[Orcanie] L'oeil ensanglanté du Lion

 
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Salut à tous,

Munissez vous de courage, ce texte est le plus long que j'ai écris jusqu'à présent. Merci à ceux qui arriveront au bout...

aux autres également, il n'y a pas de raisons.

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Tout commença ici

La neige avait cessé de tomber. Les lourds nuages s’éloignaient et une éclaircie semblait probable. Le groupe remontait la route vers le reliquaire que les hiberniens assiégeaient. Déjà les premiers cadavres pouvaient se voir sur la route, la force hibernienne ayant accroché quelques patrouilles avant de parvenir au reliquaire. Arrivant à quelques distances du château, Chanir grommelât
« - La pluie, je m’y suis mise, mais la neige, non, vraiment c’est trop pour moi. Cela a beau être les frontières nord de notre beau royaume, cette terre de Snowdonia me rappelle plutôt Midgard. On est bien loin des vertes collines des chansons de nos ménestrels. ».
Progressant en compagnie d’autres groupes albionnais, les Lions approchaient du combat. Au loin, les éclairs de lumière lancés par les sorts des mages brillaient dans le noir. Une fois de plus l’offensive hibernienne serait contenue. Une fois de plus, les portes du reliquaire auraient souffert mais les reliques toujours conservées à l’abris des lourdes murailles resteraient albionnaises. Arrivés devant les murs du château, ils virent que le dernier carré d’hiberniens venait d’être balayé. La neige était rouge des sangs mêlés des hiberniens et des défenseurs albionnais. Cette fois encore, ils arrivaient trop tard. A la place du combat, il fallait maintenant reconstruire. Gwodry rangeât sa Griffe du Vieux Lion au fourreau, et sortit son plane de menuisier. La nuit allait être longue, la réparation des portes d’un reliquaire était chose ardue, fastidieuse mais au combien nécessaire. Chanir et le reste du groupe allaient partir à Caer Bénowyc pour chercher du bois. Avant de partir, elle montât sur la muraille pour regarder les étoiles qui se dévoilaient doucement. Katupia était près d’elle quand elle l’entendit dire
« -L’œil du Lion est ensanglanté ! »
Katupia frissonnât. Elle cherchât du regard la constellation du Lion, vers l’horizon sud. Sirius, l’étoile la plus brillante du ciel avait pris un reflet rouge sang.
« -Ne cherchons pas plus loin la raison de tout ce sang versé ce soir. Que ce soit chez nous ou ici, ce présage est toujours annonciateur de la même chose, des torrents de sang seront déversés aujourd’hui. » Elle reniflât. « L’odeur monte jusqu’ici. J’ai entendu dire en montant ici, qu’au Val de Béryl, les combats sont aussi très intenses. Les troupes fraîches en provenance de Midgard s’y font plus nombreuses. Le rapport de force que nous connaissions va peut être s’inverser. Eowinael et Arslann y font leur temps, je crois ?
« - Oui, Arslann est venu me voir avant d’aller y rejoindre sa sœur. Je devais lui faire les ajustements de l’armure de maille que je lui avais préparé.
« - Les enfants Farqhard ne partent jamais au combat les mains vides. Armures de Chanir, armes de Gwodry…
« - Arcs de Katupia » répondit Chanir en souriant.
« - Ils disposent du meilleurs matériel possible. Ils mettent toutes les chances de leur côté. Ils sont dans les meilleures conditions pour s’aguerrir. Espérons tout de même que cette inversion du rapport de force ne sera pas trop importante. J’ai vécu plusieurs sièges de fort d’arrivée, les éclaireurs y trouvent un gibier idéal quand les mages s’avancent pour lancer leurs sorts. Ton fils aura plus de mal, par contre. Le corps à corps contre un ennemi supérieur en nombre est toujours bien difficile.
« - Je dois avouer être inquiète à ce sujet. Tu sais ce que ce présage signifie pour le commun des mortels, mais que nous indique t’il pour lui qui est né avec ?
« - Je suppose que ce soir, son armure rougira du sang versé au combat. Mais qui ensanglantera son armure ? Que la vaillance du Lion soit sienne ce soir !
« - Elle l’est déjà, tu le sais bien » répondit Chanir.
« - Alors, pourquoi t’inquiètes tu ?

