur Freud expliqua doctement que les femmes étaient intrinsèquement masochistes, et, je cite de mémoire, ne trouvaient leur épanouissement sexuel que dans la soumission à l'homme.
Comme la forme et le volume du crâne étaient passé de mode dans le calcul de l'intelligence, et comme à force de récriminations d'absurdes utopistes et autres suffragettes avaient contesté et modifié l'équilibre et la répartition des rôles entre l'homme et la femme, il fallut renouveler les preuves démontrant que le cerveau féminin était plutôt adapté à faire la vaisselle et la cuisine, torcher les bébé et passer la serpillère, et que le cerveau masculin était plus dédié à la politique, les arts et la science.
On étudia donc dans cette optique la structure interne du cerveau, découvrant des différences dues aux hormones, certainement, tout le monde sait qu'un pic de testostérone rend plus intelligent.
Le dernier avatar célèbre de cette longue quête de la vérité scientifique fut la parution d'un ouvrage "Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus", qui expliquait que Bobonne ne sait pas lire les cartes routières parce qu'elle ne participait pas à la chasse au mammouth, il y a 30 000 ans.
Face à ces thèses d'une origine extraterrestre différenciée des hommes et des femmes, évoquant curieusement à la fois la Scientologie et Raël, quelques Don Quichote hallucinés et lutins sarcastiques affrontaient régulièrement les moulins à paroles qui veillaient à leur propagation et leur maintien.
L'un d'entre eux se fait le plaisir aujourd'hui de vous pondre ce pavé, et, surtout, de recopier un court article qui va suivre faisant le point un peu plus sérieusement sur la question.
Voici la chose
Quelles sont les différences entre le cerveau d'un homme et d'une femme ?
Les différences se situent davantage dans la manière qu'a chaque individu de faire fonctionner son cerveau...
Dangereuse question ! En 1861, Paul Broca, célèbre anatomiste français, décrivit une différence de poids moyen entre le cerveau de l'homme et de la femme de 181 g et commentait : "La femme est en moyenne un peu moins intelligente que l'homme. Il est donc permis de supposer que la petitesse relative du cerveau de la femme dépend à la fois de son infériorité physique et de son infériorité intellectuelle." Tout cela est faux, bien sûr. Non seulement il n'a jamais été prouvé de différence de poids, si l'on prend en compte les différences de stature, mais la taille du cerveau n'a pas de rapport avec les capacités cognitives ou un quelconque QI.
En fait, du point de vue anatomique, aucune différence nette et consensuelle n'a été découverte, ni sur la taille respective des hémisphères (pas de cerveau droit ou gauche plus gros que l'autre qui tienne), ni sur la taille du corps calleux (une structure faisant le pont entre les deux hémisphères cérébraux). Un chercheur américain, Simon Le Vay avait bien trouvé une différence : un noyeau minuscule de neurones situé dans l'hypothalamus plus gros chez les hommes hétérosexuels que chez les femmes hétérosexuelles ou les hommes homosexuels. L'homosexualité enfin expliquée... Seul problème : ses méthodes n'étaient pas rigoureuses et "ses résulats n'ont jamais été reproduits", précise Catherine Vidal, neurobiologiste à l'institut Pasteur. Qu'importe, la thèse a eu du succès et fit la célébrité de Le Vay.
Certains scientifiques pensent qu'il doit exister une différence de maturation du cerveau avant la naissance, sous l'effet des hormones sexuelles. Mais "si l'on fouille de près cette question, on est surpris de la pauvreté des références : les données remontent à plus de vingt ans et sont menées chez l'animal. Elles devraient être étayées par de nouvelles recherches. Sauf que, même si l'on réussissait à manipuler hormonalement une guenon gestante, l'extrapolation des résulats à l'être humain n'est pas évidente".
Reste à voir si sur le plan fonctionnel, on réuissit à trouver des différences. Grâce aux IRM fonctionnelles on peut comparer l'activité du cerveau pendant certaines opérations mentales (lecture, calcul, etc.). Première observation : si l'on fait effectuer une tâche à une personne et que l'on refait l'expérience plusieurs mois après, on observe pas la même activité cérébrale. "Le fonctionnement de notre cerveau n'est jamais figé" commente Catherine Vidal.
De plus, la variabilité individuelle est telle qu'elle l'emporte sur les différences entre les sexes. "On a tous une façon unique de faire fonctionner notre cerveau"
Enfin, lorsqu'on remarque par exemple que les hommes ont globalement, une meilleure représentation spatiale que les femmes, plus douées elles pour le langage, "on ne peut pas conclure que ces différences sont constitutives". Elles sont probablement plutôt le fait de l'acquis que de l'inné. Dans toutes les cultures, les petits garçons et les petites filles sont soumis à des stimulations émotionnelles, sociales et culturelles différentes. Leur jeux ne font pas appel aux mêmes aptitudes et ne permettent donc pas les mêmes apprentissages. Les tests d'aptitude montrent d'ailleurs que depuis que garçons et filles reçoivent un enseignement et un traitement social plus proche, mes différences s'estompent...
Voilà, ça ne provient pas de la recherche, certes, mais il vaut mieux, sur la taverne, choisir un texte qui soit lisible par tout le monde, même les femmes, les gauchistes et les lutins.