Arslann franchit la lourde double porte. Déjà, on entendait la rumeur des combats. En bas de la colline, une troupe midgardienne s’était installée pour mettre le siège au fort d’arrivée. Les défenseurs les surplombaient depuis la rampe qui descendait vers la route. Pourtant le blocus n’était hermétique, Arslann vit un groupe quitter la plate-forme et s’engager directement dans la forêt pour ne pas rencontrer les troupes de blocus. Il cherchait sa sœur du regard. De tous côtés partaient des boules de feu, des sphères magiques traversaient le ciel obscurci par la nuit et quelques nuages. Il la trouva bientôt, l’arc bandé, prête à tirer. Un autre archer se tenait à ses côtés.
« - Le bodgar kobold , cheveux blanc, cape rouge, oeil gauche » dit Eowinael.
« - Alors œil droit » dit l’archer.
Les deux arcs vibrèrent en même temps, les deux flèches fendirent l’air dans le même sifflement. Au loin, un commandant squelette et ses suivants se figèrent soudain. Eowinael pivota vers son frère et lui sourit. « Beau temps pour la chasse, n’est ce pas ? La lune se découvre, et les effets de lumière lors des incantations sont des aides précieux. Ils n’osent plus trop avancer maintenant. Nous allons pouvoir descendre en reconnaissance, je pense que de petits groupes devraient pouvoir sortir et tenter des escarmouches à revers. Aiguise tes lames frangin, ton tour arrive. » Elle héla une highlander en armure de plates noire. « Ketty, cherches tu toujours du monde pour une petite balade dans le dos des vikings ? Mon frère pourrait peut être se joindre à vous ?
« - Bien sur, où est il ? Un mercenaire est précieux dans cet exercice de voltige.
« - Ici, juste à côté de moi, il n’est pas assez grand ?
« - Je m’attendais plutôt à un petit sarrasin râblé et tout sec, pas à un colosse comme celui là. Quoique, cela ne soit pas plus mal » dit elle en lançant un clin d’œil à Arslann. « Ton frère dis tu ? Ton jumeau, je suppose ?
« - Tout à fait. Notre mère est sarrasine, notre père highlander. Chacun de nous a plutôt le physique de l’un de nos deux parents.
« - Soit le bienvenu beau highlander des sables » dit Ketty en lui souriant.
« - Salam alekum, belle Dame, je suis Arslann Farqhard, fils de Chanir et Gwodry. Et même si tu en doutes, je suis bien le frère jumeau d’Eowinael.
« - Avoues que c’est surprenant d’entendre une petite sarrasine toute menue te dire que son frère arrive, et de voir surgir un gaillard qui a deux têtes de plus qu’elle, un torse de taureau et pourrait utiliser ma partisane comme cure dent. » C’était une belle highlander, de taille moyenne. La capuche de sa capeline recouvrait ses cheveux blonds dont quelques mèches encadraient un visage ovale où l’on ne voyait que deux grands yeux d’émeraude. La teinte noire de son armure contrastait avec la couleur dorée de sa capeline.
« - De mes ascendants sarrasins, j’ai reçu une aptitude particulière aux exercices où l’adresse est aussi nécessaire que la force de mes aïeux highlanders. La double lame est mon univers.
« - Et bien, tu vas trouver de quoi faire parler tes lames, ce ne sont pas les midgardiens qui manquent ce soir. Il faudrait desserrer l’étau autour du fort, avant que le blocus ne soit complet.
« - Passons par la forêt et bloquons l’arrivée de leurs renforts au pont, le temps que cette troupe en bas soit délogée. Qui nous accompagnera ?
« - Soleine, ma sœur, nous éclairera de ses bénédictions ainsi que ce moine. Un paladin pour nous épauler ; Finmalion le thaumaturge, un théurgiste et un ménestrel pour courir vite, on ne sait jamais ce qui peut nous tomber dessus. »
Arslann porta son regard en direction de la sœur de Ketty. C’était une magnifique blonde aux yeux clairs qui lui sourit pendant que ses fines mains aux longs doigts décrivaient de gracieuses arabesques dans l’air tandis qu’elle prononçait ses bénédictions. Arslann se dit que cette soirée ne commençait pas si mal, il appréciait la beauté des femmes albionaises. Elevé parmi les sarrasins, il avait vécu entouré de jeunes femmes brunes, menues et aux regard noir d’ébène. La clarté du regard de jeune Soleine, sa blondeur l’enchantait. La présence des deux sœurs à ses côtés était une motivation supplémentaire. A 19 ans à peine, il avait parfois de la peine à ne pas jouer les jolis cœurs.

Le groupe partit, longeant le fort pour entrer directement dans la forêt. Pour couvrir leur départ, trois thaumaturges arrosèrent les lignes midgardiennes de boules de feu. Certes inefficaces, elles empêchèrent cependant que leur départ ne soit vu. Progressant dans la forêt, le groupe vit passer plusieurs vikings sur la route en provenance du pont. S’ils parvenaient à bloquer l’arrivée des renforts, les troupes albionnaises massées au fort d’arrivée pourraient déferler sur leurs ennemis et les repousser jusque dans la rivière. Toujours à couvert des arbres, ils arrivèrent à proximité de la lisière. Le ménestrel partit en éclaireur pour voir comment l’on pourrait aborder le pont pour le prendre. Il revint en disant que quelques gardes patrouillaient à côté de troupes au repos, qui négligeait de surveiller les abords du pont. Une charge brutale pouvait emporter la décision.
« - Il y a un guérisseur nain près de la pile de droite, un chaman troll encore plus à droite, trois mages, un skald et plusieurs combattants. Il faudra arriver par surprise pour bousculer tout ce petit monde, sinon cela va être dur. Les Jarls ne sont pas loin, il faut avoir bien entamé ce petit monde avant leur arrivée. »

Emportés par la vitesse du ménestrel, ils coururent jusqu’au pont et le traversèrent en un instant. Déjà Arslann avait repéré le nain. Il parvint jusqu’à lui en bousculant un kobold qui fut jeté à terre par le choc. Les hurlements de douleurs du nain achevèrent de donner l’alarme aux vikings. Tentant de fuir, le nain présentait son dos à Arslann, à peine avait il parcouru 5 mètres, que les lames d’Arslann lui fauchaient les jambes, le clouant au sol. Le coup de grâce suivit. Abandonnant le cadavre du nain, Arslann dépassa Ketty qui estourbissait le kobold qu’il avait jeté à terre. Il parvint au niveau du troll alors que celui ci poursuivait son incantation, un nuage d’acide l’enveloppa et il toussa en respirant ce nuage pestilentiel. Le chaman cherchât son salut dans la fuite. Arslann le poursuivit alors qu’il remontait en direction du fort pour essayer de donner l’alerte. Derrière eux, les combattants s’étaient regroupés et essayaient d’empêcher Arslann de tuer leur dernier soigneur. Arslann sentait alternativement l’acier des marteaux lui meurtrir les chairs et la douce chaleur des soins que Soleine lui prodiguait. Se concentrant sur Arslann, les combattants avaient abandonnés leurs mages à une mort certaine. Ketty achevait le dernier quand Finmalion prit les assaillants d’Arslann pour cible et leur lançait des boules de feu. Rendant son dernier soupir au bord de la plate-forme du fort, le troll s’effondra. Arslann fit alors face à deux guerriers et un berseker. Ceux ci, trop occupés par la poursuite d’Arslann ne virent pas arriver les boules de feu de Finmalion. Le combat fut rapide, transformés en torches vivantes, entourés d’élémentaux d’air, les midgardiens furent terrassés. Soleine achevait à peine les soins que le fort se mit à vomir des combattants qui les attaquèrent.

Les albionnais se rassemblèrent autour du gardien de la porte pour se protéger des flèches des archers du fort. Surgissant en ordre dispersé, les défenseurs du fort furent cueillis les uns après les autres par Ketty et Arslann alors qu’ils étaient encore désorientés par la téléportation. Lorsque les défenseurs comprirent ce qu’il se passait, une accalmie permit au groupe albionnais de quitter la plate-forme en direction de ce qui était leur objectif initial, bloquer l’accès au pont. Au loin, à l’est, ils entendaient le son des cors albionnais qui sonnaient la charge. Bientôt les premiers fuyards traverseraient la rivière à la nage, offrant une cible facile aux mages. Ketty se rapprochât d’Arslann.
« - Voilà qui s’appelle mettre le feu aux lignes arrières de l’ennemi. Tu as complètement désorganisé leur dispositif. Les guerriers n’ont vu et entendu que toi. Leurs mages sont facilement tombés faute de protection. Mais tu dois être couvert de blessures, les marteaux midgardiens infligent des blessures atroces.
« - Les soins de ta sœur furent d’une aide précieuse. Mettre le feu aux lignes arrières, comme tu le dis, c’est comme jouer avec les allumettes, il faut faire attention de ne pas se brûler les doigts. Sans l’aide d’un clerc qui te soigne sans discontinuer, cet exercice se solde irrémédiablement par la mort.
« - Ta vaillance fait honneur à l’emblème que tu portes sur ta cape. Tu es un Lion Ailé, c’est bien cela ? Eh bien, saches que tu combats comme un lion. Pour les ailes, j’attends de les voir, mais le lion, je l’ai bien vu » dit elle en souriant.
Comme attendu, les troupes albionnaises bousculèrent les midgardiens installés au pied du fort d’arrivée. Ils refluèrent en désordre vers la rive de la rivière qu’ils traversèrent en direction du fort. Arrivés sur l’autre berges, les midgardiens tentaient de se regrouper pour se reposer et panser leurs blessures. Arslann et ses compagnons chargèrent une nouvelle fois, achevant de transformer la retraite des midgardiens en panique totale.

Ketty regardait le fort en se demandant s’il était raisonnable d’en tenter le siège. Bousculés sur le champ de bataille, les midgardiens retranchés dans le fort étaient maintenant en sûreté. Ils ne tarderaient pas à retrouver leur légendaire combativité. L’interruption des combats dura quelques minutes. Eowinael retrouva son frère sur le pont. Elle était accompagnée de plusieurs sarrasins, sicaires et éclaireurs. Certains d’entre eux étaient de la tribu des Sahaari comme Eowinael et Arslann. Ils saluèrent Arslann, quand l’un d’entre eux s’écriât en langue sarrasine, désignant le ciel du doigt
« - L’œil ensanglanté du Lion ! » Tous cherchèrent Sirius du regard, et échangèrent ensuite des regards lourds. Un malaise s’installât, malaise perceptible par tous, sarrasins ou non. La soudaine grande nervosité des sarrasins se communiquât aux albionnais sans qu’ils comprennent pourquoi. Tous les Sahaari se tournèrent ensuite vers Arslann, le dévisageant, le visage tendu, comme attendant un signe de sa part. Les autres sarrasins n’appartenant à la tribu interrogèrent leurs compatriotes.
« - Arslann est né porteur de ce signe funeste » finit par dire le plus anciens des Sahaari présents. Les albionnais regardaient les sarrasins s’agiter, parler entre eux dans leur langue, oublieux de l’endroit où ils étaient. Ketty brisa le silence des albionnais.
« - Que se passe t’il donc ?
« - Un signe est apparu dans le ciel, un signe terrible, dont l’interprétation n’est pas claire, mais qui inquiète beaucoup les sarrasins » répondit Arslann. « Ce signe indique que la nuit sera terrible, que beaucoup perdront la vie, que le sang coulera comme rarement, sans que l’on puisse dire si cela nous concerne directement ou pas. Les étoiles n’ont que faire de nos petites querelles, elles annoncent des choses d’une ampleur cosmique. Mais cela inquiète mes frères sarrasins. Et la présence de quelqu’un ici même rend ce signe particulièrement inquiétant à leur avis.
« - Qui donc ?
« - Moi.
« - Pourquoi donc ? Tu dis qu’il s’agit d’un signe cosmique.
« - Parfois, ce signe apparaît dans le ciel lors de la naissance d’un enfant. Cet enfant porte en lui une marque qui le distingue alors des autres hommes. Sa vie est bien souvent une suite interrompue de batailles, de guerres, de massacres… Une sorte de prédestination à vivre dans le sang, par le sang et, bien souvent, à répandre le sien sans compter. Etre le compagnon d’un tel individu c’est s’exposer à vivre des choses atroces. Personne ne peux le désirer vraiment. Ce signe n’est pas une malédiction, non plus, certains qui le portaient firent de grandes choses. Mais toujours le sang des hommes fut répandu. ».

Arslann fut interrompu par des cris en venant du fort. Une troupe fraîche de midgardiens arrivait en provenance de leur royaume. Voyant arriver des renforts, les vikings retranchés dans le fort en sortir pour courir sus à l’ennemi. Le combat reprit alors sur le pont. Le choc fut terrible. Les albionnais tirent, mais les pertes furent lourdes, de part et d’autre. Arslann se tenait un peu en arrière des lourds maîtres d’armes et des paladins qui encaissaient le choc. Il allait et venait entre la ligne albionnaise et le cœur du dispositif midgardien. Chaque fois qu’il franchissait la première ligne ennemi, un mage ou un soigneur tombait. Il ne devait sa survie qu’aux soins nombreux que Soleine et un autre clerc déversaient sur lui. Parfois, un berseker midgardien tentait lui aussi de transpercer la ligne albionnaise. Arslann l’interceptait alors, l’empêchant de s’approcher d’un mage ou d’un clerc. Plusieurs fois, il parvint à achever un troll alors qu’il levait ses haches pour frapper Soleine. Ses bénédictions le rendaient fort, ses soins le maintenait en vie, il la protégeait. Pourtant il fallu se rendre à l’évidence, la position serait impossible à tenir. Les charges se faisaient plus nombreuses, chaque fois un peu plus difficiles à stopper. Il fallait faire retraite. Alors que le dernier groupe albionnais quittait le pont, Arslann chargeât dans la masse midgardienne. Comme il l’avait escompté, un flottement se produisit, ce qui lui permit d’inviter les Valkyries une fois de plus pour emporter l’âme d’un guérisseur nain vers le Walhalla. Oubliant un instant la retraite des albionnais, les combattants midgardiens entreprirent de poursuivre Arslann. Soleine était restée sur le pont et tentait de maintenir en vie le mercenaire. Apercevant près d’elle le ménestrel du groupe, Arslann fit brutalement un écart et partit vers le pont. Le ménestrel comprit la manœuvre et parvint à hypnotiser les poursuivant d’Arslann, lui laissant le temps de se dégager. La fuite fut éperdue vers le fort d’arrivée. Soudain, Soleine obliquât vers la rive. Elle avait aperçu une sarrasine qui combattait trois midgardiens. Elle voulut essayer de la soigner pour lui rendre un peu de force et lui permettre de fuir. Mais la sarrasine fut jetée à terre bien trop vite. Les trois midgardiens voyant Soleine isolée, sortie de la zone d’effet du sort de vitesse du ménestrel se ruèrent sur elle. Voyant Soleine s’écarter de la route, Arslann avait pris une route parallèle à la sienne, mais plus proche de la rive, légèrement à couvert des arbres. Il se trouvait un peu en arrière des midgardiens qui ne l’avaient pas vu. Soleine n’avait aucune chance contre un sauvage, un assassin et un prêtre d’Odin. Seul Arslann pouvait tenter quelque chose. Mais il fallait attirer l’attention sur lui, pour laisser à Soleine le temps de se dégager pour pouvoir ensuite le soutenir de ses soins. Il dégainât ses lames et chargeât en hurlant le mage qui commençait à incanter. Soudain, une espèce de voile rouge passa devant les yeux d’Arslann, une sensation d’engourdissement le prit, et il me sentit bientôt plus son corps. Le son de sa voix ne lui parvenait plus qu’atténué et bizarrement modifié, il lui semblait entendre comme une espèce de rugissement très assourdi. A l’inverse, il ressentait des sensations inconnues jusqu’alors. Une odeur le prit à la gorge, une odeur qu’il perçu comme celle de la peur. Il sentit aussi comme des battements de cœur, de cœurs affolés qui battaient la chamade. Il sentit également l’odeur du sang, une odeur qui bientôt couvrit toute autre sensation, celle du sang qui maculait son plastron.

Le prêtre d’Odin se figeât de terreur alors que les lames d’Arslann lui déchirèrent les entrailles. Un second coup fit éclater la paroi abdominale, libérant tous les viscères du kobold. Dix mètres le séparaient des deux autres assaillants. Arrivés au contact de Soleine, ils levaient leurs armes pour la frapper. Au loin Soleine aperçu Ketty qui revenait vers elle en courrant, accompagnée de plusieurs combattants. Mais elle se dit qu’il serait trop tard. Seul Arslann pourrait la sauver. Arslann parcouru les quelques mètres en un instant, il bondit alors sur le sauvage et son bras fendit l’air, la lame de son sabre libérant le feu d’un effet magique. Entouré de flamme, le valkyn poursuivit son assaut contre Soleine. Le second coup lui ouvrit une très profonde plaie aux creux des reins, provoquant une très abondante hémorragie. Privé de force vitale, le sauvage emporté dans son geste s’effondrât vers l’avant. Placé de côté par rapport à l’assassin, le jeune homme lui glissât ses lames entre le tibia et le tendon d’Achille, déchirant celui ci. Dans l’impossibilité de se mouvoir, il resta planté devant Arslann alors que Soleine se reculait regardant Arslann d’un air apeuré. Esquivant le coup d’épée de l’assassin, Arslann pivotât sur lui même, entraînant ses lames dans un grand mouvement circulaire autour de son corps. Elles s’abattirent ensuite sur le viking le fendant littéralement en deux à hauteur de l’abdomen.

Ketty et ses compagnons survirent alors. Elle se jeta sur sa sœur et l’enlaçât en lui disant « « - « - Sainte Lumière, que j’ai eu peur. Mais que t’as t’il prit de t’éloigner ainsi en pleine retraite. Heureusement qu’Arslann était là. C’est un véritable lion, ce garçon, il a pulvérisé ces trois midgardiens en 20 secondes, et il…. » Elle s’interrompit. Devant elle se tenait Arslann. Son armure était en piteux état, plusieurs rangées de mailles avaient été broyées par les marteaux ennemis, maculée de sang, sa couleur d’origine disparaissait sous celle du sang d’Arslann mêlé à celui des ennemis fauchés lors des combats. Encore les armes à la main, il jetait un regard brûlant en direction des deux sœurs, il paraissait encore plus grand qu’à l’accoutumé, un grognement sourd sortant de sa gorge. Ketty frissonna. Pourtant rompue aux combats les plus âpres, elle eu un instant la crainte qu’Arslann ne reprenne le combat, fou de cette ivresse du combat que certains soldats peuvent connaître. Elle avait devant elle l’image terrifiante de ce qu’Albion avait de plus mortel à offrir à ses ennemis, un véritable ange de la mort. Arslann remit pourtant ses lames au fourreau, mais avant de rengainer son sabre, il passa le doigt sur le fil de la lame. L’extrémité de son doigt s’empourprât du sang de ces victimes, il le regardât un instant et le portât à sa bouche. Les deux sœurs eurent une grimace d’horreur en le voyant faire. Le goût du sang envahit la conscience d’Arslann. Un instant, il s’en délectât, puis soudain, le voile rouge se rompit, et il se retrouva sans comprendre devant les deux jeunes femmes qui le regardaient avec effroi. L’étonnement se lut sur son visage, et elle virent de nouveau devant elle leur compagnon, en lieu et place de cette vision effrayante.
« - Cela vous surprend de me voir porter à la bouche le sang d’un ennemi mort ? C’est une vieille coutume sarrasine. Elle a de vagues relents magiques. En faisant ainsi on s’approprie la vaillance de l’ennemi défait. Je sais que cela est dégoûtant vu par des yeux albionnais.
Soleine pris la parole. « Merci, Arslann, sans toi je serais morte. Je te dois la vie. » Elle lui sourit, et il vit une flamme vagabonde traverser son regard, ses joues s’empourprèrent un instant alors qu’elle l’embrassait sur la joue.
« - Mais, il n’y a pas grand mérite, jolie gazelle. Tes bénédictions font du petit soldat que je suis, un adversaire redoutable. Tes soins me maintiennent en vie quand je fonce dans les lignes ennemis. Et puis, ces trois là n’étaient pas si redoutables que cela, ils étaient morts de peur, peux être plus que toi, même. Regarde leurs armures, on dirait que des petits vieux se sont débarrassés de leurs rebus d’il y a 20 ans, et ces armes, elles sont dans un piteux état. Certes, je t’ai sauvée, mais rien de glorieux à cela. Grâce à toi, je suis fort, il est normal que mon bras te défende. »
Ils remontèrent vers le fort d’arrivée, les midgardiens revenant mettre le siège au fort. Parvenu dans la tour du fort, Arslann retirât son armure pour la lessiver et se débarbouiller. Il entendit des pas derrière lui, et vit Soleine qui le regardait, l’air embarrassée. Elle rougît en voyant son torse dénudé. Il lui sourit.

« - Que veux tu donc, jolie gazelle ?
« - Raconte moi de nouveau cette histoire de lion sanglant. Cela fait partie des coutumes religieuses de ta tribu ?
« - Il n’y a pas de culte structuré comme l’Eglise de la Lumière de Camelot chez les sarrasins. Ils croient en de nombreuses puissances, certains s’appelleront des dieux, d’autres des esprits ou des génies. A côté de tout cela, il y a aussi des croyances qu’on pourrait qualifier de magico-religieuse. Le lion est l’animal sauvage le plus dangereux du désert. Depuis longtemps, les sarrasins se battent contre des lions. Ils le redoutent, mais ne le craignent pas. Plutôt que tous les tuer, ils s’arrangent pour ne pas avoir à le rencontrer trop souvent. Ils le respectent car ils voient en lui une puissance de la nature. Dans le désert, il ne faut pas lutter contre la nature sinon tu meurs, il faut plutôt trouver le moyen de ne pas se confronter à elle. Le lion symbolise la force, la vaillance pour les sarrasins. Quand ma mère revint au pays, elle décrivit sa vie en Albion. Elle parla de sa guilde, les Lions Ailés, mais les sarrasins ne comprirent pas ce qu’une guilde pouvait être. Chez nous, la tribu est à la fois la famille, le clan, la guilde. Entendant ma mère parler de Gwodry maître des Lions, ils crurent que cet homme qu’elle admirait était le chef d’une meute de manticores, ce qui se rapproche beaucoup de l’idée d’un lion avec des ailes. Dompter de tels monstres expliquait assurément pourquoi ma mère parlait avec tant de chaleur et d’admiration de mon père. Ma mère arriva au pays après un long voyage, et peu de jours après qu’elle eut été de nouveau accueillie sous la tente de Mansour al Sahaari le chef de la tribu des Sahaari, son grand père, elle accouchât. Mais ce fut un accouchement difficile. Eowinael fut la première née. Moi, je ne vis le jour que plusieurs heures après, le soir, le bassin étroit de ma mère me retenait prisonnier. Pour corser le tout, une tempête de sable se leva.. Elle fut d’une violence terrible, ce fut apocalyptique. De nombreuses tentes furent arrachées, beaucoup de bétail perdu, plusieurs chameaux furent retrouvés morts ensevelis sous des masses de sable… Pourtant, à l’instant qui précédait ma naissance, la tempête se calma brutalement. Le silence était à peine revenu, que les Sahaari entendirent les vagissements d’un nouveau-né.

« Mansour fut invité à venir voir l’enfant, car c’était un mâle. Patriarche de la famille, il lui revenait le devoir de choisir un nom à cet enfant né dans des circonstances assez particulières. Le choix du nom est important pour les sarrasins, il porte une charge symbolique importante. C’est pour cela que ce rôle revient au patriarche de la famille. Il sortit de la tente et vit au loin un grand lion dont la silhouette se détachait en ombre chinoise sur le disque nacré de la lune qui se levait. Le ciel de nouveau limpide montrait un phénomène astronomique rare, Mars occultait Sirius l’étoile la plus brillante du ciel, étoile que les sarrasins appellent l’Oeil du Lion car elle occupe la place de l’œil dans le dessin que les étoiles de la constellation du Lion tracent dans le ciel. Nous étions en Août, mois où le soleil traverse cette constellation. Ce phénomène est appelé l’Oeil ensanglanté du Lion. Comme je l’ai dit, c’est un présage lourd de sens pour les sarrasins. Fils d’un homme qu’il croyait dompter des lions, né le mois du lion sous le signe de l’Oeil ensanglanté du Lion, mon aïeul crut devoir invoquer sur moi la protection de l’ultime puissance du désert, l’esprit du lion. Ayant vu ce lion en sortant en sortant de la tente, il sut que celui ci acceptait de donner sa protection quand l’animal se mit à rugir, seul dans la nuit. Tout naturellement, il me baptisât Arslann, ce qui signifie lion en langue sarrasine. Pour tous les Sahaari, il est depuis évident que je porte en moi un lien tout particulier qui m’uni au lion. Pour preuve, ils racontent qu’un soir ma mère s’était éloignée du camp pour songer seule dans l’immensité du désert. Dans ses moments de tristesse, elle s’isolait pour pleurer et regarder la constellation du lion dans le ciel, ce qui lui rappelait mon père. Elle se sentait plus proche de lui ainsi. Mon père m’a dit que lui aussi à cette époque regardait souvent le ciel étoilé le soir, et que la contemplation de Sirius, étoile la plus brillante du ciel le réconfortait car elle lui faisait penser à Chanir, l’étoile de sa vie…

« Donc, ma mère s’était éloignée. J’avais 3 ans à l’époque, et je l’ai suivi car je l’avais vu pleurer. N’ayant pas de père, ma mère était tout pour moi, j’étais bouleversé de la voir pleurer. Je me perdit dans le désert. Pendant 3 jours, toute la tribu me cherchât. On me retrouvât endormi parmi les lionceaux d’une meute de lions. La lionne dominante m’avait recueilli. Ce fut le premier signe évident pour les Sahaari. Le second vint plus tard. Tuer un lion est un acte de bravoure important pour les sarrasins. Je tuais mon premier lion à 12 ans. Eowinael et moi observions deux mâles se battre. Le vieux mâle dominant chassât un jeune prétendant. Soudain, il bondit en notre direction et se plantât devant moi, il se mit à rugir de la façon dont il rugissait pour intimider son rival avant le combat. Quand il sautât, je ne dut ma survie qu’aux armes de mon père que ma mère m’avait donné la veille. Dépassant déjà d’une tête tous les hommes de la tribu, elle estimait qu’il était temps que je sois armé (ma sœur aussi d’ailleurs) les guerres tribales n’étant pas encore finies. Pour les Sahhari, c’était le signe que le lion m’avait perçu comme un autre lion, un rival, et non un humain. J’ignore si cela signifie réellement que ce lien existe. Mais il est indubitable que les Sahaari en sont persuadés, tu as bien vu leur réaction tout à l’heure.
« - Si je n’avais vu ce que je crois avoir vu, je te dirais bien sûr qu’il s’agît de superstitions, que seule la Lumière est puissance en ce monde. Tu dis bien toi même que ce se sont mes bénédictions qui te rendent fort. Mais j’ai vu, j’ai entendu… Je ne suis pas bien sûre, ce fut si fugace, mais quand même, ce fût tellement réel pendant un court instant. » Elle semblait troublée.
« - Qu’as tu vu qui te trouble autant ?
« - Lorsque les trois midgardiens se sont jetés sur moi, j’ai entendu un cri mais ce cri c’est transformer en un rugissement effroyable. Je t’ai vu tuer l’Odin, et te précipiter sur les deux autres. Un court instant, c’est un lion que j’ai vu, un lion énorme et effrayant, c’est lui qui a tué l’assassin. J’ai examiné ses blessures avant de partir, ce n’est pas un coup d’épée qui l’a tué, mais la patte griffue d’un animal, un lion par exemple.
« - Non, c’est une vieille technique de combat sarrasine, si tu manies bien ton arme, tu peux infliger des blessures au même endroit, donnant l’impression qu’elle a été infligée par un animal, pas par une arme. Demandes à un sicaire sarrasin, il te le confirmera. Nous utilisons cette technique quand nous ne voulons pas que l’on pense que c’est un homme qui a tué celui qui devait mourir. Je te le dis, rien ne confirme cette histoire. Simplement, elle rassure les Sahaari, car elle leur donne une explication simple pour comprendre certains faits qui les troublent. »

Un bruit de pas dans l’escalier les interrompit. Ketty apparu.
« - Soleine, on a besoin de toi en bas, de nombreux blessés attendent des soins. »
Elle se tournât vers Arslann qui tentait une réparation de fortune sur son armure. Le regard de la jeune femme se posât sur les épaules musclées d’Arslann.
« - Arslann, je vais devoir vous quitter, mon temps ici est terminé. Ma guilde m’appelle ailleurs. Mais Soleine reste par contre. Je voudrais te demander quelque chose. »
Arslann pivota et son regard croisât celui de Ketty. Ils restèrent un instant silencieux.
« - Quoi donc ?
« - Protège Soleine comme tu l’as fait. Elle est tout ce qui compte pour moi. Soit son gardien, et je serais tranquille. Ensemble, je sais qu’il ne peut rien vous arriver.
« - Mon bras pour la défendre, mon corps pour la protéger, je te le promets » dit il l’air grave. Elle se rapprochât, se dressât sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa joue.
« - Sois son ange gardien. »

Et se poursuivit par là
__________________
http://mefaust.free.fr/images/signatures/daoc/sign-arslann1.gif
Prenez le temps de lire ce qu'écrit Gwodry.....

Ses textes sont toujours d'une qualité exceptionnelle et ses histoire très belles...

Il a énormément de talent il se dégage de ses histoires tant de sensibilité, qu'en les lisant nul ne peut rester insensible....

Et c'est tellement reposant comparé à tout ce que l'on peut mire ici parfois.....

Honorons ceux qui passent beaucoup à nous écrire des belles histoire en prenant le temps de les lire jusqu'au bout, c'est le moins que nous puissions faire pour les encourager à continuer.....

Bravo Gwodry.......
Citation :
Provient du message de Le lapsus m'habite.
tin je fais pas de post roleplay quant mon chat a les couille en feu ... alors osef de ton lion
Merci de t'abstenir de tout commentaire sur un post tel que celui-ci...le mot respect tu connais?
Vu le vocabulaire que tu emploies, j'en doute fort.
 

